Note de la fic : Non notée
Publié le 19/11/2016 à 01:56:04 par PoulpeDeNoel
Gérard avait cogité au réveil. Il avait rêvé qu'Alicia avait poignardé Andréa. Horrible cauchemar. Quelle famille de dingues, se dit Gérard. Il considéra quelques instants l'enquête. Il était quasi-sûr que l'assassin se trouvait parmi les Destouches. Restait à voir qui de la petite-fille ou de la grand-mère...
Il s'habilla et descendit, ayant intention de chercher conseil auprès d'Andréa. Il ne trouva personne aux cuisines et décida de sortir prendre l'air. Il trouva Mme Creuzot et son mari en terrasse débattre énergiquement avec Victor. Ils s'interrompirent en voyant arriver l'inspecteur.
– Bonjour bonjour, salua Gérard.
– Bonjour, vous avez bien dormi ? demanda Mme Creuzot.
– Oui. Vous savez où je pourrais trouver Andréa ?
– Oh, elle est partie à l'église, avec madame la Tourbière. Vous savez, aujourd'hui est une journée très spéciale pour la paroisse. Un dimanche dans l'année, les paroissiens s'organisent pour offrir aux démunis du quartier un repas. C'est une journée de partage, et, comme chaque année depuis dix ans, madame la Tourbière est présidente !
– Elle va pouvoir se montrer, ironisa M. Creuzot.
Mme Creuzot décocha un regard empreint de reproches à son mari. Gérard intervint :
– Je savais pas que madame était une fervente croyante.
– Oh, je sais pas si elle croit vraiment à tout ça, vous voyez, mais c'est important pour elle de se retrouver autour d'une communauté, de resserrer les liens... Vous voyez ? Mais on aurait peut-être dû vous prévenir, peut-être que vous auriez aimer aller à la messe avec eux ?
– Bof, le bon Dieu, moi, vous savez... Et vous sinon ?
– Mon mari et nos enfants sont athées, mais je me suis convertie au bouddhisme.
– C'est pas la religion des Indiens ça ?
– Oui, c'est ça. Je vais au temple avec des amies à Paris chaque mois. C'est tellement tendance ! En plus on est végétariens aussi nous les bouddhistes !
M. Creuzot souffla du nez et lança :
– Avec ton accoutrement orange de moine là.
– Tais-toi, le orange est très à la mode en ce moment !
Creuzot répliqua d'un rire et sortit son smartphone. Gérard, considérant l'absence d'Andréa de la maison, décida de partir interroger Mme Destouches. Victor, resté jusqu'ici silencieux, lui indiqua la chambre de la vieille femme.
Gérard entra dans la pièce sans frapper. La pièce sentait le renfermé et mina dès lors l'humeur de l'inspecteur. Le mobilier était désordonné, et une puissante atmosphère poisseuse se dégageait de l'endroit.
Il trouva Mme Destouches en train de sermonner sa petite-fille. Alicia regardait, allongée, le plafond d'un air embêté, les paroles de sa grand-mère semblant lui passer par-dessus la tête. Elle ne fit que tourner le regard, la tête fixe, lorsque Gérard entra.
Gérard prit cette remontrance sévère de la grand-mère comme un nouvel indice de la culpabilité d'Alicia. Il ne put surprendre des propos de Mme Destouches qu'un « Quelle idée d'aller se promener là-bas en pleine nuit ! »
– Oh, hum inspecteur, bafouilla Mme Destouches, qu'est-ce que vous faites là ? Vous auriez pu frapper.
– Désolé, répliqua sèchement Gérard. Je voudrais vous interroger au propos du meurtre de la baronne.
– Mais allez-y inspecteur, répondit-elle, devenue rouge.
Gérard considéra le rougissement de la vieille femme et demanda, d'un air assuré :
– Je sais que votre fils a trempé dans des affaires louches, alors j'aimerais...
– Comment ça ?! Mais qui vous a raconté des choses pareilles ? Mon fils est un homme intègre !
Même Alicia parut s'étonner de cette révélation et tourna pour la seconde fois son regard en direction de Gérard.
Bah, c'est des criminels, pas étonnant qu'ils mentent, pensa Gérard, plein de bon sens.
– Bon, je sais ce qu'il s'est passé le soir du meurtre de la baronne, alors, vous feriez mieux de coopérer un minimum !
– Et il s'est passé, quoi, alors, dites-moi ? s'énerva Mme Destouches.
– Votre fille est une criminelle !
Alicia, l'air quelque peu exaspérée, se frotta les yeux de son index et son pouce.
– Quoi ? Mais vous êtes complètement idiot ma parole ? C'est cette traînée de Tourbière qui vous a mis cette idée dans votre cervelle de moineau ? Mais bon Dieu, mais qu'il est idiot !
– Vous feriez mieux de vous calmer tout de suite ma petite dame, répliqua Gérard, piqué.
– Mais c'est cette vieille carne de Tourbière qui a fait tuer madame la Baronne, vous comprenez rien ? Ma petite-fille a vu Victor ! C'est Tourbière qui a commandité le meurtre ! Réfléchissez deux secondes ! Branchez les deux neurones que vous avez !
Gérard serrait les poings en entendant ces insultes. La Tourbière reprit ses explications à son interlocuteur qui n'écoutait plus :
– C'était déjà elle qui avait fait assassiner son mari. Je vous explique. À l'époque, il flirtait avec la jeune baronne. Ils étaient tombés fous l'un de l'autre. Tourbière, qui supportait pas ça, a embauché une pauvre pomme, Victor, et a découché avec lui pour faire enrager son mari. Elle avait peur de le perdre. Elle vient d'un milieu assez populacier, elle voulait pas perdre sa poule aux œufs d'or. Et puis le mari La Tourbière commençait de plus en plus à s'enticher de la baronne. Il commençait à prévoir le divorce pour se remarier. La Tourbière, ça lui a pas plu du tout. Elle a fait assassiner son mari pour récupérer tout le magot. Évidemment on l'a pas su tout de suite. Elle avait bien joué son coup, la mégère. On a commencé un peu à mener notre petite enquête avec la baronne. Et puis voilà, aujourd'hui c'est au tour de la baronne d'y passer. Elle a dû menacer de tout dévoiler... Et Tourbière a profité de Victor. Elle le paye grassement, et il a tout intérêt à garder sa place ce fumier la. Mais vous m'écoutez, bon Dieu ? apostropha-t-elle Gérard.
Gérard releva la tête. Il venait d'être grondé et n'aimait pas ça. Il en avait marre de cette vieille peau. Il fulminait. Il partit en claquant la porte.
Gérard en avait assez. Et puis il était dimanche, merde ! Il travaillait pendant jour de repos. Il était déjà bien gentil, alors si on commençait à lui casser les pieds, alors là...
Il se reposa une dizaine de minutes dans sa chambre, histoire de tout remettre bien à plat. Il fallait encore interroger Victor et les Creuzot, et il pourrait en finir avec cette enquête de malheur. Gérard se jura qu'après ça, plus jamais il ne bougerait les pieds de son bureau.
Il partit à la rencontre des Creuzot, qui profitaient ensemble du soleil zénithal. L'atmosphère familiale l'égaya d'un coup.
– Rebonjour, se présenta Gérard dans un sourire.
– Bonjour, inspecteur.
– Bonjour.
– Wesh.
– Coucou.
– J'aimerais vous poser quelques questions, si je ne vous dérange pas.
– Mais certainement, répondit amicalement Mme Creuzot.
– C'est à propos des Destouches, si vous pourriez...
– Vous en dire plus ? Mais on en a, à raconter ! Asseyez-vous donc. Vous savez, ce sont des sacrés, eux... Mon mari vous a déjà raconté pour le fils de Mme Destouches et ses magouilles... Eh bah, on en a encore, à dire ! Les enfants, vous pouvez aller jouer ailleurs ? En fait, on est certains que ce sont les Destouches qui ont tué la baronne.
Gérard écoutait avec attention.
– Vous savez, mon cher inspecteur, continua Mme Creuzot, je vous ai déjà soumis mes doutes quant à l'état de santé mental d'Alicia... Bon. Pour être tout à fait claire, je suis quasiment certaine que c'est sa grand-mère qui l'a poussée au meurtre. Je pense bien, oui.
– Intéressant, nota Gérard.
– Elle est toujours à faire des messes-basses avec sa petite-fille. On sait pas ce qu'elles peuvent prévoir, ces deux-là... Une psychopathe et une vieille timbrée ! Deux folles.
Gérard sourit. Ces insultes le réconfortaient après avoir essuyé un affront de la part des Destouches. Réconforté, ces insultes le confortaient inconsciemment dans ses dynamiques de soupçons.
Après encore quelques allègres mots salés à l'encontre des deux bonnes femmes, Gérard partit à la recherche de Victor. Il frappa à la porte de Victor et entra dans la seconde qui suivit. Il vit Victor se retourner d'un bond, qui était en train de trifouiller une armoire.
– Oh, c'est vous.
– Désolé de vous déranger comme ça Victor...
– C'est rien.
À ces paroles, un paquet chuta de l'armoire. Victor le ramassa d'un geste faussement négligé et le replaça vivement dans le meuble. C'était un petit sachet plastique contenant une plante.
– Mon thé. Que vouliez-vous ? enchaîna immédiatement Victor.
– Vous interroger. Vous voyez, je vais partir demain. J'ai trop abusé de la gentillesse de madame la Tourbière, j'aimerais clore ce dossier au plus vite.
– Oui, je vois... J'allais justement venir vous trouver...
– À quel sujet ?
– Vous savez que je suis le majordome de la maisonnée. En ce titre, je me dois de rendre la maison impeccable.
– Et elle l'est, intervint poliment Gérard.
– Merci. Donc, régulièrement, je dois faire le ménage. Et ce matin, vous ne savez pas ce que j'ai trouvé dans la chambre des Destouches ?
– Quoi ?
– Une Aconit Nepel. Andréa m'a raconté que c'était le poison du meurtrier... Je devais vous faire part de ma sombre découverte. Maintenant, vous faites de mon témoignage ce que bon vous semble...
Gérard eut une palpitation au cœur. Si c'était vrai, il pourrait enfin avoir une preuve évidente de la culpabilité d'Alicia ! Il en aurait fini ! Il demanda à Victor de lui montrer où se cachait la plante. Ils grimpèrent les marches des escaliers par cinq. Devant la chambre, Gérard donna un coup de pied à la porte de la chambre pour l'ouvrir. Comme dans les séries américaines. Raté. Il recommencerait une autre fois. Il tourna la poignée et gueula, encore essoufflé par l'effort :
– Plus un geste ! Que personne ne bouge !
Victor se dirigea tout droit vers l'armoire d'Alicia. Il ouvrit un tiroir et pointa du doigt au milieu des pièces de lingerie de la jeune fille une plante.
– Quoi ? s'effara Mme Destouches. Mais arrêtez, mais vous êtes dingues ! C'est vous qui avez mis ça là espèce de salaud !
Elle fonça sur Victor et lui asséna une claque. Victor valsa. Gérard sortit de la poche intérieure de sa veste son arme de poing qu'il braqua sur la femme.
– On bouge plus !
– Je...
– Ta gueule !
Gérard sortit de sa poche son téléphone et composa le numéro du commissariat.
– J'ai les meurtriers de la villa devant moi. Envoyez-moi de quoi les ramener au bercail.
Mme Destouches commença à pleurer à chaudes larmes, mêlées de lamentations en tous genres. Alicia se massait vigoureusement les tempes. Lorsque les policiers arrivèrent, Gérard demanda à Victor de bien vouloir les conduire jusqu'à la chambre. Menottées, les Destouches furent conduites au fourgon. Alicia roula des yeux.
– La bêtise, murmura-t-elle.
La Tourbière et Andréa rentrèrent à cette instant.
– Mais alors inspecteur, vous avez invité vos camarades ? demanda dans un large sourire la Tourbière.
– Oui, on peut dire ça comme ça. On a retrouvé la plante toxique dans les affaires d'Alicia. Elles vont vite être jugées...
Le visage d'Andréa s'illumina, et elle se jeta dans les bras de l'inspecteur.
– Oh Gérard, oh Gérard ! Vous l'avez fait ! Oui ! On est enfin en sécurité !
– Je te l'avais bien dit que, foi de Bétrache, on mettrait de le coupable derrière les barreaux.
– Haha, oui, le coupable derrière les barreaux, sourit avec candeur la Tourbière sans que Gérard ne l'entende, assourdit par les petits jappements d'Andréa.
Le lendemain matin, Gérard Bétrache retrouva enfin son bureau. Ô joie ! Après tant de temps ! Gérard était très fatigué. Très très fatigué.
Assis sur son fauteuil, il délaça ses chaussures et sortit de son tiroir un paquet de chips.
– Huuuum Crunchy Chips !
Il s'habilla et descendit, ayant intention de chercher conseil auprès d'Andréa. Il ne trouva personne aux cuisines et décida de sortir prendre l'air. Il trouva Mme Creuzot et son mari en terrasse débattre énergiquement avec Victor. Ils s'interrompirent en voyant arriver l'inspecteur.
– Bonjour bonjour, salua Gérard.
– Bonjour, vous avez bien dormi ? demanda Mme Creuzot.
– Oui. Vous savez où je pourrais trouver Andréa ?
– Oh, elle est partie à l'église, avec madame la Tourbière. Vous savez, aujourd'hui est une journée très spéciale pour la paroisse. Un dimanche dans l'année, les paroissiens s'organisent pour offrir aux démunis du quartier un repas. C'est une journée de partage, et, comme chaque année depuis dix ans, madame la Tourbière est présidente !
– Elle va pouvoir se montrer, ironisa M. Creuzot.
Mme Creuzot décocha un regard empreint de reproches à son mari. Gérard intervint :
– Je savais pas que madame était une fervente croyante.
– Oh, je sais pas si elle croit vraiment à tout ça, vous voyez, mais c'est important pour elle de se retrouver autour d'une communauté, de resserrer les liens... Vous voyez ? Mais on aurait peut-être dû vous prévenir, peut-être que vous auriez aimer aller à la messe avec eux ?
– Bof, le bon Dieu, moi, vous savez... Et vous sinon ?
– Mon mari et nos enfants sont athées, mais je me suis convertie au bouddhisme.
– C'est pas la religion des Indiens ça ?
– Oui, c'est ça. Je vais au temple avec des amies à Paris chaque mois. C'est tellement tendance ! En plus on est végétariens aussi nous les bouddhistes !
M. Creuzot souffla du nez et lança :
– Avec ton accoutrement orange de moine là.
– Tais-toi, le orange est très à la mode en ce moment !
Creuzot répliqua d'un rire et sortit son smartphone. Gérard, considérant l'absence d'Andréa de la maison, décida de partir interroger Mme Destouches. Victor, resté jusqu'ici silencieux, lui indiqua la chambre de la vieille femme.
Gérard entra dans la pièce sans frapper. La pièce sentait le renfermé et mina dès lors l'humeur de l'inspecteur. Le mobilier était désordonné, et une puissante atmosphère poisseuse se dégageait de l'endroit.
Il trouva Mme Destouches en train de sermonner sa petite-fille. Alicia regardait, allongée, le plafond d'un air embêté, les paroles de sa grand-mère semblant lui passer par-dessus la tête. Elle ne fit que tourner le regard, la tête fixe, lorsque Gérard entra.
Gérard prit cette remontrance sévère de la grand-mère comme un nouvel indice de la culpabilité d'Alicia. Il ne put surprendre des propos de Mme Destouches qu'un « Quelle idée d'aller se promener là-bas en pleine nuit ! »
– Oh, hum inspecteur, bafouilla Mme Destouches, qu'est-ce que vous faites là ? Vous auriez pu frapper.
– Désolé, répliqua sèchement Gérard. Je voudrais vous interroger au propos du meurtre de la baronne.
– Mais allez-y inspecteur, répondit-elle, devenue rouge.
Gérard considéra le rougissement de la vieille femme et demanda, d'un air assuré :
– Je sais que votre fils a trempé dans des affaires louches, alors j'aimerais...
– Comment ça ?! Mais qui vous a raconté des choses pareilles ? Mon fils est un homme intègre !
Même Alicia parut s'étonner de cette révélation et tourna pour la seconde fois son regard en direction de Gérard.
Bah, c'est des criminels, pas étonnant qu'ils mentent, pensa Gérard, plein de bon sens.
– Bon, je sais ce qu'il s'est passé le soir du meurtre de la baronne, alors, vous feriez mieux de coopérer un minimum !
– Et il s'est passé, quoi, alors, dites-moi ? s'énerva Mme Destouches.
– Votre fille est une criminelle !
Alicia, l'air quelque peu exaspérée, se frotta les yeux de son index et son pouce.
– Quoi ? Mais vous êtes complètement idiot ma parole ? C'est cette traînée de Tourbière qui vous a mis cette idée dans votre cervelle de moineau ? Mais bon Dieu, mais qu'il est idiot !
– Vous feriez mieux de vous calmer tout de suite ma petite dame, répliqua Gérard, piqué.
– Mais c'est cette vieille carne de Tourbière qui a fait tuer madame la Baronne, vous comprenez rien ? Ma petite-fille a vu Victor ! C'est Tourbière qui a commandité le meurtre ! Réfléchissez deux secondes ! Branchez les deux neurones que vous avez !
Gérard serrait les poings en entendant ces insultes. La Tourbière reprit ses explications à son interlocuteur qui n'écoutait plus :
– C'était déjà elle qui avait fait assassiner son mari. Je vous explique. À l'époque, il flirtait avec la jeune baronne. Ils étaient tombés fous l'un de l'autre. Tourbière, qui supportait pas ça, a embauché une pauvre pomme, Victor, et a découché avec lui pour faire enrager son mari. Elle avait peur de le perdre. Elle vient d'un milieu assez populacier, elle voulait pas perdre sa poule aux œufs d'or. Et puis le mari La Tourbière commençait de plus en plus à s'enticher de la baronne. Il commençait à prévoir le divorce pour se remarier. La Tourbière, ça lui a pas plu du tout. Elle a fait assassiner son mari pour récupérer tout le magot. Évidemment on l'a pas su tout de suite. Elle avait bien joué son coup, la mégère. On a commencé un peu à mener notre petite enquête avec la baronne. Et puis voilà, aujourd'hui c'est au tour de la baronne d'y passer. Elle a dû menacer de tout dévoiler... Et Tourbière a profité de Victor. Elle le paye grassement, et il a tout intérêt à garder sa place ce fumier la. Mais vous m'écoutez, bon Dieu ? apostropha-t-elle Gérard.
Gérard releva la tête. Il venait d'être grondé et n'aimait pas ça. Il en avait marre de cette vieille peau. Il fulminait. Il partit en claquant la porte.
Gérard en avait assez. Et puis il était dimanche, merde ! Il travaillait pendant jour de repos. Il était déjà bien gentil, alors si on commençait à lui casser les pieds, alors là...
Il se reposa une dizaine de minutes dans sa chambre, histoire de tout remettre bien à plat. Il fallait encore interroger Victor et les Creuzot, et il pourrait en finir avec cette enquête de malheur. Gérard se jura qu'après ça, plus jamais il ne bougerait les pieds de son bureau.
Il partit à la rencontre des Creuzot, qui profitaient ensemble du soleil zénithal. L'atmosphère familiale l'égaya d'un coup.
– Rebonjour, se présenta Gérard dans un sourire.
– Bonjour, inspecteur.
– Bonjour.
– Wesh.
– Coucou.
– J'aimerais vous poser quelques questions, si je ne vous dérange pas.
– Mais certainement, répondit amicalement Mme Creuzot.
– C'est à propos des Destouches, si vous pourriez...
– Vous en dire plus ? Mais on en a, à raconter ! Asseyez-vous donc. Vous savez, ce sont des sacrés, eux... Mon mari vous a déjà raconté pour le fils de Mme Destouches et ses magouilles... Eh bah, on en a encore, à dire ! Les enfants, vous pouvez aller jouer ailleurs ? En fait, on est certains que ce sont les Destouches qui ont tué la baronne.
Gérard écoutait avec attention.
– Vous savez, mon cher inspecteur, continua Mme Creuzot, je vous ai déjà soumis mes doutes quant à l'état de santé mental d'Alicia... Bon. Pour être tout à fait claire, je suis quasiment certaine que c'est sa grand-mère qui l'a poussée au meurtre. Je pense bien, oui.
– Intéressant, nota Gérard.
– Elle est toujours à faire des messes-basses avec sa petite-fille. On sait pas ce qu'elles peuvent prévoir, ces deux-là... Une psychopathe et une vieille timbrée ! Deux folles.
Gérard sourit. Ces insultes le réconfortaient après avoir essuyé un affront de la part des Destouches. Réconforté, ces insultes le confortaient inconsciemment dans ses dynamiques de soupçons.
Après encore quelques allègres mots salés à l'encontre des deux bonnes femmes, Gérard partit à la recherche de Victor. Il frappa à la porte de Victor et entra dans la seconde qui suivit. Il vit Victor se retourner d'un bond, qui était en train de trifouiller une armoire.
– Oh, c'est vous.
– Désolé de vous déranger comme ça Victor...
– C'est rien.
À ces paroles, un paquet chuta de l'armoire. Victor le ramassa d'un geste faussement négligé et le replaça vivement dans le meuble. C'était un petit sachet plastique contenant une plante.
– Mon thé. Que vouliez-vous ? enchaîna immédiatement Victor.
– Vous interroger. Vous voyez, je vais partir demain. J'ai trop abusé de la gentillesse de madame la Tourbière, j'aimerais clore ce dossier au plus vite.
– Oui, je vois... J'allais justement venir vous trouver...
– À quel sujet ?
– Vous savez que je suis le majordome de la maisonnée. En ce titre, je me dois de rendre la maison impeccable.
– Et elle l'est, intervint poliment Gérard.
– Merci. Donc, régulièrement, je dois faire le ménage. Et ce matin, vous ne savez pas ce que j'ai trouvé dans la chambre des Destouches ?
– Quoi ?
– Une Aconit Nepel. Andréa m'a raconté que c'était le poison du meurtrier... Je devais vous faire part de ma sombre découverte. Maintenant, vous faites de mon témoignage ce que bon vous semble...
Gérard eut une palpitation au cœur. Si c'était vrai, il pourrait enfin avoir une preuve évidente de la culpabilité d'Alicia ! Il en aurait fini ! Il demanda à Victor de lui montrer où se cachait la plante. Ils grimpèrent les marches des escaliers par cinq. Devant la chambre, Gérard donna un coup de pied à la porte de la chambre pour l'ouvrir. Comme dans les séries américaines. Raté. Il recommencerait une autre fois. Il tourna la poignée et gueula, encore essoufflé par l'effort :
– Plus un geste ! Que personne ne bouge !
Victor se dirigea tout droit vers l'armoire d'Alicia. Il ouvrit un tiroir et pointa du doigt au milieu des pièces de lingerie de la jeune fille une plante.
– Quoi ? s'effara Mme Destouches. Mais arrêtez, mais vous êtes dingues ! C'est vous qui avez mis ça là espèce de salaud !
Elle fonça sur Victor et lui asséna une claque. Victor valsa. Gérard sortit de la poche intérieure de sa veste son arme de poing qu'il braqua sur la femme.
– On bouge plus !
– Je...
– Ta gueule !
Gérard sortit de sa poche son téléphone et composa le numéro du commissariat.
– J'ai les meurtriers de la villa devant moi. Envoyez-moi de quoi les ramener au bercail.
Mme Destouches commença à pleurer à chaudes larmes, mêlées de lamentations en tous genres. Alicia se massait vigoureusement les tempes. Lorsque les policiers arrivèrent, Gérard demanda à Victor de bien vouloir les conduire jusqu'à la chambre. Menottées, les Destouches furent conduites au fourgon. Alicia roula des yeux.
– La bêtise, murmura-t-elle.
La Tourbière et Andréa rentrèrent à cette instant.
– Mais alors inspecteur, vous avez invité vos camarades ? demanda dans un large sourire la Tourbière.
– Oui, on peut dire ça comme ça. On a retrouvé la plante toxique dans les affaires d'Alicia. Elles vont vite être jugées...
Le visage d'Andréa s'illumina, et elle se jeta dans les bras de l'inspecteur.
– Oh Gérard, oh Gérard ! Vous l'avez fait ! Oui ! On est enfin en sécurité !
– Je te l'avais bien dit que, foi de Bétrache, on mettrait de le coupable derrière les barreaux.
– Haha, oui, le coupable derrière les barreaux, sourit avec candeur la Tourbière sans que Gérard ne l'entende, assourdit par les petits jappements d'Andréa.
Le lendemain matin, Gérard Bétrache retrouva enfin son bureau. Ô joie ! Après tant de temps ! Gérard était très fatigué. Très très fatigué.
Assis sur son fauteuil, il délaça ses chaussures et sortit de son tiroir un paquet de chips.
– Huuuum Crunchy Chips !