Je sens la sueur couler lentement dans mon dos, sensation désagréable mais nécessaire. Il fait chaud aujourd’hui, 30 degrés Celsius à l’ombre. Je ne vous raconte même pas en plein soleil sur le haut d’un grand immeuble de bureaux … Il ne faut pas penser à cette chaleur écrasante et plutôt me concentrer pour calmer ma respiration. Je jette un coup d’œil sur ma lunette de visée de mon M24. Ce fusil de sniper de l’Armée Américaine n’est pas trop lourd pour moi. Mon camarade, allongé à côté de moi, observe la scène avec des jumelles. Cette scène est familière : un homme en costume est entrain de faire un discours devant une foule endiablée. À travers ma lunette, je peux voir ses gardes du corps, les mains derrière le dos, observer la foule d’un œil attentif. S’ils savaient d’où j’étais posté, ils n’auraient pas fait tant d’efforts…
Je me suis porté volontaire pour cette mission et je ne dois pas décevoir. L’homme n’a pas de nom comme me l’a spécifié mon compagnon car lorsque l’on donne un nom à sa cible, on l’humanise et c’est ça qui fait hésiter le tireur. Quand je pense que dans quelques secondes, cette homme perdra la vie … Je me reprends toutefois, ce n’est pas le moment de craquer, me dis-je intérieurement. Montre que tu es fiable aux autres. Je me force à calmer ma respiration, il ne faut pas manquer la cible. Dès que mon compagnon me le dira, je tirerai vers cet homme. Mérite-il la mort ? Bien sûr que oui, il aurait pu tuer des milliers de personnes si nous n’étions pas intervenus et il a causé la mort de plusieurs personnes. Quand je pense à toutes les lois que l’on a violées, ça me fait peur mais c’était nécessaire. Je regarde l’homme dans ma lunette, il semble confiant, serein mais se doute-t-il de ce qui va suivre. J’aperçois soudain un garde du corps poser la main à son oreillette puis se diriger vers ma cible. Il lui glisse quelques mots à l’oreille. L’homme semble profondément contrarié et se dirige vers la sortie de cette estrade. Ma respiration s’accélère …
Soudain, mon oreillette grésille :
-Ça va être à toi Puma.
Mon doigt s’enroula alors autour de la gâchette.