Note de la fic : Non notée

Trois_nuits_a_tuer


Par : Pseudo supprimé
Genre : Inconnu
Statut : C'est compliqué



Chapitre 4 : Nuit du 08/10/09 (partie 3)


Publié le 19/08/2013 à 01:16:12 par Pseudo supprimé

Les flammes alanguies du café tamisent le visage d’Anna, simplifiant son ovale en dégradant la lumière avant le noir. Rien de tranchant, d’anguleux, d’imprévu, de l’onctueux dans chaque courbe. Entre ses cils merveilleusement courbés, ses paupières fines et papillonnantes, le vert de ses yeux futés aspire l’âme des explorateurs enhardis.

_Mon mari devait venir à Nantes ce soir, mais son travail le retient trois jours de plus à Paris.
_Quel travail ?
_Il est journaliste.
_Un beau métier.
_Il ne rentre pas souvent à Nantes.
_Et toi ?
_Moi ?
_Pourquoi Nantes ?
_J’ai commencé mes études supérieures ici. Encore une année et je pourrai moi aussi monter.
_Et le rejoindre.
_Le travail ne manque pas là bas.

Un serviteur émerge des nuages pour remplacer les deux verres vides de la table. Nouvelle ration de vin rouge pour langues engourdies. Anna s’empare du sien et le déleste d’une lampée. Son visage s’adoucit quand sa gorge tiédit, elle relance la discussion.

_Une heure que je parle. À ton tour maintenant. Raconte un peu.
_Je suis de passage à Nantes. Depuis quelques semaines déjà.
_Journaliste ?

Un sourire menace de s’emparer des lèvres de Raymond, mais sa volonté résiste. Le dormeur a disparu, laissant place à l’homme attentif, captivé et captivant. Penché dans le halo d’un cierge en fin de vie, il dévoile son visage. Simple et beau.
Les grands yeux braqués sur Anna sont d’une limpidité rare, du bleu clair des ciels d’été, du ruisseau vierge et frais des glaciers blanc, ensorceleur d’autres iris. Une nature entière passe par ces filtres éthérés, de finesse, de bonté, de bienveillance.

_Écrivain.
_Et pourquoi Nantes ?
_Aucune idée. Aucune raison valable. Je suis censé être Parisien.
_Ça n’a pas l’air de t’enchanter.
_Si, beaucoup, sauf quand j’écris. Mon esprit voyage, mon corps doit suivre.
_Alors tu es de ces poètes maudits ? Sans foyer ni attaches ?
_Ma femme m’attend à Paris.
_Je comprends mieux.

Et les bouches cèdent, finalement, l’homme et la femme éclatent d’un rire sans retenue.

_J’ai terminé quelques nouvelles ici, je pense rentrer demain, ou le jour suivant. Je ne suis pas pressé. Dis-moi, tu as l’air fatiguée ?
_Oui, excuse moi, je ne respire plus en ce moment, je baille. C’est le travail que j’abats.
_Tu rates quelque chose.
_Quoi donc ?
_Dormir. C’est merveilleux, tu devrais essayer.
_Petite, je dormais. Je rêvais même.
_Et ?
_C’est vague aujourd’hui.
_Ce soir, tu devrais y retourner.
_Oui ?
_Comme ça, demain, nous pourrions aller à l’Opéra. Je t’invite. C’est à vingt-et-une heures, juste en face du café. C’est oui ?
_Je ne dis pas non.
_Non, ne le dis pas.
_C’est entendu. Et duquel parlons nous ?
_C’est une surprise.

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