Note de la fic : :noel:

La décadence d'Albion


Par : Hadrian28
Genre : Fantastique
Statut : C'est compliqué



Chapitre 1


Publié le 09/08/2010 à 10:37:38 par Hadrian28

Cette fic n'ai pas la mienne,seulement je l'a mets en ligne sur noelfic car je l'ai trouvais excellente,et qu'elle mérite d'étre connu.L'auteur de ce chef d'oeuvre se prénomme gouloudrioul.

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Des nuages lourd et gris chargeaient le ciel. Leurs ombres donnaient au paysage un ton froid et obscur. La neige virevoltait, tournoyait violemment sous le vent. La cime des arbres ployait, les petits animaux étaient presque emportés. Tout était cent fois plus grand, plus imposant. Le moindre petit sapin semblait dominer le monde. La terre, le ciel, tout paraissait menaçant. Si on levait les yeux là haut, on avait l’impression que le ciel noir allait s’écraser. Si on portait notre regard sur le sol, on peinait à ne pas s’imaginer celui-ci s’effondrer à nos pieds. Et pour cause : il n’y avait plus personnes dehors. Pas la moindre trace de vie humaine. C’était comme si la fin du monde était là, toute proche. Le vent à lui seul suffisait à écarter du dehors tous les plus téméraires. Il sifflait, grondait, s'immisçait à travers les arbres, s’infiltrait partout là où il le pouvait. Et même si on osait le défier en sortant, il nous plaquait contre les murs, nous emportait avec lui.

Cependant ce n’était qu’une journée d’hiver, comme j’en avais vécu tant d’autres.
Un souffle sortit de l’interstice sous la porte et fit s’envoler le travail de mon père. Les feuilles glissèrent sur le sol, en désordre. Posant son stylo avec rage sur la table en bois massif du salon, papa s’agenouilla et entreprit de tout ramasser. Je ne manquai pas de relever le juron qu’il sortit. Las, je tournai la tête vers la fenêtre. Les flocons s’écrasaient toujours avec autant de force et d’acharnement sur la vitre. Le ciel était toujours aussi sombre. Pff... Ce que j’aurai aimé pouvoir aller dehors, m’amuser un peu. Rien qu’aller voir maman à Bowerstone me ferait le plus grand bien. Mais cela faisait deux mois que ça durait. Pas le moindre rayon de soleil, le moindre brin d’herbe. Deux mois à n’avoir vu personne d’autre que mon père...

Et pourtant j’avais ressenti de l’excitation au début. Ca allait être une tempête historique. Tous les messagers avaient apporté la nouvelle, aux quatre coin d’Albion. On avait en effet découvert, il y a peu, un moyen de prévoir les gros changements météorologiques. Les gens s’étaient préparés à affronter le joug de la nature, ils avaient fait des provisions pour un bon mois d’isolement. Le peuple s’était agité. Rien qu’à la capitale, on ne parlait que de ça, quinze jour avant l'événement. Tous les matins je voyais des charrettes partir, des hommes rejoindre leur famille, des moines rentrer dans leur temple. Les voyageurs avaient demandé l’hébergement à des habitants et les marchands en avaient profité pour écouler leur stock. Toute la ville avait été en effervescence. Et j’avais été vraiment content de voir les choses sortir ainsi de l’ordinaire. J’ai même été encore plus heureux quand j’ai appris que j’allais m’en aller avec mon père, près d’une forêt, pour qu’il y étudie la magie qui y régnait. Pour moi c’était signe d’amusement. Seuls, loin de toutes civilisations. Enfin une aventure comme j’en rêvais !

Sauf que... Voilà deux mois... Deux mois que je reste assis près du feu, dans la cabane au milieu des arbres. Sans rien faire d’autre que d’écouter le plume de papa crisser, d’observer la neige s’abattre sur les vitres et de se morfondre sur le fait que l’on ait pas assez à manger. C’était d’ailleurs ce qui me préoccupait le plus. J’avais même peur... Je le cachais bien, mais j’avais peur. Intérieurement, je paniquais. Et si on ne survivait pas ? Et si la tempête durait encore un mois ? Rien que la pensée de mourir, agonisant, à cause du manque de nourriture, me tordait les entrailles. Mais encore une fois, je ne laissais rien paraître devant mon père. Il avait l’air déjà assez inquiet comme ça. Quand je le voyais, le nez plongé dans ses livres, les yeux plissés, la mâchoire serrée, je savais que quelque chose n’allait pas. Qu’y avait il de si contraignant dans ses recherches ? Je n’osais même plus lui poser la question. La dernière fois que je l’avais fait, il s’était mis en colère.
_ Ca ne te regarde pas. Et puis qu’est ce que tu en as à faire !? Ca ne t’intéresse pas tout ça !
Eh bien peut être que si, ça m’intéressait. La gravité du visage de mon père ces derniers temps avait pour moi rendu ses recherches plus intrigantes qu’autre chose. De toute évidence, il avait découvert quelque chose d’énorme, en travaillant sur la magie des lieux. La nuit il dormait à peine. Je le savais, car c’était le même cas pour moi. Je l’entendais parler tout bas. Je ne savais pas de quoi, mais grâce à son ton j’en devinais la gravité. Le matin, ses cernes n’en étaient que plus grandes, son teint plus blanc, ses traits plus tirés. Et c’était le seul être humain avec qui j’étais en contact.
Voilà pourquoi j’étais si las, si fatigué de rester dans cette prison en bois.

Ce soir -ou bien ce matin, qu’en sais-je ? Il n’y a plus de soleil pour nous l’indiquer- nous mangeâmes l’habituelle purée de blé. Quand la plupart de nos provisions avaient disparu, nous en avions été réduits à cela. C’était immonde, surtout que papa ne prenait pas le temps de la cuisiner. Mais en portant la cuillère à ma bouche je fus surpris de constater que le goût amère de ce plat ne me faisait plus rien. L’habitude...
Mon père était en face de moi. Nous mangions sur la table même où il travaillait. De toute façon pas possible d’en mettre deux dans un aussi petit bâtiment. Il y avait à peine la place pour deux lit, une cheminée, et cette table.
Notre repas fut tout aussi silencieux que d’habitude. Nous n’entendîmes que le tintement des couverts sur les assiettes. Le visage de papa était seulement illuminé par une petite lanterne, posée au milieu de la table. Ses yeux fatigués brillaient à sa lueur. La seule autre source de lumière venait du feu vacillant et elle éclairait l’autre bout de la pièce. Sous son influence, nos ombres s’étendaient, se tordaient et s’agitaient sur les murs, bien que nous bougions à peine. Je pris une autre cuillère de purée de blé.
_ Je vais sortir ce soir.
Je relevai la tête, surpris. Cela faisait longtemps que je n’avais pas entendu la voix de papa. Et puis ce qu’il avait dit était pour le moins étonnant.
_ Comment ça ? Tu ne peux pas sortir, fis-je.
_ Il faudra bien.
_ Mais tu veux sortir dehors ? Demandai-je en mettant l’accent sur ce dernier mot.
_ Oui.
Je restai muet. Il croyait vraiment qu’il pourrait marcher plus de quelques mètres ? Je savais que c’était par rapport aux découvertes qu’il avait faites, mais on ne pouvait pas lutter contre cette tempête. C’était de la folie ! Le silence reprit ses droits et plus aucun de nous deux ne parla pendant deux ou trois minutes. J’étais un peu inquiet par cette déclaration. Si mon père sortait par ce temps il allait lui arriver quelque chose, je le savais. Soudain, papa posa brutalement sa cuillère. Le bruit me sortit de mes pensées et je le fixai. Papa avait les mains qui tremblaient. Il me regarda puis, comme si il voulait cacher cette faiblesse, ferma les poings. Une goutte de sueur brilla sur son front. Il me dévisagea, les yeux grands ouverts. Il baissa ensuite les yeux, comme honteux, vers son assiette. Il ouvrit la bouche. Il la referma, hésitant apparemment à me dire quelque chose. Mais ce fut tout. Enfin c’est ce que je crus. Parce qu’il lâcha finalement en un souffle :
_ Désolé... désolé... je suis tellement désolé...
Il se prit la tête entre les mains. Je restai les lèvres à moitié ouverte, ne sachant que faire ni que dire. Il se leva brusquement. Je sursautai. Papa se dirigea, sans me jeter un seul regard, vers la porte. Il l’ouvrit, laissant passer des kilos de neiges. Il faillit vaciller sous le vent, mais il tint bon et s’avança vaillamment dehors. Il fit un pas... deux pas... Il le faisait ! Il allait vraiment sortir !
_ PAPA ! NE T’EN VAS PAS !
Mais le sifflement du vent couvrit ma voix.
_ Adieu, fit une voix sanglotante que j’entendis à peine. Adieu fils !
Et la porte se referma.


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