Note de la fic :
Publié le 14/07/2015 à 00:22:52 par MonsieurF
Forcément après mon décès, une enquête fût ouverte. Le conducteur du pick-up fût entendu, et malgré la perte de ses deux jambes dans l'accident, cela n'avait pas empêché l'opinion publique de le considérer comme le principal responsable de l'accident. Pour lui, je m'étais jeté sur la voie au dernier moment, pour les autres, l'homme avait bu et ne m'avait pas aperçu, ou bien il n'avait pas ses phares et ne pouvait pas me voir, ou plus rocambolesque encore, il m'avait vu et avait accéléré... Des tas d’hypothèses étaient émises mais aucune ne faisait état d'une jeune fille tout simplement suicidaire qui avait projeté de son plein gré de se faire percuter par ce pick-up ou un autre. Personne n'est suicidaire à Sherbrooke.
Cela faisait plusieurs mois que je menai ma petite double vie, à sortir tard le soir, et revenir tôt le lendemain histoire de ne pas éveiller les soupçons.
J'adorais mes petites virées. J'adorais le sexe, et j'adorais tous mes petits moments avec ces hommes plus vieux qui comblaient plus ou moins un manque d'affection.
Le paradoxe était plutôt drôle quand j'y pensais. J'essayais de combler un manque d'affection que ma mère ne m'avait probablement pas donné, en couchant deux nuits par semaine avec l'un des collègues de bureau de ma mère.
Il s'appelait Pierre. Pierre était probablement l'un de mes amants que j'affectionnai le plus. Il n'était pas lourd, pas intrusif, toujours inquiet quand il me voyait légèrement plus triste que d'habitude. Et pour être honnête, il me faisait l'amour comme aucun autre.
J'aurai pu trouver ça malsain où gênant, toutes les fois où je suis passé au boulot de ma mère pour x ou y raison, et que j’apercevais Pierre discuter avec elle.
Il avait des étincelles dans le regard, une particularité que j'adorais chez lui. Ce regard dans lequel je pouvais plonger mes yeux des heures pendant l'amour.
J'étais amoureuse de lui. Terriblement amoureuse. C'était l'une des choses les plus improbables qu'il avait pu se produire lors de mes escapades.
J'avais rencontré Pierre lors d'une soirée organisée par le bureau de ma mère. J'avais détesté l'idée d'aller là-bas, mais je n'avais pas eu le choix. La raison pour laquelle ma présence y avait été requise était pour rencontrer en personne le patron de ma mère pour qu'il puisse discuter avec moi d'une possibilité d'embauche pour les deux mois de l'été qui se profilaient. La soirée se passait dans un étage entier de l'immeuble dans lequel ma mère travaillait. C'était un open space basique dans lequel on avait poussé quelques tables, mis quelques chaises et quelques biscuits apéritifs pour donner l'illusion qu'une soirée avait lieu ici.
Ma mère était directrice des ressources humaines et d'après les quelques regards lancés sur elle lorsque nous avions fait notre entrée, j'avais pu remarquer qu'elle n'avait pas l'air d'être très attendue.
J'avais d'ailleurs aussitôt remarqué Pierre dès notre arrivée. Il était penché sur son Mac et composait une playlist afin d'installer un semblant d'ambiance chaleureuse.
J'avais discerné de la lueur de l'écran, son visage aux traits fermes et rassurants. Un sourire posé du coin des lèvres, ses beaux yeux cachés derrière sa paire de lunettes stricte et son bouc noir épais, mais taillé à la perfection était de la même couleur que ses cheveux mi-courts et fins.
Il était plutôt grand, une carrure aux allures de sportif et portait à merveille le blazer.
Je n'ai bien évidemment pas décollé le regard de cet homme si bien apprêté qui me donnait déjà quelques sueurs.
Mais ma mère était là, et même si elle ne valait plus grand-chose dans mon estime déjà à ce moment-là, je ne pouvais décemment pas draguer un de ses collègues de bureau aussi publiquement. Je devais la jouer finement.
J’eus la discussion que je devais avoir avec monsieur Brontio, immonde petit personnage puant l'alcool qui gérait cet étage. Son haleine puait le cognac à tel point que je me sentais obligé de ne plus respirer lors de mon entretien avec lui. Si j'avais su à ce moment-là que plus tôt dans l'après-midi, il était rentré chez lui et avait trouvé un mot de sa femme sur lequel il était écrit qu'elle ne reviendrait pas, j'aurais probablement été plus tolérante et compréhensive.
Après avoir esquissé un sourire et fait mine d'être intéressé par sa proposition, je m'éclipsais timidement de son champ de vision. J'avais cherché du regard cet homme que j'avais tant reluqué toute la soirée et qui avait soudainement disparu.
Ma mère me tapa sur l'épaule, et je retrouvai celui que je cherchais; il était tout simplement en face de moi.
-Gabrielle, je voudrais te présenter un collègue; Pierre Domenico, il est codirecteur ici et je lui ai demandé de te faire visiter les locaux puisque tu risques de travailler ici
Je ne savais même pas quoi répondre, je ne suis pas timide à l'origine, mais cet homme imposait tellement face à moi que ma seule réponse fût une sorte de gémissement à peine audible.
Ma mère se retira et nous laissa donc tous les deux au centre de la pièce.
Il s'avança un peu plus vers moi et tendit le bras qui tenait son verre, vers un des couloirs du bureau.
"Viens, nous allons commencer par la salle de réunion si tu le veux bien"
Nous n'avons visité que la salle de réunion en réalité.
En entrant il s'est assis, m'a tiré une chaise, a tiré la sienne et nous nous sommes assis autour de la table.
-"Je suis désolé que tu aies à subir ça, on ne peut pas dire que ça soit une soirée idéale pour une jeune fille."
lança-t-il
-"Ne vous inquiétez pas, je n’avais pas vraiment envie de venir, mais je me sens mieux ici qu'ailleurs"
Depuis sa chaise il me regardait de haut en bas, scrutait mes moindres gestes, mes moindres tics nerveux.
Me faire reluquer de la sorte m'aurait rapidement déconcerté, mise mal à l'aise au point de réagir et de le lui faire remarquer, mais je n'en avais pas envie, puisque je faisais pareil.
Je scrutais chaque parcelle de peau que ses vêtements ne cachaient pas, posait mes yeux sur les quelques poils qui essayaient de se frayer un chemin hors de ses manches ou de son col, j’essayai de discerner un tatouage qui débutait du haut de son cou sur son côté droit et plongeait vers son épaule, le tout toujours caché par sa chemise.
-"T'as accepté la proposition de Brontio?" demanda-t-il, rompant ma concentration
-"Je suis restée vague, je n'y ai vraiment pas réfléchi. J'ai été plutôt... distraite ce soir"
-"Distraite?"
À cet instant, ma mère apparue dans la pièce, me prévenant qu'il était déjà tard et que pour des raisons de "dossiers qu'elle n'a pas bouclés" elle devrait probablement passer la nuit ici, et qu'en attendant elle avait appelé un taxi afin de me raccompagner à la maison.
"Annulez le taxi" fit Pierre, "je la raccompagne."
Cela faisait plusieurs mois que je menai ma petite double vie, à sortir tard le soir, et revenir tôt le lendemain histoire de ne pas éveiller les soupçons.
J'adorais mes petites virées. J'adorais le sexe, et j'adorais tous mes petits moments avec ces hommes plus vieux qui comblaient plus ou moins un manque d'affection.
Le paradoxe était plutôt drôle quand j'y pensais. J'essayais de combler un manque d'affection que ma mère ne m'avait probablement pas donné, en couchant deux nuits par semaine avec l'un des collègues de bureau de ma mère.
Il s'appelait Pierre. Pierre était probablement l'un de mes amants que j'affectionnai le plus. Il n'était pas lourd, pas intrusif, toujours inquiet quand il me voyait légèrement plus triste que d'habitude. Et pour être honnête, il me faisait l'amour comme aucun autre.
J'aurai pu trouver ça malsain où gênant, toutes les fois où je suis passé au boulot de ma mère pour x ou y raison, et que j’apercevais Pierre discuter avec elle.
Il avait des étincelles dans le regard, une particularité que j'adorais chez lui. Ce regard dans lequel je pouvais plonger mes yeux des heures pendant l'amour.
J'étais amoureuse de lui. Terriblement amoureuse. C'était l'une des choses les plus improbables qu'il avait pu se produire lors de mes escapades.
J'avais rencontré Pierre lors d'une soirée organisée par le bureau de ma mère. J'avais détesté l'idée d'aller là-bas, mais je n'avais pas eu le choix. La raison pour laquelle ma présence y avait été requise était pour rencontrer en personne le patron de ma mère pour qu'il puisse discuter avec moi d'une possibilité d'embauche pour les deux mois de l'été qui se profilaient. La soirée se passait dans un étage entier de l'immeuble dans lequel ma mère travaillait. C'était un open space basique dans lequel on avait poussé quelques tables, mis quelques chaises et quelques biscuits apéritifs pour donner l'illusion qu'une soirée avait lieu ici.
Ma mère était directrice des ressources humaines et d'après les quelques regards lancés sur elle lorsque nous avions fait notre entrée, j'avais pu remarquer qu'elle n'avait pas l'air d'être très attendue.
J'avais d'ailleurs aussitôt remarqué Pierre dès notre arrivée. Il était penché sur son Mac et composait une playlist afin d'installer un semblant d'ambiance chaleureuse.
J'avais discerné de la lueur de l'écran, son visage aux traits fermes et rassurants. Un sourire posé du coin des lèvres, ses beaux yeux cachés derrière sa paire de lunettes stricte et son bouc noir épais, mais taillé à la perfection était de la même couleur que ses cheveux mi-courts et fins.
Il était plutôt grand, une carrure aux allures de sportif et portait à merveille le blazer.
Je n'ai bien évidemment pas décollé le regard de cet homme si bien apprêté qui me donnait déjà quelques sueurs.
Mais ma mère était là, et même si elle ne valait plus grand-chose dans mon estime déjà à ce moment-là, je ne pouvais décemment pas draguer un de ses collègues de bureau aussi publiquement. Je devais la jouer finement.
J’eus la discussion que je devais avoir avec monsieur Brontio, immonde petit personnage puant l'alcool qui gérait cet étage. Son haleine puait le cognac à tel point que je me sentais obligé de ne plus respirer lors de mon entretien avec lui. Si j'avais su à ce moment-là que plus tôt dans l'après-midi, il était rentré chez lui et avait trouvé un mot de sa femme sur lequel il était écrit qu'elle ne reviendrait pas, j'aurais probablement été plus tolérante et compréhensive.
Après avoir esquissé un sourire et fait mine d'être intéressé par sa proposition, je m'éclipsais timidement de son champ de vision. J'avais cherché du regard cet homme que j'avais tant reluqué toute la soirée et qui avait soudainement disparu.
Ma mère me tapa sur l'épaule, et je retrouvai celui que je cherchais; il était tout simplement en face de moi.
-Gabrielle, je voudrais te présenter un collègue; Pierre Domenico, il est codirecteur ici et je lui ai demandé de te faire visiter les locaux puisque tu risques de travailler ici
Je ne savais même pas quoi répondre, je ne suis pas timide à l'origine, mais cet homme imposait tellement face à moi que ma seule réponse fût une sorte de gémissement à peine audible.
Ma mère se retira et nous laissa donc tous les deux au centre de la pièce.
Il s'avança un peu plus vers moi et tendit le bras qui tenait son verre, vers un des couloirs du bureau.
"Viens, nous allons commencer par la salle de réunion si tu le veux bien"
Nous n'avons visité que la salle de réunion en réalité.
En entrant il s'est assis, m'a tiré une chaise, a tiré la sienne et nous nous sommes assis autour de la table.
-"Je suis désolé que tu aies à subir ça, on ne peut pas dire que ça soit une soirée idéale pour une jeune fille."
lança-t-il
-"Ne vous inquiétez pas, je n’avais pas vraiment envie de venir, mais je me sens mieux ici qu'ailleurs"
Depuis sa chaise il me regardait de haut en bas, scrutait mes moindres gestes, mes moindres tics nerveux.
Me faire reluquer de la sorte m'aurait rapidement déconcerté, mise mal à l'aise au point de réagir et de le lui faire remarquer, mais je n'en avais pas envie, puisque je faisais pareil.
Je scrutais chaque parcelle de peau que ses vêtements ne cachaient pas, posait mes yeux sur les quelques poils qui essayaient de se frayer un chemin hors de ses manches ou de son col, j’essayai de discerner un tatouage qui débutait du haut de son cou sur son côté droit et plongeait vers son épaule, le tout toujours caché par sa chemise.
-"T'as accepté la proposition de Brontio?" demanda-t-il, rompant ma concentration
-"Je suis restée vague, je n'y ai vraiment pas réfléchi. J'ai été plutôt... distraite ce soir"
-"Distraite?"
À cet instant, ma mère apparue dans la pièce, me prévenant qu'il était déjà tard et que pour des raisons de "dossiers qu'elle n'a pas bouclés" elle devrait probablement passer la nuit ici, et qu'en attendant elle avait appelé un taxi afin de me raccompagner à la maison.
"Annulez le taxi" fit Pierre, "je la raccompagne."