Note de la fic : Non notée
Publié le 19/08/2013 à 01:13:12 par Pseudo supprimé
Le jeune homme semblait aussi calme que s'il n'avait rien vécu, pourtant sa pâleur effroyable ainsi que son visage à l'expression durçie témoignait du contraire. Aucun sourire ne trouvait le moyen d'égayer ses trairs. En un autre jour, un autre lieu, je ne me serai probablement pas intéressé à sa personne, mais à ce jour nous n'étions que deux dans une salle de moins quinze mètres carré et dont la seule issue était bloquée par des créatures cannibales et quasiment immortelles. Alors il fallait bien faire avec.
"- Je ne t'ai jamais vu dans l'école, tu viens d'où ?"
Lui dis-je tout en verrouillant la porte d'une main et en tirant mon portable de ma poche de l'autre.
"- Je suis un stagiaire. J'ai commencé ma journée à 6h30, et déjà les gens semblait bizarre. Y'en avait qui vomissaient par terre, d'autres qui gueulaient assez fort, un peu comme ceux-là."
Me dit-il en désignant la porte de sa seule main libre.
"- Alors j'ai appelé les pompiers, et j'ai continué ma route. Mais là je sais pas vraiment ce qui se passe ; je voulait sortir pendant ma pause pour fumer une clope dehors, et c'est là que j'ai vu ces gens. Ils étaient que deux ou trois, alors au début ça m'a pas trop inquiété ; j'ai pensé à une bande. Mais quand j'ai vu le gardien qui gueulait dans son sang, j'ai commencé à courir. Apparemment on a eu la même idée toi et moi, sauf que j'allais ressortir pour massacrer ces saloperies."
Pour appuyer ses propos, il secoua deux ou trois fois le large morceau de tuyau qu'il tenait, lové contre son épaule. Mais une autre chose m'intriguait ; s'il avait vu avant tout le monde ces créatures, pourquoi n'avait t'il prévenu personne ?
"- Ouai je sais... tu dois te demander pourquoi j'ai pas appuyé sur l'alarme ? En fait quand je suis rentré dans le couloir, ils étaient que quelques-uns dehors, comme je t'ai dis. Je pensais pouvoir me les farcir tout seul, mais en l'espace d'une ou deux minutes ; le temps que je trouve ça, il était au moins cinquante. J'ai vu ça par la fenêtre, alors je suis pas ressortit. En fait là je cherchais une solution, mais t'es entré une ou deux minutes plus tard.
- Okay je vois... Tu t'appelles comment ?
- Clark. Et toi ?
- Matthieu, enchanté.
- La même... Et pour toi alors ?"
Je lui expliquais rapidement ce qui s'était passé me concernant avant ma course effrénée jusqu'au toilette, lui parlant de la mort subite de mon ami, ainsi que de l'envahissement du couloir principal par les créatures.
"- Tu penses qu'ils sont vivants ?
- J'en sais trop rien, j'ai jamais vu une foule se jeter sur quelqu'un et le bouffer. Faudrait trouver une télé, où quelqu'un qui en sait plus."
Visiblement Clark ne savait rien de plus que moi sur ces créatures ; nous étions dans une impasse. Je fis une nouvelle fois le tour de la salle du regard. Elle était assez spacieuse, avec plusieurs cabines et trois pissotières. Assez propre, seuls quelques tags noircissaient un peu les murs, mais dans l'ensemble, elle était bien plus salubre que les latrines de certains autres établissements. Il était possible d'y dormir plusieurs jours, mais je préférai ne pas y songer.
"- Attends, il faut que j'appelle ma mère ; elle est peut-être pas encore au courant.
- Ça sert à rien, on capte pas ici...
- Et merde..."
Rangeant mon téléphone dans la poche intérieure de mon blouson, je parcouru entièrement la pièce pour voir s'il n'y avait pas d'échappatoire. La porte tremblait sous les coups de la masse à l'extérieur, et on entendait de sous la porte des grognements et autres son impropres à un humain.
"- Putain. C'est vraiment trop ouf cette histoire !
- Ouai tu m'étonne... en plus on a aucun renseignement, et on peut même pas sortir d'ici !
- Attends. Ça c'est pas dit."
Une idée avait germé dans mon esprit. On m'avait parlé un jour d'un conduit qui reliait toutes les pièces du lycée, mais aussi du bâtiment du collège, de la primaire et des souterrains. Alors ce dernier existait sûrement dans les toilettes ! Posant mon regard sur le plafond, au dessus de chacune des cabines, je cherchait une fente, ou même une ouverture qui nous permettrait de nous enfuir. Et je ne me trompais pas. C'étaient juste quatre petites fissures dans le plafond, presque cachées par la peinture ; mais elles étaient bien visibles.
Je venais de trouver la trappe qui nous offrirait l'occasion de survivre.