Note de la fic :
Publié le 15/01/2014 à 18:07:25 par Sheyne
« Bonjour. Ma femme travaille ici.
— Excellent. Moi aussi je travaille ici. Vous voyez, je tiens l'entrée, je n’ai pas le droit de sortir, alors vous ne rentrez pas.»
Ou comment dire simplement que l'on n’en a rien à battre...
Le rétroviseur éclaté, la voiture attendait patiemment devant la grille, qu'on daigne lui ouvrir. Un peu comme un blessé aux urgences, agonisant du temps qu'on le recouse. Visiblement, le garde ne semblait pas vouloir l'aider dans ses projets...
Achevant de baisser sa vitre, Walter tenta une nouvelle approche :
« Excusez-moi, mais... C'est vraiment urgent...
— Certes, certes... Voyez-vous, moi aussi j'ai un besoin pressant depuis un moment maintenant. Ça a beau être urgent, je me retiens... Et de même, j'ai ordre de retenir quiconque approcherait l'entrée. Mais bon, vous avez l'air sympa, alors je vais vous donner un conseil.»
Tendant l'oreille à quelques centimètres du poste de surveillance, le conducteur s'approcha de la vitre blindée. Enfin, il allait rentrer. L'homme poursuivit d'un ton hautain :
« Si j'étais vous, le mieux enfaite, c'est juste de vous barrer.»
Éberlué, Walter écarquilla les yeux. Ce sale débile tentait de le rembarrer, il n’avait pas le temps pour ses conneries. S'il ne voulait pas le laisser passer, alors il allait simplement reculer lentement, bloquer le frein à main, passer la cinquième, et tout lâcher pour défoncer cette putain de saloperie de grille de merde !
En ultimatum, il beugla :
« Il me reste plus que quelques semaines à vivre, bordel ! Je ne vais pas me laisser emmerder par un fouteur de merde ! Ouvrez-moi tout de suite cette foutue grille ou je rentrerais de force !»
Le garde parut choqué, ne s'attendant visiblement pas à ça. Il parut hésiter, le visage livide :
« Vous... Mais vous êtes au courant ?!»
Au courant, au courant de quoi ? Qu'il allait crever ?
« Evidement que j'suis au courant ! Siffla-t-il entre ses dents. C'est quoi cette question stupide ?!
— Mais... Mais alors, tout le monde le sait ?
— Bien sûr que non ! Maintenant j'aimerais rejoindre ma femme, si vous le permettez !»
Qu'il le lui permette ou non, il aurait pulvérisé le barrage de toute façon. Mais heureusement, le surveillant, choqué par la nouvelle, daigna appuyer sur son bouton, écartant le double battant du portail métallique. Sans doute ne voulait-il pas qu'il rapporte la nouvelle. Après tout, on s'occuperait bien de cet importun à l'intérieur. Tout ça le dépassait.
Lentement, la Jaguar s'engouffra dans l'enceinte du bâtiment. C'était quoi, cette histoire de garde qui lui demandait si tout le monde savait qu'il allait mourir ? Et puis d'où il le connaissait, putain ?
Pestant, il gara son véhicule tout près de l'entrée des administrations. Il connaissait un peu l'endroit pour s'y être rendu quelques fois. Haut d'une vingtaine de mètres, il s'étendait sur plusieurs hectares, une véritable base militaire en faite... Pourquoi personne n'était censé rentrer d'ailleurs ? Oh puis merde, il verrait bien plus tard.
Claquant la portière, il s'aventura sur le parking. Seul, isolé dans ce no man's land, il se sentait nu face aux caméras. Alors, il pressa le pas. Ses pieds foulèrent bientôt le trottoir, avant de s'aventurer sous l'un des préaux géants, abritant les entrées principales. Seulement, à son grand désespoir, lorsqu'enfin il toucha au but, les portes vitrées étaient scellées ; toutes deux recouvertes par un lourd store de métal. Et évidemment, il n'y avait pas de sonneries... Ce n'était pas une résidence ici après tout.
Walter pesta. Un sentiment de malaise l'engloutit peu à peu. Il était évident que quelque chose clochait. Et bien que n'ayant d'habitude rien à faire là, pour la première fois, il ne se sentait vraiment pas à sa place.
La galerie se poursuivait plus avant, menant à un jardin intérieur. En réalité, il y avait quatre chemins, un sur chaque côté du bâtiment, conduisant à cet havre de paix. Il le savait pour y avoir mangé avec sa femme. Pas mal de vitres donnaient de ce côté, les bureaux se disposaient en cercle, laissant les employés de l'administration devant la vue de ce jardin sublime. Cela permettait d'améliorer les performances que d'offrir un cadre de travail sympathique. Enfin, c'est ce qu'ils disaient quoi...
L'important était qu'il pourrait se faire voir et qu'on lui ouvrirait. Ou alors il pourrait éclater une fenêtre et se glisser à l'intérieur. Au point où il en était... Les menaces avaient bien marché pour le type à l'entrée. Si la violence verbale avait donné des résultats, qu'en serait-il de la physique ?
Rapidement, son pied foula un chemin de galets, serpentant au travers de bosquets et de végétation luxuriante. Ici des bambous, par là un chêne, en face un platane, à droite une marre emplie de lotus... Un univers de chaos où se mêlaient la beauté sauvage et l'ordre. Étrangement, la multitude d'espèces semblait faire régner une nature où l'homme n'aurait jamais mis le nez ; tant et si bien qu'il se sentait comme au coeur d'une forêt. Le soleil étincelait dans les cieux, perçant par endroits la cime des arbres, unissant ses rayons à l'envoutant parfum des fleurs écloses.
La vie irradiait en tout sens... Pour la première fois depuis le début de la journée, Walter se sentit apaisé, à sa place. Il ne pensait plus à la mort. Après tout, il avait bien vécu.
Fermant les yeux, il huma la douce mélopée d'harmonies, transporté à travers les époques. La durée d'une vie était si abstraite. N'importe lequel de ces arbres était là avant lui, et lui survivrait. Lui seul mourrait, laissant derrière lui un véritable paradis. Tout était à sa place... Lui aussi. Un sourire aux lèvres, il accepta son destin, avant de sursauter.
Un claquement de porte retentit, brisant l'illusion de paradis. Perçant l'atmosphère, le bruit l'arracha à la bulle de son rêve. Il gémit, sa femme n'était pas au courant...
Des pas lents se firent entendre. Paniqué, il chercha des yeux l'origine du bruit. Un jeune homme approchait, la tête perdue dans ses pensées. Il l'appela aussitôt :
« Hey ! Par ici !»
L'interpellé retomba brusquement sur terre. Le visage perdu, il balbutia :
« Euh... Oui ? Qui êtes-vous ? Je ne vous ai jamais vu ici...
— Bonjour, je m'appelle Walter Ernerst, et vous ? Vous êtes ?»
L'homme sembla réfléchir un instant, avant de répondre, intrigué :
« Ernerst, hein ? Ce nom me dit quelque chose... Vous travaillez dans quel domaine ?
— Vous n'avez pas répondu à ma question... Vous êtes qui ? Non... Non en faite je m'en fou, dites-moi juste par où je peux rentrer.
— Tout est bouclé. Il faut un badge pour accéder aux portes. Vous sortez d'où comme ça ?»
L'individu se frotta le menton. Son regard se fit accusateur, et sa voix s'éleva réprobatrice :
« Vous ne travaillez pas ici, n'est-ce pas ?
— Non, en effet. Ma femme travaille là. J'aimerais la rejoindre. Pouvez-vous m'ouvrir ?
— Je peux... Mais je ne le ferais pas. Si je ne le fais pas ce n'est pas par obligation, ou quoi que ça soit... Mais vous avez la chance de pouvoir profiter de votre vie, dehors, alors n'hésitez pas et repartez. Je vous en prie...»
Malgré l'apparente gentillesse de son interlocuteur, Walter sentit l'écarlate lui monter au visage. Il dut faire un effort considérable pour se maitriser. Son ton se fit mauvais, hurlant presque :
« Je sais qu'ici c'est le bordel. Je ne sais pas pourquoi, mais je n’en ai rien à foutre... Tout ce que je sais c'est que je vais crever bientôt, et que ma femme est là, à l'intérieur, et l'ignore ! ET apparemment d'après ce que j'ai compris elle n’allait pas sortir avant un moment ! Je vous préviens, si vous ne me laissez pas rentrer, ça va mal aller...»
Soupirant, devant tant de rage, l'homme saisit une carte à sa ceinture. Tout en se retournant, il commença d'une voix triste :
« Les temps sont durs pour plus d'une personne. Vous vous croyez atteint du pire des malheurs, mais peut-être n'êtes-vous pas seul dans votre cas... Je vais vous ouvrir, mais je vous préviens, les bureaux sont gardés par des soldats armés. Dieu seul sait de quoi ils seront capables, s'ils vous attrapent à l'intérieur.
Si jamais vous renoncez à votre folie, je serais là à vous attendre. Je vous expliquerais...»
La lourde grille de métal se souleva sur une porte vitrée. Ignorant les avertissements, Walter pénétra dans le bâtiment. Qu'avait-il à perdre ?
— Excellent. Moi aussi je travaille ici. Vous voyez, je tiens l'entrée, je n’ai pas le droit de sortir, alors vous ne rentrez pas.»
Ou comment dire simplement que l'on n’en a rien à battre...
Le rétroviseur éclaté, la voiture attendait patiemment devant la grille, qu'on daigne lui ouvrir. Un peu comme un blessé aux urgences, agonisant du temps qu'on le recouse. Visiblement, le garde ne semblait pas vouloir l'aider dans ses projets...
Achevant de baisser sa vitre, Walter tenta une nouvelle approche :
« Excusez-moi, mais... C'est vraiment urgent...
— Certes, certes... Voyez-vous, moi aussi j'ai un besoin pressant depuis un moment maintenant. Ça a beau être urgent, je me retiens... Et de même, j'ai ordre de retenir quiconque approcherait l'entrée. Mais bon, vous avez l'air sympa, alors je vais vous donner un conseil.»
Tendant l'oreille à quelques centimètres du poste de surveillance, le conducteur s'approcha de la vitre blindée. Enfin, il allait rentrer. L'homme poursuivit d'un ton hautain :
« Si j'étais vous, le mieux enfaite, c'est juste de vous barrer.»
Éberlué, Walter écarquilla les yeux. Ce sale débile tentait de le rembarrer, il n’avait pas le temps pour ses conneries. S'il ne voulait pas le laisser passer, alors il allait simplement reculer lentement, bloquer le frein à main, passer la cinquième, et tout lâcher pour défoncer cette putain de saloperie de grille de merde !
En ultimatum, il beugla :
« Il me reste plus que quelques semaines à vivre, bordel ! Je ne vais pas me laisser emmerder par un fouteur de merde ! Ouvrez-moi tout de suite cette foutue grille ou je rentrerais de force !»
Le garde parut choqué, ne s'attendant visiblement pas à ça. Il parut hésiter, le visage livide :
« Vous... Mais vous êtes au courant ?!»
Au courant, au courant de quoi ? Qu'il allait crever ?
« Evidement que j'suis au courant ! Siffla-t-il entre ses dents. C'est quoi cette question stupide ?!
— Mais... Mais alors, tout le monde le sait ?
— Bien sûr que non ! Maintenant j'aimerais rejoindre ma femme, si vous le permettez !»
Qu'il le lui permette ou non, il aurait pulvérisé le barrage de toute façon. Mais heureusement, le surveillant, choqué par la nouvelle, daigna appuyer sur son bouton, écartant le double battant du portail métallique. Sans doute ne voulait-il pas qu'il rapporte la nouvelle. Après tout, on s'occuperait bien de cet importun à l'intérieur. Tout ça le dépassait.
Lentement, la Jaguar s'engouffra dans l'enceinte du bâtiment. C'était quoi, cette histoire de garde qui lui demandait si tout le monde savait qu'il allait mourir ? Et puis d'où il le connaissait, putain ?
Pestant, il gara son véhicule tout près de l'entrée des administrations. Il connaissait un peu l'endroit pour s'y être rendu quelques fois. Haut d'une vingtaine de mètres, il s'étendait sur plusieurs hectares, une véritable base militaire en faite... Pourquoi personne n'était censé rentrer d'ailleurs ? Oh puis merde, il verrait bien plus tard.
Claquant la portière, il s'aventura sur le parking. Seul, isolé dans ce no man's land, il se sentait nu face aux caméras. Alors, il pressa le pas. Ses pieds foulèrent bientôt le trottoir, avant de s'aventurer sous l'un des préaux géants, abritant les entrées principales. Seulement, à son grand désespoir, lorsqu'enfin il toucha au but, les portes vitrées étaient scellées ; toutes deux recouvertes par un lourd store de métal. Et évidemment, il n'y avait pas de sonneries... Ce n'était pas une résidence ici après tout.
Walter pesta. Un sentiment de malaise l'engloutit peu à peu. Il était évident que quelque chose clochait. Et bien que n'ayant d'habitude rien à faire là, pour la première fois, il ne se sentait vraiment pas à sa place.
La galerie se poursuivait plus avant, menant à un jardin intérieur. En réalité, il y avait quatre chemins, un sur chaque côté du bâtiment, conduisant à cet havre de paix. Il le savait pour y avoir mangé avec sa femme. Pas mal de vitres donnaient de ce côté, les bureaux se disposaient en cercle, laissant les employés de l'administration devant la vue de ce jardin sublime. Cela permettait d'améliorer les performances que d'offrir un cadre de travail sympathique. Enfin, c'est ce qu'ils disaient quoi...
L'important était qu'il pourrait se faire voir et qu'on lui ouvrirait. Ou alors il pourrait éclater une fenêtre et se glisser à l'intérieur. Au point où il en était... Les menaces avaient bien marché pour le type à l'entrée. Si la violence verbale avait donné des résultats, qu'en serait-il de la physique ?
Rapidement, son pied foula un chemin de galets, serpentant au travers de bosquets et de végétation luxuriante. Ici des bambous, par là un chêne, en face un platane, à droite une marre emplie de lotus... Un univers de chaos où se mêlaient la beauté sauvage et l'ordre. Étrangement, la multitude d'espèces semblait faire régner une nature où l'homme n'aurait jamais mis le nez ; tant et si bien qu'il se sentait comme au coeur d'une forêt. Le soleil étincelait dans les cieux, perçant par endroits la cime des arbres, unissant ses rayons à l'envoutant parfum des fleurs écloses.
La vie irradiait en tout sens... Pour la première fois depuis le début de la journée, Walter se sentit apaisé, à sa place. Il ne pensait plus à la mort. Après tout, il avait bien vécu.
Fermant les yeux, il huma la douce mélopée d'harmonies, transporté à travers les époques. La durée d'une vie était si abstraite. N'importe lequel de ces arbres était là avant lui, et lui survivrait. Lui seul mourrait, laissant derrière lui un véritable paradis. Tout était à sa place... Lui aussi. Un sourire aux lèvres, il accepta son destin, avant de sursauter.
Un claquement de porte retentit, brisant l'illusion de paradis. Perçant l'atmosphère, le bruit l'arracha à la bulle de son rêve. Il gémit, sa femme n'était pas au courant...
Des pas lents se firent entendre. Paniqué, il chercha des yeux l'origine du bruit. Un jeune homme approchait, la tête perdue dans ses pensées. Il l'appela aussitôt :
« Hey ! Par ici !»
L'interpellé retomba brusquement sur terre. Le visage perdu, il balbutia :
« Euh... Oui ? Qui êtes-vous ? Je ne vous ai jamais vu ici...
— Bonjour, je m'appelle Walter Ernerst, et vous ? Vous êtes ?»
L'homme sembla réfléchir un instant, avant de répondre, intrigué :
« Ernerst, hein ? Ce nom me dit quelque chose... Vous travaillez dans quel domaine ?
— Vous n'avez pas répondu à ma question... Vous êtes qui ? Non... Non en faite je m'en fou, dites-moi juste par où je peux rentrer.
— Tout est bouclé. Il faut un badge pour accéder aux portes. Vous sortez d'où comme ça ?»
L'individu se frotta le menton. Son regard se fit accusateur, et sa voix s'éleva réprobatrice :
« Vous ne travaillez pas ici, n'est-ce pas ?
— Non, en effet. Ma femme travaille là. J'aimerais la rejoindre. Pouvez-vous m'ouvrir ?
— Je peux... Mais je ne le ferais pas. Si je ne le fais pas ce n'est pas par obligation, ou quoi que ça soit... Mais vous avez la chance de pouvoir profiter de votre vie, dehors, alors n'hésitez pas et repartez. Je vous en prie...»
Malgré l'apparente gentillesse de son interlocuteur, Walter sentit l'écarlate lui monter au visage. Il dut faire un effort considérable pour se maitriser. Son ton se fit mauvais, hurlant presque :
« Je sais qu'ici c'est le bordel. Je ne sais pas pourquoi, mais je n’en ai rien à foutre... Tout ce que je sais c'est que je vais crever bientôt, et que ma femme est là, à l'intérieur, et l'ignore ! ET apparemment d'après ce que j'ai compris elle n’allait pas sortir avant un moment ! Je vous préviens, si vous ne me laissez pas rentrer, ça va mal aller...»
Soupirant, devant tant de rage, l'homme saisit une carte à sa ceinture. Tout en se retournant, il commença d'une voix triste :
« Les temps sont durs pour plus d'une personne. Vous vous croyez atteint du pire des malheurs, mais peut-être n'êtes-vous pas seul dans votre cas... Je vais vous ouvrir, mais je vous préviens, les bureaux sont gardés par des soldats armés. Dieu seul sait de quoi ils seront capables, s'ils vous attrapent à l'intérieur.
Si jamais vous renoncez à votre folie, je serais là à vous attendre. Je vous expliquerais...»
La lourde grille de métal se souleva sur une porte vitrée. Ignorant les avertissements, Walter pénétra dans le bâtiment. Qu'avait-il à perdre ?