[c]Voguant lentement sur la douce houle de l'océan, l'Attila naviguait sans encombre. John Davenson, son capitaine, ne savait pas encore ce qui l'attendait. Trônant fièrement à la barre de son navire, il le dirigeait aisément vers son cap. Malheureusement, trop de retard fut pris, de lourdes décisions durent être prises. Prendre un raccourci. Passer par le détroit de Messine. Or, tout marin qui se respecte sait que ceci est fort dangereux. Mais que faire, le Capitaine Davenson est réputé pour son courage. Ou plutôt sa cupidité. Qui irait donner des pièces d'or à un capitaine incapable de livrer la marchandise en temps et en heure ? Personne. Et ça, John le savait.



Mais ce fut une grave erreur.



Quelques heures à peine, et les voilà déjà dans le détroit. Le vent soufflait, ni trop fort, ni pas assez. Les voiles étaient bien gonflées, et de légère brise caressaient le visage du capitaine. Et un son, doux et harmonieux, vint à l'oreille de notre avare. Un chant, plus exactement. Un chant aigu et apaisant. Une voix humaine, féminine. Le capitaine, ainsi que son équipage, détourna le regard, curieux de savoir d'où provenait cette mélodie si agréable à écouter. Aux premiers abords, ils ne virent rien qu'une légère brume, mais à y regarder de plus près, sur quelques rochers, ils les virent. Les femmes, à la voix de cristal. Nues. Elles étaient nues, allongées sur ces rochers. Non, attendez. Elles portaient un bas. Un bas ? Était-ce vraiment un bas ? Non. Ce n'était pas des femmes. Une queue ? Une queue de poisson ? Oui. C'était des sirènes. Elles étaient belles. Très belle.



John lâcha la barre, intrigué, et sous le charme, il se pencha à tribord. Une de ces créatures plongea dans l'eau, et s'approcha du capitaine, chantonnant un air doux et romantique. Elle lui tendait le bras. Il la regardait, sous tous ses angles. Elle avait de long et soyeux cheveux rouge, des yeux d'un vert éclatant, tel des émeraudes - que notre avare aurait bien échangé contre un sacré petit paquet d'or - des lèvres flamboyante, un visage plus qu'harmonieux, des seins bien rond auxquels n'importe quel homme n'aurait pu résister... Et sa queue, sa magnifique queue de poisson, brillante même sous l'eau, reflétant les rayons du soleil tel un arc-en-ciel.



Le capitaine, n'y croyant pas ses yeux, tendit son bras, tentant d'attraper la main de son nouvel amour. Trop loin. Le bateau était trop grand. Pourtant, il tentait toujours plus de l'attraper, tandis qu'elle continuait de chanter, lui murmurant de venir. Et, à force de se pencher, de vouloir la toucher, il tomba à l'eau. Elle l’accueillit dans ses bras. De vives embrassades commencèrent. À peine serré contre elle, que ses mains se baladaient déjà sur la sirène. Ses mains glissèrent de la queue jusqu'à se balader sur ses seins. Il en malaxant un. Il n'aurait pas dû.



La sirène poussa un léger cri de douleur. C'est là que le Capitaine de l'Atilla, John Davenson, découvrit le vrai visage de son amour. Elle avait un visage des plus horrifiant, des cheveux tel du crin de cheval, des yeux s'extirpant des orbites, et des dents tel un grand requin blanc. Il s'était fait tromper. Il détourna le regard, et vit que le malheur s'était abattu sur son navire. Tous ses hommes, tout son équipage était dans l'eau, dans les bras des sirènes. Trop tard. Ils ne pouvaient plus rien faire. C'était la fin. L'avare comme pervers aurait bien profité de la sirène avant que celle-ci ne s'occupe - à sa façon - de lui. Elle planta ses longues griffes acérées dans son bras, et commença alors sa descente vers les abîmes les plus profondes de l'océan.



Il n'avait pas eu le temps de prendre sa respiration. Du sang s'échappait de son bras à une allure folle. Allait-il mourir d'asphyxie, vidé de son sang, ou tout simplement dévoré par le monstre ? Les paris étaient ouverts. Quoiqu'il en soit, il en profitait pour réfléchir à ses actes passés. Pourquoi ? À quoi cela lui servirait-il, puisqu'il était destiné à mourir dans les quelques minutes - voir secondes - qui suivaient ? Peut-être voulait-il se repentir, exprimer ses dernières prières ? Il repensait alors à sa stupidité, son avarice et sa perversion qui l'avaient amené jusque-là, accroché à cette chose. Des si pleins la tête, et beaucoup de regrets. Mais il n'aurait pas le temps de regretter longtemps.



Sa vision s'assombrissait de plus en plus. Était-ce dû aux profondeurs marine, ou à sa vie qui quittait son corps peu à peu ? Peu l'importé. Il ferma les yeux, sentant sa fin venir à grand pas. Une dernière sensation. Celle d'une lame transperçant son corps à plusieurs endroits différents. Non, plusieurs lames. Était-ce des lames ? Non. C'était les crocs et les griffes de sa meurtrière. Elle commençait déjà son repas ? Non. Elle l'achevait seulement. Non. Pire encore. Elle le torturait sur ses derniers instants. Elle le priva de sa virilité, comme pour le punir de l'avoir tripoté. Si jamais il avait eu l'espoir de survivre, comme ça, il était sûr de ne plus jamais s'en servir. Finalement, la vie l'abandonna. La sirène déchiqueta alors son corps, arrachant ses vêtements d'abords, et croquant ensuite à pleine dents dans ses muscles vif et imposants. Le capitaine d'un navire était souvent le plus goûtu pour ces dames.



La chair retiré, les os uniquement restants, la sirène remonta à la surface, ramenant son butin sur les rochers. Non. Ce n'était pas des rochers. Mais bien un amas géant d'os, d'os humain, d'hommes plus précisément, tous les plus pervertis les uns que les autres. Satisfaite mais pas complètement repu, c'est de nouveau qu'elle s'allongea sur ses trophées, attendant de nouvelles proies, qu'elle pourra fraîchement dévorer.
[/c]