Chapitre

Chapitre 80


En voulant pousser la masse de gens qui était amassée devant les grilles du lycée pour rentrer chez moi, je vis Lucas, un ami de longue date de Mélanie s'avancer vers moi, le regard noir et le poing serré, au même titre que sa mâchoire. Je me dis que ça faisait drôlement caricature, le gentil pote qui vient s'occuper du méchant boyfriend. Lorsqu'il prononça mon prénom suivi d'un "Espèce d'enculé", la foule s'écarta pour laisser uniquement un espace vide au centre seulement constitué de lui et moi. Je n'avais pas envie de me battre, encore moins pour Mél.

Tout le monde nous regardait, et je me sentais plutôt mal à l'aise. La nouvelle avait dû se rependre rapidement, et malgré mes incertitudes, j'avais l'impression que tout le monde était au courant et me jugeais. C'était très désagréable, je me sentais oppressé, et encore plus seul. Évidemment personne ne prenait mon parti, personne n'était de mon côté et je n'avais aucun ami dans cette foule.

Cherchant à partir pour éviter le conflit, en me frayant un chemin, il s'interposa accompagné d'un "Oh oh oh tu vas où ?!"
- Tu vois pas que je suis là peut-être ?
- J'ai rien à te dire. Et vous là qu'est-ce que vous foutez là, vous avez que ça à foutre ou quoi ?
- Tu vas m'écouter déjà au lieu de faire le gogole. Mélanie m'a dit de rien faire mais je sais ce que tu lui as fait. Tu crois quoi, que ça se fait ou quoi ?
- Tu sais quoi ? Je suis grand, je sais ce que j'ai à faire, alors tu fermes ta gueule s'il te plait ?

En le regardant dans les yeux d'un air hautain et sûr, je le poussai négligemment pour pouvoir passer. Je le sentis trembler, et ce n'est qu'après avoir jeter un regard sur son poing serré que je le vis atterrir en plein dans mon abdomen, je posai un genoux à terre, me serrant le ventre avec mes mains. Alors même que je tentai de me relever, il me poussa en arrière. Je restai sur le dos quelques secondes, sous les cris de la foule. Je n'arrivais pas à discerner ceux qui complaisaient avec Lucas et ceux qui voulaient juste voir du fight, peu importe celui qui était dans la merde. Il me donna un dernier coup de pied avant d'ajouter

- C'est bon tu te sens mieux là ?
- Vas te faire foutre,j'ai rien senti ; en lui adressant un léger rictus à partir duquel on pouvait voir mes dents légèrement tachetées de rouge.

Il continua, alors que j'étais toujours à terre. Je me demandai ce que pouvaient bien faire les surveillants, et autres pions. Il est vrai que je n'en avais vu aucun dans les grilles, et la dame de l?accueil était en congé depuis quelques jours, de ce fait le grillage était seulement ouvert le matin et refermé le soir.
Laissez moi vous parler de ce Lucas. 18 ans, 1m85, plutôt musclé tout en ayant une allure fine, il était dans le pôle espoir du lycée section Handball depuis cette année,ayant obtenu son bac l'année précédente. Il était plus connu sans être des plus populaires, il était apparemment ami avec Mélanie depuis le collège car leurs parents se connaissaient. Une rumeur tournaient à l'époque comme quoi ils étaient sorti ensemble. Je ne sais pas pourquoi ce détail me revenu alors que j'étais recroquevillé sur moi même, les bras autour de la tête afin de la protéger. Personne ne lui disait d'arrêter, personne ne se souciait de ce qu'il pouvait m'arriver. En même temps je n'ai jamais été particulièrement apprécié, mais tout de même. Par ailleurs Lucas n'était pas non plus en train de me tabasser. Il allait mollo, je pense qu'il aurait pu être plus brutal, largement. Il se contentait de me donner des coups dans le ventre avec retenus, et d'écraser ma main quand j'essayais de lui attraper le pied.

- Allez relève toi, tu me fais pitié. T'as plus décidé à parler maintenant ?
- ...

Après m'avoir relevé en face de lui, il voulu que je fasse des excuses publique pour "avoir joué avec les sentiments de Mélanie". Je ne pense pas que les gens où même Lucas étaient au courant de toute l'histoire. Au courant que je l'avais trompée avec sa s½ur, elle en aurait eu trop honte pour lui dire, et Julie ne l'aurait probablement pas divulgué. Trop de fierté, de respect,ou même de considération ne serait-ce que pour elle mais également à mon égard,ainsi qu'à celui de sa s½ur bien qu'elle lui ait planté un couteau dans le dos. Je ne sais d'ailleurs pas ce qui c'est passé entre elles, mais ça a dû être tendu. C'est d'ailleurs l'une des raisons qui me poussent à vouloir lui parler.

A me fixer comme ça, et en attendant que je m'excuse, il avait le regard vide et sans expression. Ouvrant légèrement ma bouche ensanglantée, je lui jeta au visage un épais crachas visqueux et rouge, auquel il ne semblait pas s'attendre. Ses yeux devant les mains pour nettoyer, il les enleva rapidement, et à cet instant précis mon poing vint se coller sur sa mâchoire du côté gauche, de toute ma force.

Je n'avais pas envie de paraitre lâche,en le frappant quand il avait le dos tourné. C'est pour ça que j'attendis le moment où il eut les yeux face à moi. Ce coup le fit reculer de 2/3 pas, et il tomba sur le coxis , à me regarder, comme si il était surpris que je réagisse. Mon coup était plus violent que les siens,contrairement à lui je ne m'étais pas retenu. Les gens avaient poussé un cri, comme stupéfaits. Je le regardai, plein d'assurance tout en montrant ma démotivation.

- J'ai envie d'en rester là, t'auras qu'à revenir me voir si tu veux me donner des coups, à nouveau. Tu peux dire à Mélanie que c'est réglé si ça te fait plaisir.

Il ne répondit pas, semblait toujours sur le coup de la surprise. Il devait avoir mal mais ne le montrait pas par fierté. Après avoir craché quelques gouttes de sangs tout en le regardant, désirant lui montrait qu'il ne m'intimidait en rien, je repris mon sac, et parti en direction de chez moi, tandis que certaines personnes se ruèrent vers lui, et que la foule se dissipait petit à petit.