Note de la fic :
The Fate of the Doctor
Par : Fallavier
Genre : Action, Science-Fiction
Statut : C'est compliqué
Chapitre 3 : Prologue III
Publié le 13/01/2014 à 20:36:29 par Fallavier
Les flaques de boue omniprésentes dans ces sous-sols n'avaient guère épargné ma robe, et encore moins mes bottes, tandis que je courrais sans ressentir la moindre fatigue. On dit souvent que lorsque l'on est face à la mort, l’instinct de survie est si fort que l'on arrive à dépasser les limites de notre corps. Ainsi, je courrai, je courrai et je courrai. Pour sauver ma vie.
Elle me suivait, glapissant et gazouillant, hurlant après moi comme si ma vie aurait pu la soulager. Je n'osai pas regarder en arrière, de peur de voir la créature me rattraper. J'étais plus que certaine que si elle m'attrapait, je pouvais dire adieu à ma vie, à mon corps, à mon âme. Ça ne pouvait être qu'une créature du Diable, envoyée par son Maître à mes trousses pour me châtier. Mais qu'avais-je donc fait pour mériter le courroux de la Bête elle-même ? Enfin, ce jour-là, je ne pouvais admettre de manière rationnelle l'existence d'une telle créature. Mais c'était quand j'étais encore bien ignorante...
Je continuai ainsi de courir, sans jamais m'arrêter. Je ne savais pas combien de temps était passé ainsi, mais je croyais bien avoir fait une centaine de fois le tour du dédale qu'était ces sous-sols. Au bout d'un moment, je ressentis un soudain élancement au ventre. Je fatiguais. Mon corps commençait à trouver ses limites, et il y eut une larme qui perla sur ma joue, alors. Je ne pouvais m'en sortir. Je ne savais plus où l'échelle se trouvait, les couloirs se ressemblaient tous. J'allais mourir ici. Et messire William ? Était-il lui aussi tombé sur la créature ? Était-il... mort ?
Et, soudain, je trébuchai, et tombai lourdement de tout mon long sur le sol. Je me retournai, et, sanglotant, je me traînai en arrière à l'aide de mes deux bras.
« Je vous en prie, implorai-je, laissez-moi tranquille... »
J'étais épuisée, et mes bras n'arrivaient plus à me faire reculer. La créature s'approchait de plus en plus. Gluant, translucide et visqueux, ce monstre qui ne ressemblait à rien d'autre qu'à de la gelée ouvrait sa gueule en ma direction. Attendant ma mort, je me mis en boule, et mes larmes se déversaient sur le sol. Père, Mère, Cerdic, Edwen, Alwin, et Sire William... Ma famille, mon chevalier... Je les abandonnerai ici. Et j'irai rejoindre Père au Paradis. Sauf seulement si le Diable ne m'envoyait une de ses créatures pour m'amener à lui...
Et on m'attrapa le bras, puis on me mit sur pieds. Entre deux hoquets, je me retournai et vis Sire William.
« Vous êtes vivants ? parvins-je à dire d'une voix tremblante.
– Oh que oui, et nous ne le resterons pas longtemps si on s'attarde par ici ! S'exclama-t-il. »
La bête ouvrit sa gueule jusqu'au plafond et menaçait de nous engloutir, quand Sire William serra ma main dans la sienne.
« Cours ! »
Et même si ma folle course d'auparavant m'avait épuisée, j'arrivai à suivre le chevalier, sans doute car sa présence me donnait une force nouvelle. Le monstre ne réussit à avaler que le chapeau de messire William, avant de s'affaler par terre telle une flaque et de disparaître.
« Il est parti ! criai-je.
– Non, il a fusionné avec le sol, rectifia mon ami, et il risque bien de... »
Soudain, devant nous, la gelée monstrueuse s'extirpa du sol. Il criait et hurlait. Un cri de triomphe. On y percevait que trop la victoire.
« Reculez, ma Dame ! » ordonna-t-il.
Je fis ce qu'il me dit, et, alors, William sortit quelque chose qui ressemblait à un bâtonnet métallique de sous sa tunique. Il le dirigea vers l'une des torches du couloir, et le bâtonnet émit une étrange lueur bleue au bout. Le feu de la torche s'amplifia comme par sorcellerie, avant de bâtir devant nous et le monstre un mur de flammes. Je restai stupéfiée devant ce spectacle, pendant que la chaleur me gagnait.
« L... l'avez-vous tué, demandai-je ?
– Si seulement, répondit William. Dire qu'il a mangé mon chapeau !
– Vous avez fait explosé une torche devant moi comme si c'était normal... Et vous me parler de chapeau ! Comment, messire, comment avez-vous fait ça ?
– Ma Da...
– Vous êtes un sorcier !
– Non, ce n'était pas de la sorcellerie, juste... »
La créature hurla soudainement, et je sursautai. William ne m'avait pas lâché la main.
« Juste, courrez, ça ne va pas le retenir plus longtemps » soupira le chevalier.
Et il m'entraîna dans nombre de couloirs et de détours, tandis que nombre de questions se bousculaient dans ma tête. Si ça n'était pas de la sorcellerie, qu'était-ce donc ? Et comment un chevalier pouvait-il donc réaliser de tels prodiges ? Il y avait quelque chose qui clochait. Et, pendant que je me laissais guider par messire William, je ruminais ces pensées, jusqu'à ce que je sois ramenée sur terre par le même son étrange que j'avais entendu tout à l'heure, quand William avait fait « exploser » cette torche. Le bâtonnet métallique à la lueur bleue, encore. Il s'en servait sur la serrure d'une porte.
« Il vous faut une clé pour ouvrir cette porte, commençai-je, pas... une baguette de sorcier.
– J'ai fait brûler cette torche avec, pourquoi ne pourrais-je pas ouvrir une porte ? Et ce n'est pas une baguette de sorcier, mais un tournevis sonique, corrigea-t-il.
– Un quoi ?
– Ah désolé, j'avais oublié qu'on ne se servait pas encore de tournevis au Moyen-Âge. Disons alors que c'est... allez, une baguette sonique ?
– Que racontez-vous William ? Vous divaguez, sincèrement ! »
J'entendis alors comme la porte se déverrouiller, et vis avec effarement messire William l'ouvrir, tout en m'adressant un sourire ironique. Je ne pus que le suivre et fermer la porte derrière moi.
« Magnifique ! s'écria-t-il. Une réserve ! Non... mieux que ça... Un laboratoire d'alchimie. »
Des brûloirs de toutes sortes, des alambics, des mortiers, des pilons, on ne voyait que ça dans toutes la pièce, ainsi que nombre de tables, de coffres et d'armoires. Il régnait un désordre complet dans la pièce et une sale odeur de renfermé. La poussière imprégnait chaque objet de cette salle, comme si personne depuis bien longtemps n'y avait mis les pieds. Sire William lança sa « baguette sonique » en ma direction, et je l'attrapai gauchement.
« Verrouillez la porte, vous voulez bien ? » C'était plus un ordre qu'une demande. Le manque de courtoisie de William me blessait, lui qui était si poli avec moi d'habitude...
« Dîtes-moi d'abord ce que vous êtes, messire, répliquai-je avec détermination.
– Un chevalier errant venu d'Écosse, répondit William.
– Ne me mentez pas.
– Quelque chose nous cherche en dehors de ces murs, si vous voulez vivre, fermez cette porte. »
Soupirant, je dirigeai le « tournevis sonique » vers la serrure de la porte et maintins sur un bouton trop gros pour être raté. La même lueur bleue, le même son, et le bruit d'une porte que se verrouillait. Cet arme, si on pouvait appeler ce bâtonnet une arme, semblait venir de bien loin... Il semblait venir des temps futurs. On ne connaissait pas en 1404 d'objet semblable et on ne pouvait encore moins en confectionner. C'était une technologie qui dépassait une jeune noble chrétienne de dix-sept ans. Et cela devait aussi dépasser le misérable chevalier errant qu'était Sire William.
« Votre père était un homme magnifique, dit le chevalier en me souriant. Absolument magnifique.
– Oui, il était magnifique avec moi, soupirai-je empreinte de nostalgie.
– Il a réussi à jongler entre son château, sa famille, et sa passion !
– Sa passion était la lecture et l'écriture, en effet.
– Non, je ne parle pas de ça, ma Dame. La lecture et l'écriture sont des passes-temps, pas des passions. Même le plus simple des hommes peut...
– Mon père n'était pas le plus simple des hommes ! m'entendis-je crier. »
William posa alors l'alambic qu'il examinait entre ses mains et se rapprocha de moi, avant de poser ses mains sur mes épaules, comme il l'avait tellement fait depuis que je l'avais rencontré. Il me fixait de ses yeux bleus.
« Votre père n'a jamais été le plus simple des hommes, dit-il. Et je n'allais pas dire ça.
– Je... croyais que...
– Non, jamais je ne dirais ça du père d'une femme que je chéris. »
Et il abandonna mes épaules pour revenir à son étude des alambics et des mortiers. Jamais William ne m'avait dit une pareille chose. Il me chérissait, disait-il. Il me chérissait comme il chérirait sa propre fille, évidemment. Évidemment...
« Votre père était aussi un alchimiste, m'annonça-t-il. Et je crois bien que c'est cela qui va nous sauver la vie aujourd'hui !
– Et... messire, qu'est-ce donc la créature qui nous poursuit ? demandai-je.
– Un Slimiin. Il est né dans ces sous-sols, après la mort de votre père. Le chagrin de toute une famille l'a fait naître et, pour vivre, un Slimiin a besoin de se nourrir du malheur de la famille qui l'a invoqué. Ce monstre vous est étroitement lié, ma Dame. Je croyais, la première fois que je suis venu ici, que le monstre n'aurait pas encore assez d'expérience pour commencer son œuvre, mais ce Slimiin-là est très intelligent et il n'a pas eu besoin de méditer durant un siècle. Mais quand je suis revenu la seconde fois, il avait déjà cocmmencé à tisser sa toile. Sa toile des malheurs.
– Quand vous êtes revenu la deuxième fois... Mère venait de partir !
– Le prêtre qui a embobiné votre mère avec ses histoires de retrait religieux était manipulé par le Slimiin. Comme Morgane, qui a fait fuir Alwin. Et comme Aidan, qui allait vous assassiner avant de vous faire disparaître dans la forêt. »
J'écarquillai les yeux, plus qu'effarée.
« On... voulait me tuer, répétai-je.
– Oui, commença William. Et il allait bien déjà à passer à l'acte, si je ne l'avais pas intercepté tant bien que mal, avant d'extraire le virus Slimiin qui l'avait infecté.
– On... on voulait me tuer. »
Ces mots se répercutèrent sur les murs de pierre du sombre laboratoire, répétant ma phrase en écho, comme une lourde fatalité.
Elle me suivait, glapissant et gazouillant, hurlant après moi comme si ma vie aurait pu la soulager. Je n'osai pas regarder en arrière, de peur de voir la créature me rattraper. J'étais plus que certaine que si elle m'attrapait, je pouvais dire adieu à ma vie, à mon corps, à mon âme. Ça ne pouvait être qu'une créature du Diable, envoyée par son Maître à mes trousses pour me châtier. Mais qu'avais-je donc fait pour mériter le courroux de la Bête elle-même ? Enfin, ce jour-là, je ne pouvais admettre de manière rationnelle l'existence d'une telle créature. Mais c'était quand j'étais encore bien ignorante...
Je continuai ainsi de courir, sans jamais m'arrêter. Je ne savais pas combien de temps était passé ainsi, mais je croyais bien avoir fait une centaine de fois le tour du dédale qu'était ces sous-sols. Au bout d'un moment, je ressentis un soudain élancement au ventre. Je fatiguais. Mon corps commençait à trouver ses limites, et il y eut une larme qui perla sur ma joue, alors. Je ne pouvais m'en sortir. Je ne savais plus où l'échelle se trouvait, les couloirs se ressemblaient tous. J'allais mourir ici. Et messire William ? Était-il lui aussi tombé sur la créature ? Était-il... mort ?
Et, soudain, je trébuchai, et tombai lourdement de tout mon long sur le sol. Je me retournai, et, sanglotant, je me traînai en arrière à l'aide de mes deux bras.
« Je vous en prie, implorai-je, laissez-moi tranquille... »
J'étais épuisée, et mes bras n'arrivaient plus à me faire reculer. La créature s'approchait de plus en plus. Gluant, translucide et visqueux, ce monstre qui ne ressemblait à rien d'autre qu'à de la gelée ouvrait sa gueule en ma direction. Attendant ma mort, je me mis en boule, et mes larmes se déversaient sur le sol. Père, Mère, Cerdic, Edwen, Alwin, et Sire William... Ma famille, mon chevalier... Je les abandonnerai ici. Et j'irai rejoindre Père au Paradis. Sauf seulement si le Diable ne m'envoyait une de ses créatures pour m'amener à lui...
Et on m'attrapa le bras, puis on me mit sur pieds. Entre deux hoquets, je me retournai et vis Sire William.
« Vous êtes vivants ? parvins-je à dire d'une voix tremblante.
– Oh que oui, et nous ne le resterons pas longtemps si on s'attarde par ici ! S'exclama-t-il. »
La bête ouvrit sa gueule jusqu'au plafond et menaçait de nous engloutir, quand Sire William serra ma main dans la sienne.
« Cours ! »
Et même si ma folle course d'auparavant m'avait épuisée, j'arrivai à suivre le chevalier, sans doute car sa présence me donnait une force nouvelle. Le monstre ne réussit à avaler que le chapeau de messire William, avant de s'affaler par terre telle une flaque et de disparaître.
« Il est parti ! criai-je.
– Non, il a fusionné avec le sol, rectifia mon ami, et il risque bien de... »
Soudain, devant nous, la gelée monstrueuse s'extirpa du sol. Il criait et hurlait. Un cri de triomphe. On y percevait que trop la victoire.
« Reculez, ma Dame ! » ordonna-t-il.
Je fis ce qu'il me dit, et, alors, William sortit quelque chose qui ressemblait à un bâtonnet métallique de sous sa tunique. Il le dirigea vers l'une des torches du couloir, et le bâtonnet émit une étrange lueur bleue au bout. Le feu de la torche s'amplifia comme par sorcellerie, avant de bâtir devant nous et le monstre un mur de flammes. Je restai stupéfiée devant ce spectacle, pendant que la chaleur me gagnait.
« L... l'avez-vous tué, demandai-je ?
– Si seulement, répondit William. Dire qu'il a mangé mon chapeau !
– Vous avez fait explosé une torche devant moi comme si c'était normal... Et vous me parler de chapeau ! Comment, messire, comment avez-vous fait ça ?
– Ma Da...
– Vous êtes un sorcier !
– Non, ce n'était pas de la sorcellerie, juste... »
La créature hurla soudainement, et je sursautai. William ne m'avait pas lâché la main.
« Juste, courrez, ça ne va pas le retenir plus longtemps » soupira le chevalier.
Et il m'entraîna dans nombre de couloirs et de détours, tandis que nombre de questions se bousculaient dans ma tête. Si ça n'était pas de la sorcellerie, qu'était-ce donc ? Et comment un chevalier pouvait-il donc réaliser de tels prodiges ? Il y avait quelque chose qui clochait. Et, pendant que je me laissais guider par messire William, je ruminais ces pensées, jusqu'à ce que je sois ramenée sur terre par le même son étrange que j'avais entendu tout à l'heure, quand William avait fait « exploser » cette torche. Le bâtonnet métallique à la lueur bleue, encore. Il s'en servait sur la serrure d'une porte.
« Il vous faut une clé pour ouvrir cette porte, commençai-je, pas... une baguette de sorcier.
– J'ai fait brûler cette torche avec, pourquoi ne pourrais-je pas ouvrir une porte ? Et ce n'est pas une baguette de sorcier, mais un tournevis sonique, corrigea-t-il.
– Un quoi ?
– Ah désolé, j'avais oublié qu'on ne se servait pas encore de tournevis au Moyen-Âge. Disons alors que c'est... allez, une baguette sonique ?
– Que racontez-vous William ? Vous divaguez, sincèrement ! »
J'entendis alors comme la porte se déverrouiller, et vis avec effarement messire William l'ouvrir, tout en m'adressant un sourire ironique. Je ne pus que le suivre et fermer la porte derrière moi.
« Magnifique ! s'écria-t-il. Une réserve ! Non... mieux que ça... Un laboratoire d'alchimie. »
Des brûloirs de toutes sortes, des alambics, des mortiers, des pilons, on ne voyait que ça dans toutes la pièce, ainsi que nombre de tables, de coffres et d'armoires. Il régnait un désordre complet dans la pièce et une sale odeur de renfermé. La poussière imprégnait chaque objet de cette salle, comme si personne depuis bien longtemps n'y avait mis les pieds. Sire William lança sa « baguette sonique » en ma direction, et je l'attrapai gauchement.
« Verrouillez la porte, vous voulez bien ? » C'était plus un ordre qu'une demande. Le manque de courtoisie de William me blessait, lui qui était si poli avec moi d'habitude...
« Dîtes-moi d'abord ce que vous êtes, messire, répliquai-je avec détermination.
– Un chevalier errant venu d'Écosse, répondit William.
– Ne me mentez pas.
– Quelque chose nous cherche en dehors de ces murs, si vous voulez vivre, fermez cette porte. »
Soupirant, je dirigeai le « tournevis sonique » vers la serrure de la porte et maintins sur un bouton trop gros pour être raté. La même lueur bleue, le même son, et le bruit d'une porte que se verrouillait. Cet arme, si on pouvait appeler ce bâtonnet une arme, semblait venir de bien loin... Il semblait venir des temps futurs. On ne connaissait pas en 1404 d'objet semblable et on ne pouvait encore moins en confectionner. C'était une technologie qui dépassait une jeune noble chrétienne de dix-sept ans. Et cela devait aussi dépasser le misérable chevalier errant qu'était Sire William.
« Votre père était un homme magnifique, dit le chevalier en me souriant. Absolument magnifique.
– Oui, il était magnifique avec moi, soupirai-je empreinte de nostalgie.
– Il a réussi à jongler entre son château, sa famille, et sa passion !
– Sa passion était la lecture et l'écriture, en effet.
– Non, je ne parle pas de ça, ma Dame. La lecture et l'écriture sont des passes-temps, pas des passions. Même le plus simple des hommes peut...
– Mon père n'était pas le plus simple des hommes ! m'entendis-je crier. »
William posa alors l'alambic qu'il examinait entre ses mains et se rapprocha de moi, avant de poser ses mains sur mes épaules, comme il l'avait tellement fait depuis que je l'avais rencontré. Il me fixait de ses yeux bleus.
« Votre père n'a jamais été le plus simple des hommes, dit-il. Et je n'allais pas dire ça.
– Je... croyais que...
– Non, jamais je ne dirais ça du père d'une femme que je chéris. »
Et il abandonna mes épaules pour revenir à son étude des alambics et des mortiers. Jamais William ne m'avait dit une pareille chose. Il me chérissait, disait-il. Il me chérissait comme il chérirait sa propre fille, évidemment. Évidemment...
« Votre père était aussi un alchimiste, m'annonça-t-il. Et je crois bien que c'est cela qui va nous sauver la vie aujourd'hui !
– Et... messire, qu'est-ce donc la créature qui nous poursuit ? demandai-je.
– Un Slimiin. Il est né dans ces sous-sols, après la mort de votre père. Le chagrin de toute une famille l'a fait naître et, pour vivre, un Slimiin a besoin de se nourrir du malheur de la famille qui l'a invoqué. Ce monstre vous est étroitement lié, ma Dame. Je croyais, la première fois que je suis venu ici, que le monstre n'aurait pas encore assez d'expérience pour commencer son œuvre, mais ce Slimiin-là est très intelligent et il n'a pas eu besoin de méditer durant un siècle. Mais quand je suis revenu la seconde fois, il avait déjà cocmmencé à tisser sa toile. Sa toile des malheurs.
– Quand vous êtes revenu la deuxième fois... Mère venait de partir !
– Le prêtre qui a embobiné votre mère avec ses histoires de retrait religieux était manipulé par le Slimiin. Comme Morgane, qui a fait fuir Alwin. Et comme Aidan, qui allait vous assassiner avant de vous faire disparaître dans la forêt. »
J'écarquillai les yeux, plus qu'effarée.
« On... voulait me tuer, répétai-je.
– Oui, commença William. Et il allait bien déjà à passer à l'acte, si je ne l'avais pas intercepté tant bien que mal, avant d'extraire le virus Slimiin qui l'avait infecté.
– On... on voulait me tuer. »
Ces mots se répercutèrent sur les murs de pierre du sombre laboratoire, répétant ma phrase en écho, comme une lourde fatalité.