Note de la fic :
Publié le 09/08/2010 à 10:40:52 par Hadrian28
Je passai un temps qui me parut infini dans cette cabane. J’avais réussi tant bien que mal à me faire de la purée de blé tout seul, et j’arrivais à subsister à mes besoins. Mais qu’est ce que c’était long... Qu’est ce que je m’ennuyais... Mes vêtements étaient tout sales, couverts de poussières, de sang séché et autres détritus, comme du blé écrasé. Quelques araignées avaient établi domicile dans les coins du cabanon. Mes journées étaient toutes aussi monotones les unes que les autres. Moi, un enfant de dix ans, réduit ainsi à déprimer, coupé de tous contacts extérieurs. Et cette neige qui n’en finissait pas, ce vent qui faisait toujours craquer les fondations de le cabane... Peut être que certains auraient dit que je gagnais en maturité. Moi je pensais plutôt que c’était une expérience qui nous marquait à jamais, qui nous ébranlait au plus profond de nous même. Et ça c’était contre nature pour un petit garçon comme moi. A dix ans on voulait courir, s’amuser, prendre les choses avec légèreté. On ne voulait pas penser à notre prochain repas, à nos provisions de bois et à la mort. Oui, car je songeais de plus en plus à cette éventualité. A chaque fois que j’y pensais mon sang se glaçait et je sentais mon coeur battre plus fort que jamais. Mon père avait dit un jour que mourir de faim était la pire des morts qui puissent exister. Pour l’instant je ne manquais de rien, certes. Mais chaque jour, je voyais mes réserves s’amoindrir et chaque jour je craignais le pire. Que se passerait-il si la tempête durait une année entière ? Je devrais faire comme mon père et sortir. Sortir à la recherche de choses à manger. Et je mourrais sûrement. Comme mon père...
D’ailleurs j’avais espéré qu’il revienne. Je me disais qu’il était peut être resté là où il était parti plusieurs jours, pour étudier les lieux. Mais ce vague espoir avais dépérit en moi, au fur et à mesure que je voyais mes réserves de nourriture faire de même.
Le mauvais temps m’étouffait, m’enlevait toutes joies de vivre. Ces nuages noirs de neige me pesaient. Le vent me déprimait. Et cette neige... Cette neige si incessante, cette neige qui me semblait infinie. Elle cognait encore et encore aux vitres, comme si elle espérait les casser. La froideur du paysage s’immisçait en moi et je finissais par en assimiler la lourdeur. J’étais las, tellement las.
Je ne comprenais rien aux rapports de mon père. J’avais tout lu, jusqu’à la dernière feuille, mais impossible de voir ce qu’il avait découvert. Il y avait cependant des choses récurantes dans ses recherches. Mon père parlait souvent de la création d’Albion. Il évoquait aussi la magie ancienne de ce monde, et un cycle qui devait se perpétuer. D’après lui quelque chose allait bientôt se passer. Quelque chose de très grave. Etait-ce pour cela qu’il avait dû partir ? Pour empêcher une catastrophe d’arriver ? Cela me semblait tiré par les cheveux, mais je préférais croire que mon père était mort en héros plutôt que bêtement.
De plus, j’avais remarqué un signe qui apparaissait souvent autour des informations écrites de mon père. On aurait dit une sorte de croix. Une croix insérée dans une rosace étrange.
Le nom d’Olswar n’était plus reparut. Mon père ne l’avais évoqué que deux ou trois fois. Il avait peut être seulement été paranoïaque en pensant que le savant lui voulait du mal.
J’avais essayé de feuilleter un peu les livres que lisait papa pour ses recherches, mais c’était vraiment trop compliqué pour moi. Je savais lire, mais il y avait des tas de mots incompréhensibles.
J’avais donc vite abandonné l’idée de comprendre ce que faisait mon père.
Les journées passaient donc. Elles défilaient, une par une, lentement. Trop lentement, à mon goût. J’étais usé. Je n’espérais même plus revoir un jour le soleil. Mes cernes se creusaient de plus en plus, bien que je dormis le plus souvent que je pus.
La vie me semblait désormais vide et sans consistance. Plus aucune motivation, aucun but. Seulement manger, dormir, manger, dormir... Des actions répétitives et sans intérêt.
Cette nuit là je m’affalai, une énième fois, dans mon lit, en ayant marre d’attendre quelque chose qui ne viendrait jamais. J'éteignais de quelques gestes mécaniques le feu pour économiser le bois. J’attendis, comme d’habitude, des heures et des heures, les yeux ouverts, la gorge sèche, avant de m’endormir sous le claquement du vent. Je fis des rêves peuplés des silhouettes fantomatiques de ma famille. J’étais dans le noir complet, et je les voyais bouger, se déplacer, tout autour de moi. Ce fut mon père qui s’approcha de moi. Son corps ondulait étrangement. Il tenait quelqu’un d’autre par la main, mais celui-ci était dans l’ombre. Papa fit quelques pas et me tendit sa main, celle qui était libre. Bizarrement je pris peur. Ce geste avait quelque chose d’effrayant. Ca me repoussait, m’horrifiait atrocement. Ce qui aurait pu être un simple rêve se transforma en cauchemar, seulement par un sentiment d’horreur de ma part. Mon père insista, m’invita à coup de tête à lui prendre la main qu’il me tendait. Mais moi je ne voulais pas. Je ne voulais pas ! Je tentai de bouger, mais l’ombre qui m’entourait m’avait comme ligoté les pieds. Elle flottait comme de la brume jusqu’à mes chevilles et avait un effet paralysant. Mon coeur se mit à battre dans la réalité. Il me fallait partir ! Mon père s’approcha encore plus. Désormais il n’était qu’à quelques centimètre de moi. Il me tendait toujours sa main, et moi je le regardais avec des yeux exorbités, comme si c’était le diable en personne. Soudain, mon regard se porta vers l’autre personne, qui était cachée. Celle-ci s’apprêtait à sortir de l’ombre. Elle fit un pas, deux pas. Son visage m’apparut clairement. C’était ma mère. Elle avait un sourire bienveillant qui semblait me dire de ne pas m’inquiéter. J’oubliai alors toute peur. Mon ventre se décontracta, et je souris à mon tour à ma mère. Puis, sans plus aucune hésitation, je saisis la main de papa. Dès que j’entrai en contact avec sa peau, je sus que j’avais fait une erreur. Une terreur sans nom m’envahit. Je hurlai. La peur envahit le moindre pore de ma peau, la plus petite parcelle de mon corps. Je n’avais plus qu’une envie : partir. Le plus horrible c’est que ça me paraissait atrocement réel. Je me débattis de toutes mes forces toujours en hurlant. Mais impossible de me libérer de l’étreinte de mon père. Ma mère me regarda. Elle avait désormais la mine sérieuse. Elle m’observa comme une chouette, les yeux exorbités, en tournant la tête d’un côté. Puis elle sourit à nouveau. Mais son sourire n’avait plus rien de bienveillant. On aurait dit un monstre, une machine prête à tuer. Ses lèvres s’étirèrent. Jusqu’aux oreilles. Mes mains tremblaient, mes jambes flanchaient. Un filet de bave s’étira de la bouche de maman. Elle me parla ensuite, d’une voix étonnamment douce, qui contrastait avec les traits qu’avait pris son visage.
_ Tu vas devoir te débrouiller sans nous, d’accord ?
Je ne dis rien, tétanisé. Que voulait-elle dire par là ? Je voulus lui demander, mais ce ne fut pas nécessaire.
_ Car je suis morte, vois tu, morte ! Me hurla-t-elle au visage, la voix rauque à présent. Morte !
Je ne savais pas pourquoi, mais je devinai que c’était la réalité. Sa voix était monstrueuse. Son ton diabolique. Je me mis alors à hurler, le plus fort que je pus. Plus fort que je n’avais encore jamais hurlé. La terreur me contrôlait à présent, je n’étais plus moi même.
Je m’éveillai en sursaut, la respiration haletante. Mes cheveux étaient collés à mon front moite. Mes habits trempés de sueur. Je fus soulagé de voir cette pièce habituelle, ces mêmes meubles avec lesquelles je cohabitais depuis plusieurs mois. Plus jamais ça. Plus jamais... C’était le pire cauchemar que j’aie jamais fait. Cette peur... Je n’avais jamais rien ressenti de tel auparavant. Je me pris la tête entre les mains en soufflant. C’était fini. Ce n’était qu’un rêve, un bête rêve. Ma mère n’était pas morte, mon père n’était pas un monstre. Tout ça n’était pas vrai ! J’essayai de me convaincre comme cela pendant quelques instants. Allez... Il fallait que je me reprenne.
Un bruit attira soudain mon attention. Non, pas un bruit. C’était différent, une impression étrange. J’avais la sensation qu’il manquait quelque chose qui était présent dans ma vie depuis ces derniers mois. Voilà, il manquait un bruit. Un bruit régulier, qui berçait mes nuits et qui rythmait mes journées. Comme un clapotement. Je réfléchis un moment, quand soudain la réponse vint à moi. La neige ! Le vent ! Je ne les entendais plus ! Ces craquements incessants, ces fracas entêtants ! Ils n’étaient plus là !
Frémissant d’excitation, je me précipitais vers la fenêtre. Là, plus de flocons ! Plus rien pour me gâcher la vue ! Je clignai des yeux plusieurs fois, comme pour me convaincre que c’était vrai. Mais c’était bien là. Ou plutôt, ça n’étais plus là ! Je ris aux éclats. Puis je regardai à travers la vitre. Les arbres ne se balançaient plus avec colère. Le ciel n’était plus noir et lourd. Il y avait encore des nuages, mais un petit rayon de soleil perçait au travers. Tout paraissait beaucoup plus calme et paisible. Je vis un lapin bondir. Je ne pus m’empêcher de rigoler une deuxième fois. Une bouffée de joie m’envahit.
La tempête était terminée !
D’ailleurs j’avais espéré qu’il revienne. Je me disais qu’il était peut être resté là où il était parti plusieurs jours, pour étudier les lieux. Mais ce vague espoir avais dépérit en moi, au fur et à mesure que je voyais mes réserves de nourriture faire de même.
Le mauvais temps m’étouffait, m’enlevait toutes joies de vivre. Ces nuages noirs de neige me pesaient. Le vent me déprimait. Et cette neige... Cette neige si incessante, cette neige qui me semblait infinie. Elle cognait encore et encore aux vitres, comme si elle espérait les casser. La froideur du paysage s’immisçait en moi et je finissais par en assimiler la lourdeur. J’étais las, tellement las.
Je ne comprenais rien aux rapports de mon père. J’avais tout lu, jusqu’à la dernière feuille, mais impossible de voir ce qu’il avait découvert. Il y avait cependant des choses récurantes dans ses recherches. Mon père parlait souvent de la création d’Albion. Il évoquait aussi la magie ancienne de ce monde, et un cycle qui devait se perpétuer. D’après lui quelque chose allait bientôt se passer. Quelque chose de très grave. Etait-ce pour cela qu’il avait dû partir ? Pour empêcher une catastrophe d’arriver ? Cela me semblait tiré par les cheveux, mais je préférais croire que mon père était mort en héros plutôt que bêtement.
De plus, j’avais remarqué un signe qui apparaissait souvent autour des informations écrites de mon père. On aurait dit une sorte de croix. Une croix insérée dans une rosace étrange.
Le nom d’Olswar n’était plus reparut. Mon père ne l’avais évoqué que deux ou trois fois. Il avait peut être seulement été paranoïaque en pensant que le savant lui voulait du mal.
J’avais essayé de feuilleter un peu les livres que lisait papa pour ses recherches, mais c’était vraiment trop compliqué pour moi. Je savais lire, mais il y avait des tas de mots incompréhensibles.
J’avais donc vite abandonné l’idée de comprendre ce que faisait mon père.
Les journées passaient donc. Elles défilaient, une par une, lentement. Trop lentement, à mon goût. J’étais usé. Je n’espérais même plus revoir un jour le soleil. Mes cernes se creusaient de plus en plus, bien que je dormis le plus souvent que je pus.
La vie me semblait désormais vide et sans consistance. Plus aucune motivation, aucun but. Seulement manger, dormir, manger, dormir... Des actions répétitives et sans intérêt.
Cette nuit là je m’affalai, une énième fois, dans mon lit, en ayant marre d’attendre quelque chose qui ne viendrait jamais. J'éteignais de quelques gestes mécaniques le feu pour économiser le bois. J’attendis, comme d’habitude, des heures et des heures, les yeux ouverts, la gorge sèche, avant de m’endormir sous le claquement du vent. Je fis des rêves peuplés des silhouettes fantomatiques de ma famille. J’étais dans le noir complet, et je les voyais bouger, se déplacer, tout autour de moi. Ce fut mon père qui s’approcha de moi. Son corps ondulait étrangement. Il tenait quelqu’un d’autre par la main, mais celui-ci était dans l’ombre. Papa fit quelques pas et me tendit sa main, celle qui était libre. Bizarrement je pris peur. Ce geste avait quelque chose d’effrayant. Ca me repoussait, m’horrifiait atrocement. Ce qui aurait pu être un simple rêve se transforma en cauchemar, seulement par un sentiment d’horreur de ma part. Mon père insista, m’invita à coup de tête à lui prendre la main qu’il me tendait. Mais moi je ne voulais pas. Je ne voulais pas ! Je tentai de bouger, mais l’ombre qui m’entourait m’avait comme ligoté les pieds. Elle flottait comme de la brume jusqu’à mes chevilles et avait un effet paralysant. Mon coeur se mit à battre dans la réalité. Il me fallait partir ! Mon père s’approcha encore plus. Désormais il n’était qu’à quelques centimètre de moi. Il me tendait toujours sa main, et moi je le regardais avec des yeux exorbités, comme si c’était le diable en personne. Soudain, mon regard se porta vers l’autre personne, qui était cachée. Celle-ci s’apprêtait à sortir de l’ombre. Elle fit un pas, deux pas. Son visage m’apparut clairement. C’était ma mère. Elle avait un sourire bienveillant qui semblait me dire de ne pas m’inquiéter. J’oubliai alors toute peur. Mon ventre se décontracta, et je souris à mon tour à ma mère. Puis, sans plus aucune hésitation, je saisis la main de papa. Dès que j’entrai en contact avec sa peau, je sus que j’avais fait une erreur. Une terreur sans nom m’envahit. Je hurlai. La peur envahit le moindre pore de ma peau, la plus petite parcelle de mon corps. Je n’avais plus qu’une envie : partir. Le plus horrible c’est que ça me paraissait atrocement réel. Je me débattis de toutes mes forces toujours en hurlant. Mais impossible de me libérer de l’étreinte de mon père. Ma mère me regarda. Elle avait désormais la mine sérieuse. Elle m’observa comme une chouette, les yeux exorbités, en tournant la tête d’un côté. Puis elle sourit à nouveau. Mais son sourire n’avait plus rien de bienveillant. On aurait dit un monstre, une machine prête à tuer. Ses lèvres s’étirèrent. Jusqu’aux oreilles. Mes mains tremblaient, mes jambes flanchaient. Un filet de bave s’étira de la bouche de maman. Elle me parla ensuite, d’une voix étonnamment douce, qui contrastait avec les traits qu’avait pris son visage.
_ Tu vas devoir te débrouiller sans nous, d’accord ?
Je ne dis rien, tétanisé. Que voulait-elle dire par là ? Je voulus lui demander, mais ce ne fut pas nécessaire.
_ Car je suis morte, vois tu, morte ! Me hurla-t-elle au visage, la voix rauque à présent. Morte !
Je ne savais pas pourquoi, mais je devinai que c’était la réalité. Sa voix était monstrueuse. Son ton diabolique. Je me mis alors à hurler, le plus fort que je pus. Plus fort que je n’avais encore jamais hurlé. La terreur me contrôlait à présent, je n’étais plus moi même.
Je m’éveillai en sursaut, la respiration haletante. Mes cheveux étaient collés à mon front moite. Mes habits trempés de sueur. Je fus soulagé de voir cette pièce habituelle, ces mêmes meubles avec lesquelles je cohabitais depuis plusieurs mois. Plus jamais ça. Plus jamais... C’était le pire cauchemar que j’aie jamais fait. Cette peur... Je n’avais jamais rien ressenti de tel auparavant. Je me pris la tête entre les mains en soufflant. C’était fini. Ce n’était qu’un rêve, un bête rêve. Ma mère n’était pas morte, mon père n’était pas un monstre. Tout ça n’était pas vrai ! J’essayai de me convaincre comme cela pendant quelques instants. Allez... Il fallait que je me reprenne.
Un bruit attira soudain mon attention. Non, pas un bruit. C’était différent, une impression étrange. J’avais la sensation qu’il manquait quelque chose qui était présent dans ma vie depuis ces derniers mois. Voilà, il manquait un bruit. Un bruit régulier, qui berçait mes nuits et qui rythmait mes journées. Comme un clapotement. Je réfléchis un moment, quand soudain la réponse vint à moi. La neige ! Le vent ! Je ne les entendais plus ! Ces craquements incessants, ces fracas entêtants ! Ils n’étaient plus là !
Frémissant d’excitation, je me précipitais vers la fenêtre. Là, plus de flocons ! Plus rien pour me gâcher la vue ! Je clignai des yeux plusieurs fois, comme pour me convaincre que c’était vrai. Mais c’était bien là. Ou plutôt, ça n’étais plus là ! Je ris aux éclats. Puis je regardai à travers la vitre. Les arbres ne se balançaient plus avec colère. Le ciel n’était plus noir et lourd. Il y avait encore des nuages, mais un petit rayon de soleil perçait au travers. Tout paraissait beaucoup plus calme et paisible. Je vis un lapin bondir. Je ne pus m’empêcher de rigoler une deuxième fois. Une bouffée de joie m’envahit.
La tempête était terminée !