Elle n'est pas venue ce soir non plus.
Mais son armée, elle, est bien là. Le combat n'en finit pas. Je frappe sans relâche, enfonce mon sabre, le dégage, puis recommence. Nul ne vient chercher l'engagement contre moi, au contraire, ils reculent à mon approche. À raison : ils sont bien trop faibles. Je me joue d'eux comme un loup qui chasse un faon. Pas de cruauté inutile, aucun mouvement en trop, je feinte ou je pare, puis je tue. J'entends leurs âmes qui se déchirent. Mes muscles se gonflent, l'acier vibre entre mes doigts, ils sont morts avant même de sentir l'épée qui les traverse.
Mais cela ne fait aucune différence dans l'équilibre des forces. Il en reste toujours autant, et les heures s'écoulent, inexorablement. J'ai le souffle rapide, les mains rougies par le sang, les articulations raides d'avoir trop serré le pommeau. Mon crâne est sur le point d'exploser.
En goûtant l'air je peux sentir que le jour est sur le point d'éclore. Il va être temps de sonner la retraite. J'attends cependant, encore quelques instants : qui sait si elle se montrera.