Note de la fic : Non notée

Le_retour_des_condamnes


Par : Pseudo supprimé
Genre : Inconnu
Statut : C'est compliqué



Chapitre 1


Publié le 19/08/2013 à 01:13:12 par Pseudo supprimé



"- Bonjooooooouuur les enfaaannts !"

Ouai c'est ça, cause toujours.

Encore cette vieille pimbêche, qui comme chaque année nous cloue les oreilles avec son misérable enthousiathme. Et deux trois ignares trouvent encore le moyen de lui répondre, d'une voix sans vie et déjà anesthesiée par la chaleur éprouvante du Mardi matin. Foutue vie monotone. Foutue prof de Maths. Le lycée est une jungle. Une jungle où seuls quelques animaux peuvent survivre, le reste s'écroulant mollement sous le regard hautains de plusieurs élus. Les plus forts, sans doute. Ce monde est une pure folie. Je m'en suis rendu compte il y a déjà un bout de temps, le jour où mon père est mort pour être précis. Depuis, mes journée ne sont qu'une continuelle suite de brimades ou d'inattention de la part des autres. Malgré un ou deux amis, je suis pour les autres comme qui dirait l'invisible, celui qui ne parle pas trop, et à qui on ne parle pas trop, où alors lorsque la bouche démange de quelques insultes perdues au fil du vent. Mais je me fiche de tout ça. Mon esprit est ailleurs, mon regard rivé vers le ciel.

Qu'y a t'il là-haut ?

"- Voici une nouvelle année qui débute !
J'espère que nous nous entendrons bien, je ne connais pas encore vos prénoms..."

Juste quelques nuages qui s'étalent paresseusement au creux de la voûte céleste. Que j'aimerai être l'oiseau qui les survole, libre de ses mouvements et de ses pensées, préoccupé uniquement par le sens du mistral qui le caresse et l'enveloppe de ses bras sirupeux. Mais je suis bien là. Coincé entre une vie qui me force à l'ennui, presque une gangrène qui me brise le coeur, et la douceur du firmament que je ne saurai atteindre.

"- Vous pouvez m'appelez madame Pomellot. Cette année nous étudierons ensem..."

Baissant le regard pour le laisser vagabonder en direction de l'étendue verdoyante constituant notre cours de récréation, quelque chose l'attire. Une femme. Comment a t-elle pu rentrer ici ? Les murs, haut de facilement trois mètres, auraient empêché même le meilleur des escaladeurs de parvenir à rentrer dans l'enceinte de l'école. Sans compter l'entrée, surveillée par un gardien à la musculature imposante, et qui semblait infranchissable aux individus douteux qui parfois rodaient aux alentours de mon lycée.

Pourtant cette femme ne paraissait ni musclée, ni franchement agile. Semblant n'avoir pas loin du demi-siècle, ses longs cheveux bruns grisonnants lui descendaient sur le visage et en cachait une partie, ne laissant paraître que des lèvres blanches craquelées ainsi que deux joues ridées et ayant l'air d'avoir été tamponnées à la farine. Décidemment cette femme immobile et bien étrange m'intriguait et me faisait peur à la fois.

"- Mr Pizelli, même cette année, encore en train de rêvasser ?
- Non non désolé, j'écoutais."

La vieille m'emmerdait chaque année un peu plus, toujours à m'interpeller à la moindre inattention. Elle ne me laisserait donc jamais reluquer autre chose que sa face faussement joyeuse et vraiment agaçante... Jetant à nouveau un coup d'œil par la fenêtre à côté de laquelle j'étais assis, je vis une nouvelle fois la femme au milieu de notre cours. Mais cette fois-ci, elle marchait. Mon cœur ne fit qu'un tour lorsque je remarquais qu'elle avançait avec lenteur et d'une démarche claudiquante en direction de la porte du hall.

"- Arnaud. Arnaud. Arnaud putain, réveille-toi !"

A côté de moi sommeillait comme toujours mon meilleur ami, une espèce de gothique au comportement étrange mais vraiment chaleureux avec moi, à l'instar des autres. Comme d'habitude, ce dernier dormait. Même le premier cours de la première journée de notre première année de lycée, il avait sombré dans une somnolence lourde, et inexpliquable avec tout le bruit qui règnait dans la salle de classe. Seulement, lui, la professeur ne le dérangeait pas, car elle savait avec certitude que son hibernation était pour elle une libération : en effet ce dernier, quand il ne dormait pas, foutait toute la journée un bordel monstrueux.

"- Hm ?
- Réveille-toi, y'a une couille.
- Ouai ouai, on verra t'à l'heure...
- Mais nan attend, te rendors pas, c'est sérieux, regarde la fille là-bas.
- Putain t'es chiant Math'..."

Dit-il en ouvrant un œil qu'il posa avec lassitude sur la femme marchant à l'extérieur.

"- Ha ouai. Elle est bizarre.
- Viens on va voir ça de plus près.
- Si tu veux."

Pour une fois qu'il était d'accord avec ma décision, j'allais en profiter. Levant le doigt avec insistance en regardant notre intendante, je pris un air exténué et souffrant à l'extrême.

"- Oui ?
- Je me sens mal, c'est possible d'aller à l'infirmerie ?
- Mais il ne reste qu'un quart d'heure...
- S'il vous plait.
- Bon d'accord, mais reviens vite."

Arnaud, pretexant de m'accompagner, me suivit dans le couloir et me rattrapa bien vite. Nous marchâmes lentement dans le corridor, mais au lieu de prendre la bifurcation de gauche qui menait à l'infirmerie, nous continuâmes tout droit jusqu'à la sortie. Au travers de l'immense porte vitrée donnant à l'extérieur, le soleil éclatant nous éblouit, et l'air ambiant s'était apparemment réchauffé à ce contact. J'ouvris la porte d'une poussée de la main, et mon regard se perdit dans la vastitude de notre campus. Bientôt nous repérâmes la femme, qui semblait elle-aussi avoir tourné mollement la tête dans notre direction. Mais nous fument bien vite frappé par un autre détail non moins inquiétant que cette présence.

"- Oh... merde."

Elle n'était pas seule.


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