J'essaie de me dégager de son étreinte sans la réveiller puis me lève et m'habille. En descendant, je commence à stresser pour Andréa et ses potes. J'avais prévenu qu'on risquait de dormir sur place, mais je les ai laissées en plan et je sais même pas si elles ont pu se caler pour dormir

En bas, je croise Niko, c'est le seul levé apparemment. Il a déjà rangé le salon et a installé une grande table avec de quoi déjeuner dessus. Chaud il est 8H et il s'est couché à minimum 3H

-Salut mec ! Ah, et GG pour Lin, c'est pas une fille facile pourtant, t'as dû lui taper dans l'œil
-Heu... comment tu sais ça toi ?
-Ben j'ai expérimenté, comme toi.
-Non mais je veux dire, comment tu sais qu'on a couchés ensemble ?
-Tu dois avoir la langue agile
-Heu... ah... Ok... Je crois comprendre

Petit sourire complice, je me prépare le café, puis le souvenir de ma sœur me revient.

-Ah au fait mec, tu saurais pas si Andréa, Amélie et Justine sont là ? J'ai peur qu'il y ai eu une couille pendant que je... Enfin...
-Ouais t'inquiète, Justine a trouvé un lit à squatter AVEC quelqu'un, et Amélie et ta frangine dorme ensemble dans un sac de couchage
-Ok merci, j'ai eu un coup de stress.
-Tu sais qu'Amélie a des vues sur toi gros ? Je la chauffais un peu hier quand t'étais parti avec Lin, mais elle me parlait de toi Elle était complètement torchée et elle me faisait « Ouais, Thomas il est à la fois drôle et ténébreux, c'est ça que j'aime chez lui ». Je me retenais d'exploser de rire, puis finalement j'ai lâché l'affaire Tu devrais attaquer, elle est mignonne.

Sur le coup ce qu'il me dit me refroidit. Je croyais qu'elle faisait une petite fixette sur moi parce que ma soeur lui avait parlé de moi, mais ça me fait un peu chier pour elle de voir que je lui plais carrément Elle est quand même vachement cool, je m'entends bien avec, et j'aimerais pas que ce genre de sentiments gâchent une relation amicale.

-Et ma sœur, y a pas eu d'incidents ? Des mecs qui tournaient autour ? Elle était pas trop bourrée ? Elle a fumé ?
-Oh mec, elle a une vie, hein, laisse la faire Mais si ça peut te rassurer elle a foutu une dizaine de râteau hier Et elle était pas trop bourrée. Après pour le bédo, je l'ai pas vu fumer mais je peux rien te dire là dessus.

Je continue de déjeuner sans rien dire quelques minutes quand Billäl arrive. Il s'installe à table avec une gueule de si pieds de longs, les cheveux complètement en vrac, c'est plutôt epic à voir

-Putain les gars y a une fille dans mon lit je sais pas qui c'est...
-Justine, une 2nd, répond Niko, amie de la sœur à Thomas.
-Oh merde...
-T'inquiète, je m'en fous d'elle, fais ce que tu veux
-Mais je sais même pas ce que j'ai fait, c'est ça le pire...

Niko et moi partons dans un fou rire pendant qu'il se fait un thé, tête baissée, complètement amorphe.

-Putain toi t'en tiens une couche, comme mec, fais-je remarquer.
-Ouais mais je suis au meilleur lycée de la ville, MOI
-Y en a que deux en même temps.
-Ouais mais le tien...
-Ouais j'avoue Mais bon, le lycée de riches, quoi... Suffit d'avoir de l'argent.
-Ah non, j'ai pas un rond, ma famille crève la dalle, je n'y suis que grâce aux diverses bourses. C'est ça d'être un génie mon pote, c'est ça !
-La classe... Mais bon, pour être avec tous les fils à papa...

Le déjeuner fini on se cale tous les trois devant la télé pendant une bonne demie-heure avant que Amélie débarque dans la pièce avec la gueule dans le c... mal réveillée

-Salut les mecs. Thomas, ta sœur ronfle, c'est horrible.
-Putain, s'exclame le serbe. Ca casse tout le mythe de la bombe ténébreuse, bordel

Billäl et moi partons d'un même fou rire, pas totalement remis de la consommation de drogue de la veille. Pendant ce temps, Amélie chope le paquet de Chokella et se met entre Niko et moi sur l'immense canapé. Quelques minutes passent et Niko se lève, avant de faire signe subrepticement à Billäl de le suivre. Chaud la racl, il fait exprès pour me laisser seul avec Amélie Une fois tous seul, je tente de faire la conversation avec elle, et, pourquoi pas, choper des infos sur la veille grâce à ça.

-Alors hier, la soirée s'est bien passée ?
-Ouais nickel, sauf que j'étais pas très sobre et que maintenant j'ai mal au crâne.
-C'est juste l'alcool ou vous avez fumé aussi ?
-Écoute Thomas, même si Andréa avait fumé je te dirais que non. Mais si ça peut te rassurer, non, on a pas fumé
-Ok, ok.

Petit silence. Je repense à ce qu'a dit Niko. Elle est cool quand même... Et puis à bien regarder, c'est vrai qu'elle a rien d'une gamine. Je la voyais comme une copine de ma sœur, et je vois ma sœur comme une petite fille parce que c'est ma cadette, mais en fait...

-Ca te dit un Kebab à midi ? Juste tous les deux ?

Ouais je sais, peux mieux faire en rencard, mais je veux pas lui donner de faux espoirs, seulement apprendre à mieux la connaître et voir pour la suite après. Sur son visage, sourire succède à confusion. Je crois qu'elle s'y attendait pas

-Ouah... Heu, ça m'fait bizarre, je pensais que j'étais classée dans le groupe « Amie d'Andréa », haha...

Petit rire gêné, tellement bizarre après seulement quelques jours.

-Mais, heu... Ouais, bien sûr, avec plaisir.

On continue de discuter, pendant ce temps là quelques personnes se lèvent. Vers 11H c'est Andréa qui arrive dans la pièce, complètement décoiffée. Niko (et son sens du jeu légendaire) qui passait justement par là s'arrête net et entrouvre la bouche, faussement choqué. Au bout de quelques secondes il tombe à genoux devant elle, lève les bras au ciel et crie :

-Mais pourquoi tout le monde veut casser le mythe ?! Pourquoiiiiiiiii ?!

Ceux qui ont suivi rigolent, les autres le regardent bizarrement, mais Amélie Billal et moi explosons littéralement. Quant à ma sœur, elle remue la tête avec un petit sourire en coin et reprend son chemin vers la grande table où Clément et Roxane déjeunent.

Quelques minutes plus tard, Linda descend, douchée, peignée, habillée. Au passage elle me fait un petit clin d'œil mais c'est vers Clément qu'elle se dirige. Je ne sais pas trop d'où me vient cette légère amertume dans la bouche, elle m'a pourtant bien montré que je n'avais rien à attendre d'elle, mais pourtant j'ai l'impression que j'aurais aimé qu'elle vienne me voir. Enfin bon, je suis en compagnie d'Amélie, tant mieux qu'elle n'ai pas fait tout capoter, à la limite.

En y réfléchissant bien, je me sens un peu écœuré de moi même, pour le coup. Je tente de repousser la faute sur l'alcool et la drogue mais c'est me voiler la face, le matin même je me disais que ce serait cool de recommencer. Pourtant, même si je m'entends très bien avec elle et qu'elle est très attirante, je n'ai pour l'instant aucun sentiment pour Linda, et à peine ai-je quitté son lit que je commence à draguer la nouvelle amie de ma sœur. D'ailleurs celle-ci me fixe. Mais faut dire que je dois avoir l'air inquiétant, ainsi plongé dans mes pensées à tout juste 11h du matin un lendemain de fête.

En parlant de fête, Niko profite de la présence de tout le monde dans la salle pour prendre la parole.

-Bon les gars, les filles. On en a parlé avec Yannis, et il se trouve qu'on a largement de quoi recommencer, en fait. C'est vrai, il reste plein de bouteille, plein de beuh, pas mal de bière, y a juste à commander à bouffer pour ce soir. Alors je propose qu'on se fasse une aprem tranquille et qu'on remette ça ce soir. Qui est partant ?

Gros cris, grosses acclamations. Putain ils sont enthousiastes Ma soeur vient me voir, toujours aussi peu réveillée.

-On reste ? Parce que si oui il faudrait appeler maman.
-Écoute, reste ici si tu veux, fais pas trop de conneries. Moi je repasse à la maison pour prévenir maman et nous chercher des fringues de rechange. Je suis sûr que Niko voudra bien nous prêter sa douche.
-Ok, merci frangin
-Bon, on part maintenant, on revient vers 13H je pense.

Je crois qu'elle a capté le « on » que j'ai laissé traîner dans la phrase sans m'en rendre compte. Je suis bon pour un week end de chambrage, mais pour l'instant elle souri, elle a l'air contente.

Je préviens les potes de mon absence, je confie à Niko et Billäl (avec qui j'ai eu le temps de faire beaucoup connaissance la veille) la charge de ma sœur et je pars en compagnie de Amélie.

Sur le chemin, je lui propose qu'on aille chez nous pour nous changer avant de nous retrouver en centre ville. Elle accepte et je dirige donc vers chez moi. En chemin, je croise cet Alex qui était intervenu en début de semaine. Il m'adresse un salut de la main, que je lui retourne poliment. J'ai du mal à cerner ce type. Il a l'air à la fois sympathique et effrayant, calme et dangereux. En vérité, il me perturbe beaucoup, et ses potes également, même si je n'ai jamais eu l'occasion de les voir à moins de 5 mètres.

Arrivé chez moi, je me douche rapidement, je me change, et je met des affaires pour Andréa pour deux jours dans un sac. Je met également des vêtements pour moi pour le lendemain et prend un peu d'argent. Ma mère rentre alors que je m'apprêtais à sortir.

-Tiens, maman ! Heu, notre ami continue sa soirée ce soir, on peut y rester ? J'ai des affaires dans le sac.
-Bonjour, déjà. Et tu sais bien que je veux pas vous empêcher de vous sociabiliser, allez y donc à votre soirée, mais faites bien attention, hein. Pas trop d'alcool, pas de drogue, pas de sexe non protégé, pas du tout de sexe pour And...
-Maman ! T'inquiète pas, ça va aller, déstress

Elle me fait un petit sourire, amusée, puis trace dans sa chambre avec un simple « Bonne soirée, mon garçon ». Elle a l'air complètement épuisée la pauvre.

Bref, j'arrive au point de rendez avec un peu de retard mais elle n'est toujours pas là. Au bout de quelques minutes, elle arrive près de moi. Elle est plutôt bien habillée, de manière à rehausser un peu sa poitrine (sans pour autant que ce soit vulgaire) et à y attirer le regard. Elle porte un simple jean, mais moulant comme je les aime, avec un joli débardeur léopard et des petits talons. Décidément, je me demande ce qui me bloquait quand elle a commencé à s'intéresser à moi.

Ça me fait chier de l'emmener dans un kebab alors qu'elle a clairement l'air de s'être habillée pour me plaire, et j'ai pas mal de fric de mon job d'été en réserve, alors finalement je lui propose un petit resto pas cher près de la gare qui fait des plats simples mais plutôt bon.

Finalement je m'en tire pour 34€, mais j'ai passé un putain de bon moment, je m'attendais pas à ce qu'elle soit aussi mature et intéressante. J'en ai appris pas mal sur elle, comme la mort de sa mère, l'abandon par son père, et son frère de 25 ans qui l'élève seul, du mieux qu'il peut. Comme par hasard il lui arrive tout ce que je redoute depuis la mort de mon beau-père. Que ma mère nous quitte et que j'ai à m'occuper de ma sœur tout seul. En fait m'occuper d'elle n'est pas ce qui me fait le plus peur dans tout ça, non ce qui m'effraie c'est la perspective qu'on nous sépare, ou qu'on nous envoie vivre chez mon oncle. Et tout ça, ce sont des choses que je n'ose pas dire, à personne. Et pourtant maintenant elle est au courant.

Mais on a pas parlé uniquement de choses tristes de ce genre. On a parlé de son avenir, son désir de devenir autrice, les essais et nouvelles qu'elle devait me montrer après beaucoup d'insistance de ma part, de son rapport avec les filles et des garçons de son âge, les difficultés rencontrées à trouver un garçon mature qui lui convienne réellement. Elle laissa également insinuer qu'elle avait peut être finalement réussi à en trouver un, ainsi qu'une bonne amie digne de confiance. Je nous reconnus très aisément, ma sœur et moi, dans cette description.

A quelques mètres de chez Niko, alors qu'elle fuyait mon regard pendant tout le trajet, elle me regarde dans les yeux. Puis, avec un léger sourire gêné, elle prend la parole avec une voix plutôt faiblarde.

-Tu sais, on se connait à peine, on peut pas réellement parler de sentiments, mais... Je crois que tu me plais quand même beaucoup, comme tu as dû t'en douter. Et je voulais que tu le saches.

Je laisse durer le suspens quelques secondes avant de prendre également la parole.

-Hé bien, ça commence à devenir plutôt réciproque, je dois l'avouer.

C'est marrant, d'habitude avec les filles, c'est moi qui ai l'air le plus gêné à ce stade, sans paraître non plus complètement coincé, amis cette fois j'ose clairement lui dire pendant que elle rougit.

Bref, nous revoilà à la fête, d'ailleurs Niko a remis un peu de musique pas fort, et quelques verres de bière recommencent à circuler.