Note de la fic : :noel: :noel: :noel:

Novels Dynamic


Par : MassiveDynamic
Genre : Sentimental, Réaliste
Statut : C'est compliqué



Chapitre 10 : Un Cri Court Dans La Nuit


Publié le 12/06/2011 à 00:10:23 par MassiveDynamic

C'était l'hiver, la neige était abondante et je travaillais comme guide dans les montagnes, aidant les randonneurs et les esprits aventuriers à suivre le bon chemin. Évidemment, avec la saison, beaucoup de touristes, que ce soit des skieurs ou des randonneurs, venaient y passer leurs vacances. Je passais donc naturellement plusieurs nuits de suite dans les refuges en montagne, des chalets, sorte de points de repères pour les randonneurs égarés. J'étais relayé tous les trois jours par un autre guide, et aujourd'hui, je passais ma dernière nuit en montagne, mon stage étudiant touchant à sa fin. Je profitais donc pour la dernière fois de la brise fraiche montagnarde sous un soleil couchant. Quand la nuit fut tombée, j'allumai la lanterne raccordée à une poutre extérieure au chalet, et je m'assis au bord de mon lit, un livre dans les mains, tout en contemplant la lune. La fatigue me gagnait petit à petit, et, l'esprit apaisé par mon travail touchant à sa fin et cette douce nuit de grâce, je préparais mon lit pendant que mon thé chauffait. Le thé m'avait été laissé gracieusement par mon collègue. Un idéal breuvage pour passer des nuits tranquilles. Je contemplais toujours de temps en temps le clair de lune. L'astre semblait avoir de légères teintes rougeâtres. Une tempête de neige ne tarda pas à se lever au fil que le temps passait.

Je dégustais mon thé sur ma table de chevet, en profitant pour communiquer via radio avec l'autre refuge. Lorsque mon interlocuteur répondit, il du bien y avoir vingt bonnes secondes de silence radio. Je parlais, mais il ne répondait pas. Puis vint un souffle roque. Tellement amplifié par l'émetteur qu'il en sorti un son grésillant, presque macabre. Intrigué, je sirotais le fond de mon thé, comme pour me rassurer d'une quelconque manière. Puis finalement, une voix se fit entendre. Et ça n'était pas mon collègue. Il n'eut le temps que de me prévenir qu'il le remplaçait, puis la transmission prit fin. Probablement la tempête de neige qui brouillait les communications. Je me mis bien au chaud sous la couette, après avoir éteint toutes les lumières et avoir tiré les rideaux, masquant au passage la lune rouge. Je pressais l'interrupteur au bord ma table de chevet pour tout éteindre puis m'endormis. La nuit passa aisément, je n'avais que quelques bribes d'un lointain cauchemar, où quelque chose me regardait fixement dans une pièce vide. Cependant, dès mon réveil, un détail me dérangea. J'avais froid, excessivement froid. Je mis instinctivement la main vers mon bas ventre pour me couvrir, mais au lieu de ma couverture, c'est ma cuisse que je touchais. Plongé dans l'obscurité, je tâtais autour de moi pour la ramasser, elle avait du tomber sur le sol. Mais j'heurtais le parquet sans baisser mon bras. J'étais déjà sur le sol. J'eus une soudaine montée d'adrénaline. Me relevant en m'appuyant au sol, je tâtais tant bien que mal les murs du chalet. Lorsque j'atteignis enfin l'interrupteur, j'eus quelques secondes d'appréhensions. Mais je me décidai finalement à appuyer. Il n'y eut pas de lumière. En revanche, un cri perçant et lointain retentit. Un cri de douleur et d'effroi, comme si la personne venant d'hurler vivait son pire cauchemar. Et, à ce moment précis, je commençais à avoir peur. La peur subite qui vous donne une boule au ventre, cette peur là. L'effet ne dure généralement que deux secondes, par effet de surprise, mais moi, ce sentiment, cette sensation, c'était persistent. Je n'avais aucune idée de ce qu'il se passait. Mon bras continuait de longer les murs. Je finis par atteindre les rideaux. D'un coup déterminé, je les tirai de toutes mes forces. La lumière jaillit, éclairant toute la pièce. C'était bien le chalet, oui. Mais il était vide. Pas le moindre meuble. Pas le moindre, non, sauf évidemment une radio. Ca n'était pas mon chalet, mais celui de mon collègue. Je me trouvais dans le chalet de mon collègue. C'était impossible. Une trop grande distance les séparait l'un de l'autre.

Je jetai un rapide coup d'oeil à l'extérieur à travers la fenêtre. La tempête était toujours aussi intense, et il était impossible de voir quoi que ce soit à présent. Néanmoins, il faisait jour. Je repris place dans le chalet et alluma la radio pour essayer d'en savoir plus. Le remplaçant était forcément venu à ma rencontre pour me raccompagner, il a donc du trouver mon refuge vide et se poser des questions. Je me mis à émettre un signal de détresse, mais personne ne répondait. En revanche, je me mis à capter un signal émis en continu. Cette fois-ci, pas la moindre respiration, juste un silence. Un silence pesant.

Je suais à grandes gouttes, stressé par une situation impossible et inhabituelle. J'étais seul, isolé du monde, incapable de communiquer avec qui que ce soit à cause de ce blizzard, et plongé dans une peur nouvelle. Je m'assis au coin gauche de la pièce, recroquevillé, avec le seul bruit du vent comme compagnie. Je ne peux pas me rappeler combien de temps j'étais resté dans cet état second, mais c'est un signal de détresse qui m'extirpa de cette stase prononcée. Inquiet, je fis quelques réglages sur l'appareil pour capter correctement le signal.

<< Refuge un, répondez ! La station est injoignable, il se passe quelque chose, je suis blessé, je/ >>

Une coupure interrompit la communication. Je ne pouvais que recevoir ses messages audios, mais il m'était impossible d'y répondre. Les intempéries brouillaient les communications. Néanmoins, j'essayais tant bien que mal de recoller les morceaux avec les bribes que j'entendais.

<< Les boutons sont/

...mort, je répète, Greg, celui que je remplace, est mort ! J'ai appuyé deux fois et/

Je suis enfermé/

>>

Mon sang bouillonnait, quand bien même le froid, j'étais chaud, rouge, j'avais des bouffées de chaleur, des nausées. Je courus instinctivement vers la porte, tentant de l'ouvrir. En vain. J'étais enfermé. Prisonnier. L'homme avait évoqué les boutons, par conséquent, je pressais de nouveau sur l'interrupteur qui avait provoqué le précédent cri. Ce bouton, où se trouvait ma table de chevet. Mais cette fois-ci, il ne se passa rien.

Je captais fréquemment des morceaux des messages du remplaçant. Cela semblait avoir été enregistré il y a des heures, voir même pendant la nuit, et je ne les recevais tous d'un coup que maintenant. Le temps d'une minute, je fus pris d'une rage incontrôlable et me mis à mettre d'énormes coups de pied contre la porte et la fenêtre. Mais rien à faire, j'étais définitivement bloqué. Désemparé, je me mis à terre, écoutant les messages qui continuaient d'émettre.

<< Ca vient de la station/ ils sont ici depuis la nuit des temps/
Protégés par /
Ne touchez pas au bouton/ >>

Des heures passèrent sans que la moindre transmission n'émette. Cela devait être le milieu de l'après-midi. Ou le début. Je ne savais plus. Agare, je fixais le sol, d'un faciès neutre. Puis, de nouveau, un message se fit entendre. Parfaitement clair, cette fois.

<< Si vous interceptez ce message, surtout écoutez-moi, car ça sera le dernier. Ils peuvent entendre nos transmissions, donc je serai bref. Des choses vivent ici, je veux dire, dans les environs. Maintenant, je vous en supplie, si vous êtes encore dans les alentours, fuyez. Ne restez pas ici. Ne veillez plus, ne vous aventurez plus dans ces lieux. Et, surtout, je m'adresse particulièrement au refuge un. Surtout, n'appuie pas sur le bouton. Ne fais pas mon erreur. Si tu appuies une fois, ils t'enlèvent pendant ton sommeil. Ils te déplacent pour te mettre dans un lieu similaire au tien. Quand tu appuies une deuxième fois, un autre malheureux, capturé, se fait tuer par ta faute, par eux. Et quand tu appuies une troisième fois... Oh, mon pauvre, si tu as fait mon erreur... ne te regarde pas dans une glace. >>

il n'y a pas de mot pour décrire ce qui suivit, alors je serai bref. Mes yeux croisèrent mon reflet, dans la fenêtre. Et je vis à nouveau la lune. La lune rouge. Mais il faisait jour. Et elle était dans mon dos.


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