Note de la fic :
L'Echiquier de Papier
Par : Roi_des_aulnes
Genre : Réaliste
Statut : Terminée
Chapitre 11 : Journal Rouge #1 p 489
Publié le 04/05/2012 à 01:35:29 par Roi_des_aulnes
« 28 janvier 2009,
Toutes les lumières sont désormais rassemblés en une seule. Et qu'elle est brillante ! La synthèse de tout ce que j'ai vécu et écrit durant ces deux ans est presque achevée. Seul le Journal Bleu n'est pas le royaume que j'ai construit. Il reste à ramper dans son univers blanc et vide, avalant les abîmes du temps et de l'espace. Je sens mon esprit frémir en pensant que tout à l'heure je devrais enfiler son rôle et jouer ses imprécations. Mais ce dégout est partagé, et seul les premiers moments seront pollués par mes pensées.
Tout est blanc autour de nous. Les feuilles que j'écrivais se confondent avec la neige noire qui tombe du ciel. Je vois les silhouettes qui crient au chaos à l'extérieur : il flotte dans l'air une respiration de finale et de folie. Mais ces éléments semblent comme sous de l'ouate. Je porte autour de moi, dans les parois de mon crâne, la masse colossale de mes écrits, et je commence à en être renforcé.
Pendant que j'écris les raisonnements des juges, de nouveaux éléments, de nouveaux liens commencent à se tisser. Derrière l'architecture visible qui composait ma pensée dormaient des ruines et des oueds assechés, des anciennes rivières qui n'étaient pas d'encre mais d'esprit. Je surprend dans deux journaux différents des sensibilités communes, je vois les mêmes phrases et les mêmes noms à un mois d'écart, et je sens que cet univers n'était pas seulement des constructions rationnelles.
Certes, il y avait des contradicteurs. Il y a l'univers. Cet univers extraordinairement répétitif et abrutissant, qui nous fait multiplier les mêmes et les mêmes gestes, cette planète qui tourne et qui nous fais danser sur ses épaules. Ces yeux monstrueux et humains qui vous fixent et qui vous hantent, et ces réactions, ces paroles, ces rires, qui vous montrent dans leur éclats de mirroirs la face difforme que vous arborez.
Mais il y avait les ténèbres, et je peux le sentir maintenant : il n'y avait pas que de la poussière sous les ombres. Mes pièces réunies sur l?Échiquier laissent vides nombres de ses pans, et je peux voir, par transparence, un c½ur qui bat sous le damier. Quelque chose qui m'empêche de suivre la gravité de l'encre. Un inconscient, une nature, une vie entière fait de constructions sociales et de déterminations cruelles. Il y a une vie derrière la raison, il y a quelque chose au fin fond du néant, et je vais devoir l'embrasser pour découvrir.
Il n'y aura plus de méthodes complexes, des structures infinies et des architectures paradoxales pour justifier mes recherches. Je ne souhaite plus détruire l'univers en face de moi. Je souhaite le comprendre. Dans le kaléidoscope du papier, je vois vivre ce que j'étais et donc ce que je suis, et certaines choses m'interrogent. Je n'ai plus le choix désormais. Je ne peux plus nier ou détruire, je ne peux plus mentir ou vivre les choses au présent. Le large réseau qui s'est tissé et qui s'est déchiré m'a démontré que la rationalité n'est pas seulement une arme pour conquérir le monde. C'est aussi un ½il, monstrueux, froid, qui vous fait peu à peu dévoiler ce que vous êtes.
Partons à la découverte de soi. Et exterminons les mensonges. J'en ai assez de fuir. »
Toutes les lumières sont désormais rassemblés en une seule. Et qu'elle est brillante ! La synthèse de tout ce que j'ai vécu et écrit durant ces deux ans est presque achevée. Seul le Journal Bleu n'est pas le royaume que j'ai construit. Il reste à ramper dans son univers blanc et vide, avalant les abîmes du temps et de l'espace. Je sens mon esprit frémir en pensant que tout à l'heure je devrais enfiler son rôle et jouer ses imprécations. Mais ce dégout est partagé, et seul les premiers moments seront pollués par mes pensées.
Tout est blanc autour de nous. Les feuilles que j'écrivais se confondent avec la neige noire qui tombe du ciel. Je vois les silhouettes qui crient au chaos à l'extérieur : il flotte dans l'air une respiration de finale et de folie. Mais ces éléments semblent comme sous de l'ouate. Je porte autour de moi, dans les parois de mon crâne, la masse colossale de mes écrits, et je commence à en être renforcé.
Pendant que j'écris les raisonnements des juges, de nouveaux éléments, de nouveaux liens commencent à se tisser. Derrière l'architecture visible qui composait ma pensée dormaient des ruines et des oueds assechés, des anciennes rivières qui n'étaient pas d'encre mais d'esprit. Je surprend dans deux journaux différents des sensibilités communes, je vois les mêmes phrases et les mêmes noms à un mois d'écart, et je sens que cet univers n'était pas seulement des constructions rationnelles.
Certes, il y avait des contradicteurs. Il y a l'univers. Cet univers extraordinairement répétitif et abrutissant, qui nous fait multiplier les mêmes et les mêmes gestes, cette planète qui tourne et qui nous fais danser sur ses épaules. Ces yeux monstrueux et humains qui vous fixent et qui vous hantent, et ces réactions, ces paroles, ces rires, qui vous montrent dans leur éclats de mirroirs la face difforme que vous arborez.
Mais il y avait les ténèbres, et je peux le sentir maintenant : il n'y avait pas que de la poussière sous les ombres. Mes pièces réunies sur l?Échiquier laissent vides nombres de ses pans, et je peux voir, par transparence, un c½ur qui bat sous le damier. Quelque chose qui m'empêche de suivre la gravité de l'encre. Un inconscient, une nature, une vie entière fait de constructions sociales et de déterminations cruelles. Il y a une vie derrière la raison, il y a quelque chose au fin fond du néant, et je vais devoir l'embrasser pour découvrir.
Il n'y aura plus de méthodes complexes, des structures infinies et des architectures paradoxales pour justifier mes recherches. Je ne souhaite plus détruire l'univers en face de moi. Je souhaite le comprendre. Dans le kaléidoscope du papier, je vois vivre ce que j'étais et donc ce que je suis, et certaines choses m'interrogent. Je n'ai plus le choix désormais. Je ne peux plus nier ou détruire, je ne peux plus mentir ou vivre les choses au présent. Le large réseau qui s'est tissé et qui s'est déchiré m'a démontré que la rationalité n'est pas seulement une arme pour conquérir le monde. C'est aussi un ½il, monstrueux, froid, qui vous fait peu à peu dévoiler ce que vous êtes.
Partons à la découverte de soi. Et exterminons les mensonges. J'en ai assez de fuir. »