Note de la fic :
Publié le 08/12/2012 à 00:26:27 par Conan
As-tu déjà connu la folie ? Connais-tu son goût ? Son goût amer ? As-tu déjà touché, seulement du bout du doigt, le néant total ? Sais-tu ? Sais-tu ce sentiment qui t'attrape, qui t'agrippe, qui t'attire vers le gouffre ? Le gouffre sombre, total et inconnu, sans fin.
As-tu déjà senti le fil se rompre ? Ce fil, mince, fragile, cette passerelle du monde réel vers TON monde, TON crâne, TA schizophrénie ?
As-tu déjà été animé par cette envie de destruction ? De terreur ?
Est-ce que tu t'es déjà retrouvé avec le bout d'un canon, froid, sans âme, d'un flingue chargé contre ta tempe, tenu par ta main tremblotante ? Ta propre main prête à tirer un trait d'une seule pression du bout du doigt sur ta vie entière ? Sur ce qui te compose, ce qui te fait, ton passé, tes tripes et tes viscères ?
Le délire total. Les ténèbres absolues, sans absolution. Sans retour possible.
Greg tient ma main serrée sur son flingue, son flingue pointé contre son cœur.
-Tire ! Tire bordel ! Vas-y !
J'ai aucune idée de ce que je fous là, et de ce que j'ai fait ces huit dernières heures. Mais je reviens à la réalité comme ça. Brutalement. Comme un accouchement, je quitte le ventre maternel, chaud et rassurant pour la crasse, l'ordure et la lumière brûlante du monde extérieur.
Greg me fixe. Son regard à dix centimètres du mien. Son regard noir. Sans vie. Sans âme. Il rit à gorge déployée, son rire sonore, crisant, machiavélique qui recouvre tous les bruits de la rue, résonne dans la pièce. Ses dents acérées brillent à la lumière pâle du lampadaire.
Je retire lentement sa main de la mienne, enlève le chargeur de son calibre et extrait la cartouche en chambre. Il s'affale au fond du canapé, en riant toujours, tel le démon moyen.
Ses rires se transforment vite en petits gémissements, une larme coule le long de sa joue. Son visage ne reflète toujours rien d'humain.
-Qu'est-ce qu'on a fait, Red ? Hein ? Tu peux m'le dire ?
Je suis encore dans le brouillard le plus total, juste assez lucide pour me rendre compte qu'en une seconde, j'aurai pu flinguer mon pote.
-De la merde. Voilà.
-Ça fait vingt ans qu'on fait de la merde, Brenn.
-On connaît que la merde, Roland.
-Mais moi, j'en ai marre de cette putain de merde! J'en ai plein le cul, ce soir, tu vois, il faut qu'on crève ! Brennan ! Sergent Brennan ! Sixième compagnie ! Spécialiste de tout un tas de saloperies, formé à tout un tas de pourritures par cette putain d'élite qu'on a cru renverser un jour !
-C'est plus le sergent Brennan ! C'est plus le sergent Roland ! C'est plus le chef Vinyard ! C'est plus rien ! C'est plus l'Afrique, c'est plus le Kosovo ! C'est plus le Moyen-Orient ! C'est plus rien bordel ! C'est des putains d'ivrognes complètement tarés, pourris jusqu'à la moelle, qui vivent avec leurs souvenirs de ratés, qui traînent leurs carcasses dans les rues d'une ville imbibée de pluie et de pisse en espérant juste qu'un jour un fils de pute pourra briser leur malédiction en les butant !
-Ça a bien failli bordel, Vinny risque de crever ! On est les prochains, Brenn ! Autant en finir tout d'suite et arrêter ces conneries !
Ça y est. Maintenant je me souviens. Je sais pourquoi ça fait presque dix heures que je bois tout ce qui passe sous ma main balafrée et hideuse. Parce qu'il y a dix heures, la bagnole de Vinny a été percée de partout par une arme automatique, parce que notre pote est à l'hosto, que dans le pire des cas, il pourra plus jamais marcher, et que dans le meilleur, il ira faire son dépôt de bilan devant le Grand Barbu. Asmathé au Uzi par un fils de chienne parti aussi vite qu'il a balancé ses trente bastos dans la carlingue de notre poteau.
J'me lève.
-Allez viens. On va voir Vinny.
Greg reste dans son canapé, le regard perdu vers rien. J'me casse la gueule. Trou noir.
As-tu déjà senti le fil se rompre ? Ce fil, mince, fragile, cette passerelle du monde réel vers TON monde, TON crâne, TA schizophrénie ?
As-tu déjà été animé par cette envie de destruction ? De terreur ?
Est-ce que tu t'es déjà retrouvé avec le bout d'un canon, froid, sans âme, d'un flingue chargé contre ta tempe, tenu par ta main tremblotante ? Ta propre main prête à tirer un trait d'une seule pression du bout du doigt sur ta vie entière ? Sur ce qui te compose, ce qui te fait, ton passé, tes tripes et tes viscères ?
Le délire total. Les ténèbres absolues, sans absolution. Sans retour possible.
Greg tient ma main serrée sur son flingue, son flingue pointé contre son cœur.
-Tire ! Tire bordel ! Vas-y !
J'ai aucune idée de ce que je fous là, et de ce que j'ai fait ces huit dernières heures. Mais je reviens à la réalité comme ça. Brutalement. Comme un accouchement, je quitte le ventre maternel, chaud et rassurant pour la crasse, l'ordure et la lumière brûlante du monde extérieur.
Greg me fixe. Son regard à dix centimètres du mien. Son regard noir. Sans vie. Sans âme. Il rit à gorge déployée, son rire sonore, crisant, machiavélique qui recouvre tous les bruits de la rue, résonne dans la pièce. Ses dents acérées brillent à la lumière pâle du lampadaire.
Je retire lentement sa main de la mienne, enlève le chargeur de son calibre et extrait la cartouche en chambre. Il s'affale au fond du canapé, en riant toujours, tel le démon moyen.
Ses rires se transforment vite en petits gémissements, une larme coule le long de sa joue. Son visage ne reflète toujours rien d'humain.
-Qu'est-ce qu'on a fait, Red ? Hein ? Tu peux m'le dire ?
Je suis encore dans le brouillard le plus total, juste assez lucide pour me rendre compte qu'en une seconde, j'aurai pu flinguer mon pote.
-De la merde. Voilà.
-Ça fait vingt ans qu'on fait de la merde, Brenn.
-On connaît que la merde, Roland.
-Mais moi, j'en ai marre de cette putain de merde! J'en ai plein le cul, ce soir, tu vois, il faut qu'on crève ! Brennan ! Sergent Brennan ! Sixième compagnie ! Spécialiste de tout un tas de saloperies, formé à tout un tas de pourritures par cette putain d'élite qu'on a cru renverser un jour !
-C'est plus le sergent Brennan ! C'est plus le sergent Roland ! C'est plus le chef Vinyard ! C'est plus rien ! C'est plus l'Afrique, c'est plus le Kosovo ! C'est plus le Moyen-Orient ! C'est plus rien bordel ! C'est des putains d'ivrognes complètement tarés, pourris jusqu'à la moelle, qui vivent avec leurs souvenirs de ratés, qui traînent leurs carcasses dans les rues d'une ville imbibée de pluie et de pisse en espérant juste qu'un jour un fils de pute pourra briser leur malédiction en les butant !
-Ça a bien failli bordel, Vinny risque de crever ! On est les prochains, Brenn ! Autant en finir tout d'suite et arrêter ces conneries !
Ça y est. Maintenant je me souviens. Je sais pourquoi ça fait presque dix heures que je bois tout ce qui passe sous ma main balafrée et hideuse. Parce qu'il y a dix heures, la bagnole de Vinny a été percée de partout par une arme automatique, parce que notre pote est à l'hosto, que dans le pire des cas, il pourra plus jamais marcher, et que dans le meilleur, il ira faire son dépôt de bilan devant le Grand Barbu. Asmathé au Uzi par un fils de chienne parti aussi vite qu'il a balancé ses trente bastos dans la carlingue de notre poteau.
J'me lève.
-Allez viens. On va voir Vinny.
Greg reste dans son canapé, le regard perdu vers rien. J'me casse la gueule. Trou noir.
Commentaires
- Droran
08/12/2012 à 02:06:55
Bond spatio-temporel. D'un point de vue global sur le récit, ça fait un peu décousu ; néanmoins ça donne envie de lire la suite !