Note de la fic :
Publié le 24/06/2016 à 15:31:05 par Sheyne
Il avait cru en eux. Quel autre choix avait-il, après tout ? Heureusement, il en fut récompensé.
S'élançant dans le couloir, le Roi enfila la bandoulière du lance-flamme. Décidé, il épaulait la lourde lanière en serrant ses crocs. Derrière lui, une dizaine de bêtes enragées s'acharnaient sur le cadavre du pauvre garde. À ses côtés, la jeune femme ne le quittait plus.
L'embuscade avait été un franc succès. Une réussite qui aurait pu être parfaite même, si seulement, les hurlements sauvages des bestiaux n'avaient alerté l'équipage entier. Et le seigneur déchu souffla, dégouté. C'était un cruel coup du sort que leur fuite soit trahie par ses propres camarades. Qu'y pouvait-il, à part les laisser faire diversion et courir loin d'eux, maintenant ?
Sans un regard en arrière, il les délaissa pour poursuivre son évasion le long des murs métalliques. Chacun de ses pas claquait, résonnait, tintait toujours plus rapidement, tandis que ses griffes raclaient ce sol étranger, cet acier glacial qui le tenait prisonnier.
Au-dessus de lui, les geôliers s'agitaient, les coups tambourinaient au plafond. Combien de temps lui restait-il, avant qu'un raid ne surgisse au détour d'un croisement ?
"Venez ! Maintenant !"
Euka n'arrangea rien. Sa voix perçante détonna, happant l'attention de ses amis qui se détournèrent aussitôt du corps à terre. Bientôt, il n'y eut plus personne pour encaisser les braconniers qui ne manqueraient pas d'arriver.
Lorsque le Roi tourna le regard pour rendre compte de la situation, il crut halluciner. La dizaine d'hommes bêtes se précipitaient à leur suite dans les dédales labyrinthiques du vieux galion. La plupart couraient, certains fusaient sur quatre pattes, d'autres encore défiaient la logique en bondissant de mur en mur. Et finalement derrière, l'ennemi arrivait déjà.
Telle une mer houleuse, l'ensemble chaotique le laissait à peine les entrevoir. Torse nu, l'un des braconniers les pointa du doigt en beuglant.
Détournant le regard pour se concentrer sur sa fuite, le Roi cracha, l'écume aux lèvres :
"Là ! À droite !"
Il vira pour se mettre à l'abri et ses griffes dérapèrent dans un vrillement strident. Aussitôt, un puissant coup de feu déflagra, suivi d'un cri de douleur et d'une plainte terrible. Un filet, sans doute, venait de faire une victime.
Le visage déchiré entre haine et crainte, Euka anticipa leur réaction.
"Laissez-le ! Courez !"
C'était déjà trop tard, elle ne put tous les retenir. Par effet de meute, deux des bêtes s'étaient précipitées à son secours. Le Roi les vit seulement retourner sur leurs pas, au détour du croisement, une seconde avant que de nouvelles explosions ne fusent. L'un d'entre eux, saucissonné, jaillit à nouveau dans son champ de vision pour disparaitre au loin. Capturé par l'arme, son souffle l'avait envoyé valser. Le couloir l'avait avalé. Les deux camps hurlaient. Mais la course se poursuivit et la distance se creusa. Leur vitesse leur garantissait une certaine avance.
Il leur fallut une trentaine de secondes avant d'arriver en vue du soleil. Ce qui devait être la poupe du navire s'ouvrait à eux par le biais d'un immense escalier aux marches trop bien gardées. Cinq gardes les défiaient patiemment, la main sur leurs lance-flammes. Ils ne tirèrent pas. Sans doute attendaient-ils des renforts pour les capturer vivant et leur organisation ne fit plus aucun doute.
Le Roi pesta en saisissant sa propre arme, s'ils faisaient vite, ils pouvaient y arriver. Ils pouvaient passer !
"Hell, commença la jeune femme, ils sont juste derrière, ils arrivent, dis-nous quoi faire !"
Le seigneur déchu se ravisa en jurant. Entre la troupe à leur trousse et ce barrage devant la sortie, c'était du suicide de foncer tête baissée. Après tout, même s'ils atteignaient l'issue, combien les attendaient sur le pont ? Dix, vingt, peut être plus ? Et eux n'étaient plus que sept.
Bien sûr, il aurait pu sacrifier ces créatures pour aller se cacher dans les voiles... Mais, et après ?! Il y avait mieux à faire ! Bien mieux !
"Ce qu'il nous faut, c'est un otage ! Par ici !"
Il ordonna finalement, une idée germeant au coin de la tête, et tous s'engouffrèrent plus profondément dans le navire. Au désespoir général, la sortie eut tôt fait de disparaitre. Seule la lumière industrielle subsista. Euka tenta de les rassurer, mais au loin, les cris fusaient toujours et il fut dès lors évident que la chasse à l'homme ne se solderait que par la victoire totale d'un des deux camps.
"C'est ici !"
En se basant sur l'emplacement de l'escalier et sa position par rapport à la forme du navire, le Roi avait été en mesure de se déplacer dans les galeries.
Il exulta, en face de lui, une large porte blindée, ouverte donnait sur une salle gigantesque à la chaleur accablante. La pièce infernale semblait vrombir, pulser, comme animée d'une volonté propre. Au travers des bruits de machines, l'un d'entre eux s'essouffla d'une voix sourde et tremblante :
"Le coeur du monstre..."
Le seigneur sauta de joie. Ces abrutis les avaient sous-estimés en les considérant comme de vulgaires sauvages. En y réfléchissant, c'est bien ce qu'ils étaient... Seulement, il était là, lui. Et ça avait changé la donne ! Ils s'en mordraient les doigts.
Tout en s'auto-gratulant il scella la lourde porte, les enfermant à l'intérieur. Il clama :
"Cherchez les sorties et bloquez-les, comme je viens de le faire. Si vous trouvez quelqu'un, tuez-le. Ils ne s'attendent pas à ce qu'on soit là, ce sera facile."
La jeune femme, elle, fronça les sourcils sans comprendre.
"Tous les tuer ? Ce chemin ne servait-il pas à faire des prisonniers ?
- Euka, depuis qu'on a la salle des machines, c'est le navire entier qui est devenu notre otage."
Alors, le Roi fier balaya du regard les fantastiques amas de métaux. Toute la chaleur d'hélios était aspirée par la coque jusque dans cette salle, chauffant la vapeur. Les fluides brulants filaient entre les turbines, alimentant les pales et les mécanismes, sans répit depuis la création du galion.
Un seul mot, et tout partirait en fumée. C'est lui qui détenait les commandes à présent.
S'élançant dans le couloir, le Roi enfila la bandoulière du lance-flamme. Décidé, il épaulait la lourde lanière en serrant ses crocs. Derrière lui, une dizaine de bêtes enragées s'acharnaient sur le cadavre du pauvre garde. À ses côtés, la jeune femme ne le quittait plus.
L'embuscade avait été un franc succès. Une réussite qui aurait pu être parfaite même, si seulement, les hurlements sauvages des bestiaux n'avaient alerté l'équipage entier. Et le seigneur déchu souffla, dégouté. C'était un cruel coup du sort que leur fuite soit trahie par ses propres camarades. Qu'y pouvait-il, à part les laisser faire diversion et courir loin d'eux, maintenant ?
Sans un regard en arrière, il les délaissa pour poursuivre son évasion le long des murs métalliques. Chacun de ses pas claquait, résonnait, tintait toujours plus rapidement, tandis que ses griffes raclaient ce sol étranger, cet acier glacial qui le tenait prisonnier.
Au-dessus de lui, les geôliers s'agitaient, les coups tambourinaient au plafond. Combien de temps lui restait-il, avant qu'un raid ne surgisse au détour d'un croisement ?
"Venez ! Maintenant !"
Euka n'arrangea rien. Sa voix perçante détonna, happant l'attention de ses amis qui se détournèrent aussitôt du corps à terre. Bientôt, il n'y eut plus personne pour encaisser les braconniers qui ne manqueraient pas d'arriver.
Lorsque le Roi tourna le regard pour rendre compte de la situation, il crut halluciner. La dizaine d'hommes bêtes se précipitaient à leur suite dans les dédales labyrinthiques du vieux galion. La plupart couraient, certains fusaient sur quatre pattes, d'autres encore défiaient la logique en bondissant de mur en mur. Et finalement derrière, l'ennemi arrivait déjà.
Telle une mer houleuse, l'ensemble chaotique le laissait à peine les entrevoir. Torse nu, l'un des braconniers les pointa du doigt en beuglant.
Détournant le regard pour se concentrer sur sa fuite, le Roi cracha, l'écume aux lèvres :
"Là ! À droite !"
Il vira pour se mettre à l'abri et ses griffes dérapèrent dans un vrillement strident. Aussitôt, un puissant coup de feu déflagra, suivi d'un cri de douleur et d'une plainte terrible. Un filet, sans doute, venait de faire une victime.
Le visage déchiré entre haine et crainte, Euka anticipa leur réaction.
"Laissez-le ! Courez !"
C'était déjà trop tard, elle ne put tous les retenir. Par effet de meute, deux des bêtes s'étaient précipitées à son secours. Le Roi les vit seulement retourner sur leurs pas, au détour du croisement, une seconde avant que de nouvelles explosions ne fusent. L'un d'entre eux, saucissonné, jaillit à nouveau dans son champ de vision pour disparaitre au loin. Capturé par l'arme, son souffle l'avait envoyé valser. Le couloir l'avait avalé. Les deux camps hurlaient. Mais la course se poursuivit et la distance se creusa. Leur vitesse leur garantissait une certaine avance.
Il leur fallut une trentaine de secondes avant d'arriver en vue du soleil. Ce qui devait être la poupe du navire s'ouvrait à eux par le biais d'un immense escalier aux marches trop bien gardées. Cinq gardes les défiaient patiemment, la main sur leurs lance-flammes. Ils ne tirèrent pas. Sans doute attendaient-ils des renforts pour les capturer vivant et leur organisation ne fit plus aucun doute.
Le Roi pesta en saisissant sa propre arme, s'ils faisaient vite, ils pouvaient y arriver. Ils pouvaient passer !
"Hell, commença la jeune femme, ils sont juste derrière, ils arrivent, dis-nous quoi faire !"
Le seigneur déchu se ravisa en jurant. Entre la troupe à leur trousse et ce barrage devant la sortie, c'était du suicide de foncer tête baissée. Après tout, même s'ils atteignaient l'issue, combien les attendaient sur le pont ? Dix, vingt, peut être plus ? Et eux n'étaient plus que sept.
Bien sûr, il aurait pu sacrifier ces créatures pour aller se cacher dans les voiles... Mais, et après ?! Il y avait mieux à faire ! Bien mieux !
"Ce qu'il nous faut, c'est un otage ! Par ici !"
Il ordonna finalement, une idée germeant au coin de la tête, et tous s'engouffrèrent plus profondément dans le navire. Au désespoir général, la sortie eut tôt fait de disparaitre. Seule la lumière industrielle subsista. Euka tenta de les rassurer, mais au loin, les cris fusaient toujours et il fut dès lors évident que la chasse à l'homme ne se solderait que par la victoire totale d'un des deux camps.
"C'est ici !"
En se basant sur l'emplacement de l'escalier et sa position par rapport à la forme du navire, le Roi avait été en mesure de se déplacer dans les galeries.
Il exulta, en face de lui, une large porte blindée, ouverte donnait sur une salle gigantesque à la chaleur accablante. La pièce infernale semblait vrombir, pulser, comme animée d'une volonté propre. Au travers des bruits de machines, l'un d'entre eux s'essouffla d'une voix sourde et tremblante :
"Le coeur du monstre..."
Le seigneur sauta de joie. Ces abrutis les avaient sous-estimés en les considérant comme de vulgaires sauvages. En y réfléchissant, c'est bien ce qu'ils étaient... Seulement, il était là, lui. Et ça avait changé la donne ! Ils s'en mordraient les doigts.
Tout en s'auto-gratulant il scella la lourde porte, les enfermant à l'intérieur. Il clama :
"Cherchez les sorties et bloquez-les, comme je viens de le faire. Si vous trouvez quelqu'un, tuez-le. Ils ne s'attendent pas à ce qu'on soit là, ce sera facile."
La jeune femme, elle, fronça les sourcils sans comprendre.
"Tous les tuer ? Ce chemin ne servait-il pas à faire des prisonniers ?
- Euka, depuis qu'on a la salle des machines, c'est le navire entier qui est devenu notre otage."
Alors, le Roi fier balaya du regard les fantastiques amas de métaux. Toute la chaleur d'hélios était aspirée par la coque jusque dans cette salle, chauffant la vapeur. Les fluides brulants filaient entre les turbines, alimentant les pales et les mécanismes, sans répit depuis la création du galion.
Un seul mot, et tout partirait en fumée. C'est lui qui détenait les commandes à présent.