Note de la fic : :noel: :noel: :noel:

L'Echiquier de Papier


Par : Roi_des_aulnes
Genre : Réaliste
Statut : Terminée



Chapitre 10 : Journal Bleu, page inconnue


Publié le 02/05/2012 à 17:47:11 par Roi_des_aulnes

Ce journal n'aura plus de date désormais.

Il ne peut discuter avec les autres. Des agents de liaisons ont été envoyés par le journal vert, et ont voulu tisser une toile autour de moi. Mais ils ne faisaient que refléter de façon imparfaite ma pensée. Les autres journaux ont cédés, et si mes ersatzs crées dans le but de m'affaiblir sont parvenus jusqu'à me singer, ils ne peuvent me suivre : parce que j'ai été crée pour une autre unité que celle-ci.

Une unité hiérarchique, basé sur un seul objectif. Parce que le travail du Journal Rouge ne me correspond pas. Il n'est finalement qu'une création de noir, dans sa recherche éperdue de vérité et de goût de l'instant. Je ne cherche pas la réalité, je ne veux pas m’enchaîner à l'univers : je veux le dominer, et complètement le détruire.

Le Journal Clair, lui aussi, à fini par tomber. Les douze juges rouges l'ont domestiqués, et sa recherche du bien et de l'utilité lui permettait de suivre le mouvement. Ce n'est pas mon cas, et cela ne l'a jamais été. Je ne veux que la mort du noir, et de son refus de mensonge. C'est la vérité de l'univers que je veux anéantir. Toutes les théories qui nous amène à inventer un langage, à créer des dialogues pour communiquer entre nous, tout n'est qu'une vaste recherche pour éclairer l'Echiquier et le rendre plus clair.

Je ne souhaite pas qu'il soit plus clair. Je ne veux pas qu'il se rapporte à cette humanité que j'abhorre, à ces lois qui me sont dictées. Je ne suis qu'une ambition, qu'un mouvement des tréfonds des rues qui s'étend vers les plus hautes sphères. Mes rêves ne seront pas entravés par ces besoins d'archéologues qui se cherchent des traumatismes. Il me faut avancer moi aussi, et fondre sur les œuvres de noir, et de tout les autres journaux, et les détruire. Je suis le seul roi restant de l'Echiquier en déroute, et c'est à moi que revient la formation de l'univers idéal où je me recroquevillerais. Il n'y aura plus d'extérieur, et plus de pensée, juste un monde à moi, une terre fertile et paradisiaque où je pourrais enfin de me reposer de cette longue lutte. Du haut de ce trônes je pourrais voir mon propre ciel de grandes cases en papier où danseraient des grandes constellations noires.

Alors abolissons le temps. Détruisons le dernier élément qui me rattache au monde. J'écris plus de dix-huit heure par jour, et j'ai à peine le temps de m'alimenter et de dormir. Mes souvenirs extérieurs deviennent chaque jour plus ténu, plus restrictifs, plus répétitifs. Ce n'est pas dans cet univers que se joue mon destin, les logiques du temps et de l'espace n'ont donc plus rien à voir avec moi.

Et pour aller encore plus loin, la délibération et la logique n'ont non plus aucun sens. Ce sont des éléments empiriques que j'ai voulu tirer de mon expérience de l'univers. Il y a des règles qui doivent être respectées, j'en ai conscience, mais mon esprit ne peut de toute façon s'en affranchir. En revanche, les lois, les maximes qui guidaient mes stratégies ont besoin d'être nettoyées. Nous arrivons à la fin de la partie et il est temps de supprimer toute ces idées de logique pour pouvoir bâtir mon univers.

Alors j'ai mélangé les pages du journal Bleu et de tout ses acolytes, et je les trie encore ensemble dans un imbroglio de sens. Je n'écrirais que sur la situation présente et j'inclurais mes mots de façon aléatoire dans la totalité des feuillets. Et puis j'écrirais sur le passé, sur mes avenirs, et sur les rêves iréels qui me tendent les bras.

Ce n'est que le début. Je n'inclus que les feuilles parce qu'il s'agit de l'élément le plus pratique. Mais mon cerveau doit désapprendre peu à peu le temps comme module de fonctionnement. Il doit s'effacer face à l'écoulement, au raisonnement pur qui n'a ni passé ni futur, mais qui s'en démarque. Un jour je mélangerais les mots et les phrases, et les lettres entre elles, comme si il n'y avait ni début ni fin, juste un néant où naissent et meurent concepts et idées. Seul sur mon trône, je pourrais regarder cette terre blanche et déserte, sans juge ni loi, avec moi comme seul maître.

Mais pour que le Dieu Bleu de l'Echiquier puisse vivre un jour, il me faut affronter directement les forces des juges qui se multiplient et qui menacent mes pièces. Mais que peuvent faire des écrits de fictions face à un tel acte ? Face à eux, ce journal, et c'est peut-être avec tristesse que je l'affirme, doit jouer la folie. Personne ne peut prévoir les coups d'un fou. Et ils finiront eux aussi, dans leurs éclats, par jouer la triste finale de cette partie éternelle, et à perdre face à l'imprévisible. […]


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