Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

En Quarantaine


Par : Endless
Genre : Horreur
Statut : C'est compliqué



Chapitre 5


Publié le 05/07/2008 à 23:46:59 par Endless

CHAPITRE SIXIEME - Autonomie

Partie I

Nous marchions de nouveau dans le souterrain, j'avais de la bouffe dans les mains, et ça suffisait à me rendre heureux. On avait finalement laissé derrière nous quelque chose de facilement aussi horrible... et nous étions sauvés ! Pourquoi ? Parce que les tafioles du gouvernement, même en combinaisons n'osaient pas venir ici, chez nous les malades. Tiens au fait...

- Stan, c'est quoi cette merde ?
- Chut...
- Non mais attends, ils utilisaient bien des flingues pour buter les malades. Même si eux n'avaient pas de risque de contamination dans cette tenue, ils pouvaient laisser se dégager le virus.
- En effet, c'est étrange. Les théories au sujet du virus ont peut-être évolué, ou bien la technologie des armements permet peut-être de contenir le virus...

C'était étrange... J'allais en parler à Eric. Le souterrain était bien entendu silencieux et je n'avais plus vraiment l'habitude de ce silence. Dans la résidence, on entendait le brouhaha urbain constant... Ici les murs étaient herméthiques à toute source sonore pour nous maintenir dans la tension.

- Je t'ai fait une surprise. dit Stan soudainement.

J'eus d'abord peur, pourquoi ? J'ai une entière confiance envers Stan, pourquoi peur ? Simplement parce que cette phrase peut aussi bien se révéler menaçante qu'excitante.

- C'est quoi ?
- PUTAIN !

Stan est un génie ! Comment j'ai pu ne pas penser à ça !? Le couloir était soudainement éclairé d'un faisceau jaune sur environ 10 mètres !! Même si nous nous faisions repérer, le combat est bien moins dangereux pour nous quand on y voit quelque chose. On y voyait quelque chose car Stan avait emmené avec lui une lampe de poche !!

- C'est génial...
- Héhé... bon je l'éteins, là on en a pas besoin. Dans le cas d'un combat où lorsqu'on aura rejoint Eric on l'utilisera. J'imagine que sa batterie n'est pas infinie.

Il avait raison, avancer dans le souterrain avec une lampe allumée c'était comme gueuler "Venez, j'ai envie de mourir s'il vous plait.". C'est absurde et vu qu'il connaissait la route... On avait bien fait cinq minutes de marche dans le souterrain et la douleur à mon bras me lançait de plus en plus... Au moins ça me prouve que c'est pas des contacts violents qui déclenchent une crise. Je me mouvais dans des vêtements doux bien que déjà relativement imbibés de sueur... Moi qui n'aime pas avoir les cheveux gras... c'était même plus des cheveux, c'était une étrange structure qui me faisait mal au cuir chevelu lorsque je la touchais...

- Putain fais chier...
- Quoi ?
- PFUH !

Stan crachait un molleton au sol.

- Quelque chose te dérange ?
- J'en ai marre de marcher. Et putain... Chut ok ?
- Ok, ok.

Stan montrait moins ses faiblesses psychologiques, mais je les sentais sur le moment, trois semaines ici pour lui... il disjoncte... rien de plus normal. Je sais pas si je tiendrais autant que lui... Il est vieux, il a une réelle expérience de la vie et il est combatif.

- Il y a un moyen simple de connaitre la route qui mène de la brèche à Eric ?
- Tu vas tout le temps tout droit, tu prends quelques intersections sur la droite, tu reprends à gauche ensuite pour garder ta position... En gros si en face de nous c'est le Nord, tu suis une trajectoire Nord-Est.
- Avoue que ça te suffit pas à retrouver l'endroit.
- Mais ta gueule, on parle pas dans le souterrain ok ?

Putain, je l'avais jamais vu énervé, et en plus c'était contre moi... C'est vrai que j'dois être chiant à briser le silence comme ça, c'est pas très sérieux. En fait Stan avait fait redescendre ma joie... je l'avais attendu, et finalement j'avais été si ému qu'il revienne... Peut-être s'imagine t-il que je fais le lèche-botte avec lui uniquement pour survivre...

- Hum Hum !
- Quoi ?
- Rien, j'ai pas le droit de râcler ma gorge pourrie ?
- Si... si... dis écoute moi, mon but n'est pas de me servir de toi hein.
- Hein ? Mais c'est bon je m'en fous de ça mon vieux.
- Ah ok...
- Maintenant tu la fermes ta grande gueule c'est tout ce que je demande.

C'est plus le même, Stan n'est plus le même... il venait de me choquer. Je m'arrêtais soudainement d'avancer, je commençais presque à reculer.

TIC !

Il venait d'allumer la lampe.

- PUUUUUUUTAIN !

Il frappait les murs avec ses poings... Stan est en proie à une crise de violence, j'en suis certain. Faut que je me barre. Il commençait à balancer ses bras un peu dans tous les sens. Putain, mais je flippe à mort... Il commence à se débattre ! Il faisait comme des mouvements d'hélice avec ses bras... Ca se rapprochait d'une violente crise d'épilepsie !

SCRASH !

PUTAIN ! NON ! Il venait déjà de briser la lampe qu'il avait trouvé... Nous nous retrouvâmes de nouveau dans le noir complet...

- Stan...

Non, fallait pas lui parler, si il se focalisait sur moi, il viendrait m'exploser la gueule dans l'obscurité. Contre Stan je suis faible, non seulement je fais pas le poids contre lui mais moralement il me serait impossible de le taper...Je veux pas me battre contre lui bordel !! C'est mon seul ami avec Eric... Stan revient vite à la réalité.

- Putain... Gros enculé... GROS ENCULE !

On aurait dit qu'il criait pour parler à un type au fond du couloir, j'étais derrière lui. Je ne le frapperais pas... Il commença à marcher très rapidement, de plus en plus rapidement, je l'entendais s'éloigner tandis que je restais immobile... ses pas devenaient rapides, très rapides, il partait je ne sais où, IL COURAIT !

-
AAAAAaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaahhhhhhhhhhhhhhhh
hhhhhhhhh................

Il poussa finalement ce cri, ce cri plein de rage qui ne s'arrêtait pas mais que je finis par ne plus entendre du tout tellement il était loin désormais... C'était incroyablement prenant, cela faisait peur, rien n'était plus intimidant... C'était cauchemardesque, monstrueux, je ne voyais rien mais l'ami qui m'avait sauvé était devenu une simple machine à tuer... Il m'avait laissé seul ici, le silence s'était rassis sur son trône diabolique... j'étais seul... dans la merde... sous la pression de me faire frapper par un ami... Je devais avancer, trouver une intersection... ne plus être dans la même trajectoire que Stan... La pièce de théatre "Rhinocéros" de Ionesco... c'est incroyable comme la métamorphose comportementale que venait de vivre Stan me rappelait cela...
PUTAIN ! Je suis tremblant et j'ai mal au bras, je courais dans le couloir, tâtant les murs, il faut une intersection... Où il est parti ? J'dois me planquer silencieusement. Peut-être qu'il m'a entendu, ou alors peut-être qu'il vient de se rappeler qu'il était avec moi... NON... La frénésie... Allez vite une intersection... Hein ?

-
.........aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaAAAAAAA
AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHHHH !

Le cauchemar... le cauchemar... le cauchemar... le cauchemar... le cauchemar... Le cauchemar... le cauchemar... le cauchemar... le cauchemar... le cauchemar... Le cauchemar... le cauchemar... le cauchemar... le cauchemar... le cauchemar... Le cauchemar... le cauchemar... le cauchemar... le cauchemar... le cauchemar...

Stan revient. Son cri est aussi tranchant pour mes oreilles que la meilleure lame d'Héphaïstos... Il court, ses pieds sont des poids extrêmement brutaux qui résonnent sur le sol... mais il n'est plus qu'à 5 mètres maximum, me fonçant dessus dans le but de me... J'ai à peine le temps de penser... que ce que je vis est de la même ampleur que le pire cauchemar que j'ai vécu lors d'une nuit de GRIPPE !!!!!!!!!!!!!!!!!!

- Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah
!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
!! PFAAAAAAAAAAAAH.... OUCH ! ARGH !

Ce n'est plus un humain qui me frappe... une bête féroce... il me mord le nez et je sens son haleine fétide... Je suis à terre... j'ai d'abord pris sa tête dans mon épaule... Il s'acharne sur moi, à tel point que je recule tout seul, mon dos s'écorchant sur le brut de ce sol de calcaire... la peau de mon dos s'arrache...
"De même que si tu vis dans la confusion, entre l'envie de mourir et celle de récupérer ta liberté tu n'avanceras jamais..." Je me rappellerais toujours de ces mots de Stan... Ces mots qui me disaient de me sauver, ils étaient si adaptés à la situation... Je pleurais... pourquoi je pleurais ? Parce que Stan m'a fait le conseil de survivre, c'est pour son respect que je vais devoir tuer Stan... Ton conseil est précieux, et je...

- OUCH... STAAAAAAAAAAAAAAAAAAN !!

Je pleurais, ma bouche était déformée par mes sanglots si intenses...

- OUCH ! ENCULE !

Ce premier coup de boule dans le visage de Stan... je me relevais... il n'était pas si fort... Mais c'est un homme un vrai.

- Stan, tu es mon mentor.
- OUCH !

Il prit mon coude en pleine tête et chuta.
"De même que si tu vis dans la confusion, entre l'envie de mourir et celle de récupérer ta liberté tu n'avanceras jamais."

Je pris une balayette qui entraina ma chute. Mais j'eus le temps de me relever avant que ce qui restait de Stan me saute dessus. Cette position me permettait complètement de lui asséner le coup de genou qui l'aurait castré... mais je ne porterais pas ce coup à Stan, je lui laisserais sa dignité jusqu'à la fin. Je lui mis un crochet gauche qui entraina sa chute sur le mur... Sa tête fut cognée... Il s'effondra...

- Stan, je suis ton conseil, sois juste fier de moi quand tu seras au Ciel...

PLAC ! PLAC !

Je lui mis deux coups de semelle dans le cou... et je l'entendais suffoquer... Je me rappelais soudainement la première fois que nous nous fûmes rencontrés... ma crise se terminait... Tu suffoquais aussi, parce que je t'avais brutalisé... Je le regretterais toujours... et t'entendre ainsi... m'obligeait à en finir...



Stan, tu m'as sauvé la vie. Mais le plus important n'est pas à voir sous cette forme...

CLAAAAC !

... Tu m'as avant tout donné confiance en moi. Je suivrais ta voie jusqu'au moment ou le virus m'emportera...

- NOOOOOOOOOOOOOOOOOOON !!

Je m'effondrais sur le cadavre de mon ami, laissant couler mes larmes sur sa dépouille... je venais de shooter dans sa tempe droite... l'odeur du virus commença à se dégager... mais je ne vomirais pas... J'emporterais tes provisions... je laisserais les miennes à côté de toi... Mais je ne m'attarderais pas sur ton corps... tu m'as appris à avancer... je ne t'ai pas tué pour m'enterrer à cause de mes actes... Je déposais un baiser sur ton front... et je marchais vers l'inconnu, suivant une trajectoire Nord-Est comme tu me l'avais indiqué dans tes derniers moments de clarté. Repose en paix.


Partie II

Derrière moi, il y avait Stan. Mort, en paix... Devant moi, je ne sais pas trop... Eric n'était pas loin sans doute. Cette crise était tragique... J'aurais peut-être pu simplement le maitriser... Mais face à une violence aussi inouïe, il est difficile de réagir calmement... Je marchais, surement... Ma vie s'étant transformé en combat, en la pire torture humaine, j'avais évolué... J'étais moi même devenu cruel. Il me suffit de repenser à ces derniers moments avec Gab et Marco, je n'étais qu'une pédale. Même si la peur fait toujours partie de moi, les évènements que j'ai vécu en quelques jours changeront à jamais mon état d'esprit lorsque je m'éteindrais. L'homme est affreux, c'est une vermine. On savait qu'il était capable du pire... Il a inventé les pires systèmes, ceux qui caressaient de manière hypocrite la nature de la vie à rebrousse poil... les pires systèmes... Jouer la comédie... Ce n'est pas mon but de jouer le héros, je veux juste survivre. En aucun cas je me battrais pour prouver que je suis quelqu'un de bien, plus je survivrais ici, plus je deviendrais quelqu'un d'horrible. Peu m'importe à l'heure actuelle... Tuer devient si anodin...

Mon dieu... par contre je n'ai pas évolué sur un point... je pense trop. Et comment je vais trouver cette cellule de merde ? Je n'ai aucune idée du temps qu'on a pris à cause du drame qui est arrivé... Je marche... je marche... je marche... je ne fais en fait plus attention à l'endroit où je pose mes pieds... Tampis je chuterais dans la cellule au pire... Et je retrouverais Eric, j'ai besoin de...

- Merde...

Je venais de comprendre le pire. Ce que j'ai fait a en fait une très grande ampleur... Je suis de nouveau SEUL bordel de merde... JE SUIS SEUL ! Mon dieu... quelle horreur... En tuant Stan j'ai tué Eric. J'AI TUE MES DEUX SEULS AMIS !

- Non...

Eric va mourir par ma faute... Il est seul dans la cellule, il a besoin de quelqu'un pour lui faire la courte-échelle... Mais nous ne sommes plus que deux... Monstrueux... nous avons atteint la racine même du problème... Si je fais la courte échelle à Eric, c'est moi qui vais crever dans cette cellule... je ne redescendrais pas dans la cellule pour y rester... C'est lui qui périra... Quelle horreur mon dieu... Nous nous sommes unis pour survivre... mais plus rien n'est possible...

- Oh mon dieu...

Et encore quelque chose venait de s'éclaircir dans ma tête. Pourquoi Stan a eu si peu de réaction quand j'ai tué son ami ? Pourquoi m'ont-ils immédiatement intégré dans leur organisation de survie ? Simplement parce que sans moi, ils n'auraient été que deux... sans moi, Stan était certain de crever dans ce trou... Eric ne se serait pas sacrifié pour lui... Sans moi, Eric aurait été à ma place à l'heure actuelle... Il aurait laissé crever Stan dans le trou... car c'est un système qui fonctionne au minimum à trois... Finalement c'est lui qui va y rester, et je vais être le seul à continuer... Ils m'ont juste intégrés dans l'espoir de s'en sortir tous les deux, de trouver un moyen que je sois le dernier à être dans cette cellule... c'est raté...

- AAAARGH !

UN TROU ! Ma jambe était dedans, mais j'avais eu le temps de me retenir sur le sol et de rester dans le couloir... J'espère que c'est la cellule d'Eric...

- Eric ? Eric ?
- Vous avez mis un temps fou, il s'est passé quelque chose ?
- Oui, il s'est passé beaucoup de choses.
- Viens m'expliquer.
- Je t'expliquerais ici.

Je m'éloignais un peu du trou.

- Que... tu es seul ?
- Eric... Stan a rendu l'âme.
- QUOI !? NON ! NOOOOON !
- Il est tombé en crise lors du retour, je l'ai tué. Je n'avais pas le choix.
- NOOOOOOOOOON !! Ca veut dire qu'on va devoir continuer à deux... soyons plus ensemble que jamais ok ?
- Eric... me prends pas pour un con.
- QUOI ?!
- Tu sais toi même quoi...
- ARRÊTES !
- Tu vois... Le relai de la courte-échelle ne peut plus exister. A deux, la crainte d'être laissé à l'abandon est bien trop forte lorsqu'on est à ta place. Si je n'étais pas là mais que l'ami de Stan était mort, tu aurais été à ma place, entre le choix de te sacrifier pour Stan et le choix de survivre en le laissant ici...
- N'IMPORTE QUOI ! JE L'AURAIS SAUVE ! QUELLE IDEE !
- Je ne pense pas... tu as aussi été très engagé pour mon intégration dans votre groupe. Sans moi t'aurais été dans la merde... T'aurais dû abandonner Stan, ça a soulagé ta conscience que j'arrive... On n'est plus que deux... Ou plutôt...
- NAAAN !
- ... c'est chacun pour soi désormais...
- Ecoute !! Ecoutes moi !! Tu as vu juste sur nos intentions... je préfère être franc... sans toi, Stan serait resté dans ce trou pour toujours... Mais je te suis encore très utile, j'ai pas mal de choses à t'apprendre. On doit continuer à se relayer en toute confiance.
- Je n'ai pas confiance en toi, tu viens toi même de me dire que vos intentions étaient en gros de finalement me laisser dépérir ici quand je vous serais de plus aucune utilité.
- NON ! Mais tu comprends bien que ça change maintenant qu'on est plus que deux !
- En aucun cas...
- Comment tu oses... Je t'ai sauvé de la mort !
- Oui, Stan m'a aussi sauvé de la mort quand on était dans la résidence... J'ai une balle dans le bras. Il m'a soigné... mais j'ai tout mis de côté pour survivre quand il est devenu hyper-actif.
- Mais ne reste pas si indifférent bordel de merde !! Cette cellule pue la mort, j'suis avec deux mecs en décomposition alors ne me laisse pas !! PAUL !
- Eric...
- Ecoute mon vieux, t'es autant dans la merde que moi si tu veux continuer tout seul, encore pire avec une balle dans le bras... T'auras vite la gangrène ici... Ton bras va tomber en lambeaux de peau, je peux te soigner !!
- Tu vois le temps qu'il me reste à vivre ? La gangrène, si elle vient, me privera pas de beaucoup de jours...
- Imbécile... J'en sais bien plus que toi, tu as la prétention de...
- Tiens...

Je lui lançais les deux conserves de fruits au sirop qui tombèrent sur le carrelage blanc de la cellule.

- NON ! ME LAISSE PAS ! PAR PITIE ! J'EN REVIENS AU STADE DE DEPART !
- Eric...
- JE NE POURRAIS JAMAIS SORTIR !
- Tu voulais essayer de t'en sortir... Je suis désappointé... Plus que désolé... Pardonne moi.

J'allais dire "Salut"... Mais c'était bien trop décalé par rapport à la situation...

Je marchais en direction de l'endroit ou je l'avais rencontré pour la première fois, la petite cellule à l'étage supérieur... 2ème intersection à droite... Et j'entendais Eric crier... tous ses espoirs devaient s'effondrer... j'imagine sa souffrance, lui qui voulait essayer de sortir par la route des snipers...

- Pauuul ! Noooon ! Au cas ou j'arriverais à sortir, je me souviendrais plus que jamais de ça, c'est encré dans mon coeur et dans mon cerveau, si je parviens à sortir d'ici, JE TE CONSEILLE DE FAIRE ATTENTION A NE JAMAIS ME RENCONTREEEEEER !!

Je sentais sa rage... peut-être celle d'une crise... peut-être pas, elle était de toute façon justifiée même dans un état normal... Il était désespéré, laissé face à sa mort, il se sentait trahi, ou bien simplement pris au piège vu ses intentions... Pourquoi j'étais soulagé ? Parce qu'ils voulaient me laisser au final... Je ne leur servais qu'à cela. Au final, c'est eux qui ont péri... mais je leur suis reconnaissant, ils m'ont appris beaucoup de choses...

- Aille...

La douleur à mon bras s'intensifiait... au final j'avais tout de même un peu peur pour mon état. J'avais gardé en mains un paquets de céréales et du pain, et je suppose qu'il reste quelques bouteilles de bière dans la cellule.
OUCH ! Ouf... j'ai eu peur bordel, j'avais oublié le mec qu'Eric avait tué... il était encore ici en putréfaction. Je soulevais le bloc de calcaire et m'infiltrais dans la petite salle, reposant le bloc dans son support. Hmm... ça pue ici, la bouffe doit être périmée. J'ai la bouche pâteuse et je sens la fétidité de mon haleine... mes dents sont sans doute en train de jaunir terriblement... Je viens de remarquer une chose... Mon cuir chevelu est devenu extrêmement faible, il me suffit de tirer un peu sur une mèche de mes cheveux pour les arracher... Je perds mes cheveux, je ne me lave pas les dents ni rien d'autre, et je commence à sentir d'intenses démangeaisons... principalement entre les jambes... J'espère ne pas développer une mycose mal placée ou quelque chose du genre... et j'espère que ce ne sont pas des morpions non plus, tout est possible dans cet endroit plus qu'insalubre... Je pense que c'est simplement dû à un manque d'hygiène et à la transpiration... J'entends un étrange cliquetis régulier depuis tout à l'heure, il brise le silence, sans doute une sorte d'acouphène... Il fallait que je mange, que je boive, après cela, je ferais un somme... j'irais ensuite errer un peu dans le souterrain à la recherche d'une autre sortie... L'espoir fait vivre. J'allais attraper une bière, voilà le carton... Il en reste peu, ah voilà...

- AAAAAAAAH ! PUTAIN !

C'est quoi cette horreur ? Oh mon dieu... j'avais attrapé une main, la main d'une personne très légère, incroyablement légère... Je la soulevais par la main sans problème... elle ne réagissait pas, elle était terriblement froide.

- T'es qui ? T'es conscient ?

Ma respiration était soudainement devenue haletante, je n'étais pas seul depuis tout à l'heure...

- Réponds en vitesse.

Avec mon autre main j'allais attraper son bras mais... QUOI ?

- ARGH !

Il n'y a pas de BRAS !! Je tiens une main arrachée depuis tout à l'heure, c'est juste une PUTAIN DE MAIN ! Bordel de merde, il s'est passé quoi ici ? Il ne doit pas y avoir qu'une main ! C'était une main fine, avec une pilosité faible... Je n'aurais pas pu déterminer si c'était la main d'un homme ou d'une femme... Quelle horreur... J'en reviens à la question de savoir s'il vaut mieux voir l'horreur ou uniquement savoir qu'elle est juste devant nous... Dans chacune de ces situations, on pense que l'autre solution est la meilleure... Ai-je vraiment envie de tâter le sol de la salle ? Je dois le faire... Mais j'avais oublié cette pression solitaire depuis que j'étais avec Stan et Eric, j'espère que je ne vais pas regretter d'avoir laissé Eric et d'avoir choisi d'être seul... Je tâtais... au sol, il n'y avait pas grand chose, des cartons, mais une chose était sure, pas un corps. C'est certain, j'avais fait le tour de la salle... j'avais même maladroitement renversé le paquet de céréales, sans trop gâcher la nourriture cependant. Cette main est tout de même louche... inquiétante, flasque et froide au possible... Mais s'il n'y a personne... je suis tranquille. Serait-ce en rapport avec Eric et Stan ? Aucune idée... j'ai trop la dalle pour réfléchir. Je partais m'installer à l'autre coin de la... AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAARGH !!!

- Ce... n'est pas... normal... Qu'est ce que c'est que ça ?..

Une sorte de... Moignon... mon dieu... il n'est pas du tout cicatrisé, c'est tout mou... c'est un poignet plein de sang... Un... un... UN BRAS QUI PEND du plafond !! Il goutte... le sang s'égoutte de cette grosse tuméfaction pourrie... il claque le sol de la salle depuis tout à l'heure rythmant le temps... Ce cliquetis... c'était cette fuite de sang depuis tout à l'heure... Ce lustre organique... Qu'ai-je en face de moi bordel ? Encore un niveau supérieur ? Un cadavre accroché au plafond ? C'est quoi ce bordel ? Il y a eu un carnage en ces lieux... Y a t-il un endroit qui ne soit pas marqué par la boucherie !? Putain c'est impossible que je reste plus longtemps ici... Eric ne voudrait pas m'en dire plus maintenant... Ce n'était pas là, la première fois que je suis venu, et Eric n'a pas pu bouger de la cellule, il n'a sans doute rien à voir là dedans... J'aventurais mes mains au plafond, suivant le bras... Il était en pull-over... son bras est coincé entre le plafond et... LA VACHE ! Un autre bloc de calcaire... Il y a quelque chose au dessus aussi, une cellule par dessus la cellule ? Ca ne présage rien de bon... Le biceps du cadavre était broyé entre le bloc de calcaire et le plafond... Je suis pas là pour camper... faut que je soulèves ça. Je commençais à hausser le bloc de son support... il était bien plus lourd que les autres... C'est quasiment impossible que je le soulève...

- Hé...

Si la main est dans la cellule... est ce que ça veut dire que la personne qui l'a coupée était à ma place ? Je ne vois rien, est-ce que cette personne est là, dans son moule contre le mur, en train de me regarder, un sourire aux lèvres, la tête légèrement inclinée vers le bas ? Dieu du ciel... en fait je n'ai rien appris... Je ne pourrais jamais rivaliser avec l'oppression du coin... J'ai presque envie de me barrer en vitesse d'ici... Alors putain Paul, soulèves moi ce bloc et vite !! J'arrivais finalement à le caler sur une surface au dessus, le sol ? Il y a réellement quelque chose...

- GYAAAH !

Le cadavre tout entier vint s'effondrer sur mes épaules, et je sentis des gouttes de sang gicler sur mes joues. De façon paniquée, je me débattis, le laissant s'écraser à mes pieds. Sans avoir pris le choix de le dire sur ce ton tremblant, je tentais :

- Il y a quelqu'un là haut ? Il y a...
-
GYAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA
AAAAAAAAAAAAAAAAAH !!

Ce cri était à mes pieds... je vacillais sous la peur la plus intense.


Commentaires