Ayant joué au jeu vidéo correspondant, je vis immédiatement que ce n'était pas le même décor, et demandai à Yuro si nous étions au bon endroit. Il me répondit par l'affirmative, et je décidai une fois de plus d'ériger une barrière mentale, celle-ci entre les jeux vidéos et Termina.

J'observai donc ce domaine inconnu, et, comme il était plongé dans une obscurité quasi-totale, je ne vis rien. Je fis un pas en avant, cherchant une porte, une torche, un quelconque indice me désignant l'entrée d'un temple. Deux flambeaux, situés à l'autre bout de la « salle » s'allumèrent, réveillant des centaines de Saigneurs, accrochés au plafond.

Ils se précipitèrent sur les deux points lumineux, et s'enflammèrent, empêchant toutes tentatives d'attaque de la part de mon compagnon de voyage. Je lui fis signe de venir derrière moi, mis un genou à terre, et nous protégeai grâce au bouclier magique. Les chauves-souris vinrent, chacune leur tour, entrer en contact avec celui-ci, qui absorba l'aura de feu ensorcelé. Lorsque le dernier de ces monstres diaboliques échoua à nous blesser, je relâchai l'énergie contenue dans la relique légendaire. Un vrai feu d'artifice illumina la salle dans ses moindres recoins. Les Saigneurs moururent dans une cacophonie de cris perçants, et la voie fut enfin libre.

Au delà des deux sources de lumières, se dressait une arche. Elle était d'une couleur inhabituelle, d'un violet profond et mystérieusement hypnotique. Ses formes étaient irrégulières, et il semblait que certaines pierres ressortaient plus que d'autre. M’approchant un peu, je vis qu'elle était faite de cristaux d’améthyste, ce qui expliquait toutes ces caractéristiques. En dessous de l'arcade, une imposante porte en métal rouillé donnait accès à la salle suivante. Comme elle était dépourvue de poignée, je la touchai, dans l'espoir qu'elle s’ouvrirait par magie. L'unique battant vibra doucement mais longtemps sous ma paume. Malheureusement, la rouille accumulée au cours des siècles l'empêcha de s'ouvrir.

Je décidai donc d'utiliser les grands moyens. Je demandai à Yuro de concentrer son énergie magique dans Excalibur, et plantai celle-ci dans la porte en décrivant un arc de cercle partant du bas. Je retirai alors mon arme, la plantai par terre, et donnai un puissant coup de pied sur la plaque de métal qui se détacha brusquement, pour aller s'écraser sur un mur de granit.

Au moment où je franchissais le seuil, deux Moblins sortirent du sol trempé et boueux. Mon nouvel ami en pétrifia un en le gelant, et le tua lentement. L'autre me chargea sans hésiter. Je me baissai instinctivement en dessous du niveau de sa lance, et me jetai dans ses jambes, épée en avant. Lorsque nous arrivâmes à la même hauteur, je décrivis un mouvement semi-circulaire avec ma lame, lui tranchant les tibias, et glissai sous lui avant qu'il ne me retombe dessus. L'eau boueuse, m'empêcha cependant de m'arrêter, et le mur s'en chargea, m’assommant temporairement. La créature dont je m'occupais ne pouvant plus bouger, je lui fichai une flèche entre ses deux yeux qui se révulsèrent.

C'est alors que Yuro me demanda :
« -Comment sommes nous sensés sortir de cette salle ? »
J'observai celle-ci d'un regard circulaire, et ne vis aucune issue autre que celle par laquelle nous étions entrés, et une mince fissure dans le plafond, permettant à la lumière de rentrer.
« -Si seulement Siwan était là, murmurai-je, il saurait comment continuer, il sait tout, où du moins, j'en ai l'impression. »

Improvisant, je pris un chou-péteur qui poussait tranquillement dans un coin, et le lançait lourdement sur la paroi qui me faisait face. Elle explosa violemment, nous projetant Yuro et moi en arrière, dans l'antichambre du temple.

Là où le mur avait sauté, se trouvait un tunnel sombre et ténébreux. Cependant, une toile de Skulltula, aussi gluante que solide, en interdisait l'accès. Les flambeaux se trouvant de part et d'autre de mon corps endolori, je pris une flèche, l'enflammai dans l'un d'eux, et tirai sans attendre sur la toile. Le projectile de feu brûla le dernier obstacle, nous libérant le chemin. Nous continuâmes notre avancée encore cinquante mètres durant, et débouchâmes dans une pièce magnifique. Un infime trou dans le plafond permettait à une cascade de s'écouler, de répandre son eau d'une pureté cristalline dans un immense lac. Il mesurait bien quatre cents mètres sur cent, et l'évacuation de celui-ci devait sûrement se faire par la voie souterraine. Devant nous, imposant, droit, se tenait un Hache-Viande. Le reflet de l'eau sur les plaques métalliques qui le protégeait, inondait la salle d'une douce lumière irréelle. Sa hache, effilée, paraissait légère entre ses mains, mais elle n'en restait pas moins mortelle. Ses yeux s'allumèrent d'une teinte carmin lorsqu'il me vit, et un frisson parcouru son armure qui s'anima. Je le savais plus fin bretteur que moi, et seule mon ingéniosité me fournirait la victoire. Si seulement j'arrivais à la faire marcher.

« -Gèle l'eau du lac, demandai-je à Yuro. » Chose qu'il fit sans demander pourquoi. Je contournai ensuite mon adversaire, pour me trouver au milieu de l'étendue d'eau, et baissai mon centre de gravité pour ne pas tomber sur cette surface instable. J'allais appliquer la même technique que pour le Moblin, enfin presque. J'attendis impatiemment que mon ennemi soit devant moi, et, lorsque son arme fendit l'air d'un mouvement lunulaire, je me jetai sous lui, et glissai sur le dos, jusqu'à me retrouver sur la consistance lacustre du plancher des vaches. Je plantai alors la Master Sword dans la surface gelée. Des fissures zébrèrent celle-ci, et avant qu'il ait pu comprendre ce qui lui arrivait, le monstre tomba dans l'évacuation d'eau, belle et bien souterraine.

A mes pieds se trouvait donc une ouverture béante, et je me doutais fortement que c'était ma prochaine étape. Espérant bientôt en avoir fini avec cet endroit lugubre, je fis un ultime bond vers l'inconnu. Je n'étais pas encore au bout de mes surprises, aussi mauvaises soient-elles.