Le lendemain, dès la fin des cours, je rejoignis Adri et ses potes devant le portail du lycée. C'est la seule sortie du bahut. La bande qui m'avait fait morfler allait sans doute sortir par là. On attendit 5 minutes quand on vit les personnes en question. Ils étaient tous les 3, encore groupés. Au moment de se séparer, le plus maigre d'entre eux me lança un regard. Voyant que je les regardais et que j'étais accompagné, ils décidèrent de rester et de partir à notre opposé. Je pense qu'ils venaient de comprendre ce qui allait arriver. Ils étaient dos à nous, accélérant le pas sans courir. Pas question de se ridiculiser devant tout le lycée. Nous, on avait rien à perdre. Aucune réputation à entretenir. On a donc couru pour les rattraper à la prochaine intersection.
-Hé, vous voulez quoi les gars ? Tranquille hein ! Dit le gros, les yeux bougeant de droite à gauche.
-Tu te souviens de moi ? Demandais-je, le fixant d'un regard perçant.
-Bah ouai mon pote, il y a eu un malentendu la der...
Prenant appui sur ma jambe gauche, je fit un bond en avant, le bras tendu sur le gros lard lui fesant perdre l'équilibre. Il tomba sur son dos, lâchant un petit cri de douleur. Ses deux compères s'apprêtaient à me sauter dessus quand Adri et ses potes les retinrent de justesse.
-C'est une affaire entre mon pote et ton pote, dit Adri au plus maigre, le tenant par le col.
Assénant un premier coup sur la mâchoire du gros.
-Un malentendu hein ? Lui dis-je, plein de rage.
Un deuxième coup vint heurter son arcade, désormais explosée. Ma main fut rapidement tâchée de sang. Je tremblais. Ma respiration était rapide et bruyante. La haine avait emplie mon esprit. Sur le coup, j'ai eu peur de faire un acte que j'aurais regretté plus tard. D'un sursaut de lucidité, j'envoyai un dernier coup sur ses côtes, de toutes mes forces. J'étais quasiment couché sur lui. J'ai alors approché mon visage gouttelé de sueur du sien.
-Espèce de gros porc, que ça te serve de leçon, lui chuchotai-je à son oreille avant de lui cracher au visage.
-J'oubliais... toi et ta bande allez la laissé tranquille, pour de bon.
Le message était passé. Avant de partir, je vis le maigre apeuré. Je m'approche de lui, le fixe, penche la tête vers la gauche, marque un temps d'arrêt puis lui remet la même balayette qu'il m'avait mit auparavant le laissant gesticuler par terre tel un ver de terre. Je fis signe à Adri que c'était fini. Fier et soulagé, je me redirigeais vers le portail du lycée et à ma grande surprise, je vit la fille dans un coin... regardant en notre direction. Juste un regard, puis je partis vers chez moi avec Adri et ses potes.
-Alors SP ? Qu'est-ce que tu ressens ? Me demanda Adri tout en souriant.
-T'avais raison. Ça soulage... merci, lui dis-je en hochant de la tête.
-Haha, t'inquiètes ! On a presque rien fait tu sais...

Une fois chez moi, sur mon lit, je constatais les dégâts. Ça fait mal de frapper sur le visage d'un type à main nue. J'ouvre ma main... puis la referme... sentant une douleur aux articulations. Exténué, je ne mis pas longtemps à m'endormir, laissant tout de côté.