Note de la fic : Non notée

L'étoile Filante


Par : MrKat
Genre : Science-Fiction
Statut : C'est compliqué



Chapitre 6 : Les Collaborateurs - bis


Publié le 24/08/2013 à 05:01:42 par MrKat

Alors qu'il commençait à sombrer dans les affres du sommeil, on vint lui tapoter l'épaule. Il se retourna et ouvrit les yeux en soupirant pour tomber sur un visage rond, au nez en trompette, à la barbe fournie et grisâtre, aux yeux clairs, aux sourcils imposants, et à la calvitie avancée.

« - Bonjour, Bertrand Qentinow. Vous devez être le Docteur Eshan si je ne m'abuse ?

- Absolument oui. Vous avez besoin de moi ?

- Oh, non non non, je suis venu vous saluer, tout simplement. Vous faîtes aussi partie du petit comité scientifique secret que nos amis en uniformes rassemblent, alors je me suis dis qu'en tant que collègue, ça serait bien la moindre des choses. Au fait je me suis installé au bureau à côté de vous, j'espère que ça ne vous dérange pas ?

- Non, pas du tout, cela fait longtemps que je n'ai pas eu de compagnie dans mon travail même si je dois avouer que je n'ai pas encore eu l'occasion de voir l'objet de nos futures recherches. Apparemment ils ont des difficultés à faire fonctionner l'éclairage dans la cellule de confinement et ils ne nous laisseront pas nous en approcher non plus. Je suppose qu'il faut prendre notre mal en patience.

- Ah, c'est compréhensible, ils veulent éviter les pertes civiles, c'est tout. Ça serait un vrai calvaire pour eux si ça arrivait, il faudrait donner des explications aux familles, expliquer pourquoi leur proche se trouvait dans une base militaire en plein désert, et s'assurer qu'ils gardent le silence. Vraiment, je plains l'administration militaire, ça doit être encore pire qu'ailleurs.

- Si vous le dîtes. Au fait, pourquoi « comité secret » ?

- Eh bien c'est évident voyons, apparemment on vous as ordonné de vous rendre ici de votre propre chef, et je sais déjà que d'autres confrères ont été contactés comme vous et qu'ils ne devraient pas tarder à nous rejoindre. Je n'ai personnellement pas eu droit à mon invitation, ils se sont contentés d'envoyer trois de leur gros bras me chercher directement sur mon lieu de travail. D'un côté, je comprend qu'ils aient semblé de mauvaise humeur, ces véhicules militaire sont tout sauf confortable. Enfin, toujours est-il qu'ils n'auront pas employés de telles méthodes s'ils avaient l'intention de rendre la chose publique. Et puis pensez-y, si le gouvernement arrive à garder cet événement secret, ça lui donne une occasion unique d'étudier un objet d'origine extraterrestre, ce n'est pas rien, ils pourraient prendre beaucoup d'avances sur le reste du monde.

- Mais... mais c'est complètement absurde, nous sommes devant l'évènement historique le plus important qui soit jamais arrivé, le monde entier devrait être au courant ! C'est le Conseil des Nations qui devraient être en charge, et les bénéfices que nous tireront de son étude devraient revenir à tout les pays du monde !

- Oh, voyons, vous ne pouvez pas vraiment leur en vouloir d'avoir envie de ne pas partager le gâteau, c'est compréhensible. Et avant que vous ne partiez tout raconter à la presse, posez-vous les bonnes questions : Qui vous croira ? Personne, vous êtes juste l'astronome de l'Observatoire, à force de ne rien faire de la journée, vous avez dû devenir dingue. Et quand bien même on vous croirait et l'affaire passerait aux Nations Unies, vous croyez qu'on vous remettra dans l'équipe ? Certainement pas, vous les aurez déjà trahis une fois, pourquoi pas deux ? Vous avez l'air d'un passionné sur ce sujet là au moins, alors dîtes-vous que c'est votre unique chance de travailler sur un ovni, un vrai.

- … Vous avez raison. Ça m'horripile de savoir que tout cela va rester secret, mais vous avez raison, même si je parvenais à convaincre les médias, je serais exclus du projet.

- De toute façon, honnêtement je doute que ce petit jeu dure longtemps vous savez. Ce pays n'est pas le seul à avoir des yeux sur le ciel, ni le seul à savoir calculer des trajectoires d'impact. À un moment ou un autre, il y aura bien un petit malin rêvant d'une promotion qui trouvera ce météore louche, qui fera quelques calculs supplémentaires, et qui se rendra compte qu'il tient peut être quelque chose de gros. Ça finira par remonter toute la chaîne de commandement jusqu'à ce qu'un jour, en prenant son café du matin, notre bon président reçoive un appel de ses voisins, lui disant qu'il fait bien beau aujourd'hui et que le match d'hier était vraiment bien, oh mais au fait, vous n'auriez pas eu un ovni qui est venu en vacance par chez vous ? Les autres pays vont aussi s'y mettre petit à petit, puis les Nations Unies, et au final l'affaire sera rendue publique. Sauvés par l'ambition, le miracle de la société moderne !

- On dirait que vous savez déjà ce qui va se passer.

- Oh, ce n'est pas mon premier cas. Même si je dois l'avouer, je n'ai jamais été appelé pour quelque chose d'aussi extravagant qu'un extraterrestre, bien qu'à ce que j'ai compris, il n'y a rien de vivant là dedans.

- Vous avez travaillé sur d'autres affaires secrètes ?

- Vous seriez étonné d'à quel point l'armée ou les services de renseignement manque de mathématiciens. Ça peut se comprendre remarquez : le salaire est plus que correct, mais une fois qu'on as accepté le contrat, on doit se faire le plus petit possible, ce qui inclus aucune publication d'aucune sorte. Ça doit en rebuter pas mal, les livres de théories mathématiques sont le seul moyen pour nous autres pauvres amoureux des chiffres d'atteindre la célébrité.

- Et vous, ça ne vous intéresse pas la célébrité ?

- Oh si, bien sûr, comme tout le monde. Mais proposez-moi quelque chose de mystérieux ou de dangereux, et j'arrive en courant, je ne peux pas m'en empêcher. J'ai un nombre monstrueux d'anecdotes là dessus. Tiens, pour vous en citer une, il y a quelques années... »


Le Docteur Qentinow fut coupé dans son élan par un appel le concernant relayé par les grand mégaphones installés sur les poteaux supportant le chapiteau. Il s'excusa, et partit récupérer ses documents d'accréditation et remplir divers procédures administratives au standard comme on le lui avait demandé. Il s'éloigna d'une démarche que beaucoup auraient qualifiée de gauche, s'appuyant lourdement sur sa canne à chaque pas qu'il faisait.

Ernest profita de ce répit pour intégrer petit à petit ce que Qentinow lui avait annoncé. L'ovni resterait secret jusqu'à ce que le Conseil des Nations ne découvre que son pays cachait quelque chose. La plus grande découverte jamais faite était là, à quelques mètres de lui, il allait l'étudier, découvrir ses secrets, et il ne pourrait en parler à personne avant des semaines, si ce n'était des mois, ou même pire des années. Et si jamais il brisait le secret absolu, d'abord personne ne le croirait, ensuite il serait radié du projet, et enfin il se serait complètement discrédité auprès de la communauté scientifique. Il était contraint et forcé de participer à la rétention du plus grand monument au monde. Il était encore perdu dans ses pensées, à se lamenter sur son sort, lorsque son collège mathématicien revint, une liasse de documents à la main qu'il jeta nonchalamment sur son bureau.

« - Je vois que vous n'êtes pas non plus un admirateur de la paperasserie administratives.

- Oh que non, c'est probablement l'un des pires inventions au monde, après les administrations elle-même bien sûr. Plus ils veulent nous aider, et plus ils nous mettent de bâtons dans les roues. Lorsque je travaillais pour... »

Mais le Docteur fut coupé par claquement sec provenant du cube. Presque paniqué, Ernest se retourna dans sa direction, et remarqua alors un changement notable : l'intérieur était allumé.


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