Publié le 23/08/2013 à 20:22:52 par Loiseau
J’observe la foule avec plus d’attention. La pluie, qui s’est remise à tomber, coule le long de mon plumage noir. Ô Wotan, donne à mes nerfs la force de supporter cette nouvelle épine dans la patte. Quand reverrons nous le soleil ? C’est d’ailleurs ce que la plupart des humains ont l’air de se dire, là en bas. Ils ont tous sortit leur petit parapluie. C’est quand même ridicule… Bien sûr que la pluie c’est énervant, mais c’est jamais qu’un peu d’eau fraîche. Ca nettoie la merde dans les rues. Pas de quoi se planquer sous un bout de tissu tendu sur une araignée de fer. Ils sont dépendants de l’inutile, ces gens là…
C’est drôle quand même… J’ai l’impression d’être face à un puzzle. Un puzzle composé de pièces mouvantes, qui changent d’apparence au fil des années, mais qui gardent le même emplacement. Tiens, là je vais placer la taverne/échoppe/cabaret/bar/café, là bas l’usurier/la banque, et juste devant je vais mettre le mendiant/clodo/SDF complètement bourré qui hurle des insanités à ceux et celles dont la tête lui revient pas, à savoir le riche/noble/aristo/bourge/trader et sa marquise/pouffe. Pour rajouter encore quelques détails à ce beau puzzle, mettons une mère de famille affairée, avec ses quatre chiards meuglant pour un jouet. Le bobo au foulard Channel hideux se pressant pour voir la dernière pièce de Jean-François Pochon de la Tartufferie, auteur/compositeur/esthète autoproclamé, déjà célèbre pour son travail artistique conceptuel autour du rôle essentiel de la méditation dans la reproduction des dik-diks. La troupe de hipsters cherchant un Starbucks. Les pseudo-gothiques qui lancent des regards méchants aux hippies assis plus loin, fumant des clopes industrielles bien capitalistes… Aaaaah, un superbe puzzle de paradoxes où chacun trouve sa place !
Je tourne mon corbin regard ailleurs. Cette vue m’exaspère. Doit y avoir deux milles péquenots sur cette place. Et pas un seul qui ne vaille la moindre attention… Quoique… Je vois un gars qui marche d’un air blasé, sans parapluie. Au premier abord on dirait juste un jeune rebelle de plus, mais y a quelque chose de différent dans son regard et son aura… Étrange garçon. Je bat des ailes pour me « sécher ». D’ici dix minutes je vais ressembler à une éponge. Noire. Bonne à essorer, ou à foutre dans un de leurs « sèche-linge »… Un peu comme la fille assise à la terrasse là bas. Encore une bizarre, tiens… Elle dégage un peu la même aura que le gars, en moins misanthrope. D’ailleurs le gars en question la regarde. C’est bizarre. Comme si quelque chose se passait entre eux. Au bout d’une minute sans bouger, le gars va aborder la fille. J’ai envie d’entendre ce qu’ils se disent… En tous cas ça a l’air de faire beaucoup rire la demoiselle.
Ils ont causé pendant une heure, assis sous la pluie. Une heure où je n’ai fait que les observer. Ils sont juste incroyables… Tellement différents des autres. Même s’ils le savent pas vraiment… Ils doivent juste le ressentir vaguement… Ca me fera un sacré truc à raconter au vieux borgne, ce soir !
Commentaires
- Atzerkins
26/05/2014 à 00:16:04
Ça devient encore plus intéressant, et l'idée du corbeau était une bonne surprise.
- Atzerkins
26/05/2014 à 00:15:32
« alors que dans ce tas de bipèdes t’en as pas un seul qui irait traîner sur six kilomètres le triple de son poids pour nourrir ses semblables. » Trop lourd. Pourquoi pas : alors que dans ce tas de bipèdes, t'en as pas un seul qui trainerait le triple de son poids pour de la bouffe.
« ils ont tous sortit » sorti
« leur petit parapluie » leurs petits parapluies
« déjà célèbre pour son travail artistique conceptuel autour du rôle essentiel de la méditation dans la reproduction des dik-diks. » Trop lourd, plutôt : déjà célèbre pour son travail sur la méditation dans la reproduction des dik-diks.