Note de la fic : Non notée

Le retour au Paradis d'Alexander Minervae


Par : Adonis-Shibo
Genre : Fantastique
Statut : C'est compliqué



Chapitre 6


Publié le 03/08/2014 à 23:33:11 par Adonis-Shibo

[c]Chapitre 1 : La rentrée scolaire de 2095[/c]




Danemark, Sønderborg, Mardi 6 septembre 2095, 13h45.

Après Varofiel :


La présence d'Erate Vestergaard n'était même pas une surprise. Dès que Varofiel m'avait prévenu que les choses qui ne dépendaient pas de mes choix resteraient les mêmes, j'y avais pensé. Et pourtant, en pensant à elle, je n'avais rien ressenti, sauf peut-être une sorte de nostalgie. Mais pas ce que j'avais ressenti en la voyant en classe, assise à la table devant la porte. Je ne pouvais même pas me dire que c'était autre chose, et cela m'effrayait. J'étais réellement retombé amoureux d'elle. Au « premier » regard. Le coup de foudre existait donc vraiment. Je n'en avais pas été sûr la première fois, mais c'était vrai. Pour moi, l'amour naissait au bout d'un certain moment, quand on se forçait à penser à quelqu'un assez longtemps. Mais tout semblait m'indiquer ici que c'était réel. Que c'était incontrôlable. Que j'étais encore une fois impuissant par rapport à mes propres sentiments. C'est alors que je réalisai que j'étais en train de l'observer depuis cinq bonnes minutes, mais qu'heureusement elle ne s'en était pas rendu compte. Cette pensée me fit rougir, tandis que je détournai mon regard. Erate avait toujours exercé une certaine fascination sur moi. Je pouvais l'observer pendant des heures, sans me lasser. Bien sûr, j'évitais au mieux de le faire, étant pleinement conscient du malaise que cela devait inspirer chez elle. C'est alors que la voix de Müller, aussi énervante que dans mes souvenirs, m'arracha à mes pensées.

« - Allez, on se tait s'il vous plaît ! Pour commencer vos années au lycée, nous allons vous faire acquérir certains repères. Pour faire simple, vous allez vous mettre par groupes de quatre, avec vos voisins, et vous devrez trouver six salles dans le lycée. Là-bas, un professeur vous attendra, et vous devrez récolter sa signature. »

J'étais presque sûr que ça non plus, ça n'avait pas changé. Et pendant un moment, j'osais espérer que les groupes avaient changé, eux. Ne pas me retrouver avec lui, c'était tout ce que je demandais. Autant rêver.

« -Vous quatre, annonça Müller d'un sourire qui me semblait presque sadique. »

Nos deux voisins de devant se retournèrent. Ernst engagea la conversation avec Erika, tandis que l'autre restait là, avec son air stupide, à les regarder. Tout chez lui m'agaçait au plus haut point. Son regard de chien battu, ses blagues idiotes et redondantes, son honnêteté culpabilisante, son corps trapu ridicule, sa coiffure qui était devenu de plus en plus laide au fil du temps. Ca n'avait rien à voir avec ce qu'il avait pu me faire, car je n'étais pas du tout rancunier. Du plus profond de mon être, je détestait Skjold , tout simplement. De par sa simple existence, son apparence même, sa façon d'être, je lui vouait une haine viscérale. Et cela m'agaçait au plus haut point. Je me laissais déborder par mes émotions. Qu'est ce qu'il avait fait pour mériter toute cette haine, CETTE fois ? Rien. Je le détestais sans aucune raison. C'était tellement immature ! C'était sûrement cet aspect qui me faisait enrager le plus. Je détestais un inconnu, qui ne me voulait que du bien.

J'avais pris ma décision. Même si sa simple vue me donnait plus d'envie meurtrière que Torsten devant une salle de musculation, j'allais lui laisser une seconde chance.

Et cette fois, j'allais bien le tenir en laisse.

Je me joignis donc à leur discussion en arborant mon sourire le plus amical, tout en prenant exemple sur la fausseté de celui de Müller. Dans cette conversation, je les connaissais tous les trois, tandis que eux ne me connaissaient ni d'Eve ni d'Adam. C'était le moment de les mettre tous les trois dans ma poche. Tout d'abord, je parlais d'une voix monotone, discrète, avec un ton qui se voulait aussi bienveillant que possible, pour rassurer Erika. Lui faire croire que j'étais quelqu'un d'honnête, qui ne critiquait pas dans le dos des gens. Bien sûr, c'était faux. J'étais la pire langue de vipère qu'on pouvait trouver, mais jamais je ne dirai du mal de Erika. Je n'avais jamais rien ressenti pour elle, mais j'avais toujours éprouvé une bienveillance sincère à son égard. Ainsi, je la mis dans ma poche assez facilement, et m'aperçut au bout de quelques minutes qu'elle m'appréciait vraiment. De toutes façons, c'était réciproque. Je passai alors à Ernst. C'était un crétin, une grande gueule d'une intelligence plus que limité, un agitateur stupide, et un idiot. Il se voulait anti-conformiste, rejetant toute la société, tout en étant absolument démagogue. Et il était stupide, si jamais je ne l'avais pas précisé. Une simple phrase avait suffit à le convaincre. Alors qu'il commençait déjà à se plaindre de la première demi-après-midi qu'on avait vécu, je lui lançai en pleine figure :

« -C'est de la faute du Gouvernement, il pense qu'à s'enrichir, ces connards, comme le veut le système, et c'est les gens normaux comme nous qui en subissons les conséquences. »

On me traitait souvent d'hypocrite, mais cette fois, j'avais battu mon propre record d'hypocrisie. Je ne pensais pas un seul des mots que j'avais dit. Ernst me regarda avec des yeux ronds, avant de me pointer du doigt, et d'éclater de rire.

« -Toi, t'as tout dit ! C'est exactement ça ! On va bien s'entendre, moi je dis ! »

Certainement pas, abruti. C'est ce que j'aurais voulu lui répondre. Mais maintenant que j'avais l'avantage, je n'allais pas cracher sur un allié potentiel, surtout quelqu'un d'aussi utile que Ernst. Quelle ironie. Lui qui rejetait la société qui nous « traitait comme des moutons », il était tellement manipulable ! Cette pensée alla jusqu'à m'arracher un sourire d'amusement . Il ne restait plus que Skjold. Faire ami-ami avec lui me révulsait, mais je n'avais pas le choix. Enfin si, mais continuer à le détester aurait été immature, et je devais prouver que j'étais au-dessus de ça. Il méritait une seconde chance, même s'il n'avait jamais vécu la première. Avec un peu de chance, je retrouverais peut-être chez lui ce que j'avais apprécié. Mais bon, je n'y croyais pas plus que cela.

C'est alors que la sonnerie retentit. Je n'avais pas vraiment eu le temps de le mettre dans ma poche, mais cela ne saurait tarder. Je passais la pause avec Torsten, Sancho et Robin, quand Ernst s'approcha.

« -Hé, Alex, ça te dirait d'aller fumer une clope dehors ? »
J'aurais volontiers accepté... si seulement je fumais. C'était un sacrifice que j'étais prêt à faire, mais je préférais éviter l'humiliation de commencer dès maintenant.

« -Désolé, je ne fume pas.
-Pas grave, on va juste causer alors. »

J'évaluais la situation. J'avais envie d'accepter, mais cela impliqua de laisser les trois autres ici. Ils ne seraient pas à l'aise avec des inconnus.

« -Je reviens, leur dis-je, sans pour autant être sûr de revenir avant la fin de la pause. »

Je suivais Ernst vers la sortie. Dans le coin fumeur, je vis plusieurs amies d'Erate qui fumaient elles aussi. C'est alors que mon cœur se mit à battre plus vite. Erate était avec elles, bien qu'elle ne fumait pas. Si seulement je pouvais trouver une occasion de lui parler ! C'est alors que Ernst s'arrêta brusquement. MEIL

« -Et meeeerde !
-Quoi ? Demandai-je.
-Jus est pas là !
-Justine ? Dis-je en feignant l'ignorance. Tu parles de la fille qui est sur notre liste de classe ?
-Ouais, elle reste encore quelque jour chez ses grands-parents, en France. D'habitude, je lui taxe du feu tu vois. »

C'était ma chance.

« -Et les filles, là-bas ? Proposai-je .
-Pas bête ! Ah ben y'a Vava ! S'écria-t-il, avant de l'apostropher. Hé, Vava !
-Ah, dit-une blonde en se retournant. Lieutenant !
-M'appelle pas comme ça, j'étais déchiré, ricana Ernst.
-C'est quoi cette histoire ? Demandai-je avec un sourire malicieux.
-C'est une histoire de soirée, m'expliqua Cathleen, la voisine d'Erate, en riant. Il était tellement cuit qu'il a commencé à courir dans tous les sens, en criant ''Je suis le lieutenant Ernst, à vos postes soldats !'' »

Cela me rappelait étrangement une vieille histoire. C'est alors que Cathleen sembla me reconnaître.

« -Mais t'es dans notre classe, non ? S'exclama-t-elle.
-Ah oui, s'écria Erate ! Je te reconnais ! »

Parfait, cette histoire commençait plus rapidement que prévu.

« -Tu es Skjold, c'est ça ? »

Je ne sais pas pourquoi, je restais figé là, comme un idiot. Une partie de mon cœur venait sûrement de tomber en miettes. C'était décidé, je le haïssais terriblement.

« -Mais non, intervint Ernst, c'est Alexander Minervae, et ce type, c'est un super gars, il a tout compris à comment le monde fonctionne !
-Oh mince ! S'exclama Erate, je suis désolée ! »

C'est alors que la sonnerie retentit.

« -Oh, on se revoit pour le jeu de piste Alex, dit Erate en riant »

Les filles commencèrent à retourner dans le lycée. Je regardai Erate marcher de dos, tout en restant sourire comme un niais, adjectif qui m’allait sûrement plutôt bien.

Ernst regarda sa cigarette, qu'il n'avait pas pu allumer, dépité.

« -Allez Ernst, lui dis-je, on a un jeu de piste à faire, non ? »


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