Note de la fic :
Novels Dynamic
Par : MassiveDynamic
Genre : Sentimental, Réaliste
Statut : C'est compliqué
Chapitre 3 : Un Jour D'Automne
Publié le 02/10/2010 à 23:01:37 par MassiveDynamic
Nous sommes tellement habitués à nos petites vies, si convaincus que nous sommes uniques qu'au fond de nous-mêmes nous ne croyons pas vraiment qu'il puisse nous arriver quelque chose de nature à tout bouleverser. Et il n'est pas nécessaire que ce soit une attaque par des inconnus, ça je l'ai compris. Tout peut finir, se retourner, changer, à chaque instant.
C’était le premier jour d’automne, si vous voulez, ou le 13 septembre, peu importe, c’est pareil. Une nuit sans musique, pour accroître la confusion.
Mes pensées vagabondaient dans ce silence mortuaire. Elles s'attiraient, se croisaient, s'entremêlaient, se réunissaient en une entité, et je pris conscience de mon corps, des battements rythmés de mon cœur, d'une légère démangeaison au cuir chevelu, d'un tic imperceptible au coin de la paupière, du contact rugueux des draps sur ma peau.
Une ample inspiration souleva ma poitrine et j'ouvris les yeux.
J'émerge du sommeil la tête lourde et la bouche amère. Je ne sais pas où je suis. Pourtant, j'ai pleinement conscience de qui je suis. Horn, un étudiant intérimaire en période de vacances. En pleine classe prépa. Du moins, jusqu'à hier. Je balaie la pièce du regard. Je suis allongé au beau milieu d'une pièce totalement vide. Une simple fenêtre filtrant la lumière, une porte qui me fait face, et des murs blancs, sur fond de sol et plafond neutres. Rien en sort de l'ordinaire. Je me relève doucement. J'étais allongé dans un lit. Un simple lit, posé là, au beau milieu de la pièce. Seul objet qui portait le poids de mon corps tout entier. En me grattant la nuque, je remarque la présence d'un collier. Je déboutonne ma chemise, puis remarque une clé attachée à ce même collier qui manifestement ne m'appartenait pas. L'examinant sous tous les angles, elle ne porte que le numéro cent-huit, et un mot gravée de façon minuscule le long de la clé ; "Catharsis". Instinctivement, je fouille les poches de mon jean, puis retire mes baskets pour en fouiller l'intérieur. Rien du tout. Pas même mes papiers d'identité. Me serais-je fait volé ? Kidnappé ? Je ne sais pas. Je plonge ma main dans la poche droite de ma chemise tout en fixant la porte. Rien. Mon portable n'y est plus. A cours de solution, j'avance avec appréhension vers la dite porte, puis m'arrête.
Je tends l'oreille, mais je n'entends absolument rien. Pas le moindre bruit. J'ouvre la porte, et la porte heurte le mur poussée par une bourrasque de vent fracassante. Le soleil m'aveugle, et je reconnais la rue Clemenceau. C'est ici que j'avais passé toute mon enfance. Avant de déménager. Quelque chose cloche. Je n'habite plus en France depuis bien longtemps. Mes yeux vagabondent, je revois les lieux où, enfant, j'aimais me promener. Entrant dans un parc orné de réverbères tout le long du chemin, j'observe les arbres perdre leurs feuilles. C'est le début de l'automne. Les enfants courent, crient, insouciants, tout autour de moi. Leurs parents les suivent. Cet endroit, je le connais par coeur. C'était là que je jouais tout le temps, avec mon père. Je me souviens de cette journée où il avait spécialement pris congé à l'usine pour la passer avec moi. Partageant un même instant de bonheur.
En observant les gens autour de moi, je songe à les interpeller pour pouvoir leur demander de passer un coup de fil. Mais ils semblent si heureux dans leur monde, je ne préfère pas les déranger. Je continue ma marche, les minutes passent, et je débouche sur un pont. Le Pont des Damnés. Un nom bien sombre pour un si bel endroit. Pont encerclé par les rives et l'eau dans sa globalité. Je me souviens également de ce chemin. Ce pont conduit à l'endroit où ma mère m'avait emmené, pendant cette journée d'automne. Le treize septembre.
Les passants se faisaient de plus en plus rares, à vrai dire. Je commençais à me demander où tout cela pouvait bien me mener. Le temps s'était couvert, et une averse commença à s'abattre alors que je m'enfonçais dans la forêt. Je traversais les sentiers depuis plusieurs dizaines de minutes, quand enfin, je mis un terme à cette ridicule progression.
Je fixe cette clé, à nouveau. "108", "Catharsis"... Rien d'autre. Je ne comprends pas. Et, de plus, je n'ai pas demandé la moindre aide depuis que j'ai quitté la pièce. Pas prononcé le moindre mot. Et des souvenirs commencent à remonter. Je reconnais ce lieu reculé, en forêt. Qui se dresse devant moi. Je venais de remarquer que je m'étais arrêté devant une maison. La maison. La maison, où, le 13 septembre, c'est arrivé. En même temps que l'automne. Des feuilles tombaient, mais pas seulement.
La maison, c'était un espèce de chalet, tout en bois, des buches de bois pour l'hiver encerclaient la bâtisse. Je pataugeais dans la boue et la pluie était devenue un vrai calvaire. Arrivé devant la porte, je poussais la poignée. Mais rien à faire. La porte ne s'ouvrait pas. J'avais beau frapper pour que quelqu'un m'ouvre, donner de grands coups d'épaule, tenter de la défoncer à coups de pied, rien à faire. Puis j'eus compris. Je jetais un dernier regard à la clé, retirais le collier de mon cou, et enfonçais l'artefact dans la serrure. Après une profonde inspiration, je poussais. La porte s'ouvrit. Et j'expirais.
Mes yeux se ferment. Je me souviens.
"Vous vous souvenez, Horn ? "
Allongé sur le divan, je réponds à mon interlocuteur.
"Je me souviens. L'hôtel. La chambre d'hôtel. Et comment mon père l'a tuée, sous mes yeux. Je me souviens de tout. "
"Et apparemment, vous êtes guéri. "
Me lance mon psychanalyste.
" 39 séances de méthode carthatique, et enfin, vous vous êtes libéré de cette maudite pièce. Vous avez vécus vos souvenirs, votre jeunesse, en l'espace de quelques minutes. Dès l'instant où vous avez quitté votre pièce, toujours sous état d'hypnose, vous vous êtes imprégné de votre jeunesse. Qui vous étiez n'avait plus d'importance. Seul comptait la vérité. Ce qu'il s'était passé ce jour-là. Et, pourquoi, ce 13 Septembre, vous aviez perdu l'usage de la parole. "
Fier de lui, il m'enlace amicalement et avec compassion après avoir découvert mon passé, mon drame, et bien qu'enfin à nouveau capable de parler, je ne dis rien, trop bouleversé par l'émotion.
C'était le 13 septembre, première journée d'automne. Le jour où mon innocence est morte. Le jour où ma voix a hiberné. Le jour où, d'une certaine façon, ma vie a basculé.