Note de la fic :
Publié le 23/08/2013 à 20:52:08 par Pronche
Un ciel sombre, dénué de tout cumulus et empli de constellations l’accueilli lorsqu’il quitta le Palais présidentiel, quelques heures après y être entré. La température extérieure avait chuté d’une poignée de degrés par rapport à l’après-midi. Un soupir s’échappa de sa bouche, se transformant en une légère vapeur d’eau blanchâtre, presque transparente, qui s’évapora dans le manteau noir de la nuit. La tension accumulée au cours des négociations l’avait laissé pour le moins tendu et un peu d’air frais ne pouvait certainement pas lui nuire. Sans s’attarder plus longtemps et silencieusement, il descendit les marches et s’avança jusqu’à sa voiture.
Quelques instants plus tard, Ethan quitta la cour intérieure et se retrouva dans une rue complètement déserte de toute circulation (fait plutôt rare de nos jours), éclairée par une longue double rangée de candélabres ainsi que les néons des différents types de commerces qui animaient l’avenue en journée. Seuls quelques passants y traînaient encore, marchant plutôt vite, dans l’espoir de rejoindre leurs foyers dès que possible. Les premiers signes de l’hiver approchant se faisaient plus présents au fil des jours. Ne s’attardant pas plus, il prit la direction de son appartement. De longues minutes s’écoulèrent avant que le silence qui régnait dans l’habitacle du véhicule soit brisé par une sonnerie aux tonalités aigües.
D’une simple pression du doigt sur son oreillette, le son cessa et fut rapidement remplacé par une voix.
— Bonsoir., dit la personne, une femme d’après le timbre de sa voix, sur un ton altier. Ai-je bien affaire à M. Ethan Gray ?
— Lui-même, madame. Que puis-je faire pour vous ?
— Je suis Lisa Williams. J’ai pris connaissance, par le biais de quelques recherches, que vous étiez dans le mercenariat auparavant et j’aurais besoin de vos services. Nous manquons de temps M. Gray alors je vais être brève. Je veux que vous retrouviez mon mari.
Ethan soupira avant de décider de se mettre son clignotant pour se garer sur une place, au bord d’un trottoir.
— Continuez, je vous écoute.
— Mon mari, Jason Williams, était un grand avocat et pilote qualifié. Il y a cinq jours, il a disparu près du quadrant Ouest d’une ceinture d’astéroïde, dans ce système solaire. Depuis, les autorités l’on simplement déclaré mort. J’aimerai que vous retrouviez son corps, que je puisse lui donner une sépulture décente.
—…ce n’est pas que je ne compatis pas madame mais…J’ai arrêté cette activité depuis quelques temps déjà. Pourquoi ne pas plutôt confier l’affaire à Interpol ? Ils seront plus aptes à le faire que moi.
— Eux, ainsi que tous ceux à qui j’ai demandée, ont refusés de m’apporter la moindre aide. Vous êtes la seule option qu’il me reste. Je comprends parfaitement que vous voulez consacrez votre temps à autre chose qu’effectuer une basse besogne telle que celle-ci mais, et cela va de soi, je suis prête à payer pour vos services.
Le pare-brise de la voiture s’illumina faiblement et brièvement, de façon à faire apparaître une suite de chiffres.
— 200 000 crédits. Et, M. Gray, si vous pouvez me ramenez son corps, je triple le montant. Qu’en dites-vous ?
L’hésitation s’empara de lui. Il ne savait pas quoi faire. D’un côté, il avait grandement besoin de cet argent s’il ne voulait se retrouver à la rue vu qu’il était devenu sans emploi mais d’un autre…cette histoire pouvait mal finir. Les chances qu’il y ait des complications étaient faibles, très faibles mais malgré tout, bien existantes. L’anxiété s’implanta tellement profondément dans son esprit qu’en réaction, un nœud se forma dans son estomac. Malgré cela, et contre l’avis de la partie rationnelle de son cerveau ainsi que celui de son instinct, le Major décida de jouer le jeu. Un lourd soupir s’échappa de ses narines, soulevant quelques poussières récemment installées sur son tableau de bord.
— Eh bien madame, il semblerait que vous m’ayez fait une offre que je ne peux refuser.
Il devina facilement que sa cliente devait avoir un sourire jusqu’aux oreilles et son soulagement se fit entendre clairement dans son ton.
— Excellent. Je vous transmets votre acompte ainsi que les dernières coordonnées connues de mon époux.
La conversation s'arrêta à ce moment précis.
Après quelques secondes, l’écran face à lui prit à nouveau vie.
[Transmission reçue
Le montant de 200 000 crédits a bien été transféré sur votre compte]
Ethan redémarra et quitta son emplacement. Tandis qu’il conduisait, son esprit rejouait la conversation, encore et encore. Quelque chose n’allait pas dans cette affaire. La façon de parler de cette Lisa ne lui plaisait pas. Par expérience personnelle, il avait lui-même vécu la perte d’un être cher et…on ne se comportait pas de cette façon quand un proche disparaissait. C’était suspect. L’intonation qu’elle avait employée ne correspondait pas. Il manquait cette pointe de…douleur, de peine, de chagrin caractéristique à ce type de situation.
Non, quelque chose n’allait définitivement pas.
Rapidement, le jeune homme composa un numéro et la réponse se fit immédiate :
— Light, c’est Ethan. Fais préparer l’Asmodeus, je veux qu’on ait un check-up complet avant de partir. Les affaires reprennent.
— Qu’est-ce qu’on a ce coup-ci ?
— Disparition de civil dans un champ d’astéroïde. On en a pour 600 000 si on retrouve son corps.
— Ça fait une belle somme, de quoi assurer des jours tranquilles pendant un bon moment.
— Et c'est bien ça qui m'inquiète, murmura-t-il.
Si elle avait été humaine, l'I.A aurait haussée un sourcil.
— Comment ça ?
— Disons juste que j'ai un mauvais pressentiment.
C'est sur ces mots que le jeune homme coupa l'appel et décida d'en passer un autre. Étrangement, il le craignait. Comment dire à sa petite amie qu'on allait retrouver un disparu dans une zone dangereuse et pouvant mener à une mort probable, juste pour de l'argent. Honnêtement, il ne le savait pas. Deux façons différentes d'annoncer la nouvelle et une seule réaction logique.
Le combiné sonna à trois reprises avant de s'arrêter subitement.
— Allô ? Qui est à l'appareil ?
— C'est moi, j'espère que je ne te dérange pas ?
— Ethan ? Qu'est-ce qui se passe ? La réunion est finie ?
Étrangement, un léger rire sans joie s'échappa de sa gorge malgré le fait que cela ne convenait pas du tout à la situation.
— Oui, mais j'ai reçu un coup de fil de dernière minute. Pour faire court, je dois porter secours à quelqu'un, très rapidement. Je t'appelais donc pour te prévenir que je ne rentrerai pas dans l'immédiat.
Le jeune homme aux cheveux poivre et sel n’aimait pas ce qu’il venait de faire : avouer une demi-vérité. Certes, l’acte en lui-même était justifié mais, il ne pouvait s’empêcher d’éprouver du remord. Rapidement, il secoua la tête pour chasser ces pensées de son esprit et se concentrer sur la tâche à venir.
-----
Vingt-heure trente passé, il ne restait plus qu’un groupement d’une dizaine de soldats qui faisaient office de gardien des lieux et d’agent d’accueil.
Une fois son véhicule garé sur le parking de l’astroport, Ethan piqua un sprint en direction du quai où se trouvait l’Asmodeus. Comme sentant la présence de son pilote, ce dernier ouvrit la porte, qui permettait d’accéder au cockpit, située sur le côté gauche de l’appareil. Le bruit des bottes de cuir martelant contre l’acier se répercuta dans le hangar vide de toute trace de vie.
Les vaisseaux défilèrent rapidement autour de lui tandis qu’il accélérait la cadence, voulant perdre le moins de temps possible. Les possibilités de retrouver M. Williams vivant diminuaient à chaque seconde qui passait. Les systèmes de survie des capsules d’évacuation ne permettaient pas de maintenir son passager en vie plus d’une semaine. Il fallait donc faire vite.
D’un geste expert, l’ex-professeur se jeta dans son siège et boucla sa ceinture. A peine fut-il installé que la porte se referma et le moteur plasma prît vie. Toutes les commandes situées sur le tableau de bord ainsi que celles qui étaient retro-projetées dans l’air ambiant s’illuminèrent en un concert de couleurs. Une longue liste de tous les éléments importants de l’engin défilèrent sous ses yeux, indiquant que tous les voyants étaient au vert. Quelques instants plus tard, le véhicule prit la voie des airs, brisant le mur du son en l’espace de quelques secondes. Le passage dans la stratosphère se passa sans trop d’encombres, juste accompagné de tremblement dû à la diminution de l’attraction terrestre.
Après avoir entré les données récemment reçues dans l’ordinateur de bord, Ethan passa en mode manuel et partit en direction de son objectif.
Il ne lui fallut qu’une poignée de minutes pour l’atteindre.
La zone du champ d’astéroïde dans laquelle il entra se voulait compacte et très dense. Les possibilités pour manœuvrer étaient pour le moins difficiles, quelque soit les compétences du pilote. Des cailloux de couleur beige-gris flottaient à un rythme lent et mesuré, autant dans l’espace que sur eux-mêmes.
— Ethan, j’ai quelque chose sur mon radar. Je pense que c’est un vaisseau…. Il y a même des traces de plasmides autour, encore tièdes, et datant de quelques jours.
La supposition de Light se confirma très rapidement, des morceaux d’acier dispersés un peu partout, traînaient en compagnie des bouts de pierre.
— Ça ressemble à son engin, ou du moins, ce qu’il en reste.
Les minutes s’écoulèrent, sans un son, avant que la voix robotisée de l’I.A ne fasse brusquement irruption.
— J’ai un signe vital mais il est plutôt faible ! Il ne nous reste plus beaucoup de temps !
Sans la moindre indication, Light reprît le contrôle du vaisseau et le dirigea d’une main de maître à travers les débris jusqu’à une petite capsule en forme de pentagone et de couleur gris clair-blanc avec une vitre reflétant son contenu. A l’intérieur, se trouvait un Keidran, un félin plus précisément. Ethan aurait même parié sur un Abyssin.
— Light, préviens sa femme que nous l’avons retrouvé. Je m’occupe de le transporter avec le rayon tracteur, ordonna-il en appuyant sur une petite gâchette se trouvant sur le manche entre ses jambes, permettant de diriger le vaisseau.
Un réticule de visée à la teinte bleue ciel fit son apparition sur l’écran. Quelques instants plus tard, une aura de la même couleur enveloppa l’objet pentagonal et le tracta jusque sous l’Asmodeus.
— Je l’ai, on peut dégager d’ici.
C’est sur ces mots que l’ancien mercenaire fit demi-tour, empruntant le même chemin qu’à l’aller. Soudainement, le détecteur de mouvement se mit à paniquer.
— D’autres vaisseaux ont étés détectés en dehors du champ d’astéroïdes.
— Pourquoi est-ce que je ne suis pas surpris ?
Sept. Sept vaisseaux de couleur vert kaki, en formation large, créant un demi-cercle autour de sa position. Ethan soupira.
— J’ai un très mauvais pressentiment.
Des lueurs vertes firent leurs apparitions sur le bout de leurs canons, grossissant de plus en plus à chaque seconde.
— Ils chargent leurs armes !
Il ne put s’empêcher de lâcher un juron tout en esquivant le premier tir.
— Putain de merde ! Ils nous attendaient ! Light, dérive la puissance du bouclier à l’arrière et en-dessous. On doit protéger M. Williams à tout prix !
La tension monta d’un cran dans l’habitacle. Le jeune homme activa le mode combat, ce qui fit sortir les tourelles lasers de chaque côté du cockpit ainsi que sur le toit et prépara les bombes guidées. Vu qu’il n’y avait aucun son dans l’espace, il ne pouvait savoir d’où venaient les tirs et comptait uniquement sur son radar et l’I.A pour les esquiver. Une course-poursuite s’engagea entre lui et ses détracteurs. L’un d’entre eux eut la mauvaise idée de le coller au train. Le logiciel indiquant qu’il était verrouillé poussa un son strident.
Un petit sourire satisfait apparût sur son visage. D’une simple pression sur le manche, Ethan fit décrocher un objet de son vaisseau. Malheureusement, l’adversaire qui se trouvait derrière lui le frôla et la cargaison lâchée explosa, détruisant le vaisseau avec.
— J’ai vraiment bien fait d’acheter ces mines. J’étais sûr qu’elles serviraient un jour ou l’autre.
Malgré cet instant de répit, Ethan ne relâcha pas sa garde. Le combat était loin d’être fini. Deux autres vaisseaux ennemis décidèrent d’employer la même tactique. Il savait parfaitement qu’utiliser deux fois la même tactique n’aurait aucune utilité et décida d’utiliser une autre manœuvre appris lors de sa formation à l’armée. Un looping.
L’Asmodeus effectua un cercle parfait, d’un angle de 360°, de façon à se retrouver derrière ses poursuivants. Quelques tirs lasers plus tard et il ne restait plus rien d’eux. En moins de cinq minutes, le Major avait réduit de moitié les effectifs adverses. Et dire que quelques années plus tôt, il lui fallu le double de temps et bien plus d’efforts pour arriver au même résultat. Une série de tirs provenant d’en face le tira de ses pensées. Un brusque mouvement du poignet sur la droite et le vaisseau se mit à tournoyer sur lui-même, faisant ainsi dériver les rayons grâce aux plaques réflectrices et évitant de subir des dégâts. Son opposant passa à quelques mètres de lui.
— J’ai fait quelques rapides recherches sur les Williams. Lisa veut uniquement le corps de son époux parce qu’elle ne peut pas récupérer sa fortune s’il n’y a pas de réelle preuve de sa mort !
Pour la plus grande surprise de l’ex-soldat, les ennemis restants lui tournèrent le dos avant d’ouvrir un trou de ver et de s’engouffrer dedans, laissant l’humain et l’I.A seuls.
— Des mercenaires, hein ? J’ai ma petite idée de qui signe leurs chèques, dit-il en exhalant bruyamment, pour faire évacuer la tension accumulée lors du combat. Allez, on rentre au bercail. Mission accomplie
Quelques instants plus tard, Ethan quitta la cour intérieure et se retrouva dans une rue complètement déserte de toute circulation (fait plutôt rare de nos jours), éclairée par une longue double rangée de candélabres ainsi que les néons des différents types de commerces qui animaient l’avenue en journée. Seuls quelques passants y traînaient encore, marchant plutôt vite, dans l’espoir de rejoindre leurs foyers dès que possible. Les premiers signes de l’hiver approchant se faisaient plus présents au fil des jours. Ne s’attardant pas plus, il prit la direction de son appartement. De longues minutes s’écoulèrent avant que le silence qui régnait dans l’habitacle du véhicule soit brisé par une sonnerie aux tonalités aigües.
D’une simple pression du doigt sur son oreillette, le son cessa et fut rapidement remplacé par une voix.
— Bonsoir., dit la personne, une femme d’après le timbre de sa voix, sur un ton altier. Ai-je bien affaire à M. Ethan Gray ?
— Lui-même, madame. Que puis-je faire pour vous ?
— Je suis Lisa Williams. J’ai pris connaissance, par le biais de quelques recherches, que vous étiez dans le mercenariat auparavant et j’aurais besoin de vos services. Nous manquons de temps M. Gray alors je vais être brève. Je veux que vous retrouviez mon mari.
Ethan soupira avant de décider de se mettre son clignotant pour se garer sur une place, au bord d’un trottoir.
— Continuez, je vous écoute.
— Mon mari, Jason Williams, était un grand avocat et pilote qualifié. Il y a cinq jours, il a disparu près du quadrant Ouest d’une ceinture d’astéroïde, dans ce système solaire. Depuis, les autorités l’on simplement déclaré mort. J’aimerai que vous retrouviez son corps, que je puisse lui donner une sépulture décente.
—…ce n’est pas que je ne compatis pas madame mais…J’ai arrêté cette activité depuis quelques temps déjà. Pourquoi ne pas plutôt confier l’affaire à Interpol ? Ils seront plus aptes à le faire que moi.
— Eux, ainsi que tous ceux à qui j’ai demandée, ont refusés de m’apporter la moindre aide. Vous êtes la seule option qu’il me reste. Je comprends parfaitement que vous voulez consacrez votre temps à autre chose qu’effectuer une basse besogne telle que celle-ci mais, et cela va de soi, je suis prête à payer pour vos services.
Le pare-brise de la voiture s’illumina faiblement et brièvement, de façon à faire apparaître une suite de chiffres.
— 200 000 crédits. Et, M. Gray, si vous pouvez me ramenez son corps, je triple le montant. Qu’en dites-vous ?
L’hésitation s’empara de lui. Il ne savait pas quoi faire. D’un côté, il avait grandement besoin de cet argent s’il ne voulait se retrouver à la rue vu qu’il était devenu sans emploi mais d’un autre…cette histoire pouvait mal finir. Les chances qu’il y ait des complications étaient faibles, très faibles mais malgré tout, bien existantes. L’anxiété s’implanta tellement profondément dans son esprit qu’en réaction, un nœud se forma dans son estomac. Malgré cela, et contre l’avis de la partie rationnelle de son cerveau ainsi que celui de son instinct, le Major décida de jouer le jeu. Un lourd soupir s’échappa de ses narines, soulevant quelques poussières récemment installées sur son tableau de bord.
— Eh bien madame, il semblerait que vous m’ayez fait une offre que je ne peux refuser.
Il devina facilement que sa cliente devait avoir un sourire jusqu’aux oreilles et son soulagement se fit entendre clairement dans son ton.
— Excellent. Je vous transmets votre acompte ainsi que les dernières coordonnées connues de mon époux.
La conversation s'arrêta à ce moment précis.
Après quelques secondes, l’écran face à lui prit à nouveau vie.
[Transmission reçue
Le montant de 200 000 crédits a bien été transféré sur votre compte]
Ethan redémarra et quitta son emplacement. Tandis qu’il conduisait, son esprit rejouait la conversation, encore et encore. Quelque chose n’allait pas dans cette affaire. La façon de parler de cette Lisa ne lui plaisait pas. Par expérience personnelle, il avait lui-même vécu la perte d’un être cher et…on ne se comportait pas de cette façon quand un proche disparaissait. C’était suspect. L’intonation qu’elle avait employée ne correspondait pas. Il manquait cette pointe de…douleur, de peine, de chagrin caractéristique à ce type de situation.
Non, quelque chose n’allait définitivement pas.
Rapidement, le jeune homme composa un numéro et la réponse se fit immédiate :
— Light, c’est Ethan. Fais préparer l’Asmodeus, je veux qu’on ait un check-up complet avant de partir. Les affaires reprennent.
— Qu’est-ce qu’on a ce coup-ci ?
— Disparition de civil dans un champ d’astéroïde. On en a pour 600 000 si on retrouve son corps.
— Ça fait une belle somme, de quoi assurer des jours tranquilles pendant un bon moment.
— Et c'est bien ça qui m'inquiète, murmura-t-il.
Si elle avait été humaine, l'I.A aurait haussée un sourcil.
— Comment ça ?
— Disons juste que j'ai un mauvais pressentiment.
C'est sur ces mots que le jeune homme coupa l'appel et décida d'en passer un autre. Étrangement, il le craignait. Comment dire à sa petite amie qu'on allait retrouver un disparu dans une zone dangereuse et pouvant mener à une mort probable, juste pour de l'argent. Honnêtement, il ne le savait pas. Deux façons différentes d'annoncer la nouvelle et une seule réaction logique.
Le combiné sonna à trois reprises avant de s'arrêter subitement.
— Allô ? Qui est à l'appareil ?
— C'est moi, j'espère que je ne te dérange pas ?
— Ethan ? Qu'est-ce qui se passe ? La réunion est finie ?
Étrangement, un léger rire sans joie s'échappa de sa gorge malgré le fait que cela ne convenait pas du tout à la situation.
— Oui, mais j'ai reçu un coup de fil de dernière minute. Pour faire court, je dois porter secours à quelqu'un, très rapidement. Je t'appelais donc pour te prévenir que je ne rentrerai pas dans l'immédiat.
Le jeune homme aux cheveux poivre et sel n’aimait pas ce qu’il venait de faire : avouer une demi-vérité. Certes, l’acte en lui-même était justifié mais, il ne pouvait s’empêcher d’éprouver du remord. Rapidement, il secoua la tête pour chasser ces pensées de son esprit et se concentrer sur la tâche à venir.
-----
Vingt-heure trente passé, il ne restait plus qu’un groupement d’une dizaine de soldats qui faisaient office de gardien des lieux et d’agent d’accueil.
Une fois son véhicule garé sur le parking de l’astroport, Ethan piqua un sprint en direction du quai où se trouvait l’Asmodeus. Comme sentant la présence de son pilote, ce dernier ouvrit la porte, qui permettait d’accéder au cockpit, située sur le côté gauche de l’appareil. Le bruit des bottes de cuir martelant contre l’acier se répercuta dans le hangar vide de toute trace de vie.
Les vaisseaux défilèrent rapidement autour de lui tandis qu’il accélérait la cadence, voulant perdre le moins de temps possible. Les possibilités de retrouver M. Williams vivant diminuaient à chaque seconde qui passait. Les systèmes de survie des capsules d’évacuation ne permettaient pas de maintenir son passager en vie plus d’une semaine. Il fallait donc faire vite.
D’un geste expert, l’ex-professeur se jeta dans son siège et boucla sa ceinture. A peine fut-il installé que la porte se referma et le moteur plasma prît vie. Toutes les commandes situées sur le tableau de bord ainsi que celles qui étaient retro-projetées dans l’air ambiant s’illuminèrent en un concert de couleurs. Une longue liste de tous les éléments importants de l’engin défilèrent sous ses yeux, indiquant que tous les voyants étaient au vert. Quelques instants plus tard, le véhicule prit la voie des airs, brisant le mur du son en l’espace de quelques secondes. Le passage dans la stratosphère se passa sans trop d’encombres, juste accompagné de tremblement dû à la diminution de l’attraction terrestre.
Après avoir entré les données récemment reçues dans l’ordinateur de bord, Ethan passa en mode manuel et partit en direction de son objectif.
Il ne lui fallut qu’une poignée de minutes pour l’atteindre.
La zone du champ d’astéroïde dans laquelle il entra se voulait compacte et très dense. Les possibilités pour manœuvrer étaient pour le moins difficiles, quelque soit les compétences du pilote. Des cailloux de couleur beige-gris flottaient à un rythme lent et mesuré, autant dans l’espace que sur eux-mêmes.
— Ethan, j’ai quelque chose sur mon radar. Je pense que c’est un vaisseau…. Il y a même des traces de plasmides autour, encore tièdes, et datant de quelques jours.
La supposition de Light se confirma très rapidement, des morceaux d’acier dispersés un peu partout, traînaient en compagnie des bouts de pierre.
— Ça ressemble à son engin, ou du moins, ce qu’il en reste.
Les minutes s’écoulèrent, sans un son, avant que la voix robotisée de l’I.A ne fasse brusquement irruption.
— J’ai un signe vital mais il est plutôt faible ! Il ne nous reste plus beaucoup de temps !
Sans la moindre indication, Light reprît le contrôle du vaisseau et le dirigea d’une main de maître à travers les débris jusqu’à une petite capsule en forme de pentagone et de couleur gris clair-blanc avec une vitre reflétant son contenu. A l’intérieur, se trouvait un Keidran, un félin plus précisément. Ethan aurait même parié sur un Abyssin.
— Light, préviens sa femme que nous l’avons retrouvé. Je m’occupe de le transporter avec le rayon tracteur, ordonna-il en appuyant sur une petite gâchette se trouvant sur le manche entre ses jambes, permettant de diriger le vaisseau.
Un réticule de visée à la teinte bleue ciel fit son apparition sur l’écran. Quelques instants plus tard, une aura de la même couleur enveloppa l’objet pentagonal et le tracta jusque sous l’Asmodeus.
— Je l’ai, on peut dégager d’ici.
C’est sur ces mots que l’ancien mercenaire fit demi-tour, empruntant le même chemin qu’à l’aller. Soudainement, le détecteur de mouvement se mit à paniquer.
— D’autres vaisseaux ont étés détectés en dehors du champ d’astéroïdes.
— Pourquoi est-ce que je ne suis pas surpris ?
Sept. Sept vaisseaux de couleur vert kaki, en formation large, créant un demi-cercle autour de sa position. Ethan soupira.
— J’ai un très mauvais pressentiment.
Des lueurs vertes firent leurs apparitions sur le bout de leurs canons, grossissant de plus en plus à chaque seconde.
— Ils chargent leurs armes !
Il ne put s’empêcher de lâcher un juron tout en esquivant le premier tir.
— Putain de merde ! Ils nous attendaient ! Light, dérive la puissance du bouclier à l’arrière et en-dessous. On doit protéger M. Williams à tout prix !
La tension monta d’un cran dans l’habitacle. Le jeune homme activa le mode combat, ce qui fit sortir les tourelles lasers de chaque côté du cockpit ainsi que sur le toit et prépara les bombes guidées. Vu qu’il n’y avait aucun son dans l’espace, il ne pouvait savoir d’où venaient les tirs et comptait uniquement sur son radar et l’I.A pour les esquiver. Une course-poursuite s’engagea entre lui et ses détracteurs. L’un d’entre eux eut la mauvaise idée de le coller au train. Le logiciel indiquant qu’il était verrouillé poussa un son strident.
Un petit sourire satisfait apparût sur son visage. D’une simple pression sur le manche, Ethan fit décrocher un objet de son vaisseau. Malheureusement, l’adversaire qui se trouvait derrière lui le frôla et la cargaison lâchée explosa, détruisant le vaisseau avec.
— J’ai vraiment bien fait d’acheter ces mines. J’étais sûr qu’elles serviraient un jour ou l’autre.
Malgré cet instant de répit, Ethan ne relâcha pas sa garde. Le combat était loin d’être fini. Deux autres vaisseaux ennemis décidèrent d’employer la même tactique. Il savait parfaitement qu’utiliser deux fois la même tactique n’aurait aucune utilité et décida d’utiliser une autre manœuvre appris lors de sa formation à l’armée. Un looping.
L’Asmodeus effectua un cercle parfait, d’un angle de 360°, de façon à se retrouver derrière ses poursuivants. Quelques tirs lasers plus tard et il ne restait plus rien d’eux. En moins de cinq minutes, le Major avait réduit de moitié les effectifs adverses. Et dire que quelques années plus tôt, il lui fallu le double de temps et bien plus d’efforts pour arriver au même résultat. Une série de tirs provenant d’en face le tira de ses pensées. Un brusque mouvement du poignet sur la droite et le vaisseau se mit à tournoyer sur lui-même, faisant ainsi dériver les rayons grâce aux plaques réflectrices et évitant de subir des dégâts. Son opposant passa à quelques mètres de lui.
— J’ai fait quelques rapides recherches sur les Williams. Lisa veut uniquement le corps de son époux parce qu’elle ne peut pas récupérer sa fortune s’il n’y a pas de réelle preuve de sa mort !
Pour la plus grande surprise de l’ex-soldat, les ennemis restants lui tournèrent le dos avant d’ouvrir un trou de ver et de s’engouffrer dedans, laissant l’humain et l’I.A seuls.
— Des mercenaires, hein ? J’ai ma petite idée de qui signe leurs chèques, dit-il en exhalant bruyamment, pour faire évacuer la tension accumulée lors du combat. Allez, on rentre au bercail. Mission accomplie