Note de la fic : :noel:

La décadence d'Albion


Par : Hadrian28
Genre : Fantastique
Statut : C'est compliqué



Chapitre 2


Publié le 09/08/2010 à 10:40:03 par Hadrian28

Je restai là, abasourdi. Ca avait été tellement soudain, tellement inattendu. J?étais comme paralysé. Mon père, mon papa, venait de sortir pour ne jamais revenir. Il l?avait fait volontairement. Je ne connaissais ni ses motivations, ni son but. Il n?avait rien voulu m?expliquer, même quelques minutes avant sa mort.
Des centaines de pensées différentes se mêlaient à présent dans ma tête. J?étais partagé entre l?incrédulité, la surprise et le chagrin. Une boule se forma dans ma gorge. Il allait revenir, oui, il allait revenir. Papa ne pouvait pas mourir, c?était tout bonnement impossible. La tempête n?était pas si forte que ça, après tout. J?eus un rire ironique. Non bien sûr ! C?était d?ailleurs pour ça que tout Albion s?était cloîtré chez sois ! A mon sourire se mêla une larme.
Pourquoi ?! Pourquoi avait-il fait ça ?! C?était tout simplement insensé ! Je tombai à genou sur le sol poussiéreux de la cabane. Je pleurais à présent. Maintenant j?étais seul, au milieu d?une forêt, sans personne pour me venir en aide. Mon papa était parti, il m?avait abandonné. Moi qui croyais qu?il m?aimait, voilà qu?il me laissait mourir. Je n?étais qu?un enfant, un pauvre petit enfant de dix ans !
Je portai ma main à mon visage pour essuyer mes larmes. Mais en même temps la fureur s?empara de moi et je me griffai la joue le plus fort que je le pouvais en grognant comme un animal blessé. Il m?avait laissé mourir ! Du sang ne tarda pas à se mélanger à mes pleurs. La douleur ne me soulagea pas le moins du monde. Elle ne fit qu?empirer la panique dans laquelle je me trouvais. Maintenant j?avais le visage qui me piquait affreusement.
Gouttes de sang et larmes se succédaient pour venir s?écraser contre le sol. Ce fut ma seule occupation durant les minutes qui s?ensuivirent. Regarder ainsi les fruits de ma souffrance se relayer. Goutte de sang. Goutte d?eau. Goutte de sang. Goutte d?eau... Certaines se glissèrent entre mes lèvres. Cela avait un étrange goût salé. Une flaque écarlate se forma à mes genoux.
Mon père était il perdu à jamais ? Car c?était la question qui me préoccupait le plus. C?était horrible de ne pas savoir si une personne qui nous était chère était morte...
Je jouais avec la flaque avec mes doigts. Un courant d?air venant du dehors fit glisser le liquide. Il coula entre les interstices du plancher. Je préférais observer ça plutôt que de penser à ma situation.

Je passai des heures entières à me lamenter. Ou des jours. Je ne savais pas. A un moment la porte s?ouvrit avec fracas. Je sursautai, complètement sorti d?une sorte de transe. J?eus un espoir, un espoir qui me fit sourire et crier, enjoué :
_ Papa ? C?est toi ?!
Mais je n?eus rien d?autre comme réponse que le vent qui me narguait et la neige qui jouait avec moi. Mon sourire s?évanouit. Je répétais :
_ Papa ? Papa ? Réponds-moi...
Une soudaine envie de pleurer me reprit. Ma gorge était tellement serrée que je m?étonnais de pouvoir encore respirer sans difficulté. Je me recroquevillai sur moi-même, la tête dans les bras, toujours à genoux, et je sanglotai. Les flocons me chatouillèrent. La porte n?était toujours pas fermée. Mais je m?en fichais.
Suite à une bourrasque de vent, le feu s?éteint. Le cabanon devint sombre, inquiétant. Le froid commença à s?infiltrer. Mes mains me piquèrent, mes dents se mirent à claquer. Je logeai encore plus ma tête dans mes bras, je me lovai encore plus sur le plancher. De la neige commença à me recouvrir le dos. Le froid se faisait plus intense de seconde en seconde. J?étais bête. Pourquoi est-ce que ne bougeais pas ? Il me suffisait de fermer la porte. De me lever, et de fermer la porte. Mais en même temps, est ce que ça valait encore la peine de survivre ?
Une sorte de sentiment étrange me prit soudain à cette idée. Comme de l?adrénaline. ?Est ce que ça valait la peine de survivre? ? Je me demandais ça, moi ? Bien sûr que oui, ça en valait la peine ! Mon père était mort, j?en étais presque sûr. Mais je ne devais pas me laisser abattre. J?étais triste, mais est ce que me donner la mort était la meilleure solution ? Sûrement pas. Que dirait maman quand elle verrait mon cadavre gisant sur le sol de la cabane ? Quand elle se rendrait compte que papa était mort, lui aussi ? Et moi, qui n?avais que dix ans, est ce que je ne voulais pas continuer à vivre ? Si, bien sûr. Je me forçai à sourire et nettoyai le sang séché qui me parsemait le visage d?un revers de la main. Je me levai, la neige qui me recouvrait le dos tombant, puis refermai la porte en luttant contre le vent.

Quand la petite cabane fut close, tout me parut beaucoup plus calme. Même mon esprit fut plus clair. J?avais l?impression de m?être réveillé d?un long sommeil profond. Je balayai la pièce d?un regard nouveau. Un frisson me parcourut. Il faisait très froid. Il fallait que j?allume un feu... Je m?approchai de l?âtre et fis la grimace. Devant ces bûches, ce soufflet, ces pierres à feu je me rendis compte que je ne savais rien faire. Jusque là je m?étais laissé porté par mes parents. Il faisaient tout, mon lit, le ménage, à manger. Moi je n?avais que dix malheureuses années. Je n?avais aucune expérience. Je tentai tout de même quelque chose. Je plaçai deux bûches dans la cheminée en les recouvrant de brindille. Je me munis ensuite de la pierre à feu. Avant de l?utiliser je la retournai dans mes mains et l?admirai.
C?était quelque chose de rare, et je voyais bien que c?était précieux. D?après mon père (je refoulai mon envie de pleurer) c?était l?invention du même homme qui avait découvert le moyen de prévoir les gros changements de météo. Si je me souvenais bien il s?appelait Edgard Olswar. Tout le monde en parlait à Bowerstone, avant mon départ. Il était à l?origine de nombreuses révolutions dans lesquelles figurait le mini-canalisateur de magie. La pierre de feu était un ce ceux là. Même les gens n?ayant aucun dons particulier pouvaient se servir de magie, pourvu qu?ils aient un peu d?argent.
Je tentai donc d?actionner la pierre. A peine eus-je pensé à cela qu?une gerbe de flamme jaillit du canalisateur et vint brûler le bois que j?avais mis. Je n?avais même pas visé. Il m?avait juste suffit de penser à la chose, et elle s?était produite. Un petit sourire se dessina sur mon visage. J?avais maintenant un avant goût de la satisfaction que pouvait ressentir quelqu?un capable de maîtriser la magie. Et c?était vraiment jouissif. J?en oubliai presque mon père. Le feu s?éleva brusquement, et la chaleur m?agressa. Je m?éloignai rapidement de la cheminée, en m?affalant sur mon lit. La cabane semblait maintenant beaucoup plus rassurante, emplie d?une lueur orangée. La neige entrée quand la porte était ouverte se mit à fondre. Je ressenti un sentiment de bien-être intense.

Je m?apprêtais à fermer les yeux quand mon regard se porta sur les parchemins de mon père. Ils étaient toujours là, sur la table. Certains étaient éparpillés un peu partout sur le plancher, aux alentours. Je me levai de mon lit bien chaud et accueillant et pris une des feuilles au hasard. Je plissai les yeux, les forçant à ne pas se fermer sous la fatigue, et me mis à lire :

?que c?est un mal plus profond. Non, personne ne voudra le croire. Je sais que c?est quelque chose de bien plus ancien, quelque chose qui aurait existé dès la création d?Albion. Une chose profondément liée à ce monde. Il faut que j?y aille, il le faut. Ce n?est pas seulement ça. Je sens que le simple fait d?avoir découvert ceci me ronge. ?Ca? m?attire. J?ai l?impression que quelque chose s?empare de moi petit à petit. Mais il y a encore des tonnes de mystère à éclaircir. Je touche au but, je le sens ! Concernant les ondes qui?

Les écritures s?arrêtaient là. Autour, il y avait d?écrit plein de calculs compliqués que je ne comprenais pas. Je m?emparai d?une autre feuille :

?admettre, Olswar est décidément ignoble. Je viens de découvrir le signe qu?il m?a envoyé par bourrasques. Il me nargue. Le même signe que j?ai découvert sur le tome intitulé ?Le commencement? ou encore que j?ai retrouvé dans un livre parlant de la civilisation Girow est présent dans ses messages. Il sait que je sais. Mais il ne peut m?atteindre autrement que par moquerie. Ah ! Si je?

Puis c?était tout. Je retrouvai le même schéma que sur le précédent parchemin que j?avais lu. Autour de ces mots étaient tracés toutes sortes de lignes, de calculs, de pentacle incompréhensibles. Mais Olswar ? Que venait-il faire dans les recherches de papa ?


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