Je me retournais rapidement, et jeta un regard vers la seconde entrée du couloir de notre lycée. Cette dernière, ouverte, laissait s'engouffrer une masse de personnes, grouillante et gémissante. Le sang s'écoulant de leur plaie s'étalait par terre ainsi que sur les murs, tachetant le couloir de rouge vif et me donnant un haut-le-cœur. Certains tombaient et se faisaient piétiner par le groupe, d'autres bifurquaient à gauche où à droite et envahissaient les petites ramifications de ce labyrinthe de couloirs, ainsi que je suppose, les classes remplies d'élèves. Déjà des hurlements parvenaient à mes oreilles, aussitôt étouffés, et laissant d'autres se faire écho, tel une chaîne interminable et macabre.

Que faire ?

Une vingtaine d'individu marchait vers moi, lentement, mais me bloquant pourtant quasiment toutes les issues. J'aurai été dévoré par ces créatures inconnus si j'étais resté là, planté sur le chemin de la mort inévitable et douloureuse. Pourtant mon corps fut plus vif que mon esprit. Ils étaient à une trentaine de mètres, les toilettes à dix mètres et l'alarme incendie juste à ma gauche. Je saisit l'interrupteur et appuya de toutes mes forces dessus. L'alarme résonnait avec force dans toutes les classes, et j'entendais déjà les élèves se réjouir de stopper les cours plusieurs minutes. S'ils savaient, il ne se réjouiraient pas tant.

Dans un élan de force et de vivacité, j'entamais une course folle jusqu'à la porte des toilettes, ne prenant en compte ni la fatigue, ni la peur. Les créatures m'avaient repéré et accéléraient légèrement la cadence de leurs pas. Certaines portes s'ouvraient derrière moi, et une tête de professeur en sortait, pour aussitôt y rentrer et claquer la porte, le regard ébahis et affolé. J'avais au moins réussis à prévenir les autres ; j'aurai pu les laisser mourir, mais ils ne le méritaient pas tant que ça. Maintenant, c'était à eux de se débrouiller !

J'ouvris la porte des toilettes avec force, mais lorsque j'y entra et voulut la fermer, plusieurs mains sortirent par l'entrebâillement et remuèrent dans le but d'agrandir encore ce dernier. Gardant mon sang froid du mieux que je le put, je claqua de toutes mes forces la porte sur les mains tuméfiées, qui tombèrent sur le col carrelé des cabinets, dans un flot de sang. Finalement, ces créatures n'étaient pas si résistantes ; même un humain aurait pu résister à cela !

Reprenant mon calme, je me retournais et parcouru la salle du regard. Un jeune homme se tenait face à moi, un long tuyau à la main. Ses traits tirés étaient couvert de sang, mais ses yeux d'un bleu aussi profond que l'océan n'avaient en rien perdu l'expression de leurs beaux jours. Il avait les cheveux courts et était habillé d'un jogging ainsi que d'un sweat noir. Même sans le connaître, je vis tout de suite qu'il était de confiance.

"- Euh... Bonjour ?"