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La pluie, toujours la pluie, cette même pluie incessante qui tambourinait le monde depuis plusieurs jours. Alors que je regardais le ciel nuageux et que les gouttes d'eau se précipitaient sur mon visage, j'espérais secrètement qu'elles me laveraient de mes péchés. "Mes" ? Oui, surtout "le", mais je me sentais imparfait. Impur. Une pauvre larve au milieu des autres. J'avais tué quelqu'un alors que cette même pluie annonçait la tristesse et le désespoir.

Immédiatement après avoir enterré l'autre, nous sommes retournés à la loge. Starla ne pleurait plus, assise et seule. Elle ne nous vit pas arriver et ne nous adressa pas un mot. Je me plaçai à côté d'elle, lui fit un bisou sur la joue et la serrai contre moi. Après avoir donné la mort, je cherchais l'amour.
Tank fit un travail incroyable. Aussi dur que cela soit à faire il alla immédiatement déclarer la disparition de Dave pour qu'on ne nous soupçonne pas. C'était déjà trop tard et de toute manière, je n'attendais que d'être puni.

Nous sommes partis dès le lendemain, n'ayant plus le coeur à se divertir. Nous ne pouvions nous détourner de ce que nous avons fait. De ce que j'ai fait. Mes deux amis partageaient ma douleur, ma peine et ma culpabilité mais au final c'était moi et moi seul qui était en tort. Et je les impliquais dans mon affaire. Tank retourna chez lui et on ne le vit plus pendant longtemps. Pendant ce temps, nous pourrissions Starla et moi dans l'appartement, vivant comme des fantômes, éveillé le jour comme la nuit ou dormant en espérant se réveiller d'un affreux cauchemar. De quel droit avions-nous le droit de vivre et pas lui ? C'était un salopard, mais pourquoi pas moi ? Je veux dire, de mon point de vue, il était détestable, mais peut-être que lui me détestait pour une meilleure raison. Peut-être n'étais-je qu'une larve.

Mais au final je sais que je ne suis rien. Je vis parce qu'il faut vivre, et depuis ce jour je n'ai plu foi en la vie. Bien sûr il y a l'amour toujours très fort, mais, et alors ? Est-ce une raison suffisante pour continuer à mettre un pied devant l'autre chaque jour ? Est-ce qu'embrasser mon amour allait me rendre plus heureux ?
J'ignore ce qu'il se passait dans la tête de Starla, mais dès lors il y a eu un constat. Nous ne nous embrassions plus ensemble, nous ne mangions plus en même temps et je ne profitais plus de son rire.

Et comme la fois où j'ai trouvé un pseudo-sens à ma vie, ce qui nous tira de notre déprime, ce fut la musique. Après des semaines de silence, je décidais de mettre un CD dans la chaîne hi-fi. Je le dégustais. C'était mon seul moyen de vivre. Les concerts, les répétitions... Tout cela était associé aux rires et sourires que nous nous adressions. Starla sortit de sa chambre, vint me chercher, puis par la main, me souleva pour danser. Une danse macabre et funèbre sur du Black Sabbath.

Dave, je suis désolé. Je t'ai volé ta vie, et je te volerai tout ce que tu voulais. Mais sache que même si je te détestais, et que je te hais encore, je viendrai tout les jours fleurir la tombe vide où tu es censé reposer. Je te dois bien ça, merci du coup de pouce.