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Wilson était furieux. Il me rappelait de nombreux éléments que je n'avais pas pris en compte. On n'avait pas assez de fric pour encourager les gens à télécharger la musique illégalement.
Mill Records était encore une boîte très jeune, et si le groupe qui enregistrait les meilleurs résultats cessait de vendre des CDs, autant mettre la clé sous la porte. Après m'avoir fait promettre de ne plus encourager les gens à acquérir notre musique de manière illégale, il me proposa, au vu des très bons chiffres de l'EP d'enregistrer un album. Chose que j'acceptais immédiatement au nom du groupe.

Nous repartîmes dans des sessions infernales de jeu afin de trouver des mélodies, trouver des paroles, faire de la musique, notre musique. À la différence que cette fois-ci, nous étions plus cool au niveau de l'argent étant donné que l'EP nous avait bien aidé. Quelques dates de concert plus tard nous arrêtions à nouveau les travaux à côté.

Mais il y avait également quelque chose de plus personnel. Je stressais énormément. Le groupe comptait sur moi. Je finis même par m'aménager un lit dans le fond du studio, suite à un accord avec le patron, pour rester sur place et composer pendant plus de temps. Et quand tout le monde était parti, j'allais chercher mes amies Boisson et Fumée. Persuadé que je n'y arriverais pas, je me droguais en me disant que ça marcherait. Après tout, toutes les rockstars étaient des drogués non ? De Billy Corgan, à Black Francis en passant par Kurt Cobain...

Un mois plus tard nous n'avions que trois autres chansons, typé rock alternatif vitaminé. On pouvait également rajouter Bidoof's Revenge pour porter le nombre de titres à 8. Mais c'était insuffisant. Mill Records nous en avait demandé au moins 11 pour faire une bonne heure d'écoute, mais j'en voulais encore plus. Persuadé que ça m'aiderait, que ça me redonnerait de l'inspiration, j'allais voir pour toujours plus fort. Des acides, du LSD... Mais rien n'en sortait et je me mettais à déprimer. Puis vint le jour où tout a mal tourné.

Il était tard. Starla qui était malade était déjà rentré à l'appartement pour se reposer et Tank était en train de ranger ses affaires tandis que Diva et moi jouions ensemble dans l'espoir de trouver une mélodie. Le batteur nous souhaite bonne chance, nous rappela de ne pas nous épuiser à la tâche et disparut derrière la grosse porte qui insonorisait la pièce. Lassés, nous abandonnâmes rapidement nos instruments. Elle me proposa de sortir dans un bar. En réponse, je partis vers l'endroit où j'avais maintenant l'habitude de dormir et sortit une bouteille de téquila, du citron et du sel d'une petite armoire. elle me sourit et nous nous assîmes autour d'un gros ampli sur lequel je posais ce que je planquais, après avoir pris de quoi nous asseoir.
Sans attendre, Diva nous servit dans les shooters qui étaient avec la bouteille.Avec un sourire elle se lécha la main et y mit du sel, geste que je m'empressais de suivre puis après un décompte, nous aspirâmes le sel, bûmes l'alcool et mordîmes avec hargne le quart de citron que j'avais prédécoupé. Nous répétâmes l'opération plusieurs fois, au fur et à mesure que les rires montaient et que la maladresse se pointait. Après en avoir bu un bon tiers, je partis seul dans la salle où tous nos instruments reposaient.
Nous nous mîmes à jouer, un peu n'importe quoi d'ailleurs. Mais les joies de l'alcool nous rendaient invincibles et indépendants du reste. Nous finîmes par abandonner nos instruments nous mîmes à chanter et danser ensemble. Puis, évidemment, nous nous embrassâmes. Baisers hors du temps, baisers qui nous réchauffaient. Mon âme meurtrie par les substances illicites, le stress et la fatigue s'éclaircissait au contact de ses lèvres. Nous nous embrassâmes à n'en plus finir puis nous allâmes dans mon lit et baisâmes afin de nous délivrer de toute la tension qui nous tenaillait.