- S'ils ne font vraiment rien, je ne vois pas pourquoi tu insistes pour qu'on reste vivre ici...
- J'ai mon travail ici, Tina. Je ne choisis pas.
- Tu pourrais aussi changer de travail... Tu sais bien que j'ai tout le temps peur pour toi...
- Je sais bien. Mais ce n'est pas aussi facile...
 
En effet. Pour moi, quitter la police serait probablement fatal. Nombreux sont les criminels que j'ai mis sous les verrous, et nombreux seraient-ils à me tomber dessus si je devenais un simple civil. De plus, c'était ma vocation, je ne pouvais tout simplement pas laisser tomber.
 
Tina soupira, et baissa le regard, sur ses mains jointes entre ses jambes. Elle eu ce petit air triste qui me pinçait le cœur. Je posai ma main sur son genou, d'une manière réconfortante.
 
- Ne t'en fais pas, quoiqu'il arrive, je serais toujours là pour te protéger, je te le promets.
 
Son regard vint à la rencontre du mien. Elle se mit à sourire et posa sa douce main sur la mienne. J'imitai alors son expression.
 
- Ah, enfin, ça avance, dis-je en voyant que nous sortions des embouteillages, nous ne serons pas en retard.
 
Le chemin ne fût alors plus très long, et nous atteignîmes finalement le restaurant. Je descendis de la voiture, aidai ma compagne à faire de même, et nous entrâmes dans le classieux bâtiment, bras dessus bras dessous. Un jeune homme à l'accueil prit nos noms, et nous emmena ensuite à notre table. Je me chargeai de tenir la chaise de ma femme, et m'assis ensuite. Je la regardai droit dans les yeux, elle fit de même. Je pris sa main, et la caressai de mon pouce.
 
- C'est vraiment très romantique, comme endroit, me dit-elle, pourquoi ne sommes nous encore jamais venus ici ?
- Je ne sais pas, ma tendre, je ne connaissais pas cet établissement avant de réserver.
 
C'est-à-dire deux semaines auparavant. C'était l'un de mes supérieurs qui me l'avait conseillé. Il m'avait dit que c'était l'endroit idéal pour des amoureux. Je trouvai ça un peu enfantin, mais il est vrai que cet endroit était vraiment charmant, agréable. Le serveur vint nous donner la carte. J'observai les différents plats, et fit rapidement mon choix, tout comme ma femme. Le garçon partit alors avec notre commande.
 
- Tu es sûr que tu pourras payer ? me dit-elle avec un air inquiet
- Ne t'en fais pas pour l'argent, lui répondis-je d'un ton rassurant, nous avons tout ce qu'il nous faut.
- Le mois dernier, nous avions du mal à joindre les deux bouts...
- J'ai touché une prime. Cesse donc de penser à l'argent, et profite de cet instant.
- Tu as raison, excuse moi...
- Ce n'est rien.
 
Je lui souris. Elle récupéra sa main pour plier sa serviette devant elle. Elle faisait toujours ça, c'était comme un rituel auquel elle ne devait pas manquer. Mais je ne lui faisais jamais la remarque. Après tout, cela ne me dérangeait en rien, alors pourquoi l'en empêcher ?
 
Le garçon revint avec notre dîner. Le repas pouvait enfin commencer. Il se fit sans un mot, et le plus intéressant du repas se passait sous la table, à l'abri des regards.
 
- Il faudra qu'on revienne ici plus souvent !
- Aussi souvent que j'aurai une prime !
- Ah, oui, c'est vrai, désolée...
- Ce n'est rien.
 
Je ris. Elle aussi. Le serveur vint pour prendre nos assiettes, et nous donna la carte des desserts. Je m’abstins, mais ce ne fut pas le cas de ma compagne. Je commandai toutefois un café, afin de rester bien éveillé pour la longue nuit que j'allai passer.
 
Le dessert arriva rapidement, et Tina en profita pour le manger parfois de façon très suggestive, très sensuelle mais jamais vulgaire. Et cela avait le mérite de faire son petit effet sur ma personne. Ne nous attardant pas, après avoir réglé la note et le pourboire, nous rejoignîmes notre voiture.
 
- Gare toi là dedans, me dit-elle en pointant un parking souterrain, je ne pourrai attendre le retour à la maison.
 
Je détournai les yeux vers elle. Elle se mordait la lèvre inférieure, et semblait plutôt excitée. Je revint sur la route, et fit ce qu'elle venait de me demander. Une fois arrêté, moteur éteint, il s'ensuivit une scène d'amour entre une femme et son mari.