L'éclair bleu jaillit du module, soulevant la lourde caisse à quelques décimètres du sol. Puis je me mis en marche pour l'amener jusqu'à l'amplificateur. Le petit outil dont je disposais ne suffisait pas à la transporter jusqu'à l'entrepôt où elle devait être emmenée.
Mais l'amplificateur le permettra, en augmentant la puissance du module pendant un moment. Juste un moment, simple mesure de sécurité pour les ouvriers ne s'en servent pas pour soulever de lourds objets à des fins moins louables.
Et un ouvrier, c'est ce que j'étais. Matt Hayter, un ouvrier tout ce qu'il y avait de plus banal, payé pour transporter les conteneurs dans divers entrepôts.
Enfin, pas si banal, étant donné que l'endroit dans lequel je travaillais était une base militaire.
Une grande base militaire. Et bien protégée. Rien n'entrait ou ne sortait sans être inspecté. Sans compter les défenses ultra-sophistiquées qui entouraient le périmètre. J'avais toujours pensé que toute cette sécurité était superflue, étant donné qu'il n'y avait plus d'attaques où que ce soit, les ressources étant extrêmement faibles depuis quelques années.
Je regardai l'immense conteneur que je devait transporter dans l'entrepôt n°10, le mieux protégé de tous. Comme à chaque fois que je transportais quelque chose, je me demandai ce qu'il pouvait y avoir dedans, et pourquoi c'était si important.
Sur le chemin, je fis une petite halte à coté d'un panneau d'affichage.
Il représentait un immense vaisseau spatial, un brise-surface. L'USG Ishimura. Un magnifique vaisseau... une tragique histoire.
Je me souviens encore du jour où, 5 ans plus tôt, on avait perdu le contact avec lui. Je livrais une autre console de surveillance quand je l'ai entendu. Et la nouvelle a circulé rapidement. Le plus grand des brise-surface disparut, ça avait fait la une.
Et quand ils ont perdus le signal du vaisseau de maintenance envoyé...
Ca a lancé une petite vague de panique. Puis, quelques jours plus tard, une navette s'est écrasée sur un pont. Ils l'ont récupérée, espérant peut-être découvrir quelque chose.
Il n'y avait que le cadavre d'un homme, un ingénieur apparemment. Retrouvé pendu dans le cockpit. Isaac Clarke. Un des hommes envoyés réparer l'Ishimura.
Triste histoire, mais je n'avais pas de temps à perdre, cette caisse n'allait pas se livrer toute seule et il ne manquerait plus que mon module de télékinésie ne perde sa puissance.
Je me remis donc en route pour l'entrepôt. J'étais à peine rentré qu'il m'enlevaient presque le conteneur des mains et me demandaient de partir.
Je haussai les épaules, et fit demi-tour, saisissant quelques bribes d'informations sur des « tests » qu'ils allaient enfin pouvoir faire.
Le volet métallique se referma lentement après mon passage.
Je pus entrapercevoir une structure noire torsadée quand ils ouvrirent le conteneur.
J'entendis des cris d'alégresse.
Et un mot.
«Monolithe»