Note de la fic :
Publié le 03/10/2012 à 13:31:01 par Spyko
« Tu peux éviter de faire ça s'il te plaît ? Demanda Laura, une pointe d'appréhension perçant dans sa voix. »
David tourna la tête vers elle puis, hochant la tête, il recula prudemment. L'adolescente s'était tournée vers la suite du toit, comme pour observer le chemin qu'ils avaient à faire. Ses sourcils se rejoignirent brutalement, et elle plissa les yeux.
Le jeune homme s'étonna de sa réaction, puis regarda à son tour, sans comprendre ce qui la perturbait. A part des bouches d'aérations et une sortie d'escalier un peu plus loin, il n'y avait rien de spécial.
« Pourquoi tu fais cette tête ? Demanda t-il finalement. »
« Tu vois pas ? S'étonna t-elle ? »
« Non, qu'est-ce qu'il y a à- »
« Viens par là. »
Il leva les deux mains à plat devant lui pour lui redemander un autre ''pourquoi'', puis les baissa en haussant les épaules, avant d'avancer vers elle.
« Là, tu vois ? »
Il tourna la tête dans la direction qu'elle indiquait et, effectivement, il vit ce qu'il n'avait pas pu voir de là où il était, à cause des obstacles. Un homme se trouvait à une vingtaine de mètres, immobile, regardant l'horizon par-dessus les arbres qui longeaient le portail. Le jeune homme ne l'avait pas vu auparavant, soit parce qu'il venait d'arriver, soit parce qu'il était assis juste avant. En effet, l'inconnu se trouvait sur une portion d'un bon mètre plus basse que le reste du toit, qui se surélevait à nouveau un peu plus loin.
Il était habillé d'une combinaison large et grisâtre, avec des grosses chaussures et quelques mouchoirs dépassant de l'une de ses poches. Il portait une casquette sur sa figure grassouillette, qui jetait de l'ombre sur ses yeux et son nez. Une paire de gants jaunes pendait à sa ceinture. Il avait du venir ici pour vérifier une quelconque bouche d'aération au moment où tout était arrivé.
De part son absence de réactions, il était évident pour les deux jeunes gens qu'il n'était pas ''normal''.
« On y va quand même ? S'inquiéta Laura. »
« Tu veux qu'on fasse quoi sinon... ? »
Ils échangèrent un regard, chacun lisant dans les yeux de l'autre qu'ils n'avaient pas la moindre réponse à cette question. Les deux seules autres solutions étaient de retourner à l'intérieur, ce qui était encore plus dangereux, ou de faire tout le tour du carré formé par les bâtiments du lycée. Cette possibilité aurait été la plus acceptable s'ils n'avaient pas connu la configuration des édifices. En effet, à certains endroits, il leur serait impossible de continuer, en raison d'une trop grande différence de hauteur entre certains toits.
D'un commun accord, ils décidèrent de continuer leur chemin, tout en restant particulièrement prudent lorsqu'ils arriveraient face à l'inconnu.
Ce dernier restait immobile au bord du toit.
David prit les devants, s'arrangeant pour passer le plus à l'opposé possible. Ils enjambèrent un conduit qui courrait au sol, et arrivèrent rapidement à la différence de niveau, démarquée par une barrière. Il n'y avait pas d'escaliers, preuve que cette zone n'était pas faite pour y accueillir des gens, et ils durent donc se laisser tomber un petit mètre en dessous.
Le jeune homme se pencha pour passer en-dessous de la barrière, s'assit sur le petit rebord, et se laissa glisser.
Le claquement de ses semelles sur le béton, à l'atterrissage, lui parut assourdissant.
Et, s'il ne le fut pas réellement, ce son suffit à détourner l'attention du technicien, à moins de dix mètres. D'une simple rotation de la tête, il figea instantanément David dans sa position. Le jeune homme se releva lentement, essayant de contrôler ses tremblements.
Mais l'homme, excepté ce simple mouvement, ne bougea pas plus.
L'étudiant se tourna donc vers Laura, qui s'était elle aussi immobilisée tandis qu'elle franchissait la petite barrière. Ses yeux s'agrandirent de peur, et David pivota à nouveau, avant même qu'elle n'ouvre la bouche pour l'avertir.
« David, fais gaffe ! »
L'inconnu, profitant de ce léger détournement d'attention, s'était jeté vers eux.
Le jeune homme n'eut que le temps de lever les bras devant lui pour atténuer la charge avant d'être percuté de plein fouet. Une impression d'avoir été renversé par un bélier l'envahit tandis qu'il reculait de quelques pas et manquait de s'étaler sur le dos. Il garda juste assez de force pour pivoter légèrement sur le côté et ne pas complètement encaisser le coup, sans quoi il aurait été directement éjecté dans la cour.
Cette portion de toit surplombait une cage d'escalier. Par conséquent, il n'y avait pas de panneaux solaires, et pas de mur incliné. La paroi était tout ce qu'il y a de plus verticale.
Les deux adversaires s'empoignaient à deux pas de la chute, mais le technicien, plus imposant, prenait lentement le dessus, en raison de la fatigue croissante du jeune homme depuis son arrivée dans le train. Il parvenait tout juste à l'empêcher de lui broyer le cou.
A croire que cette merde qu'ils ont attrapé les rend plus fort...
« Laura ! Couina t-il, au moment où les doigts du cinglé se refermaient pour de bon sur sa gorge. »
L'adolescente venait de rejoindre la portion de toit inférieure, mais assistait à la scène, immobile, la bouche entrouverte, les yeux écarquillés. Tentant le tout pour le tout, le garçon décrocha l'une de ses mains du poignet de son agresseur et lui saisit le côté de la tête. Il sentit les larmes lui monter aux yeux et les ferma, avant de faire ce qu'il avait décidé de faire.
Son pouce droit s'enfonça dans le globe oculaire du technicien, qui relâcha sa prise en hurlant.
Puis une petite masse, cheveux virevoltants, le heurta de pleine fouet.
Il trébucha sur le côté, se fit un croche-pied à lui-même, et bascula du toit. Le cinglé hurla pendant la seconde que dura sa chute, et un sinistre craquement mit fin à ses cris. David s'écarta vivement du doigt, secouant frénétiquement sa main droite, et tomba à genoux pour vomir. Seuls quelques fins filets de bile s'écrasèrent sur le béton, et il continua à cracher.
Le simple fait de penser à la sensation qui l'avait envahit lorsqu'il avait enfoncé son doigt dans l’œil du cinglé suffit à le faire frissonner, et il essuya sa main tremblante sur son jean. L'horrible impression ne tarda pas à revenir, et il se releva, essayant de ne plus y penser.
Laura était debout devant le bord.
Le jeune homme revit brièvement la scène, et se rendit compte qu'elle devait être en pire état de choc que lui. C'était elle qui l'avait poussé. Elle qui l'avait tué. Et elle qui m'a sauvé, ajouta t-il mentalement.
David s'approcha doucement d'elle et lui passa un bras protecteur sur les épaules. Elle se contenta de continuer à fixer le cadavre, en bas. Comprenant qu'elle ne s'arracherait pas d'elle-même à la contemplation de son crime, il la fit délicatement pivoter et la serra contre lui.
« T'as pas à t'en vouloir, murmura t-il, t'as fait ce qu'il fallait. »
« Je l'ai tué... couina la jeune fille, ses paroles étouffées contre l'épaule du jeune homme »
« Vu ce qu'il est devenu, ça valait peut-être mieux pour lui. »
Elle ne répondit pas, mais le garçon sentit le tissu de son blouson s'humidifier légèrement à l'endroit où elle avait plaqué son visage. Ne sachant plus trop quoi faire, il lui frotta gentiment le dos en essayant de la réconforter. Le Soleil commençait à être de plus en plus violent à mesure que le temps et la matinée passaient. Le jeune homme n'osait pas lever l'un de ses bras pour regarder sa montre par-dessus l'épaule de l'adolescente, mais il se doutait qu'il ne devait pas être loin de neuf heures et demi.
Les tremblements de Laura ralentirent légèrement, et ses sanglots devinrent plus silencieux. David se risqua à desserrer son étreinte pour lui faire comprendre qu'ils ne pouvaient pas rester indéfiniment.
« Il faut qu'on y aille maintenant, souffla t-il en l'écartant avec douceur. »
La jeune fille leva ses yeux embués de larmes vers lui, les joues inondées. Si son débardeur rose pâle avait eu le temps de sécher depuis qu'il l'avait fait sortir de sa cachette, il était redevenu humide au niveau du col, là où des larmes solitaires avaient coulé le long de son menton. Son regard glissa l'espace d'une seconde derrière l'étudiant, là où le toit s'arrêtait et où le technicien avait fait son saut final quelques secondes auparavant. Le jeune homme posa deux doigts sur sa joue et lui fit tourner légèrement la tête, afin de planter ses yeux dans les siens.
Puis il secoua doucement la tête, une moue désapprobatrice apparaissant très brièvement sur son visage.
Les deux jeunes gens se remirent enfin en route, alors qu'en bas, plusieurs élèves fous se penchaient sur le cadavre du technicien, les yeux emplis d'une implacable lueur d'avidité.
David se hissa sur la portion plus élevée, puis tendit une main à Laura, afin de l'aider à monter. Ils se baissèrent pour passer la barrière, puis avancèrent sur la vingtaine de mètres qui les séparait du couloir vitré reliant les deux bâtiments.
Il y avait une petite ''marche'' entre le toit et la portion plus étroite et plus fragile de cette passerelle, et le jeune homme la descendit prudemment, pour s'assurer que cette surface, non prévue pour accueillir des gens, était assez résistante. La tôle qui la recouvrait ploya très légèrement, mais il y avait sûrement quelque chose de plus en dessous.
« Allez viens, ça devrait aller. »
Laura descendit à son tour, et il la fit passer devant lui.
Alors qu'il pivotait pour la suivre, son regard accrocha un détail, qui lui sembla faire baisser la température de son corps. Un garçon qui ne devait pas avoir plus de quatorze ans et avait probablement sauté une ou deux classes était absorbé par un bras en combinaison grise, qu'il traînait sur le sol en laissant une longue marque rouge sur son passage. Quelques mètres plus loin, plusieurs d'entre eux étaient en train d'éventrer le cadavre du technicien.
Cette vision révulsa à nouveau l'estomac de l'étudiant, qui se promit de ne pas laisser Laura voir ce qu'il était advenu du malheureux.
Il arriva juste derrière elle, et se plaça délibérément à sa droite, de façon à ce qu'elle tourne la tête dans la direction opposée au carnage si elle voulait lui parler. Ensemble, ils atteignirent le toit du bâtiment B, qui était très élevé sur la portion où ils se trouvaient, et devenait brutalement moins haut sur une grande partie, là où se trouvaient cantine et cuisines.
« Comment on va faire maintenant ? S'inquiéta le jeune homme, dont les souvenirs restaient plutôt flous. »
« Je crois qu'il y a des trappes au plafond des escaliers, faut juste la trouver, ça doit pas être trop dur, répondit-elle à mi-voix, son regard balayant les environs. »
Finalement, alors que l'étudiant se penchait pour regarder le long pavé représentant leur destination, l'adolescente l'appela, le menant à une trappe dissimulée entre deux conduits d'aération. Elle s'était déjà accroupie pour défaire les verrous, et poussa un grognement en tirant sur la poignée, soulevant la lourde plaque.
Une échelle pliée apparut bientôt dans l'ouverture, au-dessus d'une autre plaque rouge, qui devait, elle, mener à l'intérieur. Cette fois, ce fut le jeune homme qui s'occupa de tout ouvrir et de laisser tomber l'échelle, avec autant de douceur que possible. Elle provoqua cependant un lourd son métallique en touchant le sol, qui résonna durant quelques secondes dans les escaliers vides, et sombres.
Puis ils se glissèrent dans l'ouverture.
David tourna la tête vers elle puis, hochant la tête, il recula prudemment. L'adolescente s'était tournée vers la suite du toit, comme pour observer le chemin qu'ils avaient à faire. Ses sourcils se rejoignirent brutalement, et elle plissa les yeux.
Le jeune homme s'étonna de sa réaction, puis regarda à son tour, sans comprendre ce qui la perturbait. A part des bouches d'aérations et une sortie d'escalier un peu plus loin, il n'y avait rien de spécial.
« Pourquoi tu fais cette tête ? Demanda t-il finalement. »
« Tu vois pas ? S'étonna t-elle ? »
« Non, qu'est-ce qu'il y a à- »
« Viens par là. »
Il leva les deux mains à plat devant lui pour lui redemander un autre ''pourquoi'', puis les baissa en haussant les épaules, avant d'avancer vers elle.
« Là, tu vois ? »
Il tourna la tête dans la direction qu'elle indiquait et, effectivement, il vit ce qu'il n'avait pas pu voir de là où il était, à cause des obstacles. Un homme se trouvait à une vingtaine de mètres, immobile, regardant l'horizon par-dessus les arbres qui longeaient le portail. Le jeune homme ne l'avait pas vu auparavant, soit parce qu'il venait d'arriver, soit parce qu'il était assis juste avant. En effet, l'inconnu se trouvait sur une portion d'un bon mètre plus basse que le reste du toit, qui se surélevait à nouveau un peu plus loin.
Il était habillé d'une combinaison large et grisâtre, avec des grosses chaussures et quelques mouchoirs dépassant de l'une de ses poches. Il portait une casquette sur sa figure grassouillette, qui jetait de l'ombre sur ses yeux et son nez. Une paire de gants jaunes pendait à sa ceinture. Il avait du venir ici pour vérifier une quelconque bouche d'aération au moment où tout était arrivé.
De part son absence de réactions, il était évident pour les deux jeunes gens qu'il n'était pas ''normal''.
« On y va quand même ? S'inquiéta Laura. »
« Tu veux qu'on fasse quoi sinon... ? »
Ils échangèrent un regard, chacun lisant dans les yeux de l'autre qu'ils n'avaient pas la moindre réponse à cette question. Les deux seules autres solutions étaient de retourner à l'intérieur, ce qui était encore plus dangereux, ou de faire tout le tour du carré formé par les bâtiments du lycée. Cette possibilité aurait été la plus acceptable s'ils n'avaient pas connu la configuration des édifices. En effet, à certains endroits, il leur serait impossible de continuer, en raison d'une trop grande différence de hauteur entre certains toits.
D'un commun accord, ils décidèrent de continuer leur chemin, tout en restant particulièrement prudent lorsqu'ils arriveraient face à l'inconnu.
Ce dernier restait immobile au bord du toit.
David prit les devants, s'arrangeant pour passer le plus à l'opposé possible. Ils enjambèrent un conduit qui courrait au sol, et arrivèrent rapidement à la différence de niveau, démarquée par une barrière. Il n'y avait pas d'escaliers, preuve que cette zone n'était pas faite pour y accueillir des gens, et ils durent donc se laisser tomber un petit mètre en dessous.
Le jeune homme se pencha pour passer en-dessous de la barrière, s'assit sur le petit rebord, et se laissa glisser.
Le claquement de ses semelles sur le béton, à l'atterrissage, lui parut assourdissant.
Et, s'il ne le fut pas réellement, ce son suffit à détourner l'attention du technicien, à moins de dix mètres. D'une simple rotation de la tête, il figea instantanément David dans sa position. Le jeune homme se releva lentement, essayant de contrôler ses tremblements.
Mais l'homme, excepté ce simple mouvement, ne bougea pas plus.
L'étudiant se tourna donc vers Laura, qui s'était elle aussi immobilisée tandis qu'elle franchissait la petite barrière. Ses yeux s'agrandirent de peur, et David pivota à nouveau, avant même qu'elle n'ouvre la bouche pour l'avertir.
« David, fais gaffe ! »
L'inconnu, profitant de ce léger détournement d'attention, s'était jeté vers eux.
Le jeune homme n'eut que le temps de lever les bras devant lui pour atténuer la charge avant d'être percuté de plein fouet. Une impression d'avoir été renversé par un bélier l'envahit tandis qu'il reculait de quelques pas et manquait de s'étaler sur le dos. Il garda juste assez de force pour pivoter légèrement sur le côté et ne pas complètement encaisser le coup, sans quoi il aurait été directement éjecté dans la cour.
Cette portion de toit surplombait une cage d'escalier. Par conséquent, il n'y avait pas de panneaux solaires, et pas de mur incliné. La paroi était tout ce qu'il y a de plus verticale.
Les deux adversaires s'empoignaient à deux pas de la chute, mais le technicien, plus imposant, prenait lentement le dessus, en raison de la fatigue croissante du jeune homme depuis son arrivée dans le train. Il parvenait tout juste à l'empêcher de lui broyer le cou.
A croire que cette merde qu'ils ont attrapé les rend plus fort...
« Laura ! Couina t-il, au moment où les doigts du cinglé se refermaient pour de bon sur sa gorge. »
L'adolescente venait de rejoindre la portion de toit inférieure, mais assistait à la scène, immobile, la bouche entrouverte, les yeux écarquillés. Tentant le tout pour le tout, le garçon décrocha l'une de ses mains du poignet de son agresseur et lui saisit le côté de la tête. Il sentit les larmes lui monter aux yeux et les ferma, avant de faire ce qu'il avait décidé de faire.
Son pouce droit s'enfonça dans le globe oculaire du technicien, qui relâcha sa prise en hurlant.
Puis une petite masse, cheveux virevoltants, le heurta de pleine fouet.
Il trébucha sur le côté, se fit un croche-pied à lui-même, et bascula du toit. Le cinglé hurla pendant la seconde que dura sa chute, et un sinistre craquement mit fin à ses cris. David s'écarta vivement du doigt, secouant frénétiquement sa main droite, et tomba à genoux pour vomir. Seuls quelques fins filets de bile s'écrasèrent sur le béton, et il continua à cracher.
Le simple fait de penser à la sensation qui l'avait envahit lorsqu'il avait enfoncé son doigt dans l’œil du cinglé suffit à le faire frissonner, et il essuya sa main tremblante sur son jean. L'horrible impression ne tarda pas à revenir, et il se releva, essayant de ne plus y penser.
Laura était debout devant le bord.
Le jeune homme revit brièvement la scène, et se rendit compte qu'elle devait être en pire état de choc que lui. C'était elle qui l'avait poussé. Elle qui l'avait tué. Et elle qui m'a sauvé, ajouta t-il mentalement.
David s'approcha doucement d'elle et lui passa un bras protecteur sur les épaules. Elle se contenta de continuer à fixer le cadavre, en bas. Comprenant qu'elle ne s'arracherait pas d'elle-même à la contemplation de son crime, il la fit délicatement pivoter et la serra contre lui.
« T'as pas à t'en vouloir, murmura t-il, t'as fait ce qu'il fallait. »
« Je l'ai tué... couina la jeune fille, ses paroles étouffées contre l'épaule du jeune homme »
« Vu ce qu'il est devenu, ça valait peut-être mieux pour lui. »
Elle ne répondit pas, mais le garçon sentit le tissu de son blouson s'humidifier légèrement à l'endroit où elle avait plaqué son visage. Ne sachant plus trop quoi faire, il lui frotta gentiment le dos en essayant de la réconforter. Le Soleil commençait à être de plus en plus violent à mesure que le temps et la matinée passaient. Le jeune homme n'osait pas lever l'un de ses bras pour regarder sa montre par-dessus l'épaule de l'adolescente, mais il se doutait qu'il ne devait pas être loin de neuf heures et demi.
Les tremblements de Laura ralentirent légèrement, et ses sanglots devinrent plus silencieux. David se risqua à desserrer son étreinte pour lui faire comprendre qu'ils ne pouvaient pas rester indéfiniment.
« Il faut qu'on y aille maintenant, souffla t-il en l'écartant avec douceur. »
La jeune fille leva ses yeux embués de larmes vers lui, les joues inondées. Si son débardeur rose pâle avait eu le temps de sécher depuis qu'il l'avait fait sortir de sa cachette, il était redevenu humide au niveau du col, là où des larmes solitaires avaient coulé le long de son menton. Son regard glissa l'espace d'une seconde derrière l'étudiant, là où le toit s'arrêtait et où le technicien avait fait son saut final quelques secondes auparavant. Le jeune homme posa deux doigts sur sa joue et lui fit tourner légèrement la tête, afin de planter ses yeux dans les siens.
Puis il secoua doucement la tête, une moue désapprobatrice apparaissant très brièvement sur son visage.
Les deux jeunes gens se remirent enfin en route, alors qu'en bas, plusieurs élèves fous se penchaient sur le cadavre du technicien, les yeux emplis d'une implacable lueur d'avidité.
David se hissa sur la portion plus élevée, puis tendit une main à Laura, afin de l'aider à monter. Ils se baissèrent pour passer la barrière, puis avancèrent sur la vingtaine de mètres qui les séparait du couloir vitré reliant les deux bâtiments.
Il y avait une petite ''marche'' entre le toit et la portion plus étroite et plus fragile de cette passerelle, et le jeune homme la descendit prudemment, pour s'assurer que cette surface, non prévue pour accueillir des gens, était assez résistante. La tôle qui la recouvrait ploya très légèrement, mais il y avait sûrement quelque chose de plus en dessous.
« Allez viens, ça devrait aller. »
Laura descendit à son tour, et il la fit passer devant lui.
Alors qu'il pivotait pour la suivre, son regard accrocha un détail, qui lui sembla faire baisser la température de son corps. Un garçon qui ne devait pas avoir plus de quatorze ans et avait probablement sauté une ou deux classes était absorbé par un bras en combinaison grise, qu'il traînait sur le sol en laissant une longue marque rouge sur son passage. Quelques mètres plus loin, plusieurs d'entre eux étaient en train d'éventrer le cadavre du technicien.
Cette vision révulsa à nouveau l'estomac de l'étudiant, qui se promit de ne pas laisser Laura voir ce qu'il était advenu du malheureux.
Il arriva juste derrière elle, et se plaça délibérément à sa droite, de façon à ce qu'elle tourne la tête dans la direction opposée au carnage si elle voulait lui parler. Ensemble, ils atteignirent le toit du bâtiment B, qui était très élevé sur la portion où ils se trouvaient, et devenait brutalement moins haut sur une grande partie, là où se trouvaient cantine et cuisines.
« Comment on va faire maintenant ? S'inquiéta le jeune homme, dont les souvenirs restaient plutôt flous. »
« Je crois qu'il y a des trappes au plafond des escaliers, faut juste la trouver, ça doit pas être trop dur, répondit-elle à mi-voix, son regard balayant les environs. »
Finalement, alors que l'étudiant se penchait pour regarder le long pavé représentant leur destination, l'adolescente l'appela, le menant à une trappe dissimulée entre deux conduits d'aération. Elle s'était déjà accroupie pour défaire les verrous, et poussa un grognement en tirant sur la poignée, soulevant la lourde plaque.
Une échelle pliée apparut bientôt dans l'ouverture, au-dessus d'une autre plaque rouge, qui devait, elle, mener à l'intérieur. Cette fois, ce fut le jeune homme qui s'occupa de tout ouvrir et de laisser tomber l'échelle, avec autant de douceur que possible. Elle provoqua cependant un lourd son métallique en touchant le sol, qui résonna durant quelques secondes dans les escaliers vides, et sombres.
Puis ils se glissèrent dans l'ouverture.