Londres, fin juillet 2008. Brouillard anglais et terrasse d'un pub miteux.


- Lorsque tu tires, tu dois oublier tout le reste. Quand tu presses la gâchette, tu dois avoir dans l'esprit l'unique objectif d'atteindre ton but. Rien d'autre ne doit entrer en compte. Mais cet instant ne doit pas durer plus d'une seconde.
- Pourquoi ?
- Il faut que tu sois capable de maîtriser totalement l'environnement qui t'entoure, il faut que tu sois certain que rien ne va entraver ton action. Il faut donc vider ton esprit quand tu sais que tu peux tirer en sécurité. Une fois que c'est fait, tu dois immédiatement revenir au monde réel au cas où un danger se présenterait.
- Et en cas d'affrontement ?
- Il n'y en aura pas.
- Mais s'il y en a ?
- Ça n'arrivera jamais.
- Vous êtes borné Khasar.
- Peut-être. Mais je suis toujours vivant.


Cela fait déjà plus d'une semaine que nous errons dans les ruelles londonienne à la recherche d'un camé. La police veut acheter son silence définitif. Il serait dangereux que le junkie raconte qu'il a vu des membres de l'ordre public tabasser, violer et tuer une prostituée.


Seulement ce camé est introuvable. Il doit craindre pour sa vie et se cacher comme un rat. Je m'apprête a demander l'addition lorsque soudain une femme s'assoit.


- Salut mignon.
- Malabar ? Tu fais quoi ici ? Et tes cheveux ? Tu les as teint en rose !
- C'est mieux non ? Tu me trouves pas séduisante ?
- Si. Enfin... Non !
- Il paraît que tu traînes, que tu te fais vieux. Mon pauvre Khasar...
- Tu veux quoi ?
- Moi rien. Je suis là pour affaire. Comme tu es long, on m'a mis sur le coup.
- J'étais là le premier !
- Je suis désolé pour toi. Sincèrement... Mais je vais m'en occuper.


Je regarde Malabar froidement. Elle est là assise en face de moi. L'air insouciante, elle joue avec une mèche de cheveux et me sourit.


- Tu ne me présente pas ?
- A qui ?
- A ton associé.
- J'ai pas d'associé.
- Il t'ennuie pas trop le vieux. J'imagine qu'il doit radoter en permanence. En plus il est tellement vieux jeu. Il est souvent pénible. Tu serais mieux avec moi. Je te montrerais tout ce que je sais. Tout, explique doucement Malabar.


Malabar termine en posant ses avant-bras sur la table, se penchant légèrement vers le gamin et lui dévoilant ainsi ses charmes à peine caché. Celui-ci manque de s'étouffer et devient rouge.


- Oh, tu as chaud ?
- Laisse le gamin tranquille et ne t'approche pas de lui.
- Je m'appelle Malabar et toi ?
- Je m'appelle...
- Il n'a pas de prénom ! Reste en dehors de mon contrat et du gamin.
- Khasar, calmez-vous. Ce n'est qu'une femme.
- Bon, je vais vous laisser les garçons. N'oublie pas, viens me voir si tu trouves que Khasar est un vieux radoteur. Je peux t'apprendre tellement plus de choses que lui.


Malabar se lève. Envoie un baiser puis tourne le dos. Je devrais lui tirer une balle dans la nuque ! Elle disparaît lentement. Laissant subsister uniquement derrière elle une odeur de chewing-gum...


- Qu'est ce que tu manges ?
- Umh, Ch'est un chewingum. Ils chont délichieux .
- Crache ça gamin !
- C'est vrai que vous êtes pas marrant et plutôt vieux jeu.


D'un geste de la main, j'envoie balader le paquet de chewing-gum de Malabar. D'où viendra le danger ? De Malabar ou du gamin ? Des deux ?


Je mise gros...


- Vous devriez les goûter quand même.


***


- Ne dites rien Docteur.
- Vous avez peur des questions ?
- Ce sont les réponses qui m'inquiète le plus.
- Il faudra pourtant y venir.
- Il faudra Docteur...