Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

Amy et Louis au pays des étranges créatures.


Par : Hercule
Genre : Action
Statut : C'est compliqué



Chapitre 4


Publié le 05/09/2013 à 17:48:14 par Hercule

Effectivement la famille Buffolo, qui portait de même que son nom un renom très influent, était pour mon plus grand malheur partenaire avec la mienne de famille depuis de nombreuses années. Nos deux dynasties travaillaient en étroite collaboration : les Buffolo possédaient les usines de production de tous les produits manufacturés que mon père confectionnait avec ses équipes d'ingénieurs. Le vieux m'avait donc dit au moins une centaine de fois que nos liens, même hors professionnels, devaient être entretenus au minimum de manière satisfaisante.

J'avais le droit de ne pas la fréquenter, (si tant est que ce fût possible) mais je ne pouvais pas avoir de comportement « déplacé » (dixit mon père) envers elle, sans quoi des conséquences plutôt fâcheuses m'arriveraient s'il en avait vent, ce que je trouvais totalement ridicule. Et Lucia était tout à fait capable d'aller pleurnicher chez papa pour le moindre petit détail qui l'aurait contrarié. Pourquoi cette envie de couper court aux choses qui s'installent naturellement entre deux individus ? S'il y a de l'appréhension récurrente et maladive, pourquoi vouloir fausser les sentiments et faire comme si tout allait bien ?

Bref, tout ceci justifia mon «ah ouais désolé » que je lui lançai furtivement dans l'espoir qu'elle ne voit rien à mon hostilité.

Certaines choses me dépassaient, comme l'intérêt que cette fille avait pour moi. Cela faisait des années que j'étais froid au possible avec elle, avec pour seul résulta une personne qui me collait au train un peu plus chaque jours. Ne voyait-elle pas qu'elle ne m'intéressait pas ? Ne voulait-elle pas comprendre à quel point elle était inexistante dans mon estime ? Un tel entêtement et un tel manque de lucidité m'étaient incompréhensible.



Et comme pour confirmer le fruit de mes pensées elle me demanda :

-Bon alors on s'attend après les cours d'accord ?

-Si tu veux, lançai-je sans émotion, incapable de dire non.

-A 11h35 devant le bâtiment A ok ?

-Ok...

-T'y seras cette fois alors ?

-Je te dis que oui.

-Super à toute à l'heure dans ce cas ! dit-elle en tournant les talons.

J'étais obligé d'avoir une tenue correcte à son égard mais faire preuve de bonne volonté pour cette harpie ne figurait pas dans ma liste de compétence. Pourquoi n'avais-je pas inventé une excuse bidon afin d'éviter le rendez-vous ? Maintenant je ne pouvais plus vraiment esquiver la rencontre sans que des représailles ne se manifestent, mais d'un autre côté, l'attendre à la sortie des cours revenait presque certainement à devoir manger avec elle durant la pause de midi, ce que je n'avais absolument pas envie. Je relativisai néanmoins la chose en me disant qu'il me restait encore la matinée entière pour imaginer un échappatoire, et que au pire, des petits noirs étaient en train de mourir de faim en Afrique. (c'est bête, mais on relativise toujours mieux en pensant aux petits noirs qui meurent de faim en Afrique) Mon stratagème devrait être ingénieux, car cette fois-ci je ne pouvais pas me défiler en prétextant un simple oubli.
D'une main distraite je commençais à préparer mes affaires de géographie quand la cloche retentit dans la classe pour la première fois de la journée. Monsieur Dupont entra dans la salle puis s'éclaircit la gorge afin de faire régner le silence :
-Bonjours à tous,.
La classe lui répondit machinalement et sans entrain.
Il continua,
-Nouveau thème aujourd'hui. Mais avant de vous le dire, je vais faire un peu travailler vos méninges.

Il actionna un bouton de la télécommande du beemer pour faire apparaître à l'écran des images en rapport avec l'eau. Une partie affichait des ice berg blancs, des lacs, des fleuves cristallins, et de l'autre on pouvait voir à quel point les hommes malmenaient la nature et son le cycle hydraulique.
Pour finir des chiffres en pourcentage et diverses graphiques se dessinèrent sur la projection.

-L'enjeu de l'eau, l'or bleu ! Un sujet qui est d'une actualité bien plus préoccupante que toute celle que renferment vos magazines de mode et de sport réunis ensemble, et qui le restera encore tant que l'homme ne se sera pas rendu compte de certaines petites choses.

En agitant ses mains de manière théâtrales, il avait réussi à captiver l'attention de quasiment toute la classe.

Il poursuivait son discours excité qui en gros, disait que l'eau serait l'enjeu de demain, et qu'il fallait s'estimer très chanceux de vivre dans un pays qui en disposait à profusion.
Il termina son cours en nous donnant un devoirs à rédiger jusqu'à la fin de l'heure sur le sujet.

Je me levai de mon pupitre, et allai me connecter sur ma session depuis l'un des ordinateurs de la classe. Je préférais travailler seul, j'étais plus tranquille.

En jetant un coup d'oeil sur le groupe d'à côté, je vis une fille qui était déjà en train de consulter son actualité Facebook. Je trouvais désolant de voir à quel point ma génération était devenue adique à ce genre réseau social. Sans y remédier pour autant, ça traduisait bien le mal de notre siècle: celui de se sentir seul. Le site était l'incarnation de la perte de temps et la preuve de la faculté qu'ont les gens à s'accoutumer aux nullités de notre ère en les inscrivant à l'encre de chine dans leurs mode de vie.
S'afficher, regarder les autres sans être vu et se contenter pour certains des miettes de bonheur que ce simulacre de contact humain apportait...Je trouvais cela désolant, mais je me disais tout de même qu'il ne fallait pas que je me prenne la tête avec ce genre de phénomène qui existerait tant que des hommes seraient présents sur cette terre. De toute manière je ne pouvais rien y changer, je n'étais qu'une seule personne parmi les sept milliards de mes semblables...

La planète est quand même dans une sacrée merde, j'en prenais conscience un peu plus dans mon devoirs.

Si les problèmes étaient un océan et les hommes un équipage, le moussaillon ne cesserait de répéter:  «  Capitaine, toujours aucune terre à l'horizon »
Hum...Je trouvais dommage que je ne pusse insérer cette petite réflexion dans mon devoirs, car si je n'étais pas morose, elle m'aurait sans doute fait sourire.
Abrégeons, après cette petite irruption de pensées cocasses, je me remis à l'ouvrage, bien décider à terminer ce que j'avais commencé.
Absorbé par les méandres de la toile et plongé dans la rédaction de mon devoir, le temps me passa vite.

Je terminais la dernière phrase de ma synthèse lorsque la cloche annonça la fin des cours. Même si c'était totalement dû au hasard, je pris plaisir à voir en cela une preuve du génie naturel que possédait ma personne(Car oui c'est ainsi, je suis génial, et très modeste me direz vous également).

Malheureusement aucun de mes camarades ne l'avait encore remarqué jusqu'à ce jour et je fus une nouvelle fois l'unique témoin et admirateur de fortune de mon inestimable talent. Tout en haussant intérieurement un sourcil à cette pensée, je me rendis auprès du professeur pour lui rendre le résultat de mes recherches tandis ce que les autres élèves étaient en train de se déplacer vers la salle du prochain cours. Voyant que je lui tendais des feuilles, il leva le regard de son écran d'ordinateur et dit :

-Hum, tu peux déposer ça sur le coin du pupitre en attendant, merci.

-Professeur, j'ai une question.

-Vas-y je t'écoute.

-Vous pensez pas que l'humanité est en train de se casser la figure ?

Il réfléchit un petit peu en se grattant le menton puis répondit tout à coup :

-Oui.

-Alors on est d'accord.

-Mais ce n'est pas forcément cause perdue.

-Ah oui ? Et que faudrait-il faire alors.

-Il faudrait éradiquer les pauvres, et ne garder que les gens éduqués, dit-il comme si c'était évident.

-Éradiquer l'humain pour résoudre les problèmes de l'humanité, très intéressant, mais pourquoi les pauvres spécialement ?

-Ce serait injuste n'est-ce pas ?

-Oui quand même, et un peu immorale par la même occasion.

-Mais la vie est ainsi Louis. Injuste, immorale et
impitoyable, tout comme le chat tue l'oiseau et joue avec avant de le dévorer.

-D'accord mais pourquoi me dites-vous ça professeur ?

-Parce que tu es intelligent Louis et que tu pourrais comprendre.

Un silence s'installa entre nous. Après un court instant de réflexion, j'en vins à la conclusion qu'il était fou.

Curieux d'entendre son raisonnement, je renchéris :

-Expliquez-vous professeur.

Il pris une longue inspiration et finit par dire :

-Tu sais notre société est une énorme machine. Lorsque ses pièces s'usent, on peut toujours la réparer, mais lorsque toute la machine est défaillante, on est obligé de la remplacer totalement par nouvelle.

Constatant mon mutisme, il continua en affirmant :

-C'est la seule solution, tu m'entends Louis ? La seule... La destruction, puis la reconstruction, dans de la meilleure roche, plus solide, plus pure! Pas dans de la paille, comme aujourd'hui, tu comprends ? Mais les gens ne comprennent pas, ça, ils ne comprennent rien à rien ! On ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre, c'est physique, c'est la vie, c'est comme ça...

Oui, ce prof était bel et bien fou, ça ne faisait pas un pli désormais, je regrettais même de lui avoir posé la question.

-Mais tu sais ce n'est pas grave, tenta-t-il de se rattraper en voyant mon absence de réaction, seul le destin détient la vérité! Il ne faut pas se tracasser pour des choses pareilles, elles arriveront bien quand elles arriveront, préoccupe-toi plutôt de ton avenir et de tes études, ce sont les seuls choses que tu peux véritablement façonner à ton image.

-Oui, oui, c'est sans doute ça Monsieur. Je dois y aller maintenant, je vais être en retard au cours de biologie sinon. Merci pour la heu...théorie, dis-je en m'éloignant de sa place de travail.

-De rien, au revoir Louis.
Il me regarda partir, puis repris ce qu'il faisait initialement sur son ordinateur.

Le reste de la matinée se déroula normalement, et c'est au moment où la cloche des 11h30 sonna que je me remémorai avec douleur mon rendez-vous avec Lucia. J'avais complètement oublié d'élaborer un plan d'évasion ! Bon et bien tant pis, il était sans doute trop tard et je faisais mieux de me résoudre à aller manger avec cette vipère pour aujourd'hui.

« Mais demain, oh oui demain ...» étais-je en train de penser, lorsqu'un désagréable son strident interrompit le flux de mes pensées.
« Louiiiiis »
oh non ! la voilà maintenant dans mes pattes, et pour couronner le tout, plus tôt que prévu, de cinq minutes. Cinq minutes, ça peut paraître peu, mais cinq minutes en compagnie de la méduse passaient terriblement lentement.

Trois-cent secondes d'ennui, de refoulement, une intervalle temporelle qui met à l'épreuve votre patience et votre état de santé mental. Depuis le fond du couloir du bâtiment, elle m'interpella une seconde fois en m'adressant des grands mouvements de bras:

« louiiiis »


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