Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

L'achèvement d'une ère.


Par : Spyko
Genre : Action, Science-Fiction
Statut : Terminée



Chapitre 53 : Sur les ruines.


Publié le 07/04/2012 à 17:49:36 par Spyko

Lorsque le soleil apparut enfin, je me détendis légèrement, espérant que cela signerait la fin de la proximité des nécromorphs. Le cadavre de celui qui était entré gisait toujours, affalé contre le mur. J'étais exténué, n'ayant pas pu me reposer de la nuit. Marchant au ralenti, je m'approchais du corps, et le retournai. L'extrémité du manche de mon couteau était à peine visible. Je poussai un peu sur la partie qui dépassait de la mâchoire de la créature, suffisamment pour que je puisse saisir une partie de l'arme.
Fermant les yeux de dégout, je l'attrapai entre deux doigts pour la sortir de la cavité osseuse, puis, lorsque le manche fut un peu plus à l'extérieur, m'en saisis à pleine main. Le poignard était couvert d'une substance gélatineuse et répugnante, accompagnée de divers fluides vitaux. Frissonnant, j'achevai d'extraire le couteau, et le jetai par-terre, avant de m'essuyer les mains. Je débarrassai l'arme de la couche gluante qui la recouvrait, et la rangeai dans son étui.
Je ne voulais pas me risquer à aller dehors. Les journées risqueraient d'être longues, mais mieux valait s'ennuyer à mourir que de passer l'arme à gauche en ayant été imprudent. Je m'assis donc dans un coin, laissant le temps me filer entre les doigts.

Deux jours passèrent ainsi. Tous aussi monotones, affreusement longs, et ponctués par la voix qui ne cessait de me harceler. Elle semblait néanmoins s'être réduite, et je n'eus aucune hallucination pendant cette période. Les deux nuits qui s'étaient écoulées avaient été plutôt calmes, et aucun nécromorph n'était plus revenu devant ma caverne. Le cadavre, lui était toujours là, pourrissant sur place, et inondant désormais la grotte d'une odeur immonde.
Ce fut d'ailleurs elle qui me força à quitter ma tanière, pour trainer le corps en train de se décomposer de manière alarmante à l'extérieur. Arrivé à une dizaine de mètres de ma caverne, le bras que je tirai céda finalement, me laissant avec une griffe impressionnante entre les mains. Je la lâchai, et regardai les alentours. De la chair putréfiée resta collée à mes paumes, et je m'en débarrassai avec hâte.
Mon dernier ''repas'' remontait à la veille, et je commençai à avoir un creux dans l'estomac. Néanmoins, maintenant que j'étais sorti, je décidai qu'il fallait que j'essaie de prendre l'air, afin d'éviter de rester cloitré au même endroit, à attendre de crever de solitude. Je grimpai donc le sentier qui menai à la chapelle, évitant les divers blocs jetés deux nuits auparavant. Arrivé aux bâtiments, je me mis à escalader un peu les ruines, afin d'analyser un peu les alentours.
Perché sur les restes d'une petite tour, je laissai mon regard dériver. Loin, très loin, je distinguai la minuscule forme, extrêmement vague, du site de construction. Seule la silhouette du vaisseau, tellement imposant, semblait se détacher du reste. Mon regard plongea vers l'endroit où gisait le nécromorph, une vingtaine de mètres plus bas. Je fus brutalement saisi d'une envie irrépressible de sauter.
Je fis un pas et commençai à me pencher en avant, quant je revins à la surface. Je m'aperçus à quel point je m'étais avancé, et reculai brutalement, le souffle court. Je m'éloignai autant que possible du précipice, juste à temps pour ne pas vaciller à cause d'un nouveau choc mental. La douleur fut assez forte pour que je pense un instant que j'allais basculer des décombres de la tour, mais je tombai simplement sur la roche.

*Cesses de résister! Pourquoi continuer à te battre?*
« Parce que j'ai encore une chance...., grognais-je d'une voix plaintive. »
*Faux! Tout le monde te déteste maintenant, ils croiront que c'est toi qui l'a tuée, TOI!*
« Il y a eu des témoins... Ils ont vu que c'était elle qui avait l'arme! »
*Ces témoins sont MORTS! Tu les as vu Alex, tu le sais. La condition de ton retour est d'être sain d'esprit. Crois-tu que tu le paraitra?*
« Si tu me fous la paix, alors oui ils le croiront! »

Cette dernière phrase était prononcée en l'air. Ce n'était pas une quelconque manifestation surnaturelle qui m'agressait et me poussait au suicide. C'était moi. Personne d'autre. A peu près... Ce fragment... En le tenant ne serait-ce que dix secondes, j'avais eu l'impression que les rescapés avançaient vers nous armés de couteau, et j'avais failli ouvrir le feu. Et je l'avais repris peu de temps après...
La pensée que je ne m'étais pas débarrassé du fragment, mais que j'avais seulement cru le faire m'effleura, mais je la repoussai. C'était impossible, un contact aussi long avec cette pierre m'aurait fait exécuter mes amis uns par uns, et nous avions de toute manière été fouillés au bunker. Je me relevai prudemment, toujours perché sur ma tour. La montagne derrière dissimulait une grande partie du paysage, mais pas tout.
D'autres collines aussi hautes se dressaient plus loin, formes vagues de plusieurs centaines de mètres dans l'horizon. J'aurais continué à observer les alentours, si je n'avais pas eu l'impression d'en voir une bouger. Je clignai des yeux, hébété. Encore une petite hallucination, il était impossible qu'une montagne bouge. Et même si j'avais cru voir un nécromorph, même notre dragon ne dépassait pas la soixantaine de mètres.

*Ils mutent..., susurra la voix avant de s'évanouir à nouveau.*

Je revis toutes ces créatures, qui devenaient toujours plus organisées, plus puissantes et plus résistantes. Et la question inévitable se posa. A partir d'un tas de cadavres, la bactérie avait muté de manière à créer des cocons de chair, qui avaient fusionné pour donner cette gigantesque créature ailée. Pourquoi n'aurait-il pas continué à muter?
Je descendis, essayant de reprendre un peu mes esprits, et faire sortir toutes ces idées de ma tête. De toute manière, peu importe ce qui arriverait, je n'étais pas dans le site, et je n'y serais pas avant deux jours et demi au minimum. Ma priorité était de rester en vie, et je chassai donc les images de mes amis, qui venaient juste d'entrer dans ma tête. Mon estomac commençait sérieusement à manifester son mécontentement, et je me dirigeai vers ma caverne.
Un rugissement me stoppa net. Durant une seconde, je cru qu'une brute était dans les parages. Mais ce n'était pas ça. Le cri avait été incroyablement puissant et grave, mais en même temps, lointain. Je déglutis avec peine. Cette fois, il n'y avait aucun doute possible. La créature était bel et bien de retour, et surement plus dangereuse que jamais. Restait à savoir combien de temps s'écoulerait avant qu'elle ne passe à l'attaque.

J'achevai ma descente, et regardai le cadavre qui gisait plus loin. Il s'en échappait toujours une odeur de putréfaction insoutenable Je vis alors que la main que j'avais involontairement arraché se déplaçait légèrement. Quelques secondes après, une sorte de petit parasite le quitta, et disparut dans l'ombre d'un buisson rabougri. Je clignai des yeux, essayant de savoir si j'avais bien vu, puis tournai la tête vers la grotte.
A l'aide de la lumière du jour, je vis que l'endroit où je m'étais tapi pour la nuit grouillait de ces créatures étranges. Je sortis mon couteau et m'en approchai, pas à pas. La masse mouvante était constituée d'une vingtaine de ces sortes de morceaux de chair ambulants, à mi-chemin entre des gros cafards et des étoiles de mer. L'un d'eux s'écarta du groupe et sauta directement sur moi. A l'endroit où il atterrit, je ressentis une vive douleur, et l'en chassai vivement.
Il tomba au sol et resta là, inerte. J'en profitai pour le réduire en bouillie avec mon couteau. Les autres s'immobilisèrent eux aussi, et je craignis qu'ils ne me sautent tous dessus en même temps. Mais rien de cela ne se passa. Conscient du danger que représentaient ces créatures, et j'approchai, et finis par taillader violemment tout ce qui s'y trouvait.
Durant plusieurs minutes, je m'acharnai sur ce qui n'était plus qu'un tas de petites chairs difformes, les réduisant en charpie de ma lame, même après qu'ils ne soient plus devenus que des microscopiques morceaux entassés et puants. Lorsque j'arrêtai enfin, à genoux, le front couvert de sueur, je jetai mon couteau couvert de chair au loin. Sauf qu'il n'y avait rien sur ce couteau.
Ni chair, ni peau, ni sang. Seulement des tâches étranges, mais qui ne semblaient pas organiques. Je tournai la tête vers le tas que j'avais formé en découpant les parasites, et sentis une boule se former dans mon estomac. Je ne contemplai en aucun cas une masse de chair. Je n'avais rien mangé depuis la veille, et il me restai presque trois jours à tenir. Sauf que je ne tiendrais pas, pas dans ces conditions.
Je restai fixe, observant les dégâts que j'avais moi-même causé. Ce n'était pas les restes des créatures que je contemplai. C'était ceux de mon sac, et de toute la nourriture qu'il avait contenu, désormais réduit en une bouillie informe et immangeable.
Le murmure résonna une nouvelle fois dans mon crâne, m'affirmant que, quoi que je fasse pour lutter, je mourrais par ma propre faute.


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