Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

En Quarantaine


Par : Endless
Genre : Horreur
Statut : C'est compliqué



Chapitre 1


Publié le 04/07/2008 à 14:40:09 par Endless

CHAPITRE SECOND - Souterrain

Partie I

- Moi j'aime pas être enfermé de toute façon...
- T'étais pas enfermé, on était à 5 mètres de l'escalier. Demain tu vas au lycée ?
- Tu blagues ? C'est limite si il s'effondre pas le bordel.
- Alors on se voit à 15 heures ? On va s'acheter un petit pack et on y retourne ?
- Je suis pas contre ce fait mais je préfèrerais y aller avec Gab.
- D'accord alors appelle le, je le sens pas le coup d'être à 3 sur le scooter par contre. A demain.
- J'suis un As t'as rien à craindre, salut.

Quelle fatigue...

- Maman est rentrée ?
- Oui ! Je suis là ! Ta journée s'est bien passée Paul ?
- Ouais pas mal. J'ai faim maman.
- Je te fais réchauffer le reste de pattes d'hier d'accord ? J'ai passé une journée... épuisante.

Je fis involontairement claquer la porte de ma chambre et je m'allongea sur mon lit. Je n'ai envie que d'une chose, repartir dans le hangar, et aller bien plus loin dans ces sous-sols. J'ai l'impression d'être vide.

La nuit fut longue. Je n'ai pas mangé hier soir, pourquoi ni ma mère, ni mon frère ne m'a réveillé ? J'avais l'air si epuisé ? Le soleil passe à travers les stores de ma chambre pour rayer ses murs, et je me rends compte qu'il fait beau. Déjà midi ? Mon plat de pattes est toujours sur la table. Deux barres chocolatées suffirent à caler ma faim.

Le bruit du scooter débridé de Marco parvint à mes oreilles, je sortis vivement et me rendis compte que j'allais devoir me débrouiller pour me trouver une troisième place sur le scooter. Gab était derrière, souriant et me faisant un signe du pouce.

- Vous avez déjà le pack de bière ?
- Je l'ai acheté avant de venir.
- Il fait vraiment beau, c'est bien le moment de s'enfermer dans un sous-sol tout pourri ! dit Marco en s'esclaffant.

La route fut peu confortable. Installé sur les cale-pieds et m'agrippant au mini-coffre du scooter, j'ai plusieurs fois crû que j'allais me bouffer un rétroviseur. Mais en arrivant, le plaisir de rejoindre l'endroit qui devient petit à petit notre "chez nous" se fit bien ressentir.
Comme c'est étrange par contre, suite à l'arrêt du scooter un bruit assez prononcé de vitre qui se brise éclata dans le long bâtiment en face du hangar. Ni Gab, ni Marco ne réagit.

- J'ai été le seul à entendre le bruit là ?
- Moi j'ai rien entendu en tout cas.
- 'Tin c'est plein de boue cette parcelle de merde. dit Marco en s'avançant vers l'escalier en béton.

Je restais les yeux rivés vers ce long bâtiment abandonné. Les murs étaient beiges, tagués de long en large. A quoi pouvait servir ce bâtiment auparavant ? Peut-être à la couture, ou à des travaux plus artisanaux et manuels... Après réflexion, un simple rat aurait pu créer ce genre de bruit. Je rentrais alors rapidement dans le hangar, bien plus éclairé que la veille.

- Tiens j'avais jamais remarqué le drapeau de Darnoy accroché là haut.
- Je suis dans la grosse galère les gars. Je vais bientôt devoir me trouver un boulot, mes parents arrivent plus à vivre correctement.
- A qui le dis-tu. En plus, vachement chaud de faire marcher un trafic de drogue dans le coin, tout ce qui est importé est vérifié.
- Evitons de nous pourrir l'esprit les mecs. Aujourd'hui on visite les lieux. Et j'ai pensé à la lampe torche.

Pendant que ces mots s'échangeaient, je sentais une étrange odeur. Je n'avais pas remarqué ça hier non plus.

- Il y en a un qui s'est pas lavé ce matin ou quoi ? Ca pue vraiment.
- Ah toi aussi tu trouves ? Putain ça sent la glaire sérieux.
- T'es écoeurant, t'as déjà senti une glaire ?
- Façon de parler, ça sent vraiment la crasse.

L'escalier n'a pas changé lui par contre, toujours aussi casse-gueule. Gab attrapa une planche de bois par terre, afin de jouer le grand bagarreur prêt à se défendre.

- Allumes la lampe.

Quand la lampe fut allumée, la longueur du couloir souterrain fut particulièrement impressionnante, au moins 50 mètres. Marco était entre Gab et moi, la technique du froussard. J'étais le premier, lampe torche en main, j'avançais relativement vite pour éviter de réfléchir. On avait facilement parcouru 50 mètres et on n'apercevait toujours rien au fond.

- Ca m'a pas l'air très compliqué, il n'y a rien de particulier, c'est un long couloir, ça n'a rien d'un réseau sous-terrain. dit Marco.
- Bah continuons, cette merde a pas été creusée pour rien je suppose.

Un bruit sec vint du plafond. La conversation fut nettement coupée et les expressions sur les visages de Gab et Marco étaient très contrastées. Marco avait une tête de poisson, les yeux écarquillés et la bouche tendue, tandis que Gab avait un sourire en coin presque réconfortant.

- Quelque chose a dû tomber par terre dans le hangar. C'est aussi simple que ça Marco.
- Non non je pense pas, continuons à avancer, répondit-il.

A peine quelques mètres plus loin, il y eut enfin une ouverture sur la gauche et sur la droite de ce mur en calcaire. C'était un autre grand couloir.

- Continuons tout droit, j'ai pas envie de me perdre.

La longueur de ce couloir était impressionnante. Nous avions facilement parcouru 400 mètres et l'escalier qui nous faisait remonter à la surface était un point lumineux au loin.

- Encore une intersection ici.
- Ecoutez-moi, le hangar est proche du mur de la ville. Si mon sens d'orientation est bon, en tournant à la première intersection que l'on a trouvé on aurait peut-être pu se retrouver derrière le mur. Et il y a peut-être une remontée à la surface là bas.
- Ok, faisons demi...

Un bruit effroyable parvint à nos oreilles. Il était extrêmement proche, nous eûmes le même réflexe, nous accroupir. C'était une voix humaine, elle venait de la surface, juste au dessus de nous. J'aurais dis que quatre syllabes avaient étaient prononcées et juste au dessus, comme si quelqu'un avait sa bouche à quelques centimètres du sol et nous parlait à travers cette couche de calcaire.

- Chut, ne dites rien s'il vous plait, dit Marco, recroquevillé sur lui-même et se bouchant les oreilles.
- Peut-être que quelqu'un a appris qu'on était ici et qu'il a appelé les autorités, c'est peut-être interdit. Peut-être que c'est la police qui nous interpelle.
- On s'en fout, on répond pas.

Nous chuchotions, ma voix tremblait, j'avoue que ce détail m'avait bien refroidi. Comment auraient-ils pu nous appeler exactement ici ? Comment savent-ils que nous sommes à cet endroit du couloir ?

- On est sans doute simplement passés sous une habitation.
- T'es dingue, une habitation ou les gens parlent au sol ?
- Rentrons les gars, ça fait déjà 30 minutes qu'on est là dedans, et si on y reste alors que des autorités...

Une ombre, le point lumineux qui était l'escalier par lequel nous étions rentrés, il y avait une ombre, c'était quelqu'un qui rentrait dans le sous-sol. Ca bougeait, et nous l'avions vu tous les trois. J'eus le réflexe d'éteindre la lampe, et nous nous faufilâmes dans le couloir perpendiculaire à celui dans lequel nous avions marché jusqu'à présent. C'est à ce moment que je retrouvais l'exacte sensation de la veille, cette isolation totale, cette impression d'être totalement enfermé, ces tampons sur mes joues. Cette suffoc... je ne suffoque pas du tout, c'est psychologique, je suis juste un peu hypocondriaque.

- Non mais... là...
- Ca doit être un flic...
- Non, pas un flic, on fuit ok ?
- Pourquoi tu paniques enfin ?
- Parce que le dernier bruit qu'on a entendu et qui, je précise, n'était pas le premier m'a vraiment donné une impression bizarre.
- Chut il va nous entendre... On fait quoi ?
- Putain cette odeur de glaire, à l'entrée...
- Quel rapport ? Elle est peut-être encore là et on s'est habitués, c'est un sous-sol jamais aéré ici, normal que ça renifle pas la rose.
- Non mais chut...

Marco était blanchâtre, j'avais l'impression qu'il allait claquer, il avait le visage brillant, il suait terriblement. Je le rassurais, bien que moi même peu tranquille. Il fallait arrêter de parler maintenant si on ne voulait pas se faire repérer, et s'organiser ensemble, silencieusement, dans le noir complet, entre deux murs. Il s'approchait sans doute, mais on ne l'entendait pas, la respiration haletante de Marco couvrait tout.

Partie II

J'étais appuyé contre le mur du couloir que nous avions subitement pris sur la droite pour éviter un contact avec cet inconnu. D'où venait cette peur ? Elle n'avait pas lieu d'être... C'est juste l'endroit dans lequel nous étions qui ne nous rassurait pas, du coup ça déteignait sur toutes les choses alentours. Marco était trop sensible à cela.
Maintenant, il ne fallait plus parler, nous marchions d'un pas empressé et léger dans ce couloir qui nous amenait je ne sais où. Cette fois Marco était devant, tâtant les murs avec ses mains extrêmement moites.
On n'y voit rien... Et pourquoi ce mec serait-il venu sans lampe ? Il doit en avoir une, cependant en regardant derrière nous, aucune source lumineuse ne rendait le couloir que nous venions de quitter visible.

- Bon, on rallume la lampe ?
- Parles moins fort bordel ! La rallumes pas, on serait grillés direct.
- Tu préfères conti...

Gab venait de me faire signe de me taire. J'avais réussi à apercevoir son expression dans la pénombre, mes yeux commençaient à s'habituer un minimum. La lampe va alors devenir de moins en moins utile. Gab était anxieux aussi, j'ai pas l'habitude de le voir comme ça, lui qui est souvent très détendu et vachement sociable.
La marche devenait vraiment chiante, encore facilement 100 mètres que nous venions de parcourir dans ce sens...

- Aille ! Putain de merde.

Marco s'effondrait par terre.

- Mais tu peux pas la fermer imbécile ?
- J'viens de me prendre le mur en pleine gueule. La route ne continue pas. On est coincés putain !
- Bon allumes la lampe Paul.

Sans réfléchir je l'allumais, et une poussée d'adrénaline me vint, nous étions dans...

- Un cul de sac... Oh putain... On... fait quoi ?
- On fait demi-tour !
- Tiens voilà, calmez vous les gars, c'est pas un cul de sac, regardez.

Gab nous montrait un découpage dans le plafond.

- Putain une trappe, magne toi d'ouvrir ce truc.
- C'est vachement lourd, venez m'aider.
- C'est pas une trappe, c'est une grosse dalle bien lourde.
- Maintenant qu'on a trouvé une issue, éteins cette lampe, on sait jamais qu'on soit toujours pas grillés.

J'obéissais, à trois nous peinions à soulever ce gros bloc, calé sur une sorte de support taillé dans le calcaire.

- Saloperie, c'est lourd !

Un frottement lointain, comme si de la poussière se déplaçait au sol... L'autre cinglé qui nous suit a dû atteindre l'intersection... il nous a vu prendre ce chemin. Ce type est tout seul alors qu'il a vu que nous étions plusieurs ? Euh... un flic ferait ça ? Il est très sur de lui, surtout qu'il peut s'imaginer que nous sommes des mecs violents... C'est pas un flic c'est impossible.

- Dépêche... chuchotait Marco ayant fait la même déduction que moi sur ce bruit lointain.
- Pourquoi ils ont pas foutu une échelle ici ? Ca va être vraiment galère de monter.

Il n'a pas l'air de se presser... au cas où ça serait un flic...

- Nan attendez !! Si c'est un flic, et qu'il se presse si peu pour venir nous chercher c'est qu'on est soit dans un cul de sac et qu'il le sait, soit qu'une garnison de flics nous attend gentiment derrière ce bloc. Et l'hypothèse cul de sac me parait levée.
- Qu'est ce que t'insinues ? Qu'il vaut mieux se frotter à un flic plutôt qu'à plusieurs ? T'as pas tort.
- On a aucune idée de ce que ce mec nous veut. Peut-être rien, ça serait stupide de refaire la tête au carré à un clodo sympathique, de même que tabasser un policier nous fout dans la merde jusqu'au cou.
- Ouais il a raison ! Faut jouer la carte chance maintenant, on lève cette dalle de merde et on fait face à notre destin ok ?

Je ne répondis pas, nous parvenions enfin à unir nos forces pour soulever ce bloc de calcaire. Tandis que je prenais de la poussière dans les yeux, une étrange sensation me venait et ma respiration s'accélérait. Je commençais à transpirer subitement, la peur me venait enfin... j'avais cette boule dans l'estomac. Aucune lumière ne vint nous illuminer le visage une fois le bloc totalement levé, nous allions droit vers un endroit tout aussi éteint que ce tunnel, et nous n'avions pas la moindre idée de ce que c'était. Gab me fit la courte échelle, puis ensuite à Marco, et il parvint à se hisser tout seul à notre niveau en prenant appui sur le support du bloc.
Nous eûmes le même réflexe ensuite de remettre la grosse pierre à sa place pour empêcher l'inconnu de nous suivre.

- On est toujours pas à la surface ?

Nous parlions de plus en plus bas, et à ce moment, même dans un silence aussi complet, il était difficile de nous... Oh PUTAIN c'était quoi ce bruit de ferraille à quelques centimètres de mes oreilles !

- Ouah putain c'est qui qu'est là ? ALLUME LA LUMIERE PAUL !

Ce que je fis immédiatement.

Partie III

La pression montait... je ne sais pas trop si je voulais allumer la lumière ou non. Pourquoi sommes-nous là ? C'est un simple trip d'adolescents débiles, ça serait stupide d'en faire quelque chose d'effroyable. Et puis des bruits... toujours des bruits... arrêtons d'être apeurés pour si peu de choses. C'est avec ces pensées que je parvint à appuyer sur le bouton d'allumage de la lampe torche. Tout en appuyant, je me mis à gesticuler et à crier un bon coup pour tenter de ne pas être surpris.

La lumière s'étala sur des murs complètement tartinés d'une sorte de mousse. Je connais cette mousse, je l'ai déjà vue quelque part mais où ? La salle faisait pas plus de 8 mètres carrés, et tout un tas d'ustensiles et d'électroménager destiné à la cuisine. C'était extrêmement vieux et le teint que leur donnait la lampe les rendait encore plus sales. Ces merdes avaient bien 20 ans. Il y avait un cadre de travers, mal accroché au mur laissant apparaitre un voilier derrière un voile de poussière. Il n'y avait pas d'autre issue que le trou au sol que nous avions emprunté pour venir apparemment, mais dans ce bordel disgracieux pouvait peut-être se cacher un passage. Nous étions arrivés par un coin de la salle, de forme rectangulaire. Je me calmais, cependant l'endroit n'était pas accueillant, et cette odeur de poussière...

- Aaaatchoum !
- Alors là faut qu'on m'explique. C'est quoi ça ? J'ai bien l'impression que cette salle est encore sous terre.
- C'est en effet une possibilité. Peut-être que durant ces 500 mètres de tunnel, le sol suivait une très légère inclinaison vers le bas, et sur 500 mètres ça finit par faire beaucoup de descente.
- Aucune fenêtre, c'est une sorte de réserve à vieux trucs ici, une déchetterie.
- Tu penses vraiment qu'on installerait un cadre avec un bateau de merde sur le mur dans une réserve ?
- C'est crasseux, doit y avoir des rats dans le coin faites gaffe. Et faut trouver une issue, Gab assieds toi sur le bloc de calcaire, peut-être que le mec qui nous suit est une masse et qu'il arriverait à le soulever tout seul.
- Ok, pendant ce temps là, vous déblayez un peu la salle, trouvez quelque chose.

Je posais alors la lampe torche allumée sur une sorte de grand lave-linge qui dominait le reste, afin d'éclairer relativement bien toute la salle. En commençant à regrouper quelques bouts de fer, ainsi que ce que je pourrais appeler la carrosserie d'une gazinière, un sol carrelé qui devait être blanc au départ se découvrait. Ce n'était vraiment pas un endroit commun, pas une réserve. Il y avait toutes sortes de choses, un barbecue en morceaux, un micro-ondes sans porte, mais aussi des couverts en argent dispersés, rouillés par l'humidité ambiante.

CROUIC ! Je marchais sur un bout de taule entrainant cet étrange bruit ainsi qu'une sorte de petit cri aigu.

- T'as raison Gab, y a des rats. J'viens d'en tuer un malencontreusement.
- Ouais, bah faites gaffe aux maladies. On a de la chance que personne ne soit phobique de ces bestioles.
- Oh putain attends !
- Hé mais ça pue... GWARGH !

Cette... odeur... mon dieu...
Je vomissais à mon tour, c'était insoutenable, cela sentait... cette odeur est indescriptible. J'ai jamais senti quelque chose d'aussi immonde, Marco vomissait ses tripes tandis qu'en me retenant, mes barres chocolatées digérées me ressortaient par le nez.
Gab eut le bon réflexe de couvrir son visage avec le col de son sweat. L'impossibilité d'aérer la salle, de quitter cette odeur immonde... Il faut sortir d'ici vite !! Mais c'est impossible que les entrailles d'un simple rat sentent cette immondice. Cette acidité au fond de ma gorge... les hauts-le-coeur me venaient encore, j'avais sans doute les amygdales très irritées. Il faut reprendre son calme... Je ravalais les quelques morceaux de je ne sais quoi qui macéraient encore dans le suc de mon estomac il y a quelques secondes.

- Putain c'est... URGH... l'odeur qu'on a sentie à l'entrée du tunnel, intensifiée 1000 fois... UUUURGH

Marco crachait le fin fond de son estomac.

Je me concentrais pour soulever le bout de ferraille qui cachait la source de cette odeur abominable, pestiférée aurait peut-être été le mot. J'attrapais la ferraille tout en protégeant mes mains avec le bout de la manche de mon sweat et la soulevait enfin...

- Pu...pu...putain de...
- Quoi ? Calme-toi et arrête de faire stresser... tout le monde avec tes conneries.
- On lui a fait quoi à ce rat bordel ? AAARGHHHHHH

Ce haut-le-coeur m'était insupportable... je n'avais plus rien à cracher, mon vomi tapissait tout ce qui m'entourait, j'allais saigner si je continuais à m'irriter à ce point... Mais ce rat, si on peut encore appeler ça ainsi... Sa morphologie était impressionnante, qu'est-ce qu'elle avait cette bestiole ? Elle n'avait pas de poils, la bestiole était blanchâtre et son dos était enflé de telle sorte que cette excroissance anormale doublait facilement la hauteur de l'animal.

- Faut se barrer, ce rat doit être malade, il devait souffrir même... avant que je l'écrase.

Gab et Marco s'approchèrent pour regarder et ne dirent pas un mot.

- Ca ressemble à une sorte de maladie ouais. J'ai pas envie d'être contaminé, ça ressemble au cliché d'un scénario de film d'horreur. On aurait l'air con que ça nous arrive vraiment.

Un bruit de déplacement de roche se fit entendre dans le coin de la pièce...

- Mais Gab retourne t'asseoir dessus putain ! chuchotait-je. Ah je vais encore... urgh...
- Il... nous a suivi jusque là ? Cette odeur est la même qu'à l'entrée, ce mec vient sans lampe, sans même nous interpeller, on entend une sorte de cinglé qui nous parle à l'étage juste au dessus du tunnel... et on découvre une horreur dans cette salle qui semble inutile...
- J'aimerais vraiment qu'on soit à nouveau sur ton scooter sur la route du retour... On n'a aucune informations sur les lieux, et pas d'issue de sortie autre que celle où une sorte de muet nous suit.

Soudain, Gab sans demander quoi que ce soit cria :

- Monsieur, nous ne sommes pas méchants...
- Ta gueule !
- ...nous sommes simplement venus ici par hasard, car notre lycée est presque détruit, et nous nous excusons si le fait d'errer dans ces lieux vous importune, mais par pitié expliquez nous ce que vous faites ici...

Un silence lourd... pas de réponse... je ne fais que scruter Gab...

...

- Monsieur vous... Hé il essaye de pousser le bloc, je le sens sur mon cul !
- C'est quoi ce dégénéré ? Il a pas l'air de vouloir coopérer.
- Revérifiez s'il n'y a pas d'issue rapidement putain !

Dans un fracas absolu, Marco et moi balancions tout et dans tous les sens dans l'espoir de trouver quelque chose... mais rien, toujours rien ! Et toujours cette odeur insupportable...

- On peut plus rester ici, faut revenir en arrière, j'commence à étouffer en plus moi. J'ai besoin de l'air libre.
- Alors laissons ce mec entrer. Et on voit ce que ça donne. J'ai encore ma planche de bois dans tous les cas. Si il se montre dangereux ça sera le moment de cogner ok ?
- Attends...
- Non il a raison, on veut sortir de ce calvaire oui ou merde ?

Cette mousse sur les murs, j'ai enfin trouvé ce que c'était, il y a la même dans un parking souterrain d'une résidence proche. C'est un truc anti-incendie, un truc isolant dans le genre. Pourquoi cette salle en-est repeinte ? Pas le moment de réfléchir...

- Laisse-le entrer, il a l'air d'en avoir la force.

A peine Gab debout, le bloc se mit à bouger suffisamment pour laisser un être humain passer, plus rien ne nous séparait de cet inconnu, dans ce cul de sac puant, je serrais les poings.

Partie IV

Nous n'échangions plus aucune parole, nous regardions ce trou dans le sol, deux mains apparurent, de chaque côté du trou, c'était des mains humaines, cependant il m'était impossible d'aussi loin d'en voir plus. Elles m'avaient l'air fines. Gab et Marco me rejoignirent.

- Bonjour. disait Gab. Monsieur ?

Un homme maigre, à petit crâne apparut le sourire aux lèvres. Il portait une paire de lunettes, et je n'arrivais à percevoir aucune haine dans son regard, presque un réconfort. Il était habillé d'un pull BCBG, le genre de truc classe qu'on porte quand on est bien placé dans la société. Il avait un jean bien repassé, très adapté à sa morphologie, il lui allait à merveille, cependant il portait des chaussures de sport assez épaisses ce qui en faisait quelque chose d'assez ridicule. Il était un peu plus petit que moi, j'aurais dit qu'il faisait 1m70. Il avait une tonsure déjà bien développée, la quarantaine je dirais.
Comment un type gaulé comme ça avait-il pu soulever ce bloc tout seul ? Et son regard presque niais, c'est moi qu'il fixait j'avais l'impression... Il fallait éviter de montrer un signe de méfiance, être sur de soi, de toute façon même tout seul je lui refais la gueule à ce type.

- Vous pouvez parler ?
- Non j'en ai pas l'impression. Ah ?

Il avait tendu la main vers moi, il voulait que l'on se serre la main j'avais l'impression. Pourquoi faire ? Si il était malade lui aussi... Non là par contre j'ai pas envie de faire ça.

- Euh, pourrions nous échanger deux/trois mots avant de nous serrer...

OUCH !!!

Je...

- Putain d'enculé, viens là que...
- Prends ça dans ta...

J'étais sonné, j'entendais juste des coups d'une grande brutalité que l'on portait sur un homme. Ces claquements sur la peau qui témoignent de la violence des coups. A celà s'ajoutait le bruit de ferraille sur laquelle nous marchions. J'étais allongé sur le carrelage blanc, il m'avait mis deux coups de poing en pleine figure et très vivement... Je commençais à revoir quelque chose, le plafond crado de cette vieille salle... Je portais la main à mon visage, j'ai les lèvres explosées et je saigne du nez... je sens comme une bosse intérieure à ma joue... Il y est pas allé de main morte, je vais le tuer ce mec. Gab et Marco étaient encore en train de lui régler son compte.

- Ca va Paul ?
- T'as vu ce que tu m'as fait ? Tu vas le payer de ta vie fils de pute.

Je courrais droit sur ce dingue, Gab et Marco s'écartèrent rapidement, avant de l'atteindre je balançais ma jambe gauche à toute vitesse dans sa tempe... J'allais le tuer sur le coup.

TAC !

J'avais senti son visage claquer contre le bout de ma semelle. T'as ton compte sale... bâtard. J'avais dû lui casser la nuque et la mâchoire, il n'avait plus que des spasmes musculaires, du sang s'écoulait de ses oreilles et en grande quantité de sa bouche.

- Putain, t'es con, tu l'as fait claquer !! Tu nous met dans une merde immense !
- Vérifie son pouls rapidement.
- Il est... mort. T'es dingue de porter un coup comme ça.
- Regarde ma gueule ! Pourquoi il m'a défoncé comme ça ? Je le connais même pas ce petit fêlé. Il a un soucis, fallait lui régler son compte.
- Et on va en faire quoi de son corps ? Si la police passe par là, on va direct derrière les barreaux.
- J'hallucine... c'est quoi cette ville de cinglés, j'en ai froid dans le dos.
- Ce mec était pris d'une frénésie terrifiante. Je l'ai vu te porter les premiers coups, il a changé d'expression en un quart de seconde. On aurait dit qu'il voulait vraiment te faire exploser le crâne en morceaux...
- Ouais frénésie c'est le mot... C'était brutal, ce mec avait dû s'échapper d'un hosto psychiatrique.

Je me rappelle de ce bruit, tout d'abord devant le hangar, ce bruit de verre, ensuite un homme est rentré par la même entrée que nous dans le tunnel. C'était peut-être déjà ce cinglé qui nous avait entendus rentrer. J'espère juste qu'il est seul. Si il connait du monde dans le même genre, et que ces mecs apprennent ce que nous lui avons fait ça... Par contre le troisième bruit, cette voix humaine que nous avons entendu au dessus de nous... Aucune explication à ce merdier...

- C'est le moment de partir. La voie est libre non ?
- Je l'espère, on se casse vite fait.
- Ouais, et j'veux plus jamais revenir ici.
- Oublie pas la lampe. Tu passes devant.
- Pourquoi moi ?
- Parce que t'as la lampe !
- Bah tiens je te la donne si tu veux.

Quel stresse... Je passais devant avec la lampe, retenant ma respiration à la redescente dans le tunnel. Je posais mes pieds sur le sol du couloir, en éclairant son intégralité...

- Il n'y a rien... Venez.

Ils me suivirent. On respirait enfin un air frais, c'était divin... J'avais l'impression de renaître, cette sensation était plus que réconfortante.

- Je... Aaaah.... Respire... Ca fait du bien...
- Putain j'arrive pas à refoutre le bloc de calcaire à sa place d'ici.
- Pas grave, laisse ouvert, on s'en fout.
- T'es dingue, ils pourraient trouver le corps très facilement.

Nous tentâmes à trois de remettre le bloc à sa place, Gab eut même le courage de remonter dans cette abomination pour le pousser, tout en laissant exactement la place nécessaire à sa redescente. Mais même ainsi, il n'y avait pas moyen de replacer le bloc dans son support.

- Laisse tomber, on se casse.

Nous traversâmes le couloir de 100 mètres en courant, et toujours une montée de stresse en arrivant à l'intersection. Je fis un bond rapide plus un tour sur moi-même afin de vérifier qu'il y avait bien personne dans le tunnel principal, rien. Le point lumineux de l'entrée était presque invisible.

- Il est quelle heure ?
- 22 heures. Il fait nuit.

Au bout de 5 minutes nous atteignîmes l'escalier... Je montais les marches difficilement, je saignais encore du nez. C'est incroyable comme un hangar peut paraître confortable en sortant d'ici... Rien n'avait changé, le bruit que nous avions entendu comme quelque chose qui tombait, il fallait vérifier !

- Regardez sur le sol du hangar pour voir si quelque chose est bien tombé, rappelez vous du premier bruit que vous avez entendu.

Pour moi c'était le deuxième.

- Rien, et on s'en fout. Ca devait juste être le cinglé qui marchait comme un éléphant pour rentrer dans le tunnel.

En sortant, l'air frais d'automne... Un vent léger qui vint rafraichir tous les pores de ma peau... quel bonheur. Nous sommes tous sains et saufs.

- Oh noooon... ON EST FOUTUS !

Hein ? Qu'est ce qu'il dit ? MERDE ! Une garnison de flics nous attendait au niveau du scooter de Marco... La fuite est impossible, c'est le mur de l'autre côté... Pourquoi les flics ? Je n'ai aucune idée de l'ampleur de la connerie qu'on vient de faire. Peut-être rien, peut-être que j'ai foutu ma vie en l'air. Il y avait au moins 10 flics, 3 voitures, pourquoi ?


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