Note de la fic :
Journal de bord bug +145
Par : Boris-Ivanovich
Genre : Science-Fiction
Statut : C'est compliqué
Chapitre 4 : 4 - Réveil
Publié le 27/05/2011 à 14:18:50 par Boris-Ivanovich
Le son du réveil est une aiguille qui perce le sommeil pour se piquer dans nos cerveaux... non... en fait, c'est un harpon... planté il nous remonte douloureusement vers le monde des réveillés.
Ma porte d'entrée, paranoïaquement blindée depuis quelques mois, résonnait comme un o-daiko sous les coups extérieurs.
Je compris alors ma première grosse erreur... ma préparation n'avait pas assez pris en compte le fait que j'étais dans un immeuble, en étage, que j'avais des voisins, que ceux-ci seraient dans un état de crise si ce n'est égal, surement supérieur au mien, que cet immeuble avait d'autres étages qui avaient d'autres habitants qui aussi avaient d'autres voisins... autant de blocages à l'engrenage pourtant huilé de ma procédure d'évacuation.
Bien qu'insignifiant à la marche du Monde, celui-ci ne voulait manifestement pas me laisser suivre mon petit plan égoïste.
J'allais ouvrir et je vis ce que mon cerveau avait pour moi seul occulté et contrôlé jusqu'à cette seconde, s'exprimer avec horreur sur les autres.... la peur.
Dans la cage d'escalier, le faisceau de ma frontale me révélait comme mélangées, les pièces grotesques d'un puzzle lumineux. Des personnes à moitié dévêtues, passées en un instant du sommeil à l'angoisse, du rêve au cauchemar, tentaient dans l'obscurité de descendre les escaliers pour leur nombre trop étroits...
Instantanément tous les visages se tournèrent vers moi, ou plutôt, vers la source de cette lumière providentielle... je vis ces visages... figés dans la grimace... incrédules, pupilles dilatées, bouches tordues, blêmes, hagards... mais ce qui me frappa le plus ce n'est pas que je n'y reconnus personne mais que sur ces visages, j'y vis de la méchanceté.
Je ne sais plus ce que j'avais à la main juste avant d'ouvrir ma satané porte... mais je crois bien que par chance c'était ma pelle pliante militaire... mon bras soudain autonome alla l'écraser sur le haut de la silhouette qui se jetait sur moi sans que je n'en réalise le mouvement... c'est à ce moment là que je compris que le feu qui ravageait mes oreilles n'était que le vacarme de cette horde hurlante... Bosh aurait certainement ajouté un panneau à droite de son triptyque avec cette vision là.
"Lumière.... lumière..." voilà les seuls mots qui sortaient intelligibles de ce torrent de hurlements. Des mains hargneuses se dirigeaient vers moi, les ongles allongés par les ombres et aiguisés par ma peur... je cédais à la panique.
J'éteignis ma frontale, fermais ma porte par réflexe et me jetais dehors vers l'angle en retrait du mur pour enlever et glisser ma lampe sous ma veste, je voulais me soustraire à ces démons... me cacher...
Les cris redoublèrent au retour de l'obscurité... comme si c'était possible...
Il semblait que la lumière disparue, les tortionnaires invisibles reprenaient sur la foule leur insupportable besogne... mes sens étaient saturés et à l'image de mes semblables, je me retrouvais dans le flot incontrôlable qui descendait vers le rez-de-chaussée. Je ne fus pas le dernier à rendre les coups reçus.. et même plus peut-être... plus, oui, sans doutes plus... rien n'existait plus... descendre, coute que coute... sortir... juste la rue... atteindre la rue... l'air manquait, parfois trouée par la flamme d'un briquet qui révélait les maléfiques rictus l'obscurité dilatait le temps... dégager l'obstacle fût-il humain, mais non à part moi, il n'y avait plus rien d'humain ici... vertige... chute libre et désormais consentante dans le terrifiant abîme de l'abandon aux terreurs primitives...
Je ne sais pas comment ni au bout de combien de temps je me retrouvais dans la rue, meurtri, battu... exténué... regardant sans réagir la porte d'entrée continuer à vomir ses humains rétrogradés au niveau de leur cerveau reptilien... le froid, l'oxygène, le brusque arrêt du bruit... je reprenais conscience... nous reprenions conscience... je me surpris à m'inquiéter de l'état de ces corps qu'il y a peu j'écrasais et rudoyais... je fixais bêtement la porte qui espaçait ses rejets...
Je dus attendre encore un peu que le remord et la honte soient plus fort que mon stress et ma fatigue. Je retournais dans l'immeuble...
En occultant la lumière de ma frontale, j'arrivais à trouver l'escalier rapidement. Une fois la montée commencée, c'était logique et géométrique, je pouvais rester dans le noir. Je trébuchais sur des corps... l'angoisse revenait de plus belle...m'arrêtais, cherchant la confirmation que la vie était là, je leur parlais, tentais de les rassurer en espérant ne pas avoir été parmi les causes de leur état... les exhortais à descendre le plus rapidement possible... peine perdue, leurs esprits étaient toujours coincés dans la spirale de l'affolement et leur corps ne les portait plus.
J'allumais ma lampe et quatre à quatre, je remontais les marches vers mon domicile. J'avais perdu ma pelle mais mon autre main, étrangement crispée tenait toujours mon trousseau de clef, je ne verrai que plus tard qu'elles étaient pleines de sang.
Je rentrais chez moi, les bougies n'avaient pas tant baissé que cela... le temps élastique...
Je pris les bougies allumées, je pris toutes les autres aussi... je sortis et refermais proprement ma porte.
Je montais tout en haut de la cage d'escalier. J'allumais une bougie que je fixais contre la rampe de manière à baliser au mieux le chemin vers la sortie... je fis de même sur chaque palier en redescendant. L'escalier était maintenant bien visible et utilisable et la lumière commençait à ramener à la réalité les assommés, les effondrés... seule ma voix que je voulu ferme et rassurante fut nécessaire à la récupération de leurs esprits... juste assez pour que leur marche laborieuse les amène à l'extérieur.
Je décidais de passer en revue tous les appartements pour être sûr de la complète évacuation des lieux.
Je sais maintenant, que ma motivation d'alors venait plus de ma honte, que du soucis et du bien des autres... ces autres qui avaient fichu mon plan à l'eau... je découvris que l'orgueil et la vanité sont de puissants carburants. je devais découvrir deux autres choses par la suite, deux choses fondamentales.
Je tambourinais à mon tour à la porte des appartements... rien... étage après étage, je découvrais parfois des portes ouvertes que je refermais après avoir lancé des "Il y a quelqu"un ici " et plusieurs fois balayé l'intérieur de ma lumière... rien... l'immeuble semblait vidé.. sauf au troisième...
Ma porte d'entrée, paranoïaquement blindée depuis quelques mois, résonnait comme un o-daiko sous les coups extérieurs.
Je compris alors ma première grosse erreur... ma préparation n'avait pas assez pris en compte le fait que j'étais dans un immeuble, en étage, que j'avais des voisins, que ceux-ci seraient dans un état de crise si ce n'est égal, surement supérieur au mien, que cet immeuble avait d'autres étages qui avaient d'autres habitants qui aussi avaient d'autres voisins... autant de blocages à l'engrenage pourtant huilé de ma procédure d'évacuation.
Bien qu'insignifiant à la marche du Monde, celui-ci ne voulait manifestement pas me laisser suivre mon petit plan égoïste.
J'allais ouvrir et je vis ce que mon cerveau avait pour moi seul occulté et contrôlé jusqu'à cette seconde, s'exprimer avec horreur sur les autres.... la peur.
Dans la cage d'escalier, le faisceau de ma frontale me révélait comme mélangées, les pièces grotesques d'un puzzle lumineux. Des personnes à moitié dévêtues, passées en un instant du sommeil à l'angoisse, du rêve au cauchemar, tentaient dans l'obscurité de descendre les escaliers pour leur nombre trop étroits...
Instantanément tous les visages se tournèrent vers moi, ou plutôt, vers la source de cette lumière providentielle... je vis ces visages... figés dans la grimace... incrédules, pupilles dilatées, bouches tordues, blêmes, hagards... mais ce qui me frappa le plus ce n'est pas que je n'y reconnus personne mais que sur ces visages, j'y vis de la méchanceté.
Je ne sais plus ce que j'avais à la main juste avant d'ouvrir ma satané porte... mais je crois bien que par chance c'était ma pelle pliante militaire... mon bras soudain autonome alla l'écraser sur le haut de la silhouette qui se jetait sur moi sans que je n'en réalise le mouvement... c'est à ce moment là que je compris que le feu qui ravageait mes oreilles n'était que le vacarme de cette horde hurlante... Bosh aurait certainement ajouté un panneau à droite de son triptyque avec cette vision là.
"Lumière.... lumière..." voilà les seuls mots qui sortaient intelligibles de ce torrent de hurlements. Des mains hargneuses se dirigeaient vers moi, les ongles allongés par les ombres et aiguisés par ma peur... je cédais à la panique.
J'éteignis ma frontale, fermais ma porte par réflexe et me jetais dehors vers l'angle en retrait du mur pour enlever et glisser ma lampe sous ma veste, je voulais me soustraire à ces démons... me cacher...
Les cris redoublèrent au retour de l'obscurité... comme si c'était possible...
Il semblait que la lumière disparue, les tortionnaires invisibles reprenaient sur la foule leur insupportable besogne... mes sens étaient saturés et à l'image de mes semblables, je me retrouvais dans le flot incontrôlable qui descendait vers le rez-de-chaussée. Je ne fus pas le dernier à rendre les coups reçus.. et même plus peut-être... plus, oui, sans doutes plus... rien n'existait plus... descendre, coute que coute... sortir... juste la rue... atteindre la rue... l'air manquait, parfois trouée par la flamme d'un briquet qui révélait les maléfiques rictus l'obscurité dilatait le temps... dégager l'obstacle fût-il humain, mais non à part moi, il n'y avait plus rien d'humain ici... vertige... chute libre et désormais consentante dans le terrifiant abîme de l'abandon aux terreurs primitives...
Je ne sais pas comment ni au bout de combien de temps je me retrouvais dans la rue, meurtri, battu... exténué... regardant sans réagir la porte d'entrée continuer à vomir ses humains rétrogradés au niveau de leur cerveau reptilien... le froid, l'oxygène, le brusque arrêt du bruit... je reprenais conscience... nous reprenions conscience... je me surpris à m'inquiéter de l'état de ces corps qu'il y a peu j'écrasais et rudoyais... je fixais bêtement la porte qui espaçait ses rejets...
Je dus attendre encore un peu que le remord et la honte soient plus fort que mon stress et ma fatigue. Je retournais dans l'immeuble...
En occultant la lumière de ma frontale, j'arrivais à trouver l'escalier rapidement. Une fois la montée commencée, c'était logique et géométrique, je pouvais rester dans le noir. Je trébuchais sur des corps... l'angoisse revenait de plus belle...m'arrêtais, cherchant la confirmation que la vie était là, je leur parlais, tentais de les rassurer en espérant ne pas avoir été parmi les causes de leur état... les exhortais à descendre le plus rapidement possible... peine perdue, leurs esprits étaient toujours coincés dans la spirale de l'affolement et leur corps ne les portait plus.
J'allumais ma lampe et quatre à quatre, je remontais les marches vers mon domicile. J'avais perdu ma pelle mais mon autre main, étrangement crispée tenait toujours mon trousseau de clef, je ne verrai que plus tard qu'elles étaient pleines de sang.
Je rentrais chez moi, les bougies n'avaient pas tant baissé que cela... le temps élastique...
Je pris les bougies allumées, je pris toutes les autres aussi... je sortis et refermais proprement ma porte.
Je montais tout en haut de la cage d'escalier. J'allumais une bougie que je fixais contre la rampe de manière à baliser au mieux le chemin vers la sortie... je fis de même sur chaque palier en redescendant. L'escalier était maintenant bien visible et utilisable et la lumière commençait à ramener à la réalité les assommés, les effondrés... seule ma voix que je voulu ferme et rassurante fut nécessaire à la récupération de leurs esprits... juste assez pour que leur marche laborieuse les amène à l'extérieur.
Je décidais de passer en revue tous les appartements pour être sûr de la complète évacuation des lieux.
Je sais maintenant, que ma motivation d'alors venait plus de ma honte, que du soucis et du bien des autres... ces autres qui avaient fichu mon plan à l'eau... je découvris que l'orgueil et la vanité sont de puissants carburants. je devais découvrir deux autres choses par la suite, deux choses fondamentales.
Je tambourinais à mon tour à la porte des appartements... rien... étage après étage, je découvrais parfois des portes ouvertes que je refermais après avoir lancé des "Il y a quelqu"un ici " et plusieurs fois balayé l'intérieur de ma lumière... rien... l'immeuble semblait vidé.. sauf au troisième...
Commentaires
- Gregor
28/05/2011 à 00:41:24
Ca commence à prendre tournure.
J'ai adoré l'atmosphère glauque de ce chapitre, même si parfois c'était un peu trop confus, avec quelques répétitions.
Manque toujours quelques descriptions un peu plus frappantes, mais ça ne m'a pas trop gêné ici.
Suite .