Note de la fic :
Publié le 23/02/2014 à 22:21:30 par Pronche
La sonorité aigüe se fit entendre à plusieurs reprises, à intervalle régulière. Il n'y avait rien d'autre de distinguable dans les ténèbres qui entouraient Ethan que ce son hypnotisant. Rapidement, des bruits de pas ainsi que des voix lointaines s'ajoutèrent pendant quelques instants avant de disparaître, lui laissant uniquement le bruit comme compagnie.
Moins d'une minute plus tard, sa vue, quoique brouillée, lui revint. Un plafond à la couleur blanc nacré fut la première chose qu'il vit. Ne sentant pas le poids familier de son oreillette et de son arme, il se pencha légèrement sur la droite pour voir les deux objets disposés sur une table de chevet. De ce qu'il en avait pu voir jusque là, Ethan en conclut qu'il devait certainement se trouver dans une chambre d'hôpital. Le fait qu'il se trouvait sous perfusion et que des électrodes se trouvaient collés sur son torse, reliés à un électrocardiogramme, y jouaient beaucoup.
Ayant horreur de tout ce qui se rapportait de près ou de loin à une aiguille, le jeune homme arracha celle plantée dans son bras et tenta de se lever. Quand il posa pied à terre, ses jambes tremblaient sous le poids du reste de son corps qui était encore faible. Il essaya de faire un pas en avant mais fut retenu par les fils de l'ECG. Il les retira sans ménagement. L'écran devint instantanément rouge et s'arrêta d'effectuer les bips à intervalle régulière, se transformant en un seul son, très aigu.
Ethan marcha difficilement jusqu'à la chaise où se trouvaient ses vêtements et commença à les enfiler avant d'être interrompu par l'arrivée d'une infirmière, alertée par l’alarme qu’émettait l’appareil.
— M. Gray !? Qu'est-ce que vous faîtes debout ?
— Simple, je pars.
La jeune femme parut décontenancée par sa réponse.
— M-Mais, vous ne pouvez pas, vous n'êtes pas…
—…en état ? Madame, si vous saviez le nombre de fois que j'ai entendu cette phrase, répondit-il avec un léger sourire tout en mettant son tee-shirt.
— Sauf que cette fois-ci, tu ne devrais pas ignorer les prescriptions du médecin. C'est plus grave que tout ce que tu as eu jusqu'à maintenant.
Se tournant en direction de la porte, il y vit son ancien supérieur et arrêta son geste. Le visage de l'amiral était buriné par la fatigue et Ethan pouvait clairement voir de la tristesse dans son regard, voir même un peu de pitié.
C'était une émotion que Blanco laissait rarement montrer, même en privé.
— Comment ça ?
— L'histoire se réitère Ethan…tu es mourant. Le corps sur lequel on t'a demandé de jeter un coup d'œil était infesté d'un nouveau type de virus, un autre dérivé de celui qui t'avait contaminé auparavant. D'une façon ou d'une autre, ton organisme a été atteint.
— Voie aérienne.
— Quoi ?
— J'ai été contaminé par voie aérienne, il y avait une odeur suspecte sur le cadavre et j'ai tenté d'en déterminer l'origine. Je suppose que les effets sont les mêmes qu'avant ?
Ian soupira.
— Si par cela, tu demande "est-ce que j'aurais des crises ?" La réponse est que nous n'en savons rien. Tes tests sanguins ainsi que ton passif sur le sujet ne sont pas d'une grande aide malheureusement. Les cellules qui composent la base même du virus sont identiques pour les deux mais c'est tout. Heureusement, personne d'autre n'a été atteint mais nous avons mis la colonie sous quarantaine, au cas où.
— Et le fait que j'ai déjà été soigné une fois, ça ne devrait pas m'immuniser ? Ou du moins m'aider à supporter la douleur plus facilement ?
— Pareil, nos scientifiques sont dans l'incapacité de s'avancer sur quoi que ce soit.
— Génial, souffla-t-il entre ses dents, visiblement irrité par la réponse.
Le jeune homme enfila ensuite son pantalon et ses chaussures. Le fait de devoir refaire à nouveau une course contre la montre pour essayer de trouver un remède lui tapait sur les nerfs d'avance. Et tout comme la dernière fois, il ne disposait d'absolument aucune piste de départ…à moins que. Il fouilla à toute hâte dans l'un des poches de son jean pour en ressortir une petite carte noire, mesurant quelques millimètres de diamètres, avec un circuit imprimé dessus.
— Ian ? Pourrais-tu me rendre un petit service ? Il faudrait que tu retrace plusieurs appels que j’ai reçus. Tous les jours, à la même heure. Au début, je croyais qu’il s’agissait juste d’une blague vu que j’entendais de simples tonalités qui se répétaient à plusieurs reprises mais en fait, c’est du morse. Vu la vitesse du message, le temps d’arrêt entre chaque lettre et la répétitivité, j’en ai conclu qu’il s’agit d’un S.O.S. Malheureusement, je n’ai pas réussi à en retracer l’origine et je me suis dit que tu pourrais y jeter un coup d’œil. L'Union dispose de moyens bien supérieurs aux miens.
L’ombre d’un sourire se dessina sur le visage de son ancien mentor lorsqu'il rattrapa le morceau de plastique et de fer contenant certainement la liste des appels reçus.
— Je ne peux rien te promettre mais je ferais mon possible. Tu penses que ça peut avoir un rapport avec tout ça ?
— Possible. Ça vaut le coup d'essayer. D'ailleurs, sur un tout autre sujet… où est Anthony ? Je pensais qu'il ramènerait son derrière dès la seconde où je me réveillerais.
Il s'arrêta de parler pendant quelques instants pour installer son oreillette, son couteau de combat et son Glock 17 à leur place, veillant à vérifier que ce dernier disposait d'un chargeur prêt à être vidé à la moindre occasion. Un silence pour le moins embarrassant et pesant prit place dans la pièce.
— Il a été envoyé en mission hier mais…on a perdu tout contact avec son escouade.
— Pardon ?, Ethan s'était retourné dès la fin de la phrase, surpris et faisant directement face à l'amiral. Comment ça se fait ? Et dans quelles conditions ?
— Le QG n'en a aucune idée, je pense…et eux aussi, qu'il est possible qu'il y ait des perturbations électromagnétiques dans le coin où il opérait et ça peut avoir coupé le contact radio. J'aimerais te dire où il se trouve mais c'est confidentiel. Il devait effectuer une mission de sauvetage sur une de nos frégates avec laquelle on a plus aucune réponse depuis quelques temps. Ce sont les seules informations que je peux te communiquer sans avoir à demander au centre administratif l'autorisation d'en dévoiler plus.
— Tu sais aussi bien que moi que j'ai l'accréditation nécessaire pour savoir ce genre d'infos, alors dis-le moi.
L'homme aux cheveux sombres savait parfaitement dans quel sens allait la conversation allait et il n'aimait pas ça du tout. Cependant, il n'y pouvait rien. C'était dans les gènes du jeune homme de se jeter tête baissée dans les ennuis. Il lâcha un lourd soupir.
— Tu ne veux pas ? Très bien, j'appelle mon neveu, lui pourra….
—…Ethan, écoutes-moi…
Le bruit d'un puissant coup de poing contre un mur fut tout ce qu'il suffit pour couper Blanco en plein milieu de sa phrase.
— Nan Ian, toi tu m'écoutes ! Mon meilleur ami est possiblement en danger, voir mourant à l'heure qu'il est, et il est hors de question que je reste là, à me tourner les pouces. Alors que ça te plaise ou non, j'y vais. C'est grâce à lui que j'en suis arrivé là alors je refuse de ne rien faire, quoi qu'en dise l'Union ! Je dois lui dois bien ça.
Les larmes aux yeux, Ethan vérifia une dernière qu'il avait toutes ses affaires avant de presser le bouton appel sur son oreillette.
— Light, je veux que tu me récupère dès que tu peux, je t'attendrais sur le parking de l'hôpital. Ensuite, injecte les nano-robots dans mon casque pour qu'ils le réparent. Même si j'ai uniquement des informations sur mes réserves de munitions ou la carte des lieux, ça sera mieux que rien.
Avant qu'il ait pu faire le moindre pas, une pression s'exerça sur son bras droit et le força à tourner la tête dans cette direction pour voir son ami et ancien supérieur le regardant d’un air sombre.
— Secteur 7P-Parallaxe 109.14.77. La seule chose que je te demande, c'est de la ramener en un seul morceau…des objections ?
— Aucune, mon amiral.
— Très bien, alors vas-y. Je m'occupe de tout ce qui est administratif. Sache que cette conversation n'a jamais eu lieu.
Sans un mot de plus, Ian lâcha sa prise sur le bras d'Ethan qui quitta la pièce à grandes enjambées. Quelques membres du service hospitalier tentèrent verbalement de le renvoyer dans sa chambre mais en vain. Lentement, un sourire se dessina sur son visage. Malgré son état physique encore précaire, l'adrénaline qui coulait dans ses veines lui permettait de tenir le coup. Au fin fond de ses tripes, il savait qu'il était fait pour ça, pour ce type de vie.
Une fois qu’il avait passé les doubles portes automatisées menant au monde extérieur, les rayons du soleil l’aveuglèrent l’espace de quelques secondes, le temps qu’il s’habitue à la luminosité ambiante.
Finalement, un objet volant projetant son ombre sur lui apparut dans le ciel et se posa à quelques mètres de là. Le jeune homme y courra et entra par l’unique porte se trouvant sur le flanc gauche.
— T’es arrivée juste au bon moment, ça m’aurait saoulé de devoir courir jusqu’à l’astroport, surtout qu’on n’a pas énormément de temps.
— Moi aussi ça me fait très plaisir de te revoir, où allons-nous aujourd’hui ?
— Désolé Light, j'avais pas vraiment la tête aux formalités sur le moment. Pour répondre à ta question, on va sur une frégate dont l’Union n’a plus aucun contact depuis quelques temps. Anthony et une escouade y ont étés envoyés mais le signal radio a été coupé pour une raison inconnue. J’ai été obligé de forcer la main de Ian pour y aller.
Ensuite, il s’installa dans son siège et entra les coordonnées de sa destination dans l’ordinateur de bord. L'Asmodeus prit la voie des airs, accélérant au-delà de la vitesse limitée en atmosphère.
— Ouvre un trou de ver maintenant, ça nous fera gagner du…
—…appel entrant en cours.
— Qui est-ce ?, demanda-t-il, curieux et légèrement ennuyé que quelqu'un lui fasse perdre son temps, déjà bien court.
— Ta petite amie.
Ethan ne put retenir un juron. Il aurait bien aimé discuter avec elle, et expliquer son état de santé dégradant, s'il n'était pas pressé.
— Accepte l'appel, je m'occupe d'elle et pendant ce temps, crée-moi ce trou de ver.
— La législation interdit de les activer en atmosphère, nous devons attendre…
Tout comme avec Ian, le jeune homme interrompit brutalement l'I.A dans sa sentence.
— Je le sais et je m'en moque ! Anthony est tout ce qu'il y a de plus important pour le moment ! On s'occupera des autorités plus tard.
L'ordinateur de bord ne répondit pas, s'hâtant plutôt d'exécuter la tâche demandée par son pilote qui leva la tête vers l'unique vitre du vaisseau où la tête familière d'une louve à la fourrure sable apparut. Lorsqu'elle plongea ses yeux dans ceux du jeune homme, son regard se durcit.
— Enfin ! Ça fait sept jours que je n'ai plus aucune nouvelle de toi et lorsque j'essaie de te joindre, ton robot me dit que tu es indisponible. J'espère que tu as une explication Ethan, et une bonne !
— Il y a eu un couac. Le cadavre était piégé par une arme biologique et… j'en ai été infecté. Cette saloperie circule désormais dans mes veines et peut me tuer à n'importe quel moment. Je suis désolé de te le dire de façon si directe mais….j'aurais eu du mal à trouver les mots pour te l'expliquer plus en douceur.
Sa bouche s'ouvrit et se referma à plusieurs reprises, ses yeux étaient grand ouverts. Le jeune Gray devinait facilement que son corps devait s'être solidifié lorsque la nouvelle avait atteint ses oreilles. Le moment d'après, Kiara passa deux doigts sur sa tempe droite pour la masser. Elle soupira.
Il soupçonnait les mots qui allaient sortir de la bouche de la louve et les craignait car il savait qu'il supporterait difficilement de les entendre. Malheureusement, ses peurs se confirmèrent.
— Ethan, je…tu sais parfaitement que je tiens à toi mais ça ne peut plus durer. Ces derniers temps, notre vie de couple est devenue instable et je ne peux pas supporter le fait que tu partes en mission, je-ne-sais-où. Il serait préférable que l'on se sépare, pour le bien de ma santé mentale au moins. J'espère que tu comprends…
Une chaude larme coula le long de la joue gauche de l'ancien mercenaire. Il savait parfaitement que cela devait arriver un jour ou l'autre mais malgré le fait qu'il s'y était préparé, la douleur restait difficile à supporter.
— Ouais, c'est vrai que tu n'es pas habituée à ce style de vie…que je ne te souhaite pas d'ailleurs, dit-il avec un petit rire sans joie et un sourire, avant de continuer sur un ton plus sérieux. Il faut que je coupe la communication, j'ai besoin de me préparer pour une mission.
C'est sur ces mots et cet air renfermé qu'Ethan pressa un bouton pour arrêter l'appel. Il tentait de se convaincre que c'était mieux ainsi, que la situation dans laquelle il se trouvait actuellement n'était sûrement pas la plus adéquate pour développer une relation amoureuse.
Il se leva de son siège et entreprit de se déshabiller, enlevant les vêtements superflus. Au final, il ne lui restait que son caleçon et son t-shirt.
Ensuite, le major se dirigea vers une armoire où se trouvait une combinaison moulante grise parsemée de minuscules plaques d'acier. L'armure protégeait des pieds jusqu'à la nuque et possédait quelque chose de rectangulaire dans le dos, légèrement semblable à un sac mais solide. Il s'agissait tout simplement du générateur de bouclier.
— Light, dis-moi ce qu'il y a d'encore utilisable sur le casque, s'il-te-plaît.
Tandis qu'il enfilait la combinaison, l'intelligence artificielle se mit à énumérer les différents équipements disponibles ou inutilisables.
— L'indicateur de santé, bouclier et munitions sont en bon état. Il en est de même pour les systèmes de communication. Cependant, tu n'aura pas de carte donc je te guiderais par radio.
— Pas de carte, pas d'indicateur d'ennemis donc j'avancerais à l'aveuglette…génial. Des infos sur la frégate ?
— Réception des informations envoyées par l'amiral Blanco terminée…Elle est basée sur le même modèle que l'Orion mais est plus âgée de quelques années. Il y avait près de deux cent personnes qui composaient son équipage. Actuellement, tous les systèmes de défenses sont désactivés et les hangars ouverts. On ne devrait pas avoir de soucis pour entrer.
L'ex-professeur se gratta le menton en signe de réflexion. Le fait que l'équipe d'Anthony ait pu s'introduire dans la frégate sans aucune difficulté ne laissait présager rien de bon.
— Vraiment étrange qu'ils laissent la porte grande ouverte pour que n'importe qui puisse entrer…mais ça nous arrange… combien de temps pour s'y rendre ?
— Une demi-heure, tout au plus.
Ethan finit de mettre ses bottes et réinstalla ses armes à leurs emplacements respectifs avant de se diriger vers une table où se trouvait le casque qui accompagnait son ancienne armure. Il le prit sous son bras et s'assit dans son siège. L'objet avait été repeint de la même teinte que l'exosquelette actuel et le coloris de la visière était devenu jaune canari, à cause de la décoloration créée par le passage des nano-robots. Cet étrange phénomène restait complètement inexpliqué par les scientifiques. Cependant, seuls les éléments métalliques restaient inaffectés par ce changement de couleur.
Faisant face à la sombre étendue caractéristique au trou de ver se dressant devant lui, le jeune homme soupira. Cette mission n'avait rien d'ordinaire, ce n'était pas juste un sauvetage d'innocents dans un conflit ou d'une prise d'otage. Ethan était prêt à prendre tous les risques, quitte à mourir s'il le faut, pour que son meilleur ami ait la vie sauve.
Anthony fut l'une des premières personnes à lui faire confiance et il l'avait pris sous ses ailes lors de son intégration dans les forces armées de l'Union Intergalactique.
Venir à son secours était le moins qu'il puisse faire pour celui qu'il considérait comme un frère.
Moins d'une minute plus tard, sa vue, quoique brouillée, lui revint. Un plafond à la couleur blanc nacré fut la première chose qu'il vit. Ne sentant pas le poids familier de son oreillette et de son arme, il se pencha légèrement sur la droite pour voir les deux objets disposés sur une table de chevet. De ce qu'il en avait pu voir jusque là, Ethan en conclut qu'il devait certainement se trouver dans une chambre d'hôpital. Le fait qu'il se trouvait sous perfusion et que des électrodes se trouvaient collés sur son torse, reliés à un électrocardiogramme, y jouaient beaucoup.
Ayant horreur de tout ce qui se rapportait de près ou de loin à une aiguille, le jeune homme arracha celle plantée dans son bras et tenta de se lever. Quand il posa pied à terre, ses jambes tremblaient sous le poids du reste de son corps qui était encore faible. Il essaya de faire un pas en avant mais fut retenu par les fils de l'ECG. Il les retira sans ménagement. L'écran devint instantanément rouge et s'arrêta d'effectuer les bips à intervalle régulière, se transformant en un seul son, très aigu.
Ethan marcha difficilement jusqu'à la chaise où se trouvaient ses vêtements et commença à les enfiler avant d'être interrompu par l'arrivée d'une infirmière, alertée par l’alarme qu’émettait l’appareil.
— M. Gray !? Qu'est-ce que vous faîtes debout ?
— Simple, je pars.
La jeune femme parut décontenancée par sa réponse.
— M-Mais, vous ne pouvez pas, vous n'êtes pas…
—…en état ? Madame, si vous saviez le nombre de fois que j'ai entendu cette phrase, répondit-il avec un léger sourire tout en mettant son tee-shirt.
— Sauf que cette fois-ci, tu ne devrais pas ignorer les prescriptions du médecin. C'est plus grave que tout ce que tu as eu jusqu'à maintenant.
Se tournant en direction de la porte, il y vit son ancien supérieur et arrêta son geste. Le visage de l'amiral était buriné par la fatigue et Ethan pouvait clairement voir de la tristesse dans son regard, voir même un peu de pitié.
C'était une émotion que Blanco laissait rarement montrer, même en privé.
— Comment ça ?
— L'histoire se réitère Ethan…tu es mourant. Le corps sur lequel on t'a demandé de jeter un coup d'œil était infesté d'un nouveau type de virus, un autre dérivé de celui qui t'avait contaminé auparavant. D'une façon ou d'une autre, ton organisme a été atteint.
— Voie aérienne.
— Quoi ?
— J'ai été contaminé par voie aérienne, il y avait une odeur suspecte sur le cadavre et j'ai tenté d'en déterminer l'origine. Je suppose que les effets sont les mêmes qu'avant ?
Ian soupira.
— Si par cela, tu demande "est-ce que j'aurais des crises ?" La réponse est que nous n'en savons rien. Tes tests sanguins ainsi que ton passif sur le sujet ne sont pas d'une grande aide malheureusement. Les cellules qui composent la base même du virus sont identiques pour les deux mais c'est tout. Heureusement, personne d'autre n'a été atteint mais nous avons mis la colonie sous quarantaine, au cas où.
— Et le fait que j'ai déjà été soigné une fois, ça ne devrait pas m'immuniser ? Ou du moins m'aider à supporter la douleur plus facilement ?
— Pareil, nos scientifiques sont dans l'incapacité de s'avancer sur quoi que ce soit.
— Génial, souffla-t-il entre ses dents, visiblement irrité par la réponse.
Le jeune homme enfila ensuite son pantalon et ses chaussures. Le fait de devoir refaire à nouveau une course contre la montre pour essayer de trouver un remède lui tapait sur les nerfs d'avance. Et tout comme la dernière fois, il ne disposait d'absolument aucune piste de départ…à moins que. Il fouilla à toute hâte dans l'un des poches de son jean pour en ressortir une petite carte noire, mesurant quelques millimètres de diamètres, avec un circuit imprimé dessus.
— Ian ? Pourrais-tu me rendre un petit service ? Il faudrait que tu retrace plusieurs appels que j’ai reçus. Tous les jours, à la même heure. Au début, je croyais qu’il s’agissait juste d’une blague vu que j’entendais de simples tonalités qui se répétaient à plusieurs reprises mais en fait, c’est du morse. Vu la vitesse du message, le temps d’arrêt entre chaque lettre et la répétitivité, j’en ai conclu qu’il s’agit d’un S.O.S. Malheureusement, je n’ai pas réussi à en retracer l’origine et je me suis dit que tu pourrais y jeter un coup d’œil. L'Union dispose de moyens bien supérieurs aux miens.
L’ombre d’un sourire se dessina sur le visage de son ancien mentor lorsqu'il rattrapa le morceau de plastique et de fer contenant certainement la liste des appels reçus.
— Je ne peux rien te promettre mais je ferais mon possible. Tu penses que ça peut avoir un rapport avec tout ça ?
— Possible. Ça vaut le coup d'essayer. D'ailleurs, sur un tout autre sujet… où est Anthony ? Je pensais qu'il ramènerait son derrière dès la seconde où je me réveillerais.
Il s'arrêta de parler pendant quelques instants pour installer son oreillette, son couteau de combat et son Glock 17 à leur place, veillant à vérifier que ce dernier disposait d'un chargeur prêt à être vidé à la moindre occasion. Un silence pour le moins embarrassant et pesant prit place dans la pièce.
— Il a été envoyé en mission hier mais…on a perdu tout contact avec son escouade.
— Pardon ?, Ethan s'était retourné dès la fin de la phrase, surpris et faisant directement face à l'amiral. Comment ça se fait ? Et dans quelles conditions ?
— Le QG n'en a aucune idée, je pense…et eux aussi, qu'il est possible qu'il y ait des perturbations électromagnétiques dans le coin où il opérait et ça peut avoir coupé le contact radio. J'aimerais te dire où il se trouve mais c'est confidentiel. Il devait effectuer une mission de sauvetage sur une de nos frégates avec laquelle on a plus aucune réponse depuis quelques temps. Ce sont les seules informations que je peux te communiquer sans avoir à demander au centre administratif l'autorisation d'en dévoiler plus.
— Tu sais aussi bien que moi que j'ai l'accréditation nécessaire pour savoir ce genre d'infos, alors dis-le moi.
L'homme aux cheveux sombres savait parfaitement dans quel sens allait la conversation allait et il n'aimait pas ça du tout. Cependant, il n'y pouvait rien. C'était dans les gènes du jeune homme de se jeter tête baissée dans les ennuis. Il lâcha un lourd soupir.
— Tu ne veux pas ? Très bien, j'appelle mon neveu, lui pourra….
—…Ethan, écoutes-moi…
Le bruit d'un puissant coup de poing contre un mur fut tout ce qu'il suffit pour couper Blanco en plein milieu de sa phrase.
— Nan Ian, toi tu m'écoutes ! Mon meilleur ami est possiblement en danger, voir mourant à l'heure qu'il est, et il est hors de question que je reste là, à me tourner les pouces. Alors que ça te plaise ou non, j'y vais. C'est grâce à lui que j'en suis arrivé là alors je refuse de ne rien faire, quoi qu'en dise l'Union ! Je dois lui dois bien ça.
Les larmes aux yeux, Ethan vérifia une dernière qu'il avait toutes ses affaires avant de presser le bouton appel sur son oreillette.
— Light, je veux que tu me récupère dès que tu peux, je t'attendrais sur le parking de l'hôpital. Ensuite, injecte les nano-robots dans mon casque pour qu'ils le réparent. Même si j'ai uniquement des informations sur mes réserves de munitions ou la carte des lieux, ça sera mieux que rien.
Avant qu'il ait pu faire le moindre pas, une pression s'exerça sur son bras droit et le força à tourner la tête dans cette direction pour voir son ami et ancien supérieur le regardant d’un air sombre.
— Secteur 7P-Parallaxe 109.14.77. La seule chose que je te demande, c'est de la ramener en un seul morceau…des objections ?
— Aucune, mon amiral.
— Très bien, alors vas-y. Je m'occupe de tout ce qui est administratif. Sache que cette conversation n'a jamais eu lieu.
Sans un mot de plus, Ian lâcha sa prise sur le bras d'Ethan qui quitta la pièce à grandes enjambées. Quelques membres du service hospitalier tentèrent verbalement de le renvoyer dans sa chambre mais en vain. Lentement, un sourire se dessina sur son visage. Malgré son état physique encore précaire, l'adrénaline qui coulait dans ses veines lui permettait de tenir le coup. Au fin fond de ses tripes, il savait qu'il était fait pour ça, pour ce type de vie.
Une fois qu’il avait passé les doubles portes automatisées menant au monde extérieur, les rayons du soleil l’aveuglèrent l’espace de quelques secondes, le temps qu’il s’habitue à la luminosité ambiante.
Finalement, un objet volant projetant son ombre sur lui apparut dans le ciel et se posa à quelques mètres de là. Le jeune homme y courra et entra par l’unique porte se trouvant sur le flanc gauche.
— T’es arrivée juste au bon moment, ça m’aurait saoulé de devoir courir jusqu’à l’astroport, surtout qu’on n’a pas énormément de temps.
— Moi aussi ça me fait très plaisir de te revoir, où allons-nous aujourd’hui ?
— Désolé Light, j'avais pas vraiment la tête aux formalités sur le moment. Pour répondre à ta question, on va sur une frégate dont l’Union n’a plus aucun contact depuis quelques temps. Anthony et une escouade y ont étés envoyés mais le signal radio a été coupé pour une raison inconnue. J’ai été obligé de forcer la main de Ian pour y aller.
Ensuite, il s’installa dans son siège et entra les coordonnées de sa destination dans l’ordinateur de bord. L'Asmodeus prit la voie des airs, accélérant au-delà de la vitesse limitée en atmosphère.
— Ouvre un trou de ver maintenant, ça nous fera gagner du…
—…appel entrant en cours.
— Qui est-ce ?, demanda-t-il, curieux et légèrement ennuyé que quelqu'un lui fasse perdre son temps, déjà bien court.
— Ta petite amie.
Ethan ne put retenir un juron. Il aurait bien aimé discuter avec elle, et expliquer son état de santé dégradant, s'il n'était pas pressé.
— Accepte l'appel, je m'occupe d'elle et pendant ce temps, crée-moi ce trou de ver.
— La législation interdit de les activer en atmosphère, nous devons attendre…
Tout comme avec Ian, le jeune homme interrompit brutalement l'I.A dans sa sentence.
— Je le sais et je m'en moque ! Anthony est tout ce qu'il y a de plus important pour le moment ! On s'occupera des autorités plus tard.
L'ordinateur de bord ne répondit pas, s'hâtant plutôt d'exécuter la tâche demandée par son pilote qui leva la tête vers l'unique vitre du vaisseau où la tête familière d'une louve à la fourrure sable apparut. Lorsqu'elle plongea ses yeux dans ceux du jeune homme, son regard se durcit.
— Enfin ! Ça fait sept jours que je n'ai plus aucune nouvelle de toi et lorsque j'essaie de te joindre, ton robot me dit que tu es indisponible. J'espère que tu as une explication Ethan, et une bonne !
— Il y a eu un couac. Le cadavre était piégé par une arme biologique et… j'en ai été infecté. Cette saloperie circule désormais dans mes veines et peut me tuer à n'importe quel moment. Je suis désolé de te le dire de façon si directe mais….j'aurais eu du mal à trouver les mots pour te l'expliquer plus en douceur.
Sa bouche s'ouvrit et se referma à plusieurs reprises, ses yeux étaient grand ouverts. Le jeune Gray devinait facilement que son corps devait s'être solidifié lorsque la nouvelle avait atteint ses oreilles. Le moment d'après, Kiara passa deux doigts sur sa tempe droite pour la masser. Elle soupira.
Il soupçonnait les mots qui allaient sortir de la bouche de la louve et les craignait car il savait qu'il supporterait difficilement de les entendre. Malheureusement, ses peurs se confirmèrent.
— Ethan, je…tu sais parfaitement que je tiens à toi mais ça ne peut plus durer. Ces derniers temps, notre vie de couple est devenue instable et je ne peux pas supporter le fait que tu partes en mission, je-ne-sais-où. Il serait préférable que l'on se sépare, pour le bien de ma santé mentale au moins. J'espère que tu comprends…
Une chaude larme coula le long de la joue gauche de l'ancien mercenaire. Il savait parfaitement que cela devait arriver un jour ou l'autre mais malgré le fait qu'il s'y était préparé, la douleur restait difficile à supporter.
— Ouais, c'est vrai que tu n'es pas habituée à ce style de vie…que je ne te souhaite pas d'ailleurs, dit-il avec un petit rire sans joie et un sourire, avant de continuer sur un ton plus sérieux. Il faut que je coupe la communication, j'ai besoin de me préparer pour une mission.
C'est sur ces mots et cet air renfermé qu'Ethan pressa un bouton pour arrêter l'appel. Il tentait de se convaincre que c'était mieux ainsi, que la situation dans laquelle il se trouvait actuellement n'était sûrement pas la plus adéquate pour développer une relation amoureuse.
Il se leva de son siège et entreprit de se déshabiller, enlevant les vêtements superflus. Au final, il ne lui restait que son caleçon et son t-shirt.
Ensuite, le major se dirigea vers une armoire où se trouvait une combinaison moulante grise parsemée de minuscules plaques d'acier. L'armure protégeait des pieds jusqu'à la nuque et possédait quelque chose de rectangulaire dans le dos, légèrement semblable à un sac mais solide. Il s'agissait tout simplement du générateur de bouclier.
— Light, dis-moi ce qu'il y a d'encore utilisable sur le casque, s'il-te-plaît.
Tandis qu'il enfilait la combinaison, l'intelligence artificielle se mit à énumérer les différents équipements disponibles ou inutilisables.
— L'indicateur de santé, bouclier et munitions sont en bon état. Il en est de même pour les systèmes de communication. Cependant, tu n'aura pas de carte donc je te guiderais par radio.
— Pas de carte, pas d'indicateur d'ennemis donc j'avancerais à l'aveuglette…génial. Des infos sur la frégate ?
— Réception des informations envoyées par l'amiral Blanco terminée…Elle est basée sur le même modèle que l'Orion mais est plus âgée de quelques années. Il y avait près de deux cent personnes qui composaient son équipage. Actuellement, tous les systèmes de défenses sont désactivés et les hangars ouverts. On ne devrait pas avoir de soucis pour entrer.
L'ex-professeur se gratta le menton en signe de réflexion. Le fait que l'équipe d'Anthony ait pu s'introduire dans la frégate sans aucune difficulté ne laissait présager rien de bon.
— Vraiment étrange qu'ils laissent la porte grande ouverte pour que n'importe qui puisse entrer…mais ça nous arrange… combien de temps pour s'y rendre ?
— Une demi-heure, tout au plus.
Ethan finit de mettre ses bottes et réinstalla ses armes à leurs emplacements respectifs avant de se diriger vers une table où se trouvait le casque qui accompagnait son ancienne armure. Il le prit sous son bras et s'assit dans son siège. L'objet avait été repeint de la même teinte que l'exosquelette actuel et le coloris de la visière était devenu jaune canari, à cause de la décoloration créée par le passage des nano-robots. Cet étrange phénomène restait complètement inexpliqué par les scientifiques. Cependant, seuls les éléments métalliques restaient inaffectés par ce changement de couleur.
Faisant face à la sombre étendue caractéristique au trou de ver se dressant devant lui, le jeune homme soupira. Cette mission n'avait rien d'ordinaire, ce n'était pas juste un sauvetage d'innocents dans un conflit ou d'une prise d'otage. Ethan était prêt à prendre tous les risques, quitte à mourir s'il le faut, pour que son meilleur ami ait la vie sauve.
Anthony fut l'une des premières personnes à lui faire confiance et il l'avait pris sous ses ailes lors de son intégration dans les forces armées de l'Union Intergalactique.
Venir à son secours était le moins qu'il puisse faire pour celui qu'il considérait comme un frère.