Le disque orangé avait commencé sa montée dans le ciel depuis près d’une heure et brillait désormais de mille feux. Ses rayons illuminèrent la ville et réchauffèrent l’atmosphère, prolongeant ainsi l’été indien. Le ciel, coloré d’un bleu limpide, était vide de tout cumulus.
Les rues de la ville étaient remplies de personnes aux traits complètement différents. Les races canines, félines, reptiliennes et même volatiles y étaient présentes. Ces animaux avaient une particularité par rapport à ceux que connaissaient les humains…ils étaient bipède. Tout comme l’Homme, ils utilisaient leurs membres postérieurs pour se déplacer. Dans les dictionnaires, ces être étranges étaient connus sous le nom de Keidran et faisaient partis d’une race ancienne, au passé oublié par le temps et catégorisés par l’espèce humaine comme étant des animaux anthropomorphiques. Les relations humains – Keidran datent depuis près de six siècles et les deux races se sont toujours bien entendues (même s’ils préfèrent garder une certaine distance et n’osent pas se mélanger entre eux, se cantonnant juste à partager quelques colonies, loin de leurs planète-mère respectives) malgré quelques désaccords et autres problèmes. L’affaire ‘Purity’ qui s’est déroulé il y a un peu plus d’une demi-décade et qui aurait pu mener à la perte de cette espèce si les forces armées terriennes n’avaient pas mis fin à la menace que représentait le groupuscule terroriste en est le parfait exemple. Mais cette histoire appartient au passé désormais.
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Le froid et transparent liquide coulait le long de l’assiette, du verre et de ses mains légèrement halées. Il passa un coup d’éponge sur la vaisselle avant de couper l’arrivée d’eau et de mettre les objets sur le plan de travail fait de bois et d’un carrelage uni, couleur blanc sale. Le jeune homme se sécha les mains dans une serviette en coton et se retourna. Il prit sa tasse de café et vida son contenu d’un trait. L’homme aux cheveux gris et aux yeux bleus acier observait l’appartement de soixante-dix mètres carrés, relativement classique : une chambre, un salon, une cuisine une salle de bain et des toilettes.
La décoration se trouvait être pour le moins simpliste. Juste quelques meubles neufs et plusieurs cartons empilés les uns sur les autres, preuve qu’il n’avait pas eu le temps, ou se trouvait être trop flemmard, pour tout déballer. Cela faisait désormais quatre mois qu’il avait emménagé dans la capitale Keidran répondant au doux nom de Kruah. La planète sur laquelle se trouvait Kruah ressemblait à la Terre sauf qu’elle était une fois et demie plus grande et sa surface était composée d’eau à 80%, ce qui faisait que les rares villes étaient séparées par d’immenses étendues bleues. Le climat était en majorité modéré, atteignant difficilement les 40° en été et pas en-dessous de -5° l’hiver. C’est en ce lieu qu’Ethan Gray s’était installé, effectuant désormais le travail de professeur d’histoire humaine.
Sa carrière de soldat s’était arrêtée deux ans plus tôt, à cause de la monotonie qui s’était installée et ce sentiment de ne pas être à sa place dans l’armée. Quoi qu’il en soit, au fur et à mesure du temps, le jeune Gray s’était fait de plus en plus distant avec ses proches. Suite à cela, il décida de raccrocher et est devenu mercenaire indépendant mais travaillant tout de même en coopération avec l’Alliance. Finalement, la vie de mercenaire ne lui convenait pas non plus car il n’y avait rien à faire : la galaxie était en paix et les rares conflits se réglaient d’eux-mêmes. C’est ça qu’Ethan regrettait : le manque d’action. Il savait parfaitement bien qu’il était un homme de terrain, quelqu’un qui devait faire quelque chose d’utile de ses jours. Finalement, il avait passé des examens et était devenu prof. Ses connaissances sur les prémices du XXIème siècle ainsi que sur ce qui s’était déroulé avant étaient une mine d’or et il prenait un grand plaisir à le partager avec les autres.
Une fois qu’il fut prêt, l’ex-soldat quitta son appartement et s’aventura dans les rues de Kruah, commençant ainsi une nouvelle journée.
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Ethan avançait dans les longs couloirs aux murs crépis. Le tee-shirt qu'il portait, au nom de son groupe de rock préféré « Red Hot Chili Peppers », descendait un peu trop au niveau des épaules et de la taille. De petits écouteurs noirs traînaient dans ses oreilles, cachées par sa chevelure d’argent qui descendait jusqu’aux épaules. Il avait une main dans le jean et l’autre qui tenait son attaché-case. Les Keidrans qu’il croisait se tournaient instinctivement vers lui, comme s’il s’agissait d’une bête de foire. Le jeune homme les ignora et grimpa les marches menant au 1er étage. Il continua à déambuler jusqu’à arriver à une porte et entra. Plusieurs autres personnes s’y trouvaient sauf qu’il s’agissait d’adultes cette fois-ci. Il posa ses affaires à un siège libre et alla à la machine à café où il prit un cappuccino.
Quelques minutes plus tard, la sonnerie indiquant le début des cours retentit.
Il quitta la salle des profs et reprit sa route. Il arriva devant une porte et passa sa main gauche devant le scanner accroché au mur. Ce dernier émit une tonalité indiquant que l’accès était autorisé et la porte s’ouvrit. Dedans, se trouvait une trentaine d’adolescents, qui le regardèrent entrer. Ensuite, le jeune professeur posa son attaché-case sur le bureau et se frotta les mains.
— Bon, on va reprendre là où on en était la dernière fois. Quelqu’un peu de me dire sur quoi nous travaillions ?
Une aile bleue se leva.
— On allait étudier l'élection de Barack Obama.
Ethan confirma d'un signe de tête.
— Exact Jeff, cette élection s'est déroulée en 2008 et a eu quelques répercussions pour le moins positive car c'était le 1er homme de couleur à devenir président et surtout dans le pays le plus puissant de l'époque, suivi de près par la Chine et de...
À ce moment-là, une sonnerie retentit. Mais elle n'était audible que pour le jeune homme. Le visage d'une personne qu'il ne connaissait que trop bien apparût sur son ATH. Il mit un petit appareil noir et rectangulaire contre son oreille et d'une simple pensée, il décrocha.
— Hey Antho', comment va vieux ?
— Ça pourrait aller mieux. Je ne te dérange pas, au moins ?
Ethan haussa un sourcil. Le ton qu'utilisait son vieil ami était pour le moins étonnant. Sa voix était emplie de tristesse, d'incertitude et d'appréhension.
— J’allais débuter mon cours mais ça peut attendre un peu. Déballe ton sac.
Le bruit d’un lourd soupir résonna dans son conduit auditif.
— Mec, il faut que tu viennes à Seattle. C’est…c’est Likhan. II…Il est mort.