Note de la fic :
Publié le 16/07/2014 à 13:25:31 par Sheyne
S'enfonçant dans une mince ruelle au coin d'une bijouterie récemment pillée, Loyd se remit à trembler. Les effets des drogues disparaissaient déjà ; ses nerfs en prenaient un coup. Alors en avançant dans la pénombre il repensa à cette stupide blonde, à qui il venait de refiler son flingue, et n'était pas peu fier de lui. En temps normal il lui aurait brisé son joli minois, pour rien, juste à cause de son air innocent. Mais même sous cocaïne il avait réussi à se contrôler, attendri ; preuve qu'il grandissait. C'était juste dommage que cela ne soit pas arrivé plus tôt. Grâce à cette vente, il était parvenu à glaner un peu de sous, espérant vainement que cela puisse calmer ses créanciers en cas de trouble. Et puis, il avait réussi à se débarrasser d'une preuve aussi, un type était quand même mort avec... De toute manière, rentrer dans le bâtiment muni d'une arme était chose impossible, cela faisait d'une pierre deux coups.
Foulant d'un pas navré les vieilles dalles fraiches il souffla du nez, assailli par une étrange pensée. Maintenant qu'il s'était débarrassé du revolver il ne pourrait pas tuer Lawrence avec, comme il l'avait rêvé ce jour-là. En faite c'était plutôt lui qui risquait de mourir, ici même... Cependant, le carton vide, son gang était sa seule chance de trouver des billets. Revenir à leur service était décidément son unique espoir. Alors, des excuses lui vinrent ; leur service il ne l'avait jamais quitté. Au prix d'un énorme effort, il avait réussi à partir avec le colis pour le leur rapporter, sans le regarder. Seulement, voilà, comme il était si léger il n'avait pu s'empêcher de l'ouvrir pour se rassurer... et n'avait rien vu à l'intérieur !
Oui, c'est ça ! Ils s'étaient tous fait piéger ! Comprenant cela, il avait hésité à revenir, pensant qu'ils se croiraient tous floués par sa seule faute. Mais puisqu'il se savait innocent... Et bien, c'était son devoir de revenir après tout, pour les informer, pas vrai ?
Sans s'arrêter, le garçon se saisit la tête entre les mains. Bête acculée, perdue, un cri de rage lui échappa. Jamais ils ne goberaient une histoire pareil ! Mais une mince chance subsistait, une pensée folle qu'il avait eue lorsque les médicaments faisaient encore effet. De toute manière il verrait bien, c'était trop tard pour y repenser maintenant. La mort ne l'apeurait plus à présent, seul un espoir subsistait : ne pas trop souffrir avant d'y passer... si cela devait arriver.
Parvenu devant une impasse crasseuse, un instant de répit s'imposa. Soufflant un coup pour décompresser, sa vue balaya les environs. À moitié ensoleillée la ruelle se dévoilait vide et sans issue, comme un dernier tunnel, une fatalité... Le passage vers son avenir. Alors, son avancée se poursuivit inexorablement : il emprunta le couloir de la mort, déterminé à en finir.
Dans un coin une porte rouillée lui fit face, rapidement ouverte, promptement claquée dans son dos. À nouveau, son corps venait de franchir une faille entre deux mondes. Ici une froide obscurité résonnait, grinçant sur un ancien carrelage. Bientôt, un escalier put témoigner de sa progression.
Les marches du paradis, ou l'élévation jusqu'en enfer... Au sommet se trouvait une porte blindée, gardée. Pour s'y introduire, le gardien devait effectuer un code préétabli devant une caméra... alors seulement, ils l'ouvraient de l'intérieur. Peut-être n'aurait-il même pas l'occasion d'entrer, peut-être se ferait-il tuer avant même de s'expliquer ?
Brusquement, ses jambes prirent pied sur le sombre palier. Alors, une voix grave vibra au grésillement d'une vieille ampoule, paume ouverte, réclamant la monnaie de son passage :
« Ton arme.
— Je n'en ai pas, tu peux me fouiller.
— C'est ça. »
Grave, l'homme de main se leva d'une chaise visiblement inconfortable. Son visage dur et son fusil automatique passé en bandoulière lui intimaient de ne rien tenter. Chose qu'il n'aurait faite de toute façon.
Alors, les doigts potelés filèrent sur ses hanches, descendant lentement, le tâtant du torse jusqu'aux baskets. Finalement satisfait, il lui tourna le dos dans un grondement approbateur, laissant apercevoir à la caméra quelques signes qui lui restèrent méconnus. Ses gestes eurent tôt fait de déverrouiller le passage. Dans un bruit électrique, tout s'ouvrit. Strident le battant pivota, s'écartant tel un coffre-fort sur une pièce luxueuse.
Sur tout le côté droit, d'immenses fenêtres, cerclées de lourds barreaux, laissaient filtrer la lumière du jour. Celle-ci, nullement incommodante, se réfléchissait noblement sur un beau parquet ciré. Du chêne, pensait-il. Quelques décorations d'époque baroque et un majestueux bureau en érable massif achevaient de donner à l'endroit son caractère extravagant.
Derrière lui, l'entrée hurla d'une abominable explosion métallique : un autre portier à ses côtés venait d'empêcher toute retraite en claquant la sortie. Au fond de la salle, Lawrence parla d'un air indifférent, sans même prendre la peine de le regarder :
« Tu as du culot de revenir, après nous avoir faussé compagnie de la sorte.
— On s'est fait piéger ! Tenta-t-il, navré. Tout le monde est mort, j'ai réussi à m'échapper, mais le carton était vide !
— Ah ! »
Tournant vivement la tête, Loyd eut un mouvement de recul. Une voix grave et profonde venait de surgir d'un angle mort. Lentement, Marcus se dégagea du coin d'ombre, accusateur :
« Tout le monde est mort, hein ? Sale petit fils de pute... T'étais censé crever là bas... Tu t'es enfui lâchement, comme une merde. »
Le garçon tenta de parler, mais sa mâchoire se referma misérablement dans le vide. Un fantôme venait de surgir sous ses yeux, tout était perdu. Alors, l'autre l'inculpa :
« Le paquet était vide, c'est ça ? Fou toi de nous enculé, avoue ! T'es parti avec toute la thune ?!
— Y'avait rien ! En dernier recours, il avoua simplement. C'était pas des billets de banque, mais des tickets qui devaient se trouver là, de toute manière, et quand bien même ils n'y étaient pas ! Un piège des flics je vous dit !
— Qu'est-ce qu'il braille, le mioche ? - Interrogeant son employeur le colosse ne put que le voir approuver vaguement, alors il explosa. - C'est quoi ce putain de bordel ! On me dit rien à moi ?!»
Sourd aux commentaires, Lawrence agita la main en l'air. Malentendu négligeable, insignifiant. Loyd, lui, voyait là sa chance de survie. Le grand patron savait tout, quelque chose se tramait. Celui-ci dévoila, détaché :
« Le petit se trompe aussi. N'y avait-il vraiment rien dans le fourgon ?
— Non ! Marcus témoigna, formel. J'ai bien regardé après avoir bouffé du poulet, il n'y était plus.
— C'est sans importance ; le camion était vide. À dire vrai, je ne m'attendais même pas à ce qu'il y ait un carton à l'intérieur. Tout se déroule selon nos plans, on nous a juste commandé d'exploser le convoi pour mettre en sécurité d'importantes personnes, voilà tout.»
Puis massacrant le mioche du regard, il frappa le bureau du poing :
« Par contre, toi, tu t'es enfui ! Alors, tu vas y rester... Oh ! Non... à vrai dire, j'ai mon idée derrière la tête. Si tu es revenu, c'est par ce que tu veux un billet, n'est-ce pas ?! »
Devant le hochement de tête apeuré du garçon, la montagne de muscles se gaussa. Un sourire malveillant transcenda, leur patron claqua dans ses mains :
« Très bien ! Alors, tu vas prouver que tu es toujours de notre côté. Marcus, va te passer une liste de personne dont il te faudra t'occuper, dans l'ordre. Et n'essaie même pas de nous doubler, t'es pas le seul abruti à faire ce boulot pour nous, ton nom serait bien simple à rajouter. T'as jusqu'à demain, même heure ! »
La liste à la main, Loyd exultait sans vraiment comprendre. Tout était pour le mieux ; un espèce de coup monté avait eu lieu et il n'aurait à tuer que quelques personnes pour sauver sa vie.
Fier de lui, il consulta le papier par curiosité, avant de tomber à genoux effondré. À peine échappé du cauchemar l'enfer le happait : le premier nom ne lui était que trop familier. Et tandis que l'homme de main arborait un air mauvais et satisfait du spectacle, Lawrence réfléchissait aux conséquences méconnues de leur action...
Foulant d'un pas navré les vieilles dalles fraiches il souffla du nez, assailli par une étrange pensée. Maintenant qu'il s'était débarrassé du revolver il ne pourrait pas tuer Lawrence avec, comme il l'avait rêvé ce jour-là. En faite c'était plutôt lui qui risquait de mourir, ici même... Cependant, le carton vide, son gang était sa seule chance de trouver des billets. Revenir à leur service était décidément son unique espoir. Alors, des excuses lui vinrent ; leur service il ne l'avait jamais quitté. Au prix d'un énorme effort, il avait réussi à partir avec le colis pour le leur rapporter, sans le regarder. Seulement, voilà, comme il était si léger il n'avait pu s'empêcher de l'ouvrir pour se rassurer... et n'avait rien vu à l'intérieur !
Oui, c'est ça ! Ils s'étaient tous fait piéger ! Comprenant cela, il avait hésité à revenir, pensant qu'ils se croiraient tous floués par sa seule faute. Mais puisqu'il se savait innocent... Et bien, c'était son devoir de revenir après tout, pour les informer, pas vrai ?
Sans s'arrêter, le garçon se saisit la tête entre les mains. Bête acculée, perdue, un cri de rage lui échappa. Jamais ils ne goberaient une histoire pareil ! Mais une mince chance subsistait, une pensée folle qu'il avait eue lorsque les médicaments faisaient encore effet. De toute manière il verrait bien, c'était trop tard pour y repenser maintenant. La mort ne l'apeurait plus à présent, seul un espoir subsistait : ne pas trop souffrir avant d'y passer... si cela devait arriver.
Parvenu devant une impasse crasseuse, un instant de répit s'imposa. Soufflant un coup pour décompresser, sa vue balaya les environs. À moitié ensoleillée la ruelle se dévoilait vide et sans issue, comme un dernier tunnel, une fatalité... Le passage vers son avenir. Alors, son avancée se poursuivit inexorablement : il emprunta le couloir de la mort, déterminé à en finir.
Dans un coin une porte rouillée lui fit face, rapidement ouverte, promptement claquée dans son dos. À nouveau, son corps venait de franchir une faille entre deux mondes. Ici une froide obscurité résonnait, grinçant sur un ancien carrelage. Bientôt, un escalier put témoigner de sa progression.
Les marches du paradis, ou l'élévation jusqu'en enfer... Au sommet se trouvait une porte blindée, gardée. Pour s'y introduire, le gardien devait effectuer un code préétabli devant une caméra... alors seulement, ils l'ouvraient de l'intérieur. Peut-être n'aurait-il même pas l'occasion d'entrer, peut-être se ferait-il tuer avant même de s'expliquer ?
Brusquement, ses jambes prirent pied sur le sombre palier. Alors, une voix grave vibra au grésillement d'une vieille ampoule, paume ouverte, réclamant la monnaie de son passage :
« Ton arme.
— Je n'en ai pas, tu peux me fouiller.
— C'est ça. »
Grave, l'homme de main se leva d'une chaise visiblement inconfortable. Son visage dur et son fusil automatique passé en bandoulière lui intimaient de ne rien tenter. Chose qu'il n'aurait faite de toute façon.
Alors, les doigts potelés filèrent sur ses hanches, descendant lentement, le tâtant du torse jusqu'aux baskets. Finalement satisfait, il lui tourna le dos dans un grondement approbateur, laissant apercevoir à la caméra quelques signes qui lui restèrent méconnus. Ses gestes eurent tôt fait de déverrouiller le passage. Dans un bruit électrique, tout s'ouvrit. Strident le battant pivota, s'écartant tel un coffre-fort sur une pièce luxueuse.
Sur tout le côté droit, d'immenses fenêtres, cerclées de lourds barreaux, laissaient filtrer la lumière du jour. Celle-ci, nullement incommodante, se réfléchissait noblement sur un beau parquet ciré. Du chêne, pensait-il. Quelques décorations d'époque baroque et un majestueux bureau en érable massif achevaient de donner à l'endroit son caractère extravagant.
Derrière lui, l'entrée hurla d'une abominable explosion métallique : un autre portier à ses côtés venait d'empêcher toute retraite en claquant la sortie. Au fond de la salle, Lawrence parla d'un air indifférent, sans même prendre la peine de le regarder :
« Tu as du culot de revenir, après nous avoir faussé compagnie de la sorte.
— On s'est fait piéger ! Tenta-t-il, navré. Tout le monde est mort, j'ai réussi à m'échapper, mais le carton était vide !
— Ah ! »
Tournant vivement la tête, Loyd eut un mouvement de recul. Une voix grave et profonde venait de surgir d'un angle mort. Lentement, Marcus se dégagea du coin d'ombre, accusateur :
« Tout le monde est mort, hein ? Sale petit fils de pute... T'étais censé crever là bas... Tu t'es enfui lâchement, comme une merde. »
Le garçon tenta de parler, mais sa mâchoire se referma misérablement dans le vide. Un fantôme venait de surgir sous ses yeux, tout était perdu. Alors, l'autre l'inculpa :
« Le paquet était vide, c'est ça ? Fou toi de nous enculé, avoue ! T'es parti avec toute la thune ?!
— Y'avait rien ! En dernier recours, il avoua simplement. C'était pas des billets de banque, mais des tickets qui devaient se trouver là, de toute manière, et quand bien même ils n'y étaient pas ! Un piège des flics je vous dit !
— Qu'est-ce qu'il braille, le mioche ? - Interrogeant son employeur le colosse ne put que le voir approuver vaguement, alors il explosa. - C'est quoi ce putain de bordel ! On me dit rien à moi ?!»
Sourd aux commentaires, Lawrence agita la main en l'air. Malentendu négligeable, insignifiant. Loyd, lui, voyait là sa chance de survie. Le grand patron savait tout, quelque chose se tramait. Celui-ci dévoila, détaché :
« Le petit se trompe aussi. N'y avait-il vraiment rien dans le fourgon ?
— Non ! Marcus témoigna, formel. J'ai bien regardé après avoir bouffé du poulet, il n'y était plus.
— C'est sans importance ; le camion était vide. À dire vrai, je ne m'attendais même pas à ce qu'il y ait un carton à l'intérieur. Tout se déroule selon nos plans, on nous a juste commandé d'exploser le convoi pour mettre en sécurité d'importantes personnes, voilà tout.»
Puis massacrant le mioche du regard, il frappa le bureau du poing :
« Par contre, toi, tu t'es enfui ! Alors, tu vas y rester... Oh ! Non... à vrai dire, j'ai mon idée derrière la tête. Si tu es revenu, c'est par ce que tu veux un billet, n'est-ce pas ?! »
Devant le hochement de tête apeuré du garçon, la montagne de muscles se gaussa. Un sourire malveillant transcenda, leur patron claqua dans ses mains :
« Très bien ! Alors, tu vas prouver que tu es toujours de notre côté. Marcus, va te passer une liste de personne dont il te faudra t'occuper, dans l'ordre. Et n'essaie même pas de nous doubler, t'es pas le seul abruti à faire ce boulot pour nous, ton nom serait bien simple à rajouter. T'as jusqu'à demain, même heure ! »
La liste à la main, Loyd exultait sans vraiment comprendre. Tout était pour le mieux ; un espèce de coup monté avait eu lieu et il n'aurait à tuer que quelques personnes pour sauver sa vie.
Fier de lui, il consulta le papier par curiosité, avant de tomber à genoux effondré. À peine échappé du cauchemar l'enfer le happait : le premier nom ne lui était que trop familier. Et tandis que l'homme de main arborait un air mauvais et satisfait du spectacle, Lawrence réfléchissait aux conséquences méconnues de leur action...