Le lendemain, rebelote. C'était la récrée, et je partais à la recherche de mon « gibier » pour retenter ma chance. Elle était encore sur le même banc. A ma grande surprise, elle n'était plus seule. Ils étaient 3, hormis la fille. En m'approchant de la foule, je reconnus les fouteurs de merde du bahut, ceux qui cherchent des embrouilles pour rien, ceux qui ont le don de faire chier n'importe qui. Malgré mon nez bouché, je sentait que ça n'allait pas très bien ce passer cette récrée. Je m'approche alors, histoire d'écouter ce qu'il se disait là bas puis j'entendis.
-Alors sale pute, on ça fait quoi d'avoir le DAS ? Ça, c'était le plus gros d'entre eux qui l'avait sortit. Sur le coup, j'ai comparé sa bouche à un anus et ses paroles à un pet gras puant.
-Ouai, quel effet ça fait hein ? Et on t'a déjà dit que t'étais moche ? Pouffiasse ! Ça, c'était celui à la casquette marron kaka.
-On te laissera tranquille quand t'accepteras de sortir avec l'un de nous, ok ma jolie ? Ça, c'était le plus maigre d'entre eux.

Je ne la connaissais à peine, mais une grande haine s'empara de mon corps. Ces enfoirés m'avaient mis hors de moi. Agir dans ce genre de situation n'était vraiment pas mon genre, mais j'ai toujours eu du mal à me contrôler quand j'ai les nerfs. Je pris une grande inspiration, suivie d'une longue expiration puis je partis à leur rencontre.
-Hé les gars, lâchez là, dis-je, tel le prince venant sauver la belle.
Le gros se retourna, me fixant de ses yeux bovins.
-Tu veux quoi toi ? Dégages si tu veux pas qu'on t'encule, me dit le gros lardon.
-Ah, vous êtes pd ? Répondis-je à son « si tu veux ps qu'on t'encule ».
Le gros s'approchât de moi, mis son visage gras en face du mien, puis me mis un coup de boule sur mon nez.
-PUTAIN ! Tu m'a pété le nez sale porc ! Criai-je en lui postillonnant à la gueule.
Jetant un rapide coup d'oeil à la fille, je n'eus le temps de voir quelle fut sa réaction. Le plus maigre d'entre eux me mis une balayette, me faisant atterrir sur mon coxis. J'étais par terre, et il n'y avait personne autour de nous. Je m'étais fait lamentablement humilier en voulant faire le beau devant celle que je courtisais. La sonnerie retentit et les 3 animaux partirent tout en rappelant à la fille ce qu'ils lui ont donné comme dilemme. Me voilà seul, assis par terre avec le nez en miette. A côté de moi, elle était là, assise sur le banc à me regarder.
-Tu saignes du nez, me dit-elle d'un ton stoïque.
Je n'ai pas trouvé la force de lui répondre, trop de honte en moi, ma fierté en avait pris un coup. Je partis alors à l'infirmerie histoire de soigner ce nez, sans même adresser un regard à la fille.
-Qu'est-ce qu'il t'arrive Spike ? Tu t'es fait frapper ? Me demanda l'infirmière.
-Non madame, je suis tombé. Rien de grave.
Il ne fallait pas que je parle de cet incident pour ne pas avoir de représailles. Dans l'instant même, je n'avais pas envie de me venger, je n'avais plus envie de rien à vrai dire. J'étais un vrai légume.
-Tu n'as presque rien, c'est juste une veine qu'a éclatée dans ton nez. Tu auras quelques hématomes, c'est tout.
-D'accord merci, conclus-je, me dirigeant vers la sortie.
J'arrive devant la salle où j'avais cours, je toque, j'entre, j'explique à la prof que j'étais à l'infirmerie, elle me dit d'aller chercher un mot, j'acquiesce, je ferme la porte et vais en permanence. Qu'elle aille se faire foutre.

Sur le chemin, je vis Adri, l'un de mes meilleurs potes.
-Oh SP (certains m'appelle SP, à prononcer ESSE Pé), qu'est-ce qu'il t'arrive mon pote ? Tu t'es fait tabasser ou quoi ?
-En plein dans le mille, lui dis-je baissant la tête.
-C'est qui qui t'a fait ça ? Me demanda Adri, séchant son cours pour rester avec moi.
Nous sommes tous les deux partis en permanence, là, je lui ai tout expliqué, et pour la fille, et pour les 3 bêtes. C'est alors qu'il m'ouvrit les yeux.
-Faut pas laisser passer ça mon pote, et pour toi, et pour la fille. Ils vont te prendre pour leur pigeon maintenant, faut leur faire comprendre que le maître du jeu, c'est toi et pas eux.
-Tu veux quoi ? Que je les frappes à mon tour ? Comment ? Ils sont 3, je suis seul. C'est pas que j'ai peur mais suffit que t'en tape 1 pour que les 2 autres rentrent et te font manger la patté.
-Écoutes, je vais prendre 2 potes avec moi histoire de faire impression. On va les trouver dehors, hors du bahut pour éviter tous problèmes, et une fois qu'on les aura trouver, tu t'occuperas d'eux. Seul. Et on sera là pour éviter les débordements et pour éviter ce que tu crains avec les 2 autres, m'expliqua Adri, sûr de lui.
Au début, je me demandais pourquoi lui aussi ne les frapperait pas avec moi... c'est plus tard que j'allais comprendre qu'en fait, pour regagner ma fierté et remarcher la tête haute, il fallait que je règle cette affaire «seul».