Note de la fic :
Publié le 02/10/2010 à 11:25:03 par Cérate
Un an passa.
La princesse commençait à trouver le temps très très très long. Un seul prince était arrivé jusqu'à elle, un seul ! Cet abruti avait réussi il y a quelques mois à contourner les dragons, à faire vomir l'ogre en ajoutant des feuilles de salsepareille à son menu, puis à prendre la clé sans qu'il s'en aperçoive. Et il s'était trompé de grenouille ! Il avait embrassé une des reinettes qui partageaient son bocal. Comme si on pouvait la confondre avec ces bestioles à sang froid ! Résultat il s'était transformé en un affreux têtard gluant, et était venu rejoindre les autres batraciens. Bien fait pour lui ! Qui pourrait vouloir se marier avec un tel idiot ? Mais depuis, plus rien.
Elle attendait.
La capitale grouillait de monde en ce matin de marché. Riches commerçants venus de loin, vendeurs à la sauvette, soldats et serviteurs, tout le monde allait et venait sur les pavés disjoints de la grande place, en ce jour d'été, et il en résultait un joyeux capharnaüm qui est souvent signe de bonnes affaires pour les marchands avisés. Bref, les vendeurs comme les voleurs risquaient fort de s'enrichir au cours de la journée à venir.
Deux chevaux somptueux traversaient la foule d'un pas tranquille. Le premier était monté par une armure lustrée, équipée d'un magnifique casque surmonté d'une paire d'oreilles de lapin en acier, en parfait accord avec la mode actuelle. Le deuxième portait la jeune Julie, seize ans, qui paraissait finalement assez jolie sous son maquillage et ses étoffes hors de prix.
Arrivée à la maison du drapier l'armure mit pied-à-terre, puis aida galamment la jeune dame à descendre de sa propre monture, avant de frapper à la porte de la demeure de son poing de fer. Les trois coups résonnèrent brièvement dans l'allée étroite de la vieille ville, puis des bruits de pas se firent entendre, et l'on ouvrit presque aussitôt.
Une servante rougeaude et essoufflée se tenait devant l'entrée, un balai à la main :
Bonjour, jeune damoiselle, bonjour seigneur. Que puis-je faire pour vous ? Demanda-t-elle d'une voix plutôt bourrue, avec un fort accent de l'Est.
Nous venons pour affaire, lui affirma Julie d'un ton autoritaire. — Car, après tout être autoritaire est le meilleur moyen d'être compris des gens du bas peuple, n'est-ce pas ?
La domestique sembla hésiter quelques instants sur la conduite à tenir, puis répondit :
Je suis désolée, mais mes maîtres sont au marché pour la journée. Vous pourrez les trouver sur la grande place, ils ont un étal près de la fontaine du Roi Goderic.
Julie esquissa une moue qui n'échappa pas à son interlocutrice :
C'est que je viens de loin, pour une commande très importante. Le marché est bruyant, on ne s'entendra pas parler. Il n'y a vraiment personne avec qui je pourrais faire affaire dans cette maison ? Au moins pour commencer les discussions...
Une voix féminine s'éleva alors de derrière la porte :
C'est bon Bertille. Laisse les entrer, je m'en occupe.
Très bien maîtresse, dit-elle. Puis, elle ouvrit grand la porte, et s'effaça pour laisser le passage à Julie :
Par ici je vous prie.
La jeune fille se retourna vers ce qui semblait être son garde du corps :
Attends-moi s'il te plaît, je ne devrais pas en avoir pour trop longtemps.
Les règles de savoir-vivre les plus élémentaires interdisaient en effet qu'un chevalier entre en armure dans une maison étrangère, et le lapin Zoreille pouvait difficilement se permettre d'enlever la sienne, au risque d'être très vite pourchassé, puis capturé, par les soldats du roi. Finir dans une marmite accompagné de carottes et d'oignons, à régaler la cour entière de son civet, était une perspective qui ne l'enchantait guère.
Ainsi, il se contenta de hocher la tête, puis de prendre les deux chevaux par la bride afin de trouver un coin moins passant.
La princesse commençait à trouver le temps très très très long. Un seul prince était arrivé jusqu'à elle, un seul ! Cet abruti avait réussi il y a quelques mois à contourner les dragons, à faire vomir l'ogre en ajoutant des feuilles de salsepareille à son menu, puis à prendre la clé sans qu'il s'en aperçoive. Et il s'était trompé de grenouille ! Il avait embrassé une des reinettes qui partageaient son bocal. Comme si on pouvait la confondre avec ces bestioles à sang froid ! Résultat il s'était transformé en un affreux têtard gluant, et était venu rejoindre les autres batraciens. Bien fait pour lui ! Qui pourrait vouloir se marier avec un tel idiot ? Mais depuis, plus rien.
Elle attendait.
La capitale grouillait de monde en ce matin de marché. Riches commerçants venus de loin, vendeurs à la sauvette, soldats et serviteurs, tout le monde allait et venait sur les pavés disjoints de la grande place, en ce jour d'été, et il en résultait un joyeux capharnaüm qui est souvent signe de bonnes affaires pour les marchands avisés. Bref, les vendeurs comme les voleurs risquaient fort de s'enrichir au cours de la journée à venir.
Deux chevaux somptueux traversaient la foule d'un pas tranquille. Le premier était monté par une armure lustrée, équipée d'un magnifique casque surmonté d'une paire d'oreilles de lapin en acier, en parfait accord avec la mode actuelle. Le deuxième portait la jeune Julie, seize ans, qui paraissait finalement assez jolie sous son maquillage et ses étoffes hors de prix.
Arrivée à la maison du drapier l'armure mit pied-à-terre, puis aida galamment la jeune dame à descendre de sa propre monture, avant de frapper à la porte de la demeure de son poing de fer. Les trois coups résonnèrent brièvement dans l'allée étroite de la vieille ville, puis des bruits de pas se firent entendre, et l'on ouvrit presque aussitôt.
Une servante rougeaude et essoufflée se tenait devant l'entrée, un balai à la main :
Bonjour, jeune damoiselle, bonjour seigneur. Que puis-je faire pour vous ? Demanda-t-elle d'une voix plutôt bourrue, avec un fort accent de l'Est.
Nous venons pour affaire, lui affirma Julie d'un ton autoritaire. — Car, après tout être autoritaire est le meilleur moyen d'être compris des gens du bas peuple, n'est-ce pas ?
La domestique sembla hésiter quelques instants sur la conduite à tenir, puis répondit :
Je suis désolée, mais mes maîtres sont au marché pour la journée. Vous pourrez les trouver sur la grande place, ils ont un étal près de la fontaine du Roi Goderic.
Julie esquissa une moue qui n'échappa pas à son interlocutrice :
C'est que je viens de loin, pour une commande très importante. Le marché est bruyant, on ne s'entendra pas parler. Il n'y a vraiment personne avec qui je pourrais faire affaire dans cette maison ? Au moins pour commencer les discussions...
Une voix féminine s'éleva alors de derrière la porte :
C'est bon Bertille. Laisse les entrer, je m'en occupe.
Très bien maîtresse, dit-elle. Puis, elle ouvrit grand la porte, et s'effaça pour laisser le passage à Julie :
Par ici je vous prie.
La jeune fille se retourna vers ce qui semblait être son garde du corps :
Attends-moi s'il te plaît, je ne devrais pas en avoir pour trop longtemps.
Les règles de savoir-vivre les plus élémentaires interdisaient en effet qu'un chevalier entre en armure dans une maison étrangère, et le lapin Zoreille pouvait difficilement se permettre d'enlever la sienne, au risque d'être très vite pourchassé, puis capturé, par les soldats du roi. Finir dans une marmite accompagné de carottes et d'oignons, à régaler la cour entière de son civet, était une perspective qui ne l'enchantait guère.
Ainsi, il se contenta de hocher la tête, puis de prendre les deux chevaux par la bride afin de trouver un coin moins passant.
Commentaires
- Pseudo supprimé
03/10/2010 à 20:08:43
thx. Je dois avouer que j'ai fini d'écrire tout ça il y a pas mal de temps, la suite attend que je la poste
- CrazyMarty
02/10/2010 à 11:54:22
C'est toujours aussi bon ...