Les pirates se précipitèrent comme des mouches dans la pièce, pour l’inspecter de fond en combles, dans une sorte de panique dissimulée. Deux soldats s’approchèrent de la baie vitrée détruite, pour regarder au fond du gouffre : aucune trace de la fugitive. Ils levèrent la tête : rien en haut non plus. Fallait-il conclure que le Chasseur était mort ou s’était enfuit ? Dans le doute, les soldats sonnèrent l’alerte générale sur l’intégralité de la planète, avant de ressortir de la pièce enfumée et complètement ravagée. Deux gardes restèrent cependant pour garder les lieux. Un se posta à la porte, tandis que l’autre surveillait la fenêtre.

Ce qu’il ignorait tous, c’est que Samus n’était ni morte, ni en fuite. Elle était même encore très près de la pièce dont elle s’était échappée. Lors de sa fuite, Samus ne s’était pas simplement jetée dans le vide sans réfléchir. Grâce à son rayon-grappin, elle s’était facilement accrochée à un rebord métallique juste au-dessus de la baie vitrée, lequel lui avait permis non seulement de survivre, mais également d’échapper aux gardes et aussi de rejoindre le toit du bâtiment. Un toit qu’elle débarrassa en quelques tirs des quelques sentinelles postées là-haut.

Samus était tout de même dans de sales draps. Elle était seule face à un ennemi monstrueusement bien armé, et infiniment plus nombreux qu’elle. Et en plus, à cause de ce faux-pas, elle n’avait presque pas avancé dans son enquête. Il était évident que seule, elle ne pourrait jamais empêcher les Pirates de se servir de l’afloraltite de Ghysra. Il aurait fallu plusieurs bataillons de Marines de la Fédération pour en venir à bout, peut-être même plus… Il lui fallait donc impérativement savoir où partait l’afloraltite, afin de pouvoir localiser les laboratoires où les clones étaient produits. Et par la même occasion, peut-être pourrait-elle savoir ce qu’il était réellement advenu de Ridley. Ce que lui avait dit le Pirate l’avait profondément troublée, et désormais, elle n’était plus vraiment sûre de vouloir retrouver Ridley pour le tuer, mais bien pour s’assurer qu’il était encore en vie… Elle se faisait peur : elle avait presque de la pitié pour cet adversaire cruel mais honorable. Et comme les Pirates étaient parfaitement capables de se débarrasser d’un ancien allié devenu trop gênant, Samus n’en était que plus bouleversée.

Mais l’heure n’était pas aux questionnements métaphysiques. Perchée sur son toit, Samus regardait sans se montrer l’agitation en bas du bâtiment : les hordes de Pirates partaient bien en rang dans des directions différentes, pour ratisser un maximum de surface. S’enfuir d’ici allait être une tâche périlleuse, et essayer de récolter quelques informations au passage allait l’être encore plus. La seule chose un peu rassurante, c’était de savoir que son vaisseau ne risquait rien, bien à l’abri derrière son champ de furtivité, et qu’elle pouvait s’en servir pour fuir en dernier recours.
Une fois la tension du côté des Pirates un peu retombée, Samus constata que les troupes étaient dispersées un peu partout, ce qui l’avantageait sérieusement. Elle descendit donc le côté du bâtiment se trouvant face au puits de mine, avec son grappin, afin de passer inaperçue. Une fois en bas, elle contourna la grande bâtisse, toujours très prudente. Devant, le calme était un peu revenu. Seuls deux gardes se tenaient à l’entrée. Les troupes étaient visiblement très loin, maintenant.
Samus chargea son rayon de plasma, ajusta le canon vers ses cibles, puis tira une gerbe de feu rectiligne, laquelle transperça net les deux gardiens, qui avaient eu la mauvaise idée de se mettre côte à côte. Il n’y avait même pas besoin de se soucier des corps, puisqu’ils avaient été consumés sur place par le tir.

La belle chasseuse était de nouveau dans ce bâtiment, qui l’avait retenu prisonnière quelques heures auparavant. L’endroit avait été déserté après l’alerte, pour que toutes les troupes disponibles partent à la recherche de la proie. Il devait cependant rester quelques sentinelles dans les couloirs, pour s’assurer que l’endroit resterait sûr.
Samus avançait prudemment, en prenant soin de visualiser tous les pièges éventuels à l’aide de ses nombreux viseurs, pour mieux les éviter. Elle trouva quelques caméras de surveillance dans plusieurs recoins, des caméras qu’elle s’empressa de détruire avant que le système de reconnaissance automatique ne signale une intrusion.
Somme toute, les couloirs étaient parfaitement calmes, et la belle put arriver sans encombre dans une grande salle de contrôle au centre de l’édifice. Après avoir contourné la reconnaissance digitale à l’entrée, elle poussa la porte, doucement, pour découvrir derrière une salle bourrée d’ordinateurs, devant lesquels quelques Pirates analysaient des données, sans doute relatives à son évasion.

Sans avoir trop le choix, Samus déboula d’une traite dans la salle, voulant profiter d’un effet de surprise. Et en effet, les Pirates ne s’attendaient pas à trouver devant eux, dans cette pièce, la sale créature qu’ils traquaient sur leurs écrans…
L’un d’eux fut plus rapide que ses collègues, et bondit de sa place, pour se diriger vers un mur portant un boîtier destiné à donner l’alerte (un reste de l’ancienne occupation humaine des bâtiments…). Mais Samus fut plus rapide encore, et s’empressa de tirer un missile, non vers le Pirate, mais vers le boîtier, qui explosa dans une gerbe d’étincelles. Le Pirate était visiblement très surpris par cette méthode…
Mais pendant ce temps, les autres Pirates de la salle avaient déjà formé un cercle autour de la jeune dame, qui finalement avait empêché l’alarme de sonner, sans pour autant se sortir des griffes de ses ennemis.

Instantanément, l’ordre d’attaquer fut donné par ce qui semblait être le supérieur hiérarchique, et tous les Pirates ouvrirent le feu avec leurs fusils quantiques. Mais Samus avait tout de même plus d’un tour dans son sac. Evitant une première salve, elle envoya son rayon-grappin vers l’exosquelette métallisé du supérieur, qui n’eut même pas le temps de comprendre. Tirant vers elle de toutes ses forces, elle déstabilisa le Pirate, qui tituba, pour finalement se retrouver en un clin d’œil à côté de Samus, qui le tenait en joue.
Ce fut comme un réflexe : tous les tirs furent stoppés aussitôt. La possibilité de blesser un supérieur était inconcevable pour les Pirates, et le Chasseur le tenait en plus à sa mercie. La situation était serrée tant pour Samus que pour les Pirates : personne n’osait bouger. Samus elle-même était surprise de voir que le simple fait de neutraliser le chef avait arrêté tout le monde.
Elle passa son bras gauche autour du cou de sa proie, puis braqua le canon contre sa tête, tout en reculant, vers la sortie. Les Pirates s’écartèrent, pour laisser passer la gagnante de cet affrontement, avec une tension indescriptible. Cependant, Samus n’avait absolument pas envie de partir maintenant, avec en plus ce poids à transporter.

Arrivée juste devant la porte, Samus s’arrêta net. Les Pirates furent surpris, ils pensaient la voir sortir, et partir à sa poursuite juste après. Mais Samus voulait en finir. Elle changea de rayon, pour activer le rayon de glace, qu’elle chargea, avant de tirer une énorme salve de froid vers le groupe pirate. La chance était avec elle : tout le groupe fut gelé sur place grâce à ce tir de Diffuseur de glace. Samus tira ensuite quelques missiles et réduisit ainsi tous ses ennemis à un tas de glace pilée. Quant au chef, qui avait assisté au triste sort de ses compères, elle le relâcha… Il fit quelques pas en reculant, pour essayer de gagner la porte. Mais il n’avait aucune chance de fuir : Samus chargea un nouveau tir, puis visa les pieds de sa proie. La gangue de glace qui se forma figea les pieds du Pirate sur place, lequel insultait Samus dans sa langue, tout en poussant des cris de douleur.

Une fois ce dernier adversaire éliminé, Samus put s’atteler à chercher des informations dans les ordinateurs. Elle trouva enfin des renseignements cruciaux. Les chargements d’afloraltite partaient à intervalles réguliers vers un tout autre système solaire, vers la planète Drobe plus précisément. Des conteneurs entiers de plusieurs centaines de tonnes partaient tous les deux cycles vers cette destination. Samus parvint même à dégotter les itinéraires, et se rendit compte que les frégates pirates passaient inaperçues aux yeux de la FG en empruntant des routes sidérales secondaires, presque jamais explorées. C’est pourquoi le trafic était passé totalement à côté du réseau de surveillance intergalactique de la Fédération.
Nul doute maintenant que le fameux endroit où étaient créés les clones de Ridley était bien situé sur la planète Drobe. Samus lança à distance une recherche poussée sur cette planète sur l’ordinateur de bord de son vaisseau.

Le plus dur restait peut-être à faire : ressortir de ce guêpier. Les soldats n’ayant sans doute rien trouvés, ils seraient sans doute de retour sous peu dans leurs garnisons, ce qui signifiait qu’il ne fallait pas traîner ici trop longtemps.
Samus quitta vite la pièce, en y laissant une ou deux bombes de puissance, histoire de se débarrasser du Pirate qui avait toujours les pieds gelés, mais aussi de gêner un peu plus les activités ennemies.
La chasseuse arpenta les couloirs à la vitesse de l’éclair. Mais c’était déjà trop tard : les soldats revenaient déjà. Si bien que Samus était juste dehors lorsqu’elle pu voir une bonne centaine de soldats pirates venant vers elle, rentrant de leurs patrouilles, et visiblement très surpris de voir que la proie qu’ils avaient tant cherché était juste là.

Il n’était même pas question d’essayer d’engager le combat, c’était perdu d’avance. Seule la fuite pourrait sauver Samus d’une mort prématurée. Une fois de plus, ce furent ses réflexes hors normes qui la tirèrent d’affaire. Voyant que les Pirates avaient du mal à réagir, elle en profita pour vite passer en boule Morphing, et rouler jusque derrière le bâtiment. Le feu fut ouvert juste après, et elle essuya quelques salves avant d’atteindre le coin du bâtiment, qui allait la protéger quelques secondes seulement. Mais c’était suffisant. Elle se releva, courut vers le gouffre, puis s’agrippa au rebord métallique du toit de la bâtisse, pour facilement atteindre la terrasse où elle s’était réfugiée juste avant. Mais cette fois, pas question d’attendre quoi que ce soit, il fallait agir.

Les Pirates se divisèrent en deux groupes : les uns montaient par l’intérieur, les autres allaient escalader la façade pour être sûrs de ne pas perdre la proie. Les premiers Pirates arrivèrent en haut, mais furent aussitôt rejetés par de violents tirs, et s’écrasèrent en bas. Mais bientôt, ce n’était plus quelques Pirates qui arrivaient sur le toit, mais des dizaines, soutenus qui plus est par ceux arrivant de l’intérieur du bâtiment. Samus était vraiment, vraiment dans une mauvaise situation…
In extremis, le combat fut stoppé par un tourbillon de poussière et de fumée qui arriva d’on ne sait où. Les Pirates ne voyaient plus rien, sauf deux gerbes de feu volant juste au-dessus du toit, le tout dans un boucan épouvantable : Samus avait simplement fait venir son vaisseau, afin de fuir plus vite.
Ni une ni deux, elle sauta à bord, alors que les Pirates étaient dans la confusion la plus totale. Certains tombaient du toit, déstabilisés par le nuage poussiéreux soulevé par les réacteurs. D’autres abattaient simplement leurs collègues, croyant tirer sur le Chasseur. Au milieu de ce chaos sans nom, Samus mit les gaz, carbonisant au passage plusieurs soldats se trouvant à côté des réacteurs du vaisseau, et décolla. Dans son cockpit, Samus riait toute seule, à la fois à cause du carnage qu’elle venait de voir, mais aussi parce qu’elle était simplement euphorique à l’idée de quitter cet enfer.