-Agenda ?
-Prêt.
-Brouillons ?
-Prêt.
-Trieur ?
-Prêt. Thomas je te dis que mon sac est prêt, j'ai plus 8 ans, laisse tomber, là.
-Ok ok, c'est bon, calme toi Andréa

Ah oui j'ai oublié de vous dire, ma sœur s'énerve pour un rien Notre mère étant déjà parti bosser dans son super marché tout pourri, c'est à moi de veiller sur elle, donc je le fais Hors que question qu'elle se ruine sa scolarité sous prétexte que le lycée où on va est un truc pour cas soc

Bref, sac sur le dos, je prends les clés de la maison et en route pour 2 Km à pieds pour se rendre dans ce foutu bahut avec la grincheuse

Sur le chemin, pas beaucoup de mots. Je crois qu'elle appréhende autant que moi ce premier jour de cours, mais elle fait la forte pour me rassurer. Enfin je suis mal placé pour juger, je fais pareil qu'elle.

Au bout d'une vingtaine de minutes de marche on arrive sur place. Toujours aussi morne, toujours aussi puant, toujours aussi mal entretenu et toujours aussi gigantesque : Pas de toute, ils n'ont absolument rien branler depuis la fois où on est venu s'inscrire

L'entrée est bondée de fumeurs (et pas que de clopes, même si je suis mal placé pour parler de drogués). Les ¾ d'entre eux ont l'air de vieilles racailles avec leur vieux pantalons et leurs vieilles casquettes sur le côté, clope au bec et crâne rasé Putain on dirait que tous les clichés des wesh qu'on peut voir dans les séries américaines ont été adaptés dans ce bahut Ces gars là n'ont aucune personnalité, ils se font passer pour des gangstas alors qu'ils se feraient dessus au premier coup de poing lancé

Bref, passons. Pour passer la foule je me positionne derrière ma sœur, adoptant une attitude plutôt protectrice (1m80 à 16 ans, 8 ans de boxe anglaise, j'ai de quoi dissuader quand même ), que les gars alentours pensent pas que ses fesses sont ouvertes

On passe le portail sans encombres, direction le préhaut principal, c'est toujours là que les profs décident d'appeler les élèves

On poireaute une bonne heure à rien glander, assis sur les bancs, aucun de nous deux n'ayant réellement grand chose à dire. Au bout d'un moment le prof arrive pour la répartition des classes. Ma sœur se retrouve en 2nd 8. Mais bon dieu combien y a d'élèves dans ce lycée ?

J'attends là encore 2 bonnes heures avant de commencer les cours, perso.

Pas de répartition cette fois (que pour les secondes), je dois me rendre à la classe 9I pour voir laggle de mes « camarades de classes » et de mon prof principal ( )

Me voilà bien avancé, tiens, y a 15 000 salles dans ce vieux lycée, comment je la trouve moi ?

Une demie heure avant le début du cours je vais donc voir à la vie scolaire, plutôt bondée (parents d'élèves chiants spotted), pour demander mon chemin. Je tombe sur une putain de pionne super bonne avec une putain de paire de boobs Mais passons, elle me dit qu'il faut que je monte au premier étage par les escaliers de droite et que je me dirige tout droit jusqu'à la dernière intersection où je dois tourner à droite et chercher la salle 9 Putain le lycée de oufzor, wala les explications juste pour savoir où se trouvent les salles dites « I » Enfin bon, elle m'annonce ça avec un petit sourire d'ange, que demander de plus ?

Je suis les indications et je tombe sur un groupe de 3 élèves qui campent devant la porte. Bizarre, ils n'ont pas du tout l'air de wesh, mais ils n'ont rien non plus des victimes habituels qu'on voit dans les séries américaines Fin quoi qu'il en soit je suis pas du genre à faire le premier pas, donc j'attends un peu plus loin, je sors mes écouteurs et c'est parti pour 20 minutes d'attente en Dubstep

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Hop là, après un peu de Dubstep et de Eminem, tous les élèves sont devant la salle, et le prof arrive (wala le lycée over mal organisé, le couloir est pleins ). Il ouvre la salle, nous fait signe de rentrer et là c'est la courses aux places du fond

Bien sûr, moi qui était assis dans le coin opposé de la pièce, je me retrouve devant, mais j'arrive quand même à choper le côté droit, sans fenêtres (place fétiche )

Assez de place dans la salle pour que personne vienne me déranger, plutôt bon signe

S'ensuit 1H fastidieuse d'explications inutiles en tout genre. Je m'aperçois vite qu'en dehors des 3 élèves que j'ai aperçu en arrivant dans le couloir (deux filles et un gars), seulement 2 gars ont l'air relativement sains, les vingt-deux autres sont des wesh (mâles et femelles ), des victimes (spotted) ou des kikoos-putes

D'ailleurs, on voit vites les clans. Dans ma rangée, il y a les 5 élèves "normaux" de la classe qui ont l'air de tous se connaître, puis le milieu est peuplé par quelques victimes, premiers de la classe et autres "kikoo-beeehstaa'h" ( ) La quinzaine de wesh se partagent le côté fenêtre (d'ailleurs la plupart fument mais ça n'a pas l'air de beaucoup déranger le prof D'ailleurs, qui l'écoute ? Personne, et il le sait )

Fin de l'heure complètement inutile, emploie du temps distribué (une bonne trentaine d'heures ), et hop, on est lâchés dans la nature.

Il est 11H, et si j'en crois le papier le self ouvre déjà. Tant mieux, j'avais la dalle Bon, comme je m'y attendais, c'est complètement plein. Je sais pas si toutes les classes attendent là mais en tout cas je vais pas bouffer avant midi

Un petit coup d'écouteur, je me calle sur un banc un peu à l'écart et je lance un peu de Hugh Laurie (norage ) Au bout d'une petite demie-heure, l'entrée est presque vide. Je me dirige donc à l'intérieur et me retrouve face à un surveillant à l'air un peu guindé

-Alors, et ta carte ?
-Heu... C'est que c'est ma première année ici, et...
-Me prends pas pour un con, les 2nd finissent à la demie

Là la pionne bonnasse de tout à l'heure arrive à ma rescousse

-Oh, laisse Ludo, c'est bien un nouvel élève, il vient d'emmenager ici
-Ah, d'accord, autant pour moi. Dès que tu as fini de manger tu passe au secrétariat demander une carte, d'accord ?

J'hoche la tête en signe d'assentiment et fait un petit sourire discret à la pionne, auquel elle répond, toujours avec ce même sourire...

Ce "Ludo" me fait passer en tapant mon nom sur l'ordi, je récupère mon portable et à moi le repas de lycée dégueulasse

Au menu, salades en tout genre, un vieux poulet avec une vieille sauce plutôt épaisse, du poisson à l'oseille et des yaourts. J'opte pour des carottes rapés et le poulet, et pour les yaourts, y a que des natures sucrés de chez danone, les vieux trucs que je supporte pas
Je me cale à une table tout seul, pensant rester alone, mais la classe de ma soeur rapplique, et elle avec. Elle a pas l'air d'afficher un mine dégoûtée, ni énervée, c'est plutôt bon signe, et quand elle arrive au coeur de la salle, une fille lui propose de se joindre à son groupe pour manger, mais m'apercevant, elle refuse poliment et vient se joindre à moi.

Une fois installée, ma sœur (et sa finesse légendaire) me fait :

-Wesh négro, bien ou bien ?

Et ce bien sûr, dans une parfaite imitation du wesh de base, mouvements inclus Sur ces mots, je ne peux m'empêcher d'exploser de rire, et les élèves alentours ont l'air particulièrement vexé par sa moquerie

Affichant un air plus sérieux, je la questionne sur sa matinée. Apparemment ils ont regroupé tous les élèves avec un bon dossier scolaire dans cette classe, donc elle se retrouve avec très peu de racailles et encore moins de kikoo-pute. Bonne nouvelle, au moins elle a de la chance, elle. Elle me dit qu'elle a un peu parlé avec une certaine Amélie, celle qui lui a proposé de manger à sa table, et que celle-ci est très sympa, plutôt mature.

-Ce serait sympa que tu trouves une copine, tu veux que je te la présente ?

Ah ok la blague, ma sœur qui tente de me caser

-Ah ouais, pas bête, et moi je te présente Enzo, de ma classe, le gars qui fumait devant la gueule du prof.

En réponse je ne reçois qu'un sourire de «  »

Bref, je lui parle vite fait de ma classe, des gars qui ont l'air à peu près normaux puis je détourne le sujet, sachant pertinemment qu'elle me demanderait d'aller leur parler si je continuais vers cette voie là.

On finit de manger et on regarde nos emplois du temps. Parfait, on a chacun un trou jusqu'à 15H. Après quoi moi j'ai deux heures de Français puis une heure de math, et elle deux heures de math et une d'histoire.

Pendant ces quelques heures de trous on se cale dans un coin et on essaie de se faire petit, peu désireux de se faire aborder pas des trou du culs.

Au bout d'une bonne vingtaine de minutes, la dite Amélie nous rejoins, sourire aux lèvres. Elle a l'air débordante de joie et de bonne humeur, le genre de filles qu'on apprécie toujours et qui nous fait toujours tout voir en rose. Mais voilà, petit problème, quand elle se pointe devant nous elle me jète un regard appréciateur. Elle est très très regardable, voir bien mignonne, donc pas de problèmes, me direz-vous. Mais je commence à me demander si ma sœur ne lui a pas parlé de moi de manière à lui donner envie de faire connaissance avec moi plus que pour amitié, si vous voyez ce que je veux dire

Pendant que ma sœur fait les présentation, elle s'installe entre nous deux (comme par hasard) et commence à me poser des questions sur moi, du genre « Alors, tu veux faire quoi plus tard ? » ou encore « Oh, tu aimes le Dubstep ? Tu écoutes quoi d'autres ? ». Plus tard dans la conversation, les questions deviennent limite gênante, traitant de mes éventuelles ex-petite copine, de leur genre, ce qu'elles écoutaient, pourquoi ça a crashé.

Je ne suis pas d'un naturel timide, mais quand une fille que votre sœur vient tout juste de connaître vient vous poser des questions de ce genre, croyez moi, vous savez vraiment plus où vous mettre.

Vient le moment d'aller en cours, sauver par le gong. Ni une ni deux, j'attrape mon sac et prends congé des deux jeunes filles.

A 18H, les cours enfin finis, je rejoins ma sœur devant le portail, comme convenu. Mais ça m'inquiète, car tous les fumeurs sont là devant, à fumer une dernière clope avant de rentrer chez eux, et j'ai peur que le physique avantageux de ma frangine ne soit pas trop un avantage dans ce lycée Bingo, quand j'arrive dehors, un wesh s'approche d'elle clope au bec, torse nu (malgré l'humidité ambiante), pensant sûrement l'impressionner avec son « coprs d'athlète ».

Je me dépêche de la rejoindre mais le gars a pas l'air de trop l'agresser. Elle l'envoie proprement chier, il insiste, mais pas de violence, jusque là, ça va. Ne voulant pas tenter la chance trop longtemps, je me campe quand même à côté d'elle et fait signe au gars de prendre congé d'un simple mouvement de tête vers son groupe de potes.

-Oh, t'as cru qu'j'étais ton pote pour me faire des signes de tête ou kwa, là ?
-Ecoute, elle veut pas d'un minable comme toi, alors sois tu dégage soit je te fais dégager.

Ma sœur, comme pour me dissuader de faire une bêtise, tire l'arrière de mon pull. Comme si c'était à elle de me défendre, quoi Mais je suis plutôt confiant, le mec est taillé comme une crevette et fais une tête de moins que moi. De plus, j'ai peut être oublié de vous le dire mais je fais de la boxe anglaise depuis huit ans, donc s'il a un problème, je suis là pour le régler

A mes mots, le gars perd un peu contenance. On dirait qu'il s'attendait à ce que je m'écrase comme une merde. Mais après un petit silence, il reprend la parole avec encore plus de hargne :

-Oh t'as cru quoi là ? Ici c'moi et mes potes qui f'zont la loi, ok ? Alors tu viens pas me dire c'que j'dois faire et encore moins avec c'ton là, ok ?

Bon on dirait bien que je vais devoir dérouiller mon direct, il a pas l'air de vouloir lâcher le morceau

Alors que je m'apprête à lui envoyer une droite (je suis expéditif ) un gars venu d'un peu nul part pose une main sur mon épaule, dans un geste qui se veut apaisant. Surpris, je me retourne pour voir un gars bien bâti, les cheveux rasé, casquette sur la tête. Il a quelque chose d'un peu déroutant : il est habillé à peu près dans le même style que la plupart des autres élèves du lycée, mais dans un style moins voyant, moins kikoo on va dire. Disons que l'image qu'on se fait des gangstas Américain sort bien plus nettement chez lui que chez les autres Il me regarde droit dans les yeux mais on sent bien que c'est à l'autre homosexuel qu'il parle.

-C'est bizarre que tu dises faire la loi dans ce lycée, mec, parce que je crois pas qu'on vous ai accepté dans notre cercle, toi et tes petites tafioles de potes.

Il a une voix calme et grave, et même sans prendre en compte ses paroles, il y avait de quoi faire flipper dans son attitude. Il avait rien à voir avec les autres wesh du lycée.

-Heu... Non mais j'veux dire, en dehors de vous. Fin, tu vois c'que j'veux dire mon frère, allez, c'est qu'des mots, j'voulais pas saper votre autorité !

Ah ok la tarlouse qui se soumet comme une vieille victime Mais les yeux du mec passent de moi au vieux wesh. Il le fixe quelques secondes sans rien dire, puis, avec un effet digne des grands films ricains, il fait un signe de tête vers le groupe de potes qui le fixent sans oser rien faire un peu plus loin. Le gars se barre sans demander son reste et le nouveau venu s'adresse alors à moi avec un ton un peu plus chaleureux.

-Écoute mec, moi c'est Alex. Moi et mon groupe on aime bien qu'il y ai pas trop d'embrouilles ici. On représente l'autorité de ce bahut et on compte pas laisser ces mioches la remettre en doute, ok ? Bref, si y a quoi que ce soit, tu peux t'adresser à moi.

Il me tend la main, que je serre avec toute mon assurance de boxeur, comme pour lui montrer que je suis pas un faible.

-Moi c'est Thomas, merci pour ton aide, mais contre des gars comme ça ça devrait aller t'inquiète.

-Comme tu veux, mec, comme tu veux.

Il lâche ma main et s'en va retourner vers un groupe de mecs arborant le même genre vestimentaire que lui, près d'une petite bagnole verte.

-Charmant, cet Alex, pour un wesh, fait ma sœur.
-Ça a pas l'air quelqu'un de très fréquentable, Andréa. Quelque chose me dit que son genre d'activité est un peu moins légale encore que les petits racket du genre de gars qui vient de t'aborder

Sans un mot, elle détourne je détourne mon regard de ce Alex et prend la direction de la maison en attrapant la main de ma petite sœur.