Note de la fic : :noel: :noel: :noel:

Novels Dynamic


Par : MassiveDynamic
Genre : Sentimental, Réaliste
Statut : C'est compliqué



Chapitre 5 : Blue


Publié le 16/11/2010 à 20:24:52 par MassiveDynamic



Les heures et les minutes. Elle s'amusent avec moi. Il est midi et douze minutes. Il est quatorze heure et quatorze minutes.
Je savais que j'allais penser ça. Une étrange impression me traverse. Déjà-vu ? Eux, je ne les vois pas. Je les entends, simplement. La nuit, quand j'essaie de m'endormir. Mais ce ne sont que des interférences radio qui proviennent de mes enceintes restées allumées. J'essaie de me rendormir. Il est une heure et une minute. Cela fait des mois que je ne trouve plus ça drôle. Ca n'est pas une coïncidence. Ces impressions de déjà-vu non plus. Les bruits le sont encore moins. Je suis sûr qu'il y a une explication. Peut-être est-ce enfin le signe divin que j'attends ? La chose qui me rendra spécial, au dessus de tous ?

Il m'arrive, quand je rentre du travail, de frôler la névrose. Dans des rues en damiers, je ne dois jamais toucher les lignes. Toujours les cases. Marcher dans les cases. Pas les lignes. Jamais. Ca serait comme diviser par zéro. Ou répondre par "42". Lorsque je mange, j'ai horreur d'être dérangé. Encore plus d'avoir à parler. L'éloquence n'est pas de mise pendant la restauration. Le repas est un réconfort, entretenir une conversation pendant brise le sacré du repas, et un en-cas plus tard dans la nuit en est la triste conséquence.

J'ai horreur de la haute pression quand je dois me doucher. Toujours des jets. C'est moins bruyant, plus agréable. Mais c'est problématique. J'entends sa voix. Je n'ai pas encore trouvé d'explication à ce propos. Les heures et minutes synchronisés ? Mon subconscient, son doute. Les murmures parasités ? Des interférences. L'impression de déjà-vu ? Non, je ne viens pas du futur. Simplement un mécanisme du cerveau encore incompris. Sa voix ? Je n'en sais rien. Elle est aussi limpide et claire que l'époque où elle était encore de ce monde. Ca me rappelle cette vieille histoire sur les doppelgängers. Un fou qui, refusant le décès de sa promise, se convainc qu'une entité parfaitement identique à sa défunte épouse existe et s'évertue à trouver le moyen de la trouver.

Charlie Chaplin a-t-il filmé un téléphone portable en 1928 ?

La terre est-t-elle creuse ?

Sommes-nous dominés dans l'ombre par un groupuscule tout puissant ?

Et il y a-t-il eu une civilisation avancée bien avant la notre ?

Non. Évidemment. Et il en est de même pour tout ce qui demeure inexplicable. La voix que j'entends, celle d'un défunt ? Oui.

Il est dix-huit heures dix-huit. Une chance sur soixante, mathématiquement, les chances sont minces.
Jetez une pièce en l?air en ayant auparavant fait le choix du pile ou de la face, sur 60 fois vous devrez obtenir 59 fois le mauvais choix et une fois le bon, et inversement.
Non, vous n?y parviendrez jamais c?est mathématiquement impossible.

Pour moi et depuis longtemps quand un choix se présente, j'opte toujours pour le mauvais. C'est peut-être cette suite de mauvais choix qui m'a fait débouché sur ce métier de merde, dont la seule perspective de promotion est... inexistante ? Un simple travailleur à l'usine. Je répète encore et encore les mêmes gestes. Pas besoin d'un cerveau pour exécuter deux mouvements. Cela ne m'étonnerait même pas que notre main d'oeuvre soit remplacée par des robots d'ici une décennie. Puis, à défaut d'être remplacé par des robots, ce sera un inconnu qui résidera là où je me tiens, quand je quitterai à mon tour ce monde là qui n'est pas le mien.

Je n'ai pas d'enfants. Je ne les aime pas. Je n'aime pas ceux des autres, en tout cas. Ils sont bruyants, bougent partout, sont insupportables. Les miens n'auraient pas été ainsi. Parce qu'ils auraient été ma descendance. Mes gênes. Mon sang. Une partie de moi, et j'aurai pu vivre à travers eux. Elle aussi, aurait pu continuer à vivre à travers leur respiration. Mais nous n'avons même pas eu le temps d'y penser. Bientôt, je ne penserai plus à rien non plus.

Mon médecin m'a prévu. Paranoïa, démences, effets secondaires multiples, hallucinations, en plus de mon deuil toujours pas terminé... Ces effets sont normaux étant en thérapie. Chimiothérapie. Inutile, elle n'a servi qu'à retarder l'échéance. Je meurs bientôt, elle est morte pour rien. Mon coeur s'arrêtera bientôt, et le sien aussi. Au sens propre du terme. J'étais déjà gravement atteint, elle a donné sa vie pour moi. Son coeur, et bientôt, il cessera de battre. J'ai survécu à une transplantation périlleuse mais on ne fuit pas son destin. Le plus rageant dans tout ça ? Pas que je travaille encore alors que je suis mourant non, ça m'occupe. Elle a donné sa vie pour rien. Pour me laisser souffrir encore plus ici bas, et sans elle à mes côtés. Ne plus sentir son souffle, ne plus l'apercevoir, ne plus entendre sa voix... ou, du moins, sa vraie voix. Un souvenir, elle n'est plus qu'un souvenir, et bientôt, elle ne sera plus rien, emportée avec moi par le temps.

Il est vingt-deux heures vingt-deux. J'ai des sueurs froides et une perception alternée. L'oeuf ou la poule ? Un jus d'orange ou un verre de lait au petit déjeuner ? Se lever pour travailler ou rester dans son lit et dormir sans se soucier des conséquences ?

Mourir maintenant ou se battre encore un peu ?

La voix que j'entends, celle d'un défunt ? Non. Hallucination auditive normale après un deuil difficile. Il n'y a pas d'après. Une fois mort, on tombe dans l'oubli. La vie est un trophée de chasse, et il faut le remplir du plus de proies possible.


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