Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

Entre poussière et ruines


Par : Spyko
Genre : Action, Horreur
Statut : C'est compliqué



Chapitre 6


Publié le 04/09/2012 à 19:51:21 par Spyko

Chapitre 5 :

Ce fut le petit ''bip'' de sa montre qui le tira de sa torpeur. Les yeux rougis, David releva la tête, regardant vaguement l'endroit où il se trouvait. Puis il les baissa sur le cadran à affichage numérique. Au-dessus du chiffre 8, une petit symbole était allumé, indiquant que l'alarme était activée. C'était à cause d'elle que le dispositif avait sonné une fois lorsque l'heure avait changé de sept à huit heures du matin. Battant rapidement des paupières pour chasser les larmes restantes, le jeune homme commença à manipuler les boutons, qui émettaient eux aussi un ''bip'' peu discret à chaque pression, de façon à la couper pour de bon.
Il était resté ici une vingtaine de minutes.
Considérant l'acharnement de ces créatures, c'était une chance qu'il soit encore en vie après être resté immobile, vulnérable, aussi longtemps. Il déglutit lentement, et essuya les traînées humides sur ses joues. Il lui fallait tirer un trait sur les événements récents, s'il ne voulait pas se laisser abattre à nouveau. Effacer ses souvenirs était impossible. Chasser la mort de sa famille de ses pensées étaient impossible.
Il lui fallait les écarter. Les reléguer au second plan.
Le jeune homme décroisa les bras, ferma les yeux et inspira profondément. La survie devait passer avant l'émotion. Ce devait être la règle maîtresse à laquelle il devrait se tenir, s'il ne voulait pas faire d'autre débordements, qui risqueraient de lui être fatals. Même s'il savait bien qu'il ne pourrait jamais s'y tenir totalement.
Jamais il ne pourrait simplement passer son chemin devant un survivant dans le besoin.
Mais écarter la tristesse qui lui enserrait le cœur comme un étau....
Ça, il devait le faire.

Le jeune homme finit par se relever, avec précaution. Son dos l'élançait encore à intervalles irréguliers, de même que sa tête, et ses mains écorchées. Je vais ressembler à un morceau de steak avant la fin de la journée à ce rythme, pensa t-il avec un sourire ironique.
Il fit quelques pas, se dirigeant vers la sortie de la ruelle, lorsqu'une autre pensée vint parasiter son état d'esprit. Jusqu'à maintenant, il avait simplement prévu de rentrer chez lui. Mais maintenant ? Que faire ? Où aller ? Tant de questions qui se mirent à bourdonner dans sa tête, comme des nuées de moucherons autour d'une carcasse, tandis qu'il avançait sur la petite place terreuse. Dans son dos, les murs décorés de graffitis aussi imagés que vulgaires disparurent dans l'angle.
Une fois sur la route, il se retrouverait face à trois possibilités.
Partir sur la gauche, ce qui l'amènerait vers la zone commerciale et la route nationale qui passait plus loin. Mais de là, il n'aurait d'autres choix que de suivre l'axe, qui serait probablement encombré de dizaines de véhicules en route vers leur lieu de travail au moment du drame. Et à ce moment, il risquait de se retrouver nez à nez avec une quantité non négligeable de ces fou furieux.
Il pouvait aussi partir sur la droite, mais cette possibilité l'amènerait droit au centre-ville. Ce qui, là encore, n'était pas la destination la plus enviable.
Enfin, il pourrait continuer sur une dizaine de mètres à droite, puis partir en face. Il atteindrait alors deux terrains de foot ainsi qu'un vaste terrain vague. Au bout de ce terrain vague, il arriverait sur une route un peu moins fréquentée, même si il devrait tôt ou tard atteindre l'un des axes qui quittaient la ville.
Le problème de cette voie, était qu'elle le mènerait droit au lycée. La route jusqu'à là-bas serait sans encombre durant toute la traversée des terrains et de la zone herbeuse, mais après... Le lycée serait vraisemblablement la plus grosse concentration de personnes du coin, que ce soit au niveau des élèves ou des fonctionnaires. Ainsi, il pouvait y avoir une foule de gens sains. Comme il pouvait y en avoir une foule de cinglés.
A savoir que les second risquaient de se faire un plaisir d'anéantir les premiers.

« Merde, ça pourrait pas être simple ? S'exclama t-il à haute voix. »

Le simple son de sa voix le rassurait légèrement dans ces environs vides, mais il ne lui permettait pas de mieux réfléchir. Le jeune homme s'adossa à un mur, une fois dans la rue, afin d'essayer de mettre ses pensées en ordre. Partir vers la nationale était exclu. Elle ne le mènerait nulle part dans l'immédiat, et il serait à la merci de ces fous furieux.
Il se plaqua la tête dans les mains, essayant de décortiquer les deux possibilités restantes. Il avait déjà vu de nombreux films de zombies et, même si la situation n'avait pas grand chose de comparable, elle restait, dans les grandes lignes, similaire. Il lui fallait de quoi se défendre, et de quoi se nourrir. Mais là encore, lycée et centre-ville étaient deux possibilités.
David commença à partir sur la droite, puisque ses deux destinations probables étaient dans cette direction. Plusieurs véhicules gisaient, abandonnés sur la route ou encastrés dans les habitations ou les arbres, mais le reste était désert. Si l'on exceptait les cadavres qui parsemaient le trottoir régulièrement, bien sûr.
Les interrogations continuèrent à défiler dans l'esprit du jeune homme alors qu'il marchait. La nourriture qu'il trouverait dans les restaurants du centre, qui se résumaient pour beaucoup à des bars ou des kebabs et autre pizzerias, demanderait à être cuisinée pour manger. Même chose pour celle du lycée. Quant à l'armement, il ne trouverait guère mieux que des couteaux de cuisine, peut-être quelques équipements supplémentaires dans le gymnase du lycée.

David arriva au croisement, duquel il pouvait voir le tourniquet qui permettait de franchir le grillage du terrain de foot. Et je sais toujours pas où aller..., soupira t-il intérieurement. Au loin, des silhouettes se détachaient dans l'ombre des bâtiments. Trois d'entre elles traversèrent la route au pas de course, avant de s'engouffrer dans une rue adjacente. Probablement des survivants. Les deux autres jaillirent de l'obscurité et s'élancèrent vers eux, d'une démarche nettement plus saccadée.
Deux autres éléments finirent par se mettre en place, éclipsant la possibilité du centre.
Le lycée était proche à la fois de la zone commerciale, et de la base aérienne. Certes, la base n'était pas à côté, mais elle était à la sortie de la ville, à proximité d'un rond point qui menait à la fois vers l'autoroute, et vers le centre commercial. Et, même si David décidait de ne pas pousser au delà du rond point, il y avait également quelques grandes surfaces dans les environ du lycée, à l'intérieur de la ville.

« Au moins je sais où aller, fit-il pour lui-même, tout en s'assurant qu'aucun cinglé ne risquait de l'entendre. »

Il traversa rapidement la route, et commença à trottiner vers le tourniquet, cinquante mètres plus loin. Une rue partait sur la gauche en arc de cercle, vers un lotissement. Plusieurs personnes s'étaient rassemblés derrière une large benne à ordure. L'un d'entre eux jeta un regard vers le jeune homme, puis, voyant qu'il ne faisait apparemment pas partie des cinglés, se reporta vers son petit groupe.
Un hurlement suraigu résonna à l'étage de la maison à droite de David. Il leva la tête, ralentissant la cadence. Dans le silence surnaturel qui suivit le cri, ses pas lui parurent brusquement beaucoup trop bruyants. Il venait de prendre conscience que tous les habitants de la ville n'étaient pas des travailleurs déjà sur l'autoroute au moment de cette vague de folie. Certains dormaient peut-être encore, et quand ils se réveilleraient, grossiraient cette masse de cinglés.
Une vitre éclata, le faisant sursauter. Puis un corps passa au-dessus de sa tête dans une pluie de verre, allant s'écraser sur le béton avec un bruit mat. Le jeune homme leva instinctivement les bras au-dessus de sa tête, et, l'avant-bras de son blouson pas encore déchiré ayant glissé, récolta quelques coupures sur les mains et les poignets. Il les baissa finalement, une fois sûr que le déluge tranchant était passé.
Le cadavre d'une femme en chemise de nuit gisait désormais sur le bord du trottoir, le crâne ouvert, sans doute en ayant percuté le rebord de béton. David détourna vivement les yeux au moment où ils tombaient sur l'ouverture de l'os.
Un homme hurla des paroles incompréhensibles, accoudé à la fenêtre, au milieu des morceaux de fenêtre.
Le jeune homme se contenta d'accélérer une nouvelle fois le pas et entra sur le terrain de foot, laissant le tourniquet produire un grincement sinistre sur son passage.


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