Note de la fic :
Publié le 26/10/2016 à 14:20:47 par Sheyne
Le roi se tétanisa. Le foutoir qu'ils avaient mis dans la salle en arrivant avait empêché la maintenance des turbines. En empêchant la communication entre le pont et la machinerie, le navire était resté à la même altitude, prisonnier d'un banc de nuage et à présent ils en faisaient les frais. En revanche, si une ile se trouvait sur leur trajectoire en ce moment même c'était une réelle question de malchance... Ou un sacré coup du sort.
En parlant de malchance, déjà le ravisseur courait dans le couloir, bientôt suivi par tous ses compagnons. Ils se précipitaient dans la salle en leur fonçant dessus, possédés. C'est à ce moment-là qu'Hell réalisa. Qu'allaient-ils faire, une fois tous ensemble dans la pièce, une fois le problème résolu ? S'entretuer ? Se faire capturer ? Alors, malgré la stupidité de ce geste, il se glissa dans l'encadrement des coursives et tira à nouveau.
Le bruit du gaz enflammé se mêla à la chaleur fumante. Les braconniers s'étaient arrêtés net en le voyant approcher, avant de repartir dans l'autre sens, le feu aux fesses. Sous leurs cris révoltés, l'un d'entre eux poussa :
"Sale con, tu l'as entendu comme nous ! Si tu ne nous laisses pas passer pour gérer ça tout de suite, on est condamné !
- Jetez d'abord vos armes !
- On va s'écraser et toi, tu ne penses qu'à ça ?!
- C'est non négociable !
- Enfoiré !"
La rage aux lèvres, leurs ravisseurs s'exécutèrent rapidement avant de s'engouffrer dans la machinerie et il ne put s'empêcher de paranoïer lorsqu'ils passèrent près de lui. Son lance-flamme aux trois quarts vide n'arrangeait rien.
Et si toute cette histoire n'était que mensonge ? Certes, les coups sur la coque pouvaient être le fait de canons ennemis annonçant l'approche d'une terre. Mais rien ne le garantissait. Après tout, l'équipage avait bien pu faire exploser des bombes loin du bastingage, juste assez pour gondoler l'acier, distraire leur attention et ainsi permettre de rentrer sans encombre dans la pièce !
Néanmoins, tout en gardant en joue les chasseurs, il s'adressa à son groupe :
"Laissez-les passer, ne les blessez pas tant qu'ils ne tentent rien."
D'un signe de tête, il montra le couloir aux félins :
"Venez vers moi et ramassez les armes, il faudra défendre des deux côtés."
Rapidement, les rôles s'échangèrent. Alors que les hommes bêtes se groupaient aux aguets dans le couloir et qu'Hell leur apprenait à se servir de l'armement, les braconniers s'étaient tassés auprès de ce qui semblait être la chaudière principale, au centre de la salle. Une brusque secousse plus tard et le haut-parleur détonna encore :
"Qu'est-ce que vous foutez en bas, on fonce droit dessus, on manque de puissance !
- Ouais, voilà, c'est bon ça arrive !"
Énervé, ce qui semblait être le chef avait hurlé dans un entonnoir. Un mince conduit en cuivre, menant directement au poste de commande. Devant lui, une machine monstrueuse transperçait le plafond. À ses pieds, elle se ramifiait en assemblage de leviers et de piston s'élevant telle une jungle désordonnée et il ne semblait pas savoir où donner de la tête. Il affirma simplement :
"C'est ici pour augmenter le flux !
- OK, on te laisse faire.
- Quoi ?! Mais moi j'y connais rien, je suis artilleur, pas mécano !
- Et moi, tu crois que j'ai du temps libre en cuisine pour en plus apprendre comment gérer ces trucs ?
- ..."
Dépité, leur chef empoigna l'entonnoir avant de cracher :
"Ici la machinerie, les techniciens sont morts, y'a vraiment personne qui sait comment marche ce foutu machin ?!"
Cinq secondes plus tard, la réponse fusa. La voix grésillante s'éleva à nouveau, tranchante :
"Negatif, personne ne sait comment faire là haut. Avec ce merdier, on ignore où sont les remplaçants ! Faites quelque chose !
- Bordel de merde, OK on est sur le coup !"
En l'absence des mécaniciens, ils étaient désemparés et se mirent à bouger tous les leviers. Un lourd claquement sourd retentit avant que les cadrans ne s'affolent. Exaspéré, le roi jeta son arme au sol en hurlant :
"Putain d'incapable, vous voulez notre mort ?! Vous venez de boucher le conduit de ventilation, là ! Dégagez !"
En une seconde il était sur eux. D'un geste ample, ses bras bestiaux poussèrent les braconniers hors des commandes. Surpris, ils ne répliquèrent pas tout de suite. Et lorsqu'ils réalisèrent à quel point le nouveau venu était sûr de lui, actionnant les pistons en s'adonnant à moult explications, ils n'osèrent plus répliquer :
"Qu'est-ce que...
- Ce levier, là – le roi tira à lui sur deux crans la large barre métallique – contrôle le flux de vapeur. Quels abrutis iraient le bloquer. Maintenant on active la turbine auxiliaire et on déporte les réserves d'énergies sur l'hélice de droite. Con ! Ce n’est pas compliqué !
- M... Mais qu'est-ce que tu es..."
Concentré, il ignora l'intervenant et se contenta d'attraper le module de communication.
"Ici la salle des machines, toute la puissance déportée sur l'axe tribord, terminé."
Soupirant bruyamment, il repartit aussitôt sur ses pas, dégouté, laissant le groupe de braconniers derrière lui. C'est seulement en croisant le regard ahuri des félins et le visage implorant d'Euka qu'il réalisa sa témérité. Si l'un des ravisseurs avait caché un couteau, ou n'importe quelle arme, il aurait eu le temps de le tuer dix fois.
Aux yeux des hommes bêtes, il été naturellement devenu un guide. Et le voir risquer sa vie ainsi les avait plongés dans un état quasi traumatique. Il tenta de se justifier, assurant que sans son aide, s'en aurait été fini. Mais le haut-parleur résonna une fois de plus, l'empêchant de parler.
"À tout l'équipage, c'est trop tard, on ne passera pas. Collision imminente au niveau de la proue-bâbord ! Qu'Helios soit avec nous..."