Note de la fic :
Il n'y a pas que des fins heureuses
Par : Leyoh
Genre : Fantastique
Statut : C'est compliqué
Chapitre 10 : Ma culpabilité
Publié le 02/02/2015 à 22:56:48 par Leyoh
Six mois. C’est tout ce qu’il me restait pour profiter de la vie. Je n’ai jamais fait de sport, ni trop fait attention à mon alimentation, mais je n’avais jamais eu de signes apparents de problèmes de santé. Cette nouvelle fût donc un véritable choc : diagnostiqué d’un cancer des poumons lors d’un contrôle de routine. À même pas 20 ans, et alors que je ne fumais pas particulièrement car j’avais peur de ce genre de chose. Quel comble. C’était mon généraliste qui me l’avait annoncé. Ma mère avait fait sortir ma petite sœur un peu avant pour aller chercher quelque chose dans la voiture. Une chance, je suppose. Je me souviens d'avoir regardé ma mère, tétanisé par la peur, espérant obtenir un regard compatissant de sa part. Elle regardait fixement le médecin, retenant ses larmes. Elle se disait que, si elle pleurait, je me dirai qu’elle souffrait par ma faute et que je culpabiliserai. Elle avait raison, je culpabilisai. J’avais envie de pleurer, mais rien ne sortait, pas la moindre larme, pas même un sanglot. Peut-être était-ce l’aberration de cette nouvelle sortie de nulle part qui me rendait ainsi. J’avais détourné à nouveau les yeux vers le médecin lorsque ma mère lui demanda si j’avais des chances de m’en sortir. C’était trop tard. Il me restait environ 6 mois de vie. La première de mes pensées était concernant la fac. Devais-je arrêter, pour les trois mois de cours qu’il me restait, cela valait-il la peine de continuer, ou devais-je plutôt profiter de ma vie ? Il fallait que je continue de suivre les cours, sinon ma mère aurait été contrainte d’affronter de nombreux problèmes financiers. Au final, je n’étais pas si mal à la fac, c’était là où j’avais tous mes amis, et surtout, ma petite amie. Je me souviens que, tout comme ma meilleure amie, elle avait fondue en larmes dans mes bras lorsque je lui appris la dure nouvelle. Mais, la première préféra m’embrasser et m’enlacer durant de longues heures, profitant de nos derniers instants ensemble dans divers endroits qui me faisaient rêver, la seconde passa son temps à me faire des cadeaux, allant d’un simple dessin – que j’adorais tout particulièrement – au tatouage, fait par ses soins, que j’attendais depuis si longtemps. Elles tenaient à m’apporter le bonheur que je recherchais tant depuis des années. Je souriais, riais, me prétendant heureux et plein de joie de vivre, mais c’était faux. Je ne cessais de penser qu’il était trop tard pour me rendre heureux, et que plus elles passeraient de temps avec moi, plus ma disparition leur serait douloureuse. Je culpabilisai de nouveau. Mais la culpabilité n’atteignit son point culminant que lorsque ma mère, à mes côtés, annonça la nouvelle à ma petite sœur chérie. Nous avions beau nous disputer sans cesse, nous nous aimions fortement et un lien très puissant nous unissait. Lorsque ma mère finit de parler, le regard de ma sœur se tourna vers moi. Elle nia l’évidence, traitant ma mère de menteuse. Ma mère resta de marbre, tandis que des insultes macabres fusaient. Je me levai, et m’approcha d’elle, en lui affirmant que c’était bien vrai et qu’elle ne devait pas parler comme ça à notre mère. Elle me gifla alors, continuant de nier la situation. De force je la pris dans mes bras, et je sentis toute la pression se relâcher en elle. Je n’avais jamais vu ma sœur pleurer ainsi, on aurait dit un torrent de larmes et de désespoir. J’étais impuissant, je ne savais quoi faire. C’est à ce moment que, rongé par la culpabilité, je décidai de ne pas informer plus de gens. Les professeurs de la fac étaient au courant, pour ne pas avoir de problème avec l’administration, notamment à cause de mes absences, mais mes amis n’en savaient rien. Je ne voulais pas que plus de monde ne souffre à cause de moi. J’aurai voulu avoir été le seul à souffrir de tout cela, car cela ne concernait que moi et personne d’autre. Je n’avais pas le droit de leur faire du mal ainsi. Enfin, c’est ce que je pensais. Ma famille, mes proches, ceux qui étaient au courant notamment, voulaient que j’en parle autour de moi, pour obtenir du soutien. Mais moi je ne voulais pas, je trouvais cela égoïste et puéril. J’aurai été le centre d’attention de tout le monde, et je ne voulais pas ça. Je le refusais. Les six mois passèrent sans que je n’informe plus de monde, et, à ma mort, nombreux furent les personnes choquées d’apprendre la nouvelle. Beaucoup se sentirent trahis, tandis que d’autres comprirent mon geste. Mais tous, sans exception, furent tristes de ne pas avoir été mis au courant, comme si je ne leur avais pas fait confiance ou qu’ils ne comptaient pas pour moi. Ce n’était pas le sentiment que je voulais qu’ils aient. Je ne voulais pas qu’ils souffrent, je ne voulais pas qu’ils soient tristes. Au final, ce fut bien pire. Certains ont même développé une certaine haine envers moi. Mais je ne leur en veux pas, car ils ont bien raison.
Après ma mort, j’ai été incinéré et mes cendres ont étés dispersées sur une sépulture dans le cimetière de ma ville d’enfance. En dehors de ma famille, ma meilleure amie vient s’y recueillir régulièrement pour y déposer des fleurs. Parfois, je la vois pleurer. Cela me peine. Mais elle continue de me raconter sa vie, ses petits malheurs, les bonnes choses qui lui arrivent, ses aventures de couple, etc… Cela me fait plaisir. Elle me fait même part de quelques commérages. Bref, nous avons les mêmes discussions qu’autrefois, à la différence près que je ne peux plus lui répondre, et qu’elle n’est pas sûre que je l’entende. Ma petite amie, elle, vient moins souvent, mais elle vient tout de même. Elle ne dit jamais rien, elle se contente de fixer la sépulture, sans même verser une larme. Elle a trop pleuré les derniers mois de ma vie. Je ne lui en veux pas, car elle ne m’oublie pas. Une fois, je l’ai vue venir avec un autre homme. C’est la seule fois où elle m’a parlé. Elle me l'a présenté. C’est son nouvel amant. Au bout de trois ans, il fallait bien qu’elle change un peu d’air. Je la comprends. Mais je suis jaloux. Elle le sait, car elle lui a dit. Il m’a dit qu’il s’occuperait bien d’elle et qu’il ne la ferait jamais souffrir. Encore heureux. Mais elle, elle a ri. Elle a ri puis lui a dit que, si j’avais pu, je lui aurai collé mon poing dans la figure en lui disant que j’étais le seul à pouvoir la rendre heureuse. C’est bien ce que j’avais envie de faire. J’étais jaloux, mais je ne pouvais pas lui interdire de refaire sa vie, tant qu’elle ne m’oubliait pas, j’étais content. Mais depuis ce jour-là , je la vois de moins en moins. Elle est sûrement trop occupée. Enfin, c’est ce que je me dis. Aujourd’hui, elle est venue. Ce matin, pour être plus exact. Elle est restée quelques minutes debout, sans bouger ni rien dire, avant de s’effondrer en larme, enlaçant ma sépulture et hurlant qu’elle voulait qu’on me rende à elle. Elle hurlait mon nom, pleurant toutes les larmes de son corps. Au bout d’un temps qui me parût une éternité tant la voir dans cet état me faisait mal, elle se calma. Elle caressait le marbre du bout des doigts, et regardait dans le vide. Elle m’expliqua alors que je lui manquais, beaucoup, trop, et que son copain l’avait quitté car elle ne parlait que de moi, et que leur couple n’avançait pas à cause de cela. Elle m’a aussi dit que, depuis ma mort, il n’y avait pas eu un jour où elle n’avait pas pensé à moi, et que, si elle venait aussi peu souvent, c’est parce qu'elle essayait de m’oublier, en vain. Elle me dit ensuite qu’elle voulait me rejoindre, et, sortant un couteau de sa poche, se tailla les veines. Si j’avais été en vie, j’aurai lâché un hurlement de stupeur. Heureusement, ma meilleure amie arriva bien vite et pu la sauver à temps. Je la remerciai, et, alors que je regardais au-dessus de son épaule, je l’entendis me répondre un simple ‘‘De rien’’, comme si elle m’avait entendu. Je souris. J’étais heureux qu’elle pense encore à moi, qu’elle m’aime encore et qu’elle fut sauvée. Mais rapidement, ce bonheur fut remplacé par la tristesse de la savoir malheureuse.
Je culpabilise.
Après ma mort, j’ai été incinéré et mes cendres ont étés dispersées sur une sépulture dans le cimetière de ma ville d’enfance. En dehors de ma famille, ma meilleure amie vient s’y recueillir régulièrement pour y déposer des fleurs. Parfois, je la vois pleurer. Cela me peine. Mais elle continue de me raconter sa vie, ses petits malheurs, les bonnes choses qui lui arrivent, ses aventures de couple, etc… Cela me fait plaisir. Elle me fait même part de quelques commérages. Bref, nous avons les mêmes discussions qu’autrefois, à la différence près que je ne peux plus lui répondre, et qu’elle n’est pas sûre que je l’entende. Ma petite amie, elle, vient moins souvent, mais elle vient tout de même. Elle ne dit jamais rien, elle se contente de fixer la sépulture, sans même verser une larme. Elle a trop pleuré les derniers mois de ma vie. Je ne lui en veux pas, car elle ne m’oublie pas. Une fois, je l’ai vue venir avec un autre homme. C’est la seule fois où elle m’a parlé. Elle me l'a présenté. C’est son nouvel amant. Au bout de trois ans, il fallait bien qu’elle change un peu d’air. Je la comprends. Mais je suis jaloux. Elle le sait, car elle lui a dit. Il m’a dit qu’il s’occuperait bien d’elle et qu’il ne la ferait jamais souffrir. Encore heureux. Mais elle, elle a ri. Elle a ri puis lui a dit que, si j’avais pu, je lui aurai collé mon poing dans la figure en lui disant que j’étais le seul à pouvoir la rendre heureuse. C’est bien ce que j’avais envie de faire. J’étais jaloux, mais je ne pouvais pas lui interdire de refaire sa vie, tant qu’elle ne m’oubliait pas, j’étais content. Mais depuis ce jour-là , je la vois de moins en moins. Elle est sûrement trop occupée. Enfin, c’est ce que je me dis. Aujourd’hui, elle est venue. Ce matin, pour être plus exact. Elle est restée quelques minutes debout, sans bouger ni rien dire, avant de s’effondrer en larme, enlaçant ma sépulture et hurlant qu’elle voulait qu’on me rende à elle. Elle hurlait mon nom, pleurant toutes les larmes de son corps. Au bout d’un temps qui me parût une éternité tant la voir dans cet état me faisait mal, elle se calma. Elle caressait le marbre du bout des doigts, et regardait dans le vide. Elle m’expliqua alors que je lui manquais, beaucoup, trop, et que son copain l’avait quitté car elle ne parlait que de moi, et que leur couple n’avançait pas à cause de cela. Elle m’a aussi dit que, depuis ma mort, il n’y avait pas eu un jour où elle n’avait pas pensé à moi, et que, si elle venait aussi peu souvent, c’est parce qu'elle essayait de m’oublier, en vain. Elle me dit ensuite qu’elle voulait me rejoindre, et, sortant un couteau de sa poche, se tailla les veines. Si j’avais été en vie, j’aurai lâché un hurlement de stupeur. Heureusement, ma meilleure amie arriva bien vite et pu la sauver à temps. Je la remerciai, et, alors que je regardais au-dessus de son épaule, je l’entendis me répondre un simple ‘‘De rien’’, comme si elle m’avait entendu. Je souris. J’étais heureux qu’elle pense encore à moi, qu’elle m’aime encore et qu’elle fut sauvée. Mais rapidement, ce bonheur fut remplacé par la tristesse de la savoir malheureuse.
Je culpabilise.